La bilharziose constitue la seconde endémie parasitaire au monde après le paludisme. On estime qu’à travers le monde 150 à 200 millions de personnes sont atteintes par les maladies provoquées par les trématodes sanguins (1). Son développement est lié strictement à l’eau, c’est-à-dire elle est particulièrement liée à l’agriculture et aux développements ruraux. A Madagascar l’estimation de la population paysanne est de 80 %. Ces populations sont à haut risque de contamination de la bilharziose. Cette parasitose se trouve presque dans la totalité de l’île .
On distingue deux types :
– La bilharziose intestinale à Schistosoma Mansoni et
– La bilharziose urinaire à Schistosoma Haematobium.
Le nombre de sujets parasités par le schitozoma mansoni est estimé à 2 000 000 tandis que l’affection due au schistosoma haematobium est de 500 000 environ.
D’après l’enquête de prévalence, il existe très nombreux foyers hyperendémiques même dans un même territoire qui dépasse les 50 % pour un village. A partir de ces données, le Ministère de la santé et du planning familial considère l’endémie comme un grand problème de santé publique et il lance un énorme programme national de lutte contre la bilharziose dans sa politique de santé. La région du Vakinankaratra est parmi les zones à taux élevé de prévalence en bilharziose intestinale, mais cette situation n’empêche pas l’existence de bilharziose urinaire surtout dans la partie Ouest de la région. Au cours de notre stage au CHRR d’Antsirabe, nous avons rencontré beaucoup de cas de bilharziose intestinal compliquée (ascite, hémorragie digestive…) c’est pourquoi nous choisissons cette région comme lieu d’étude. La présente étude a comme objectif d’évaluer le niveau d’endémicité bilharzienne dans les zones d’intervention afin d’améliorer la prise en charge de la bilharziose dans la région du Vakinankaratra.
Les objectifs spécifiques consistent à :
– décrire la situation épidémiologique de la bilharziose dans la zone d’intervention ;
– analyser les comportements : connaissance attitude pratique de la population à propos de la gestion des déchets et l’assainissement ;
– collecter les modes de prise en charge de cas de la bilharziose dans la région ;
– formuler des suggestions et des recommandations pour maîtriser la lutte contre la bilharziose.
CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA BILHARZIOSE
DEFINITION
La bilharziose ou schistosomose est une maladie parasitaire due à des vers plats appartenant à la classe des trématodes et au genre schistosoma. Les vers adultes vivent accouplés dans le système circulaire.
Deux espèces de schistosoma existent à Madagascar :
– schistisoma haematobium
– schistisoma mansoni
Dont les hôtes intermédiaires sont respectivement :
– bulinus obtusispira
– biomphalaria pfeiferi .
RAPPEL SUR LES BILHARZIOSES
Agents pathogènes
Il y a cinq espèces de schistosomes à l’origine de parasitoses humaines :
❖ Schistosoma mansoni agent de la bilharziose intestinale,
❖ Schistosoma haematobium agent de la bilharziose urogénitale,
❖ Schistosoma intercalatum responsable de la bilharziose rectale
❖ Schistosoma japonicum, espèces la plus dangereuse au point de vue pathologique
❖ Schistosoma mekongoni qui vit dans les réseaux portes hépatiques ou caves et dans les artères pulmonaires.
Mais parmi ces cinq espèces, deux existent et sévissent à Madagascar ce sont : schistosoma mansoni agent de la bilharziose intestinale et schistosoma haematobium responsable de la bilharziose urogénitale. La bilharziose intestinale prédomine dans notre étude.
Les schistosomes sont des vers plats appartenant à la classe des trématodes. Ces sont des vers qui possèdent deux ventouses, l’une antérieur péribuccale et l’autre ventrale, un peu plus large. Ils sont hématophages à sexe séparé. Les mâles ont de 10 à 15 mm de long sur 1 mm de large avec un corps à feuille étroite. Les bords latéraux se replient verticalement pour délimiter le canal gynécophore où loge la femelle. Les femelles sont toujours un peu plus long que les mâles, de 15 à 20 mm de long sur 0,5 mm de diamètre . Ils vivent dans les systèmes circulatoires des vertèbres. Leur longévité peut atteindre plusieurs dizaines d’années. L’œuf de ce schistosome est de forme ovalaire, possède un éperon plus ou moins marqué, il mesure 70 à 200 microns de long selon l’espèce.
Le cycles biologique des schistosomes
Après accouplement dans le foie de l’homme, les adultes accouplés migrent dans le plexus veineux selon les zones de prédilection de chaque espèce. Les femelles pondent des œufs dans les capillaires (entre 10 à 3000 œufs selon les espèces) pour suivre leur évolution, une partie de ces œufs va traversé la paroi d’un organe creux pour tomber dans la lumière et être éliminée, soit avec les selles pour la bilharziose intestinale soit avec les urines avec la bilharziose urinaire. Au contact avec l’eau douce, l’œuf éclot, libère une larve ciliée de 150 micromètres de long appelé miracidium. Cette larve ne peut continuer à vivre que si elle ne rencontre pas le mollusque hôte intermédiaire spécifique : biomphalaria pfeifferi pour le schistosoma mansoni et bulinus obtusispira pour le schistosoma haematobium. Dans ces mollusques, le miracidium subit une série de transformations et de multiplications pour donner naissance au bout de 4 semaines à des milliers de nouvelles formes larvaires appelées furocercaires (cercaire à queue fourchue de 400 micromètres de long environ). Ce sont les formes infestantes pour l’homme. Grâce à leur queue, les cercaires nagent à la recherche de l’homme, leur hôte définitif. Elles vont pénétrer dans l’organisme par voie transcutanée en perdant leur queue. Elles sont devenues schistosomules qui vont migrer à l’intérieur du corps à travers de système lymphatiques et sanguins. Ils deviennent adultes au niveau des vaisseaux portes hépatiques. Les couples des vers se forment à ce niveau, puis migrent selon l’espèce : au niveau des veines mésentériques du tube digestif pour le schistosoma mansoni et au niveau du plexus vésicale pour le schistisoma haematobium. Dans les vaisseaux commence la ponte et le cycle recommence.
Physiopathologie
Deux modes d’actions sont à la base des manifestations pathologiques de la bilharziose :
– il y a tout d’abord la libération, dans l’organisme de l’hôte, des substances étrangères issues du métabolisme du parasite. Elles sont à l’origine de toutes les manifestations de la phase initiale des bilharzioses.
– puis les œufs libèrent également de telles substances qui seront responsables de la formation des granulomes bilharziens. Ce sont des lésions élémentaires dont l’accumulation réalisera tous les aspects caractéristiques de la phase d’état. En effet, la grande majorité des œufs ne sera pas éliminée à l’extérieur par le biais des urines et des selles.
La gravité des lésions induites par la parasitose est liée directement au nombre d’œuf pondus et donc au nombre de vers présents dans le corps, communément appelé « charge parasitaire ». Pour la bilharziose, l’œuf est l’élément pathogène majeur en créant au tour de lui dans le tissu ou il est enchaîné, une forte réaction inflammatoire aboutissant progressivement à une fibrose puis à une sclérose irréversible. En schématisant, ces phénomènes aboutissent :
➤ A une stase urinaire, des infections, une lithiase et finalement à une insuffisance rénale dans la bilharziose urinaire.
➤ A une fibrose hépatique et à des graves syndromes d’hypertension portale dans la bilharziose intestinale.
Manifestations cliniques
Il y a trois groupes de signes dont chacun correspond à une phase d’évolution de la maladie.
❖ Signes locaux qui correspond à la phase de réaction cutanée. Juste après la pénétration des cercaires, 15 à 30 minutes après le bain contaminant, on peut noter des démangeaisons, des taches érythémateuses, papuleuses ou purpuriques. Une fièvre et un malaise, en général, peuvent s’y associer. Le tout peut disparaître en quelques jours.
❖ Signes généraux pendant la phase d’invasion : Cette phase survient deux à trois semaines après la pénétration des cercaires. Elle est caractérisée par des réactions d’hypersensibilité, des réactions fébriles, accompagnées d’hépato-splénomegalie. Et parfois de diarrhée. La fièvre peut être élevée, irrégulière et peut s’accompagner de frisson, de sueur, de céphalée et de myalgies.
❖ Signes constatés à la phase d’état : Pour la bilharziose intestinale, les premiers troubles sont marqués par une anorexie, des douleurs abdominales qui évoluent par crises. Ces douleurs peuvent s’accompagner de diarrhée avec des selles fréquentes, molles, parfois glaireuses et/ou sanguinolentes qui constituent les signes d’appel de la bilharziose intestinale.
Le foie et la rate sont constamment augmentés de volume (hépatosplénomégalie avec hypertension portale parfois compliquée d’hémorragie digestive), ce qui fait la gravité de la bilharziose intestinale et conditionne le pronostic.
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Table des matières
Introduction
Matériel et méthode
Schéma de l’étude
Critères d’inclusions
Données recueillies
Analyse statistique
Résultats
Discussion
Conclusion
Bibliographie
Tableaux
Annexes