AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE DU SOUCHET

Origine du souchet

   L’origine du souchet diffère selon les auteurs. Selon KELLER et al. , (2012), le souchet a été découvert pour la première fois en Suisse. Pour BOHREN et al. , (2013), le souchet comestible qui se multiplie par ses tubercules hypogés est originaire des régions subtropicales. Selon GEOMAR international (2002), la culture du souchet s’est étendue à partir de l’Égypte vers l’Ouest, dans le nord de l’Afrique, jusqu’à son arrivée en Sicile et à la péninsule Ibérique, avec les vagues migratoires islamiques du Moyen Âge. Cet avis ne semble pas faire l’unanimité entre les auteurs. Les raisons qui pourraient justifier l’implantation de la culture du souchet en Egypte seraient d’une part, l’interdiction de consommer le vin par la religion islamique et, d’autre part, la connaissance de ses propriétés médicinales. Il est généralement admis que cette plante est originaire de la Méditerranée et de l’Afrique.

Taxonomie et description morphologique du souchet

  Le nom scientifique du souchet est : Cyperus esculentus var sativus (L. 1753). Il appartient à l’ordre des Poales, à la famille des Cypéracées, au genre Cyperus, à l’espèce esculentus et à la variété sativus. Dans la langue française, les synonymes du souchet sont, entre autre le pois sucré, le souchet tubéreux, l’amande de terre, le souchet sultan. En espagnol, il est désigné sous le terme de « chufa ». Egalement en anglais, plusieurs termes tels que yellow nutsedge, tigernut ou earthalmond, désignent le souchet en référence, soit à sa ressemblance avec les graminées, soit au caractère comestible de ses tubercules (DODET ,2006). Au Burkina Faso, le souchet est communément appelé « tchogon » en dioula. La plantule de Cyperus esculentus présente une préfoliaison pliée à section triangulaire. Le limbe est déplié et glabre. La plante atteint une hauteur variant entre 20 et 70cm. Les feuilles sont très allongées, minces, larges de 4 à 8 mm et pointue (DODET, 2006). Elle est reconnaissable à la section du limbe qui forme un large V et à sa couleur verte jaunâtre. À partir de sa base poussent sept (7) rayons. Les épillets sont allongés, acuminés, d’aspect paillé et possèdent plusieurs fleurs (GEOMAR international, 2002). Les racines sont fasciculées, de longueur réduite et d’un diamètre approximatif d’un millimètre. Elles possèdent des rhizomes à l’extrémité desquels se forment des tubercules de forme sphérique, ovale ou allongée. Le souchet est cultivé pour ses rhizomes tubérisés. Ses tubercules sont de couleur ocre à brun, à la chair blanche, légèrement farineuse et sucrée. Les photos 1 et 2 ci-dessous illustrent cette description.

Maladies et ravageurs du souchet

   Le souchet est une culture rustique qui présente peu de problèmes phytosanitaires. Il peut cependant être attaqué par les mineurs de souchet, qui sont des lépidoptères creusant des galeries à l’intérieur des plantes. Selon TANNI (2013), compte tenu de la période d’installation de la culture, de la densité de semis, le souchet n’est pas concurrencé par les mauvaises herbes et ne demande donc pas de sarclage.

Enquête

    L’objectif de cette enquête était de déterminer les caractéristiques sociodémographiquesdes producteurs de souchet dans le village de Mahon ainsi que leurs pratiques culturales. A l’issue de ces enquêtes, les résultats ont montré que la production du souchet dans ce village est une activité essentiellement féminine (94%). La production du souchet permet aux femmes d’être autonomes sur le plan financier afin de participer à certaines dépenses de la famille. Ce fort taux de participation des femmes à la production du souchet pourrait s’expliquer par l’absence d’autres activités génératrices de revenu dans la localité. Cette activité constitue d’ailleurs la principale source de revenu des femmes dans cette localité. La plupart de ces femmes (38%) ont un âge compris entre 41 et 50 ans et sont non alphabétisées (81,7%) et possèdent un faible niveau d’équipement agricole. Les jeunes (15-30) ne pratiquent pas la culture du souchet et cela s’expliquerait par le non accès à la terre par ces jeunes. Contrairement aux femmes, les chefs de concession ont un bon niveau d’équipement agricole. Sur le plan de la pratique culturale du souchet, après un labour à plat à la charrue, la parcelle débarrassée de la biomasse à l’aide d’une daba est homogénéisée. Une forte proportion des producteurs réalise des semis en quinconce à raison d’un tubercule par poquet avec un espacement inter-poquet d’environ 5cm. Certains, pratiquent des semis à la volée après un labour. Les semences sont ensuite enfouies. Il faut noter que plus de 3/4 des femmes, sèment le souchet dans le mois d’août. Ce semis tardif s’explique par le fait que le besoin en eau de la plante est faible par rapport à la pluviométrie de la zone (soit 900 à 1200mm). Un semis précoce pourrait prolonger le cycle végétatif de la plante. Ce constat avait été fait par KAMBIRE, (2008) montrant qu’une pluviométrie moyenne de 600mn bien répartie dans le temps suffisait pour le cycle végétatif de la plante. Les enquêtes ont également révélé que la récolte du souchet se fait en Décembre et Janvier respectivement pour 70 et 30% des producteurs. Cette récolte tardive s’expliquerait par le fait que le meilleur moment de récolte du souchet s’effectue après le séchage de la partie aérienne ainsi que la partie souterraine dans le but d’éviter les problèmes de conservation. Cette récolte consiste à brûler la biomasse aérienne des plantes. Le billon est ensuite rendu poudreux à l’aide d’un bâton afin d’extraire les tubercules par tamisage. Ce mode de récolte dû au manque d’équipements, occasionne non seulement une main d’œuvre importante mais aussi une déstructuration du sol. Les pratiques de fertilisation du souchet sont essentiellement basées sur l’utilisation du NPK.Une faible proportion de productrice utilise l’urée. Ceci s’explique par le fait que, les productrices avec l’expérience acquise dans la production du souchet (10-30 ans) se sont rendues compte que l’urée n’entraine pas d’augmentation de rendement. Par ailleurs, la fumure organique n’est pas dans les habitudes culturales de ces producteurs. Elle est utilisée seulement par 10% des producteurs. Cela s’expliquerait d’une part, par la non disponibilité de la fumure organique pour les femmes. Cette fumure est généralement utilisée par les hommes dans les exploitations familiales. Ce faible taux s’expliquerait aussi, par la non maitrise de la technique de compostage surtout par les femmes. A cela s’ajoute le manque de moyen de transport pour transporter la fumure organique de la fosse fumière vers les zones de production du souchet. La superficie utilisée pour la production du souchet varie de 1/2 à 2 ha. Cette faible taille des superficies emblavées en souchet est due :
– à la pénibilité des activités de production, mais surtout de récolte qui a été révélée par 100% des enquêtés ;
– au faible niveau d’équipement des producteurs ;
– à la non disponibilité des terres qui appartiennent aux hommes et destinées à la production d’autres spéculations.
Cependant, l’utilisation des engrais minéraux pourrait être considérée non optimale (50 à 350 kg/productrice). Cette situation pourrait s’expliquer par le manque d’appui conseil et la faible fertilité des sols consacrés à cette culture. La production du souchet revêt une importance capitale dans le village de Mahon en ce sens qu’elle permet une autonomisation financière de la gente féminine et participe aux dépenses pour le bien être des ménages. Cette étude diagnostique des pratiques culturales, pose les fondements d’une recherche sur les possibilités d’amélioration de la performance de cette culture.

Conclusion générale et suggestions

   Cette étude avait pour objectif d’améliorer les connaissances, sur les caractéristiques sociodémographiques des producteurs de souchet dans la zone d’étude, les pratiques culturales du souchet, la réponse du souchet aux doses croissantes d’engrais minéraux et la dose économique d’engrais, les effets de la fertilisation organique sur les rendements du souchet, les effets de la taille des semences sur les rendements du souchet. Il ressort que la production du souchet est une activité essentiellement féminine. Elle est réalisée sur des sols sableux pauvres. Cette production se fait de manière traditionnelle sur de petites superficies généralement inférieures à 2 ha. Sur le plan technique, le souchet est semé en quinconce avec des espacements inter-poquets de 5 cm. La fertilisation minérale la plus utilisée est à base du NPK. Cet engrais est généralement apporté au mois d’Août avec des doses pouvant atteindre 350 kg ha-1 jugées excessives. Fort de ce constat, des tests agronomiques des fertilisations en milieu paysan ont été conduits. Les résultats ont montré que le NPK apporté sans aucun apport d’urée a un effet positif sur les rendements du souchet contrairement à l’urée qui a eu un effet dépressif lorsque la dose combinée au NPK augmente. Ainsi, la dose de NPK agronomiquement rentable pour une production optimale du souchet est estimée à 140 kg ha-1 et la dose économiquement rentable a été de 100 kg ha-1. A l’issue de ces analyses, la dose de 100 kg ha-1 est celle à vulgariser pour une production rentable du souchet dans la province Kénédougou. Par ailleurs, l’apport de fumure organique ont été nécessaires pour augmenter les rendements du souchet. L’effet de la taille du tubercule sur les rendements n’a pas été significatif. Partant de ce fait, l’apport de la fumure organique serait profitable aux producteurs car l’accès aux engrais minéraux est difficile surtout pour les femmes disposant de faibles revenus. Afin de mieux capitaliser ces résultats, il serait nécessaire de poursuivre ces travaux dans d’autres localités. Une formation des producteurs sur les techniques de compostage permettra non seulement d’augmenter les rendements, mais aussi une gestion durable des sols. Envisager la conception d’une fiche technique pour la production du souchet au Burkina Faso, permettra aux techniciens de mieux encadrer les producteurs.

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : Généralités sur le souchet (Cyperus esculentus var sativus L. (1753)
1.1. Origine du souchet
1.2. Taxonomie et description morphologique du souchet
1.3. Importance du souchet
1.3.1. Usages et transformation
1.4. Production mondiale du souchet
1. 5. Facteurs influençant le développement et la production du souchet 
1.5.5. Fertilisation organo-minérale du souchet
Chapitre II : Culture du souchet au Burkina Faso
2.1. Zones de production du souchet
2.3. Commercialisation du souchet
2.4. Principales contraintes de la production nationale du souchet
2.4.1. Contraintes d’ordre agronomique et écologique
2.4.2. Contraintes socio-économiques
Chapitre III : Présentation de la zone d’étude
3.1. Milieu physique
3.2. Milieu humain
Chapitre IV : Matériel et Méthodes
4.1. Enquêtes
4.2. Essai fertilisation minérale
4.3. Essai fertilisation organique et taille des tubercules
4.4. Récolte et collecte des données
4.5. Traitement et analyse des données
4.5.1. Données d’enquête
4.5.2. Expérimentations
Chapitre V : Résultats des enquêtes
5.1. Caractéristique des concessions
5.1.1. Niveau d’équipement des chefs de concession
5.1.2. Possession d’animaux
5.2. Caractéristiques des producteurs du souchet
5.2.1. Importance socio-économique du souchet : proportion d’actifs produisant le souchet
5.2.2. Sexe des producteurs enquêtés
5.2.3. Âge des producteurs enquêtés
5.2.5. Expérience dans la culture du souchet
5.2.6. Niveau d’équipement des producteurs de souchet
5.3. Pratiques culturales du souchet
5.3.1. Semences utilisées
5.3.2. Préparation du sol et semis
5.3.3. Utilisation des engrais minéraux
5.3.4. Utilisation de la fumure organique
5.3.5. Maladies et ravageurs du souchet
5.5. Statut des terrains exploités
5.6. Main d’œuvre
5.7. Destination de la récolte
5.8. Productions d’autres cultures de rente
5.9. Utilisation des revenus issu de la vente du souchet
Chapitre VI. Résultats de l’essai fertilisation minérale
6.1. Effet des traitements sur les rendements grains du souchet
6.2. Réponse du souchet aux doses croissantes de NPK
6.4. Réponse du souchet à l’urée
Chapitre VII : Résultats de l’essai fertilisation organique
7.1. Effet de la fumure organique sur le rendement du souchet
7.2. Effet de la taille des tubercules (semences) sur le rendement du souchet 
7.3. Discussion
7.3.1. Enquête
7.3.2. Expérimentations
Conclusion générale et suggestions
Références bibliographiques
Annexes

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