Les Antilles constituent un lieu de vie privilégié pour les tortues marines : elles viennent s’y nourrir, se reproduire et pondre sur les plages. Cependant à partir du XVIIème siècle, date du début de la colonisation, l’augmentation brutale de la population antillaise a entrainé d’importantes modifications des milieux et une surexploitation des tortues en tant que ressource alimentaire. Ce phénomène s’est produit dans le monde entier. La population des tortues marines a été décimée. Aujourd’hui les tortues marines sont classées au niveau international comme « en danger » voir « en danger critique d’extinction » (UICN). Les pressions croissantes exercées sur ces espèces et leurs habitats ont nécessité la mise en place d’une réglementation. Au niveau français, l’arrêté ministériel du 14 octobre 2005 protège les tortues et leurs habitats particuliers. Aux Antilles françaises, cet arrêté a été concrétisé en 2003 avec la rédaction par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) du « Plan de restauration des Tortues Marines des Antilles françaises ». La Martinique, par son relief, connait une urbanisation importante sur les littoraux ; ce qui détruit directement les sites de ponte. De plus l’urbanisation entraine des nuisances : pollution, pollution lumineuse, sur-fréquentation des plages… Les enjeux économiques, touristiques, urbanistiques, écologiques se confrontent. La prise en compte dans l’aménagement permet de trouver des compromis entre les différents acteurs. Dans ce but, l’ONF de Guadeloupe a mené une étude technique : » L’habitat terrestre des tortues marines ». Prise en compte dans l’aménagement du littoral et restauration écologique aux Antilles Françaises (2006). C’est sur ces recommandations que se base ce projet. La commune du Diamant est située sur la côte Sud, à l’Ouest de la Martinique. La ville du Diamant compte 4456 habitants. Sa longue plage de sable est idéale pour la nidification des tortues imbriquées, on observe aussi quelques pontes de tortues Luth. Cette plage est idéale pour mon projet : une partie est urbanisée avec toutes les nuisances que cela implique mais il subsiste une bande forestière le long d’une partie de la plage. Ce projet vise d’une part à réduire les nuisances dues à l’urbanisation et d’autre part à préserver l’espace naturel. Comment concilier les différentes utilisations de la plage afin de préserver le site de ponte des tortues marines ?
LE DIAMANT : ENTRE HISTOIRE, LOISIRS ET NATURE
LE TERRITOIRE
La Martinique
Située au cœur de l’arc antillais dans la mer des caraïbes, la Martinique est une île volcanique de 64 km de long sur 24 de large. Avec une superficie de 1100 km² c’est le plus petit département d’outre-mer français ; pourtant elle compte plus de 400 000 habitants. Depuis la loi du 19 mars 1946, la Martinique est un département d’outre mer français : celuici est divisé en 4 arrondissements (Fort-de-France, Saint-Pierre, La Trinité, Le Marin) et subdivisé en 34 communes.
On distingue 2 parties. Le Sud, la zone la plus peuplée de l’île. Son relief moins élevé qu’au nord et son climat sec donnent à la culture de la canne à sucre la prépondérance. Les nombreuses plages de sable blanc en font une zone très touristique. Le Nord est plus montagneux avec d’importants massifs volcaniques (Montagne Pelée, les Pitons du Carbet). Les plages sont noires et les plantations de bananes y sont courantes. La géographie et l’histoire de l’île explique l’aménagement des littoraux martiniquais. Le relief accidenté de l’île engendre la concentration de l’urbanisation sur les zones côtières. De même les équipements touristiques convoitent particulièrement cet espace. Les 50 pas géométriques du roi instaurés en 1674 ont contribué à sa protection ; à la base, inaliénable et imprescriptible, ils avaient pour but d’installer les forts et les activités économiques, de servir d’écran stratégique en cas de guerre, puis plus tardivement de protéger les littoraux. L’esclavage a profondément marqué l’histoire martiniquaise ; la société actuelle en porte encore les stigmates. Avec l’abolition de l’esclavage et la fin de la royauté, les plus démunis se sont installés sur la zone des 50 pas ; d’autres se sont appropriés des parcelles bien situées. Aujourd’hui encore, malgré les efforts réalisés pour régulariser les diverses situations, il y a toujours des problèmes de squat.
Le Diamant
La ville du Diamant est située sur la côte sud de la Martinique. Son bourg s’étend le long d’une des plus belles plages de l’île face au célèbre rocher du Diamant. Si la partie Est du bourg est « les pieds dans l’eau », vers l’ouest l’urbanisme est plus diffus et jusqu’à l’anse cafard, une bande forestière sépare la zone urbanisée de la plage. Cette configuration est atypique et offre une diversité intéressante.
Le Diamant est considéré par la DIREN comme un site majeur de ponte en Martinique. Le plan d’action pour les tortues marines de la Martinique 2008-2012 prévoit une restauration et une surveillance prioritaire au même titre que les plages du Lorrain, de Schœlcher, du Prêcheur et des Salines. C’est sur cette voie que s’inscrit mon projet.
L’équipe municipale du Diamant est dynamique ; divers aspects de son programme sont en accord avec mon projet :
– « Développer un urbanisme cohérent avec l’évolution de notre société, de ses besoins, de ses exigences de sécurité » : instaurer un retrait des constructions par rapport à la plage est à la fois une question de sécurité face aux cyclones et un avantage pour limiter les nuisances dues à l’urbanisation sur le site de ponte.
– « Protéger notre environnement, valoriser notre patrimoine » : la protection des tortues marines passe par la protection de leur habitat terrestre. De même la zone des 50 pas où se trouve la bande de forêt domaniale littorale est un héritage historique et naturel qu’il faut préserver et valoriser.
– « Etablir une réserve maritime naturelle autour du Rocher » : la prise en compte des enjeux écologiques dans l’aménagement de la plage serait une action préliminaire qui compléterait la création de cette réserve.
– » Développer les loisirs inter générations : boulodrome, sentiers de découverte de la nature, chemins de randonnée, pistes cyclables, parcours santé » ; tous ces loisirs peuvent être développés sur le front de mer.
– « Aider les jeunes en difficulté : formations, emplois, entreprises locales, chantiers d’insertion » ; le réaménagement de la plage est l’occasion de créer des emplois, des chantiers d’insertion, des chantiers jeunes.
L’intérêt porté par la commune à ce projet permet d’obtenir un soutien important.
La plage
La plage de Grande Anse du Diamant est une plage de 3,5 km de long ; la bande de sable présente une largeur variable. L’aménagement de l’arrière plage est diversifié : si une bande de forêt subsiste sur 1,2 km, le reste est urbanisé (à l’ouest, à l’anse cafard, des appartements et villas « les pieds dans l’eau » puis à l’est le bourg et deux hôtels occupent le front de mer). Le site est en cogestion ONF (zone Forêt Domaniale Littorale) – Mairie du Diamant. La plage est bordée d’un sous-bois favorable à la ponte des tortues imbriquées. Les pontes de tortues Luth sont plus rares car peu d’endroits bénéficient des conditions requises. Des traces de nids de tortues vertes ont été observées en 2008.
La plage peut être fractionnée en 5 zones par rapport à l’occupation de l’arrière plage.
Zone 1 : de 0 à 800m. Des villas et appartements « les pieds dans l’eau »
Dans cette zone le couvert végétal au sol composé essentiellement de patate bord de mer est intermittent mais il a le mérite d’exister. De même les terrains ont été défrichés pour construire les villas. Cependant certains jardins sont plus denses que d’autres. La plage serait assez large si elle n’était pas limitée par les grillages des propriétés installées sur l’arrière-plage. On a donc seulement une plage entre 10 et 15 mètres de large.
Zone 2 : de 800 à 2000m. La forêt domaniale littorale
La plage bordant la forêt domaniale littorale est idéale pour accueillir les tortues imbriquées et les tortues vertes car elle comporte bien les 3 parties d’un bon site de ponte (plage sableuse, végétation basse, arrière-plage boisée) et elle est la plus sombre. C’est la partie la mieux préservée. Pourtant cet espace naturel accueil plus de monde qu’il n’en faut pour sa conservation ; la forêt est mitée de 8 parkings et zones d’accueil. Avec l’ouragan DEAN et le piétinement d’une grande partie de sa surface, elle a du mal à se régénérer. C’est le lieu de ponte privilégié des tortues imbriquées, seule espèce à pondre en forêt. C’est l’espace sur lequel doivent se porter les efforts de restauration et conservation car c’est celui qui accueille le plus de pontes. Afin de la mettre en valeur, un parcours sportif a été aménagé mais il reste à l’améliorer.
Zone 3 : de 2000 à 2400m. La place des fêtes
La place des fêtes ne constitue pas en ellemême un lieu de ponte bien que son sol soit laissé à l’état brut. En effet sa forte fréquentation a trop compacté le sol. Ici la partie sablonneuse de la plage est d’environ 30 mètres de large ; il n’y a plus de végétation basse mais quelques arbres épars résistent. L’aménagement de la place pose un problème pour le site de ponte car il engendre une importante pollution lumineuse : les projecteurs du terrain de foot éclairent la plage, les voitures peuvent se garer trop prêt du bord de mer et, comme il n’existe pratiquement pas d’écran végétal, la lumière des phares est une gêne pour les tortues marines.
Zone 4: de 2400 à 3000m. Le centre du bourg
Ce tronçon de plage est le seul surveillé, pourtant ce n’est pas le plus réputé ; en effet les égouts de la ville sont rejetés dans cette zone. La bande de plage est assez large pour accueillir des tortues Luth cependant la pollution lumineuse est importante car il n’y a aucun écran végétal entre le bourg et la plage.
Zone 5 : de 3000 à 3500m. Le bourg
A partir du ponton, un enrochement est réalisé afin de soutenir la route et les constructions réalisées sur l’ancienne arrière-plage. Ici la plage est réduite à une mince bande de sable.
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Table des matières
INTRODUCTION
I – LE DIAMANT : ENTRE HISTOIRE, LOISIRS ET NATURE
A – LE TERRITOIRE
B – LES DIFFERENTS ACTEURS
C – LES TORTUES MARINES
II – L’AMENAGEMENT DES PLAGES DE PONTES
A – LA PLAGE DU DIAMANT : ETAT DES LIEUX
B – EXEMPLES DE PLAGES : SITE DE PONTE DE TORTUES MARINES
C – LES DIFFERENTS POINTS D’AMENAGEMENT
III – PROPOSITIONS SUR LA PLAGE DU DIAMANT
A – DES VILLAS ET APPARTEMENTS « LES PIEDS DANS L’EAU »
B – LA FORET DOMANIALE : UN ESPACE NATUREL AUX MULTIPLES USAGES
C – LA COMPLEXITE DE L’AMENAGEMENT DE LA PLACE DES FETES
D – UN CENTRE VILLE EN BORD DE PLAGE
E – POUR ALLER PLUS LOIN…
CONCLUSION
INDEX
INDEX DES PHOTOGRAPHIES
INDEX DES CARTES
INDEX DES SCHEMAS
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
RESUME
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