LโEnergie constitue un levier du dรฉveloppement indispensable pour un pays. Cโest un secteur transversal, donc indissociable avec lโensemble des secteurs dโactivitรฉs. En effet dโEnergie contribue ร la croissance รฉconomique et ร lโamรฉlioration de la vie sociale de la population. Et pour les spรฉcialistes du dรฉveloppement, la consommation รฉnergรฉtique constitue un indicateur du niveau de dรฉveloppement, du dynamisme et de lโรฉconomie dโun pays. (MINISTERE DE L’ENERGIE, 2012)Ainsi, chaque pays รฉlabore sa politique de lโEnergie en assurant la mise ร disposition de ressources รฉnergรฉtiques en quantitรฉ suffisante, correspondant aux besoins de ses utilisateurs en termes de qualitรฉ, dโefficacitรฉ et de sรฉcuritรฉ, et qui leur sont accessibles physiquement et รฉconomiquement, dont notamment lโEnergie รฉlectrique.
Pour le cas de Madagascar, la production et la fourniture en Energie รฉlectrique sont en gรฉnรฉral assurรฉes par le rรฉseau de la Sociรฉtรฉ dโEtat JIRAMA qui approvisionne les milieux urbains et par le rรฉseau de lโagence ADER qui est une structure chargรฉe par le Ministรจre en charge de lโEnergie de promouvoir et dรฉvelopper lโรฉlectrification en milieu rural. Mais selon la puissance installรฉe sur tout le territoire malgache, la production dโEnergie รฉlectrique est majoritairement assurรฉe par la Sociรฉtรฉ dโEtat JIRAMA (MINISTERE DE L’ENERGIE, 2012) . En fait, la JIRAMA est la compagnie nationale d’eau et d’รฉlectricitรฉ de Madagascar. Crรฉรฉe le 17 octobre 1975, elle rรฉsulte de la fusion de deux sociรฉtรฉs qui exerรงaient des activitรฉs similaires : la Sociรฉtรฉ Malagasy des Eaux et Electricitรฉ (SMEE) et la Sociรฉtรฉ des Energies de Madagascar (SEM). Cette Sociรฉtรฉ dont le capital est d’environ 17,53 milliards d’Ariary est dรฉtenue entiรจrement par l’Etat Malagasy, tout en รฉtant rรฉgie par le droit commun des sociรฉtรฉs anonymes (SA). La JIRAMA produit, transporte et distribue l’รฉlectricitรฉ ร Madagascar, en mรชme temps qu’elle assure l’alimentation en eau potable et industrielle ร travers le pays. Elle assure ainsi la quasi-totalitรฉ du service public d’eau et d’รฉlectricitรฉ, avec prรจs de 340 000 abonnรฉs dans 114 localitรฉs pour l’รฉlectricitรฉ et prรจs de 110 000 abonnรฉs dans 65 centres pour lโeau. La puissance installรฉe de cette Sociรฉtรฉ est estimรฉ ร 484MW en 2013 suivant deux modes de production dont 161 MW de source hydroรฉlectrique et 323MW de thermique diesel. Toutefois, la sociรฉtรฉ commence ร exploiter ร partir dโautres sources dโรฉnergie renouvelables telle que le solaire mais celle-ci reste encore nรฉgligeable actuellement.
REVUE DE LA LITTERATURE
A partir de notre premiรจre analyse , les dรฉlestages seraient ,dโune part, les consรฉquences de plusieurs problรจmes rรฉsultant des dรฉfaillances dans le systรจme de production, de transport et de distribution de lโรฉnergie รฉlectrique, et dโautre part, par lโenvironnement รฉconomique, politique dans lequel รฉvolue la sociรฉtรฉ. Notre problรจme de recherche รฉtant la difficultรฉ de trรฉsorerie de la Sociรฉtรฉ. Cโest dans ce sens que notre revue bibliographique est donc axรฉe sur les points saillants qui pourront contribuer ร une meilleure comprรฉhension de notre problรจme de recherche. Dans ce qui suit, nous allons voir les diffรฉrents points de vue des techniciens, spรฉcialistes et chercheurs concernant le dรฉlestage รฉlectrique ร Madagascar :
โPour la JIRAMA, le tarissement des lacs dโapprovisionnement en eau des barrages hydrauliques constitue une source du problรจme. En fait, durant les pรฉriodes dโรฉtiage, le rรฉseau interconnectรฉ dโAntananarivo dont une grande partie de la base de production est assurรฉe par les centrales hydrauliques connait une chute de puissance disponible. Ce qui par consรฉquent oblige la sociรฉtรฉ ร effectuer des rationnements journaliers pour la fourniture dโรฉnergie รฉlectrique.
โRAZAKANIRINA Christian, รฉconomiste malgache, explique que le manque de la concurrence dans ce secteur de distribution de l’eau et de l’รฉlectricitรฉ est la source du problรจme. Si on laisse cette filiรจre exploitรฉe par des sociรฉtรฉs privรฉes, comme dans le secteur de la tรฉlรฉcommunication, il y aura de la concurrence. Ceci peut constituer une piste pour la rรฉsolution du dรฉlestage.
โLe professeur Joรซl RAJAOBELISON renvoie la cause des dรฉlestages frรฉquents ร Madagascar ร la dรฉpendance du pays aux sources d’รฉnergie en crise, tels que le changement climatique qui perturbe le fonctionnement de l’รฉnergie hydraulique, et ร la fluctuation du prix du carburant suivant le marchรฉ international. Ce directeur de l’Institut national des sciences et techniques nuclรฉaires (ISTN) propose ainsi l’รฉnergie nuclรฉaire pour rรฉsoudre les dรฉlestages frรฉquents dans le pays. Il faut quelques centrales nuclรฉaires pour soutenir le dรฉveloppement industriel et pour avoir une รฉnergie supรฉrieure ร celles fournie par la thermique et l’hydraulique de JIRAMA. Dโautre part, il explique que les รฉnergies solaire et รฉolienne sont des bonnes sources d’รฉlectrification pour les petites villes ou communes rurale mais elles ne peuvent pas faire fonctionner des villes industrielles. Pourtant, la gestion de dรฉchets nuclรฉaires et le site de stockage posent des problรจmes dans les pays dรฉveloppรฉs, comme le cas de Japon, tandis que le coรปt de lโinstallation d’une centrale รฉlectrique est trรจs lourd nรฉcessitant des bailleurs de fonds.
โLe professeur Raoelina ANDRIAMBOLOLONA, fondateur et directeur gรฉnรฉral de l’ISTN, met en avant l’exploitation de l’uranium ร Madagascar et la crรฉation d’une ou deux centrales nuclรฉaires. Ce savant malgache indique que tout est question d’une volontรฉ politique, parce que la lutte contre le dรฉlestage ne se fait pas du jour au lendemain ;
โFabrice BERTHOLET et Vonjy RAKOTONDRAMANANA, des experts de la Banque Mondiale formulent des recommandations dโactions qui sโinscrivent dans le cadre dโobjectifs de long terme, mais qui consistent autant que possible en des propositions concrรจtes, susceptibles dโรชtre mises en ลuvre le plus rapidement possible pour le secteur รฉlectrique malgache(RAKOTONDRAMANANA, 2010) . Ces experts ont effectuรฉs des รฉtudes concernant lโรฉtat des lieux en ce qui concerne la fourniture dโรฉnergie รฉlectrique. Ils ont aussi mis en รฉvidence les potentiels de Madagascar ainsi que les contraintes auxquelles le pays fait face pour lโatteinte des objectifs. Et un point saillant de leur publication concerne le systรจme de gestion du secteur de lโรฉlectricitรฉ ;
โChristine HEREAUX, Directrice du Pรดle Accรจs ร lโEnergie ร la Direction de la Prospective et des Relations Internationales de EDF, affirme que face ร une croissance annuelle de son PIB qui sโest maintenue, en moyenne, ร 5 % par an depuis le dรฉbut des annรฉes 2000, lโAfrique a vu la croissance annuelle de sa capacitรฉ de production รฉlectrique stagner ร environ 3 % depuis plusieurs annรฉes (soit la moitiรฉ de celle des autres rรฉgions en dรฉveloppement) . Or celle-ci devrait croรฎtre en moyenne de 10 % pour rรฉpondre ร la demande. Cette situation engendre ainsi des sรฉries de rationnement sur la fourniture dโรฉnergie รฉlectrique en Afrique. (HEREAUX, 2010) .
De ces diffรฉrents points de vue, nous avons remarquรฉ que les questions concernant la difficultรฉ de trรฉsorerie ne sont pas mises en exergue concernant le dรฉlestage รฉlectrique. Ce qui nous a ramenรฉ ร effectuer une recherche autour du problรจme de trรฉsorerie. Dโoรน la position des deux questions de recherche citรฉes prรฉcรฉdemment dans la partie problรฉmatique. Et pour avoir plus dโรฉclaircissement sur nos questions de recherches, nous allons aborder les thรฉories axรฉes sur la difficultรฉ de trรฉsorerie, les pertes globales de la chaine de valeur de lโรฉlectricitรฉ, les ventes ร pertes ainsi que la constitution des couts de production de lโรฉlectricitรฉ. Tels sont ainsi lโobjet des points qui vont รชtre dรฉveloppรฉs dans ce qui suit.
Les pertes globales et les ventes ร pertesย
Dans un systรจme รฉlectrique, les pertes peuvent dรฉcouler de plusieurs sources, notamment :
โฎ les รฉnergies produites non vendues dont lโensemble est appelรฉ ยซ pertes globales ยปdu systรจme de production, de transport et de distribution ;
โฎ lโinadรฉquation entre les prix de vente et des coรปts de production ou ยซ ventes ร pertes ยป.
Dโaprรจs lโInstitut de lโEnergie et de lโEnvironnement de la Francophonie (IEPF), pour lโensemble du systรจme รฉlectrique, de la production ร la distribution, le seuil des pertes globales considรฉrรฉ comme acceptable pour les experts internationaux est de 15 ร 16 % .Ce pourcentage inclut les pertes techniques et les pertes non techniques.(FRANCOPHONIE, 2009)En effet, les pertes dโรฉnergie entre la production et la vente dans un rรฉseau de distribution dโรฉlectricitรฉ sont de deux types: les pertes techniques et les pertes non-techniques.
Dโune part, les pertes techniques proviennent gรฉnรฉralement de la production et du transit sur le rรฉseau. On considรจre :
o Les pertes techniques de la production qui sont liรฉes aux moyens de production et aux auxiliaires ;
o Les pertes techniques de transport et distribution provenant du transit sur le rรฉseau.
Elles sont liรฉes ร un mauvais rendement du rรฉseau suite au dรฉsรฉquilibre des charges, aux pertes actives et rรฉactives, au mauvais facteur de puissance etc., pour ne citer que certaines des causes possibles. Ces pertes sont รฉvaluรฉes en faisant la diffรฉrence entre les injections et les soutirages entre les diffรฉrents niveaux. Dโautre part, les pertes non-techniques proviennent de consommation dโรฉnergie non enregistrรฉe. Ces pertes rรฉsultent de vols dโรฉnergie, dโerreurs de comptage et/ou de profilage, ou par le non paiement des factures par les consommateurs (MONDIALE., July 2009)(LAFFONT, Juin 2009). Sโil paraรฎt aisรฉ dโen estimer le niveau global par dรฉduction des pertes globales ou de la diffรฉrence entre lโรฉnergie injectรฉe au rรฉseau de distribution et lโรฉnergie effectivement facturรฉe, les origines de ces pertes ne sont pas toujours รฉvidentes et elles ne peuvent รชtre mesurรฉes prรฉcisรฉment. Il est estimรฉ que dans certains pays en dรฉveloppement, les pertes de nature non technique peuvent atteindre 50 % de la quantitรฉ totale dโรฉlectricitรฉ injectรฉe dans le rรฉseau (FRANCOPHONIE, 2009). Particuliรจrement dans les pays en voie de dรฉveloppement, les vols dโรฉnergie รฉlectrique peuvent aller de 10 ร 40% de la production totale (Y. AL-MAHROQI, 2012).
Par ailleurs, il parait รฉvident que des ventes ร pertes auprรจs dโune sociรฉtรฉ sont vรฉrifiรฉes si au cours dโun certain temps les prix moyens de vente sont infรฉrieurs au coรปt moyen de production (ANTRAIGUES)Thรฉoriquement la fixation des prix dรฉpend de la demande et du coรปt de production marginal au niveau de cette demande. La demande elle-mรชme dรฉpendant de facteurs qu’il est raisonnable de considรฉrer comme saisonniers et stationnaires (tempรฉrature, activitรฉ รฉconomique). Le coรปt de production pouvant varier grandement d’une centrale de production ร une autre, il n’est pas alors impossible d’observer sur le marchรฉ des phรฉnomรจnes de trรจs grande variation temporaire des prix (HUU, Juillet 2012). Dโautres parts, Daniel ANTRAIGUES propose les thรฉories suivantes pour une analyse des prix et des coรปts de production selon les principes de lโoptimum technique et รฉconomique.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
I. REVUE DE LA LITTERATURE
II. MATรRIELS ET MรTHODES
2.1. MATรRIELS
2.2. MรTHODES
2.2.1. Mรฉthodologies pour la vรฉrification de lโhypothรจse nยฐ1
a) Estimation des pertes globales annuelles
b) Valorisation des pertes globales annuelles
c) Analyse tendancielle des pertes globales annuelles sur un horizon de 10ans
d) Analyse comparative entre les prix moyens de vente et les coรปts moyens de production
e) Analyse du poids des pertes globales et des ventes ร perte par rapport ร la trรฉsorerie
2.2.2. Mรฉthodologies pour la vรฉrification de lโhypothรจse nยฐ2 : Le benchmarking
2.2.3. Mรฉthodologie dโinnovation : TRIZ
III. RรSULTATS
3.1. Situation des ventes et des Pertes globales depuis 2000
3.2. Rendements et pertes globales depuis 2000
3.3. Valorisation des pertes globales depuis 2008
3.4. Analyse tendancielle des pertes globales
3.5. Analyse comparative entre cout moyen de vente et cout moyen de production
3.6. Proportions des ventes ร pertes et des pertes globales
3.7. Analyse du poids des pertes globales et des ventes ร perte par rapport ร la trรฉsorerie
3.8. Benchmarking des Sociรฉtรฉs dโElectricitรฉ en Afrique Subsaharienne
3.9. Analyse comparative des couts moyens de production de la JIRAMA avec les autres pays
3.10. Analyse comparative des prix moyens de vente de la JIRAMA
3.11. Poids des charges combustibles de la JIRAMA par rapport aux Chiffres dโAffaires
3.12. Rรฉsultat du scรฉnario ยซ rรฉduction de 25% du coรปt moyen de production annuel ยป
3.13. Rรฉsultat du scรฉnario ยซ rรฉduction de 50% du coรปt moyen de production annuelยป
IV. DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
RรFรRENCES
ANNEXES