Amenagement d’une friche industrielle et d’un quartier de vie au coeur d’athenes

Arrivant à la fin de mes années d’étude, après 2 ans en prépa scientifique PC et 3 ans au sein de Polytech Tours, il était temps de mettre en pratique mes prétendues compétences d’ingénieur, au cours de mon stage de fin d’étude d’une durée de 4 mois en tant que chargé d’études au sein de l’entreprise Athénienne PGIMISIS & ASSOCIATES, forte de 50 ans d’expérience dans l’urbanisme. Ce stage rentre donc dans le schéma de mes études, mais également dans celui de mon plan de carrière, qui se regroupe avec mon plan de vie personnel. Je souhaite après avoir obtenu mon diplôme travailler dans le secteur de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme, que ce soit dans le privé ou le public, en m’impliquant dans la réalisation de projets jusqu’à leur aboutissement, mais également travailler dans la musique en tant qu’auteur/interprète, et dans la création de projets artistiques de manière générale, pour à terme devenir artiste. Les raisons qui m’ont poussé à choisir ce stage était d’abord l’envie d’une expérience internationale, en l’occurrence à Athènes. En effet, la Grèce est un pays très diffèrent de la France sur de nombreux aspects, et non seulement je pressentais que j’allais apprendre beaucoup en découvrant les méthodes d’une entreprise grecque, et le contexte législatif grec, mais également je pensais pouvoir apporter à l’entreprise les méthodes d’aménagement françaises, ainsi que mon point de vue original. J’ai également sélectionné ce stage pour le portfolio de l’entreprise montrant une quarantaine de   divers, et pouvant être de grande envergure, de la création de parcs à la création de quartiers en passant par la création de ports, de centres commerciaux ou même de bâtiments culturels… Mes objectifs et attentes vis-à-vis de ce stage étaient, au cours de ces 4 mois, de me faire une solide expérience dans le monde professionnel de l’aménagement, de découvrir le contexte urbanistique, comprendre les enjeux de l’aménagement du territoire en Grèce, de pouvoir m’exprimer sur le plan technique créatif, développer mes compétences linguistiques, pour l’anglais mais également pour le grec, étant le seul employé non grec de l’entreprise. Mais également de manière très précise de renforcer mes compétences en logiciels de GIS, étant donné que durant mes années d’apprentissage, je n’avais pas accroché avec la GIS (ArcGIS ou Arcmap) et j’avais donc laissé mes camarades réaliser les tâches sur ces logiciels lors de mes projets de groupe, pendant que je me concentrais sur la réalisation d’esquisses par exemple, alors que le fait de produire des cartes reste une base du métier d’aménageur.

L’entreprise, historique et contexte

Mon stage s’est déroulé au sein de la compagnie P GIMISIS & ASSOCIATES, 18 rue Nikolaidou, dans le quartier de Kato Patisia, , à Athènes, en Grèce. Fondé en 1966, ce qui était au départ un bureau privé travaillant sur la législation urbanistique est devenu en 1999 le bureau d’études actuel se concentrant sur divers projets d’aménagement, qu’ils soient à tendance commerciale, résidentielle, culturelle ou bien touristique. Elle tire avantage de son héritage dans le domaine de la législation urbanistique et en est donc toujours la spécialiste. Aujourd’hui, la compagnie a réalisé 50 ans de services, près de 1900 études dans près de 95% des comtés du territoire, et les projets actifs dont elle est responsable représentent plus de 220,000,000 d’euros de budget cumulé.

Pour décrire les services proposés plus précisément, le bureau œuvre pour les questions de protection de l’environnement et de la culture, pour le développement dans les zones Natura 2000, pour l’élaboration et les révisions de plans directeurs, pour l’élaboration de stratégies d’investissement et leur accompagnement, pour l’appui à l’interprétation et à l’amélioration du cadre juridique de l’aménagement du territoire, et pour la résolution des problèmes juridiques complexes devant les tribunaux administratifs. En Grèce, seulement 4 autres entreprises privées proposent des services similaires, du moins à ma connaissance et à celle de mes collègues, Decathlon (non ce n’est pas l’entreprise Française), Aspa Design, TPA et Supco, d’entre toutes, notre entreprise est certainement la plus petite en termes d’employés avec ses 10 employés. Les valeurs de l’entreprise sont de proposer un service dont elle est fière, de s’adapter, d’être responsable scientifiquement et professionnellement des conséquences des projets, notamment sociales et environnementales, et de viser un aménagement et un développement du territoire cohérent et durable à toute échelle.

Organisation

Très concrètement, l’équipe est composée de 10 employés travaillant dans un open-space comprenant des ordinateurs à dispositions, avec des licences d’Autocad, de QGIS, de Photoshop, ainsi qu’un service de stockage de fichiers connecté à tous les postes. Une petite équipe, divers projets, diverses compétences, divers profils d’employés, la créativité et la prise d’initiative font donc partie du quotidien des membres de l’équipe. Pour certaines études, el En Grèce, à cause de la crise économique les salaires sont très bas comparés à la France. Mes collègues ingénieurs et moi travaillions 40h par semaine, et ils ne sont payés qu’environ 800 euros par mois. Sachant que le salaire minimum brut en Grèce est de 758,33 euros par mois, il n’existe donc pratiquement pas de d’avantage de salaire pour un ingénieur ayant effectué 5 ans d’études, du moins au sein de notre compagnie. Dans l’entreprise, l’organisation est un peu particulière, étant peut-être dû à sa petite taille, il n’existe pas de différence de poste entre les employés, tous sont chargés de projets et peuvent se voir confier des missions similaires. Ils peuvent donc tous s’entraider selon les besoins, leurs envies et leurs compétences. Certains maitrisent plus l’aspect législatif, d’autres le rédactionnel, la communication, la GIS, Autocad ou même Photoshop. Seul Mr. Vasilis, le patron, ne travaille pas directement sur les projets, il se charge de la communication avec les clients, de trouver les contrats, et de répartir les taches des employés notamment en fonction des présentations à rendre pour les clients, quand les employés ne s’organisent pas déjà eux-mêmes en interne. Concernant la façon de fonctionner, chaque matin se déroule une réunion comprenant toute l’équipe afin de faire un bilan des tâches à effectuer pour la journée. De plus, chaque vendredi soir, une réunion est organisée pour prendre du recul et améliorer la Qualité de Vie au Travail, le sujet de la réunion peut être proposé par les employés ou choisi par Mr. Vasilis.

Langage grec

PGIMISIS est une entreprise familiale, fondée par Mr. Panayotis GIMISIS, aujourd’hui dirigée par son fils Mr. Vasilis GIMISIS. La compagnie étant située à Athènes, l’entièreté de l’équipe est grecque, et travaillant pour des clients grecs, la quasi-totalité des études, des présentations, et de tout ce qui peut être produit par l’équipe, est rédigé en grecque. Cela a été un obstacle tout au long du stage à ma compréhension des projets, de leur avancement, et des différentes situations quotidiennes. J’ai pu en partie trouver des solutions à ce problème en demandant de nombreuses fois des explications à mes collègues, en me servant de traducteurs automatiques, tels que google ou celui intégré à Word, mais également en apprenant les bases du grec. J’ai donc appris à lire le grec, ainsi que de nombreux mots de vocabulaires.

Le rôle du stagiaire

Mon rôle a été très divers selon les projets et les phases des projets, et n’était ni défini ni expliqué à l’avance, il a d’ailleurs évolué tout au long du stage, car je n’avais pas une mission fixe. Mais, ce qui est ressorti du stage globalement, c’est l’envie pour Mr. Vasilis de me voir faire des propositions originales, d’apporter mon point de vue d’étudiant français, ainsi que de partager la richesse de la documentation et des méthodes françaises, tout en me faisant encadrer/aider par mes collègues qui ont la connaissance sur la législation urbanistique grecque, pour me dire ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas. J’ai également pu parfois apporter un soutien purement technique, avec ma maitrise de QGIS, mais également de Photoshop, ou de My Maps (qui certes n’est pas un challenge à maitriser mais qui peut être très pratique pour délimiter des zones à titre indicatif par exemple). En plus du rôle de stagiaire, j’ai également endossé le rôle de collègue, j’entends par là être solidaire avec mes collègues, avec mon patron, apporter un soutien moral, travailler certaines fois en dehors des horaires officielles (09h30-18h00) afin de finir une tache pressante, penser à l’image de l’entreprise et la respecter, si ce n’est essayer de l’améliorer.

Projet friche industrielle NOVAL

La découverte du contexte

Le projet NOVAL est donc le tout premier projet sur lequel j’ai commencé à travailler au sein de l’entreprise. Ma découverte de son contexte est donc liée avec ma découverte de la compagnie et de tout ce qu’elle englobe. Je vais raconter le contexte particulier dans lequel j’ai effectué ma première tâche afin d’expliquer les choix et méthodes que j’ai pu faire et suivre au cours de la mission. Le jour de mon arrivée au bureau, Mr Vasilis m’a parlé des différents projets et m’a proposé de me pencher sur un projet en particulier. Celui de l’aménagement d’une parcelle de 12 ha, comprenant 5 ha de terrain vague, sans bâtiment, et 7 ha d’activité de friche industrielle comprenant des bâtiments, le long de l’avenue Pireos à Athènes.

Le projet NOVAL m’a très (trop) rapidement été expliqué. Les documents qui m’ont été donnés étaient l’analyse historique du site ainsi qu’une maquette du projet. Ce que j’ai donc appris et assimilé était que l’avenue Pireos est une avenue historique, présente dès l’antiquité, reliant la ville historique d’Athènes au port du Pirée, qu’au moment de la révolution industrielle de nombreuses usines ont fleuri le long de l’avenue, et qu’aujourd’hui l’avenue a gardé son rôle de zone industrielle, bien que nombre d’usines sont en friches. Je savais également que la parcelle de notre client faisait partie d’un bloc encerclé par quatre routes, comprenant l’école d’art d’Athènes, un centre culturel, et le lieu où se déroule le festival d’Athènes.

Visite de terrain afin de donner mes premières impressions

Mon premier objectif en tant que stagiaire était de me rendre sur le site du projet NOVAL, seul, pour ensuite faire part de mes premières impressions du lieu, ainsi que de suggérer toute idée d’aménagement qui pourrait me traverser l’esprit. Il est important de noter que les propositions déjà faites ainsi que le travail d’analyse du projet réalisé en amont ne m’ont pas été communiqués, afin de me laisser découvrir le lieu sans a priori, pour possiblement pouvoir remettre en question le travail effectué depuis 2018.

La méthodologie que j’avais adoptée pour cette mission était de me rendre sur le terrain en empruntant le métro, puis en marchant environ 10 minutes jusqu’au site, de noter mes impressions sur un carnet, et de photographier tous les éléments qui attireraient mon attention, qu’ils soient positifs ou négatifs, de la zone du projet, du trajet pour s’y rendre, et des alentours. Le but était de me concentrer sur le ressenti de la zone et de la décrire subjectivement. De plus, lorsque cela était possible, de noter des idées d’aménagements pertinents afin d’améliorer la zone et pallier certains points négatifs que je pouvais repérer. La visite s’était bien déroulée, j’ai noté de nombreuses remarques, des problèmes, et des idées de solutions sous forme de liste. Pour ce qui est du réseau piéton relié au site, les trottoirs étaient trop étroits et/ou en très mauvais état, les passages piétons rares, et le champ de vision bouché le long de l’avenue Pireos. J’avais donc proposé la création de chemins à l’intérieur du bloc pour relier les différentes parties (le Festival, l’école d’Art, le Centre Culturel, la propriété de NOVAL et le terrain vague) afin de permettre aux piétons d’éviter de marcher le long de l’avenue Pireos afin d’atteindre les différents lieux. Bien sûr j’avais noté le besoin de refaire les trottoirs existants pour faciliter et sécuriser le cheminement des piétons. J’avais également proposé de baisser la hauteur des barrières de notre propriété afin d’améliorer le champ de vision du piéton, et de réduire son possible sentiment d’oppression, que j’avais personnellement ressenti. Mais aussi de rajouter des arbres le long du trottoir pour rendre la marche moins fatigante lors des journées chaudes, pour la qualité du paysage, et pour absorber le CO2 provenant des voitures circulant sur l’avenue. J’avais également noté le manque de mobilier urbain (bancs, poubelles, carte du quartier…) pour améliorer l’expérience piétonne, faciliter l’exploration, laisser les rues propres… et j’avais donc suggérer l’idée de créer un mobilier urbain qui serait customisé par les étudiants de l’école d’Art, étant donné la proximité de l’établissement, pour donner une identité au lieu, et impliquer les acteurs locaux dans le projet.

Pour ce qui est de la parcelle, malheureusement, je n’avais pas l’autorisation de me rendre sur la propriété de NOVAL et n’ai donc pas pu observer de l’intérieur le site, servant toujours d’entrepôt. Néanmoins j’ai réussi à me rendre dans l’école d’Art que j’ai visitée, et j’ai réalisé que le fond de parcelle était un jardin avec un mur commun au terrain vague de notre projet. J’ai donc imaginé pouvoir faire du terrain vague un parc public qui desservirait les différentes zones du bloc (le Festival, l’école d’Art, le Centre Culturel et la propriété de NOVAL). En plus de son utilité d’espace vert, il permettrait d’éviter aux piétons d’avoir à marcher le long de l’avenue Pireos où le trafic est dense.

Réalisation d’un plan directeur pour l’aménagement du terrain vague en parc

Ma seconde mission pour ce projet a été de réaliser un plan cohérent et pertinent des usages du futur parc. En effet, lorsque j’ai fait part à Mr. Vasilis de l’idée de créer un parc à l’emplacement du terrain vague, il m’a chargé de cette mission. Le but était de proposer des grandes lignes d’aménagement afin de les présenter au client, pour, par la suite, créer un design précis. Bien que l’idée d’un parc à cet emplacement fût antérieure à mon arrivée dans la compagnie, celle-ci n’avait que peu été développée. En effet, une première version du parc proposée avait été refusée par le client, et une seconde, toujours en discussion, avait été conçue sans visite de terrain, par le cabinet d’architecte Foster, et n’était donc pas forcément pertinente. J’ai réalisé cette mission avec une collègue, Medina. Étant grecque, elle s’occupait de la partie législative et me disait ce qui était possible de réaliser à l’emplacement du terrain vague ou non, mais également elle m’a fourni les documents des limites administratives et me les a expliqués. J’ai d’abord fait un croquis de la carte sur papier, pour en discuter en interne, puis j’ai réalisé la carte sur Photoshop. Le manque de précision de Photoshop n’était pas un obstacle pour l’efficacité du plan, au contraire, les libertés du logiciel ont permis de mieux faire passer ma vision pour ce parc de 4,3 ha. Un des problèmes rencontrés, était que pour cause des règles concernant la covid, le nombre d’employés pouvant être accueilli dans les bureaux chaque jour était limité à la moitié des effectifs totaux. Selon l’organisation de notre bureau, il y a donc un jour de la semaine où ma collègue et moi ne pouvions pas être au bureau ensemble, nous avons pris l’initiative d’aller travailler ensemble chez elle. Une des originalités du parc proposé a été l’emplacement réservé pour un skate park. En effet, j’ai vu l’opportunité avec l’entrée du skate aux jeux olympiques, et l’engouement grandissant pour ce sport, ainsi que l’absence étonnante d’un skate park dans la ville d’Athènes, et donc le réel besoin des habitants, de pouvoir proposer la création du premier skate-park métropolitain d’Athènes. L’emplacement était justifié pour plusieurs raisons : Son accessibilité, non loin du centre et à 10 minutes à pied d’une station de métro, le contexte esthétique industriel et en friche du quartier pouvant également être relié avec le matériau béton souvent utilisé pour la construction des rampes, et enfin la présence de l’école d’Art et donc d’étudiants, les plus à même de pratiquer ce sport et de réaliser du street-art sur les rampes.

Le 21 mai 2021, trois semaines après le début du stage, le plan était fini et nous l’avons présenté au client lors d’une réunion virtuelle. Le client étant grecque, le plan a été traduit par ma collègue Médina en grecque, et la réunion s’est déroulée en grecque. Bien que j’aie assisté à la réunion, avec une collègue qui me traduisait les échanges en temps réel, je n’ai donc pas pu moi-même parler du plan que j’avais conçu, mon patron Mr. Vasilis s’en est chargé. Les idées proposées ont été bien reçues et aucune n’a été rejetée, le client a juste demandé des clarifications, sur certains détails concernant les réseaux. A cause de la différence de langage je n’ai pas pu comprendre exactement ce qui se disait. La semaine suivant la présentation ma collègue s’est chargé d’ajuster le plan et d’y apporter des précisions, selon ce qui avait été discuté avec le client, et c’est ainsi que le plan final a pu être livré .

Table des matières

Remerciements
I. Introduction
II. Présentation de la structure d’accueil
II.1 L’entreprise, historique et contexte
II.2 Organisation
II.3 Langage grec
III. Présentation des missions
III.1 Contexte
III.2. Le rôle du stagiaire
IV. Présentation du dérouler des missions
IV.1 Projet friche industrielle NOVAL
IV.1.a. La découverte du contexte
IV.1.b. Visite de terrain afin de donner mes premières impressions
IV.1.c. Réalisation d’un plan directeur pour l’aménagement du terrain vague en parc
IV.1.d. Étude de la capacite de charge, et étude de la gentrification
IV.1.e. Étude en parallèle, mesure de la voirie environnant le site
IV.2. Projet portuaire à Astakos
IV.3 Projet réaménagement du quartier Nikolaidou
IV.3.a. Visite de terrain afin de donner mes premières impressions
IV.3.b. Récoltes de données et cartographie
IV.3.c. Participation citoyenne, exposition photographique
IV.3.d. Croquis de la zone, propositions d’aménagement, le cinéma plein air
IV.4 Projet d’utilité publique, le rôle d’aménageur dans la lutte contre les incendies en Grèce
IV.4.a. Le contexte, les incendies d’aout 2021
IV.4.b. S’inspirer du modèle français
V. Présentation des livrables des missions
V.1 Livrables du projet NOVAL
V.2 Livrables du projet Astakos
V.3 Livrables du projet Nikolaidou
VI. Retour réflexif sur l’expérience
V.1. Les méthodes acquises
V.2. Les compétences acquises
V.3. L’analyse critique des pratiques/résultats produits
VII. Conclusion
VIII. Annexes

Télécharger le rapport complet