La rage est une maladie infectieuse due à un virus neurotrope appartenant au genre Lyssavirus de la famille des Rhabdoviridae [SABETA et al., 2003]. Elle compte parmi les pathologies virales les plus virulentes et mortelles communes à l’homme et aux animaux car l’expression clinique entraine inéluctablement la mort du malade. La rage constitue de nos jours une zoonose préoccupante dans le monde entier. Elle est cependant une maladie négligée [BOURHY et al., 2010], endémique dans la plupart des pays africains et asiatiques. Elle représente un grave problème de santé publique notamment dans les pays en développement [TALBI et al., 2009]. En 2005, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait, lors de la réunion des experts, que les zoonoses sont souvent oubliées par les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les donateurs. Le rapport de la réunion soutenait que : « ces maladies jouent un rôle clé dans la perpétuation de la pauvreté » et que « la lutte contre les zoonoses peut être un moyen à la fois efficace et économique de réduction de la pauvreté » [OMS/DFID, 2005].
La rage est une zoonose transmissible à l’homme par morsure, griffure, léchage sur une plaie par un animal enragé, par projection de matières virulentes sur les muqueuses ou par greffe de tissu issu de patient infecté [BOURHY, 2007]. Cette encéphalo-myélite mortelle connue depuis plusieurs siècles est maintenant évitable par l’administration à temps opportun du traitement antirabique et de la sérothérapie lors de la prise en charge médicale post-exposition [WARRELL et WARRELL, 2004]. Cependant, en dépit des énormes progrès de la médecine moderne et de la disponibilité de vaccins très efficaces [DODET et al., 2008], plus de 55 000 personnes par an meurent malheureusement de la rage dans le monde dont 24 000 à 30 000 décès en Afrique [KNOBEL et al., 2005]. Les enfants, qui jouent avec les chiens, sont parmi les plus exposés [KABORE, 2014]. Ces données font de la rage l’une des dix infections les plus effroyablement meurtrières dans le monde. Le chien est le principal réservoir et vecteur de la rage chez l’homme [HAMPSON et al., 2009]. Il est responsable de plus de 90% des cas humains surtout en Afrique et en Asie.
Généralités sur le Burkina Faso
Géographie et organisation administrative
Situé dans la boucle du Niger, le Burkina Faso ou « pays des Hommes intègres » est localisé au cœur de l’Afrique Occidentale et est sans débouché sur la mer. Depuis les indépendances en 1960, sa capitale est Ouagadougou. Le Burkina Faso s’étend sur 272 967 km² et est limité au Nord et à l’Ouest par le Mali, au Nord par le Niger, au Sudest par le Bénin et au Sud par le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Le pays est divisé en 13 régions administratives, 45 provinces, 350 communes urbaines et rurales, 3800 villages et arrondissements [Figure 1, page 9]. Le relief y est peu marqué et les trois quarts du territoire sont occupés par une vaste pénéplaine dont l’altitude moyenne ne dépasse pas 400 m [INSD, 2010]. Sur le plan hydrographique, trois fleuves, le Mouhoun, le Nazinon et le Nakambé, drainent le pays et le point le plus proche de l’Atlantique en est distant de 500 km. Positionné entre 9°200 de latitude Sud et 15°540 de latitude Nord, 2°200 de longitude Est et 5°300 de longitude Ouest, le Burkina Faso fait partie de la zone soudanienne et bénéficie d’un climat tropical sec à deux saisons : une saison sèche de novembre à juin et une saison pluvieuse de juillet à octobre [INSD, 2010]. Les précipitations sont, en général, faibles et mal réparties sur l’ensemble du territoire, variant entre 300 mm au Nord et 1200 mm au Sud [INSD, 2010].
Données sur la démographie humaine
Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2006 [INSD, 2006], la population du Burkina Faso s’élevait à 14 017 262 habitants dont 52 % de femmes et 48 % d’hommes. Le taux d’accroissement intercensitaire était estimé à 3,1 %. À ce rythme, la population du Burkina Faso doublerait en 2038. Cette croissance soutenue de la population minimise l’impact des initiatives publiques (politiques de santé notamment) pour le développement humain.
Les résultats de ce recensement avaient également montré que 77 % des habitants résidaient en milieu rural. Les moins de 15 ans représentaient 47 % de la population. Les enfants de moins de 18 ans représentaient 54 % de la population. Par ailleurs, le niveau d’instruction de la population était faible : 71 % des Burkinabè de 6 ans et plus n’avaient aucun niveau d’instruction, 21 % avaient un niveau primaire et seulement 9 % avaient un niveau secondaire ou plus. Toujours en 2006, l’islam était la religion majoritaire au Burkina Faso (61 % de la population). Ensuite venaient respectivement la religion catholique (19 %), l’animisme (15 %) et la religion protestante (4 %).
Politique de santé et situation sanitaire
L’évolution du système de santé et de l’état de santé de la population burkinabè est tributaire des programmes et actions mis en œuvre depuis la période des indépendances. De 1960 à 1979, le système de santé disposait d’un plan cadre qui avait mis l’accent sur les campagnes de lutte contre les maladies transmissibles. Par contre, la période 1980- 1990 s’était distinguée par la mise en œuvre du programme sanitaire national avec le renforcement de la décentralisation des services de santé. Entre 1991 et 2000, l’administration sanitaire a été marquée par une grande décentralisation des services de santé. De nos jours, le territoire est divisé en treize régions sanitaires correspondant aux régions administratives. Les structures publiques de santé sont organisées en trois niveaux :
– Le niveau 1 : correspond au district sanitaire (DS)
– Le niveau 2 : représenté par le Centre hospitalier régional (CHR).
– Le niveau 3 : constitué par le Centre hospitalier universitaire (CHU).
Malgré les efforts du gouvernement et l’appui des partenaires extérieurs, la situation sanitaire du Burkina Faso n’est toujours pas reluisante.
Présentation de la commune de Ouagadougou
Géographie et organisation administrative
D’une superficie de 518 Km2 , Ouagadougou est la plus grande agglomération du Burkina Faso [MAIRIE DE OUAGADOUGOU, 2011]. Située au cœur du pays, la ville est également le chef-lieu de la province du Kadiogo et de la région du centre. La commune de Ouagadougou est limitée au Nord par les communes rurales de Pabré et de Loumbila, à l’Est par la commune rurale de Saaba, au Sud par celles de Koubri et de Komsilga et à l’Ouest par celle de Tanghin-dassouri. Depuis la nouvelle répartition régie par la loi 2009-0066/an du 22 décembre 2009, la commune regroupe 12 arrondissements et 55 secteurs [Figure 2, page 10]. Du fait de son statut à la fois de capitale d’Etat et de chef lieu de région, de province et de département, Ouagadougou abrite le siège de tous les départements ministériels et les services centraux du pays. La ville bénéficie de l’influence du climat nord soudanien de par sa situation géographique. La faible densité du couvert végétal, résultat de l’action anthropique et le braconnage ont fortement contribué à la réduction importante de la faune sauvage. En dehors de la petite faune (rat, écureuil, lièvre, etc.) et des oiseaux, le gros gibier est quasi-inexistant.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : LE BURKINA FASO ET LA COMMUNE DE OUAGADOUGOU
1.1. Généralités sur le Burkina Faso
1.1.1. Géographie et organisation administrative
1.1.2. Données sur la démographie humaine
1.1.3. Politique de santé et situation sanitaire
I.2. Présentation de la commune de Ouagadougou
I.2.1. Géographie et organisation administrative
1.2.2. Démographie humaine
1.2.3. Organisation sanitaire
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LA RAGE
2.1. Rappel de l’historique de la rage dans le monde
2.2. Physiopathologie et transmission de la rage à l’homme
2.3. Impact socio-économique de la rage
CHAPITRE III : LE CHIEN AU BURKINA FASO ET ROLE DU CHIEN DANS L’EPIDEMIOLOGIE DE LA RAGE
3.1. Place du chien dans la société burkinabè
3.1.1. Nombre et races de chien
3.1.2. Utilité et fonctions du chien
3.1.3. Ethnologie canine
3.1.4. Mode de vie et alimentation du chien
3.2. Epidémiologie de la rage
3.2.1. Rôles des carnivores sauvages
3.2.2. Rôles des animaux domestiques
3.2.3. Les cycles épidémiologiques de la rage
CHAPITRE IV : MESURES DE LUTTE CONTRE LA RAGE CANINE
4.1. Législation zoo-sanitaire et éducation de l’opinion publique sur la rage
4.2. Vaccination de masse des carnivores
4.3. Maîtrise des populations canines
4.4. Surveillance et Diagnostic de la rage
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
1.1. Types et cadres d’étude
1.1.1. Enquête rétrospective
1.1.2. Enquête transversale
1.2. Matériel
1.2.1. Matériel technique et logistique
1.2.2. Population d’étude
1.3. Méthodologie de recherche
1.3.1. Réalisation des enquêtes
1.3.2. Saisie des données et analyses statistiques
CHAPITRE II : RESULTATS
2.1. Situation épidémiologique de la rage à Ouagadougou de 2001 à 2013
2.1.1. Au Centre National Traitement Antirabique
2.1.2. A la Clinique de l’Ecole Nationale d’Elevage et de Santé Animale
2.1.3. A la Direction du Laboratoire National d’Elevage
2.2. Enquête connaissances-attitudes-perceptions auprès des ménages
2.2.1. Description sociodémographique de la population d’étude
2.2.2. Connaissances et comportements des populations sur la rage
2.2.3. Responsabilités des propriétaires de carnivores dans la lutte contre la rage
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
3.1. Discussion
3.1.1. Lieu et période d’étude
3.1.2. Méthodologie et difficultés rencontrées
3.1.3. Situation épidémiologique de la rage à Ouagadougou de 2001 à 2013
3.1.4. Enquête connaissances-attitudes-perceptions auprès des ménages
3.2. Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES