L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est devenu aujourd’hui des questions préoccupantes dans les politiques internationales pour l’atteinte des objectifs du développement durable. En effet, ces secteurs connaissent de plus en plus une attention particulière et remarquable de la part des autorités gouvernementales des pays du monde en général et de l’Afrique subsaharienne en particulier. Cette attention se traduit par la tenue de plusieurs rencontres entre spécialistes et autorités étatiques à travers le monde dont l’objectif principal est d’améliorer l’accès à l’eau potable en quantité et en qualité suffisante, mais surtout à des services d’assainissement appropriés.
En effet en janvier 2016 est entré en vigueur l’Agenda 2030, qui en son objectif 6 vise à garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau d’ici 2030.
Entre 2000 et 2015, la proportion de la population mondiale utilisant des services d’assainissement améliorés est passée de 59 % à 68 %. Cela signifie que, en 2015, 4,9 milliards de personnes dans le monde utilisaient un service d’assainissement amélioré. Cependant, ce n’est pas le cas de 2,4 milliards de personnes ; parmi elles, 946 millions ne disposant d’aucune installation sanitaire ont continué à déféquer à l’air libre. La proportion des populations qui ont accès à des services d’assainissement améliorés en Afrique subsaharienne reste la plus faible parmi toutes les autres parties du monde. Mais néanmoins des progrès ont été notés avec 26% en 2000 et 30% en 2015 (ONU, 2015).La gestion hasardeuse des matières fécales et des eaux usées reste un risque majeur pour la santé publique et l’environnement (ONU, 2015).
Ces progrès sont le fruit de beaucoup d’efforts fournis à travers des politiques d’assainissement entrepris par les autorités des pays d’Afrique en partenariat avec le secteur privé. C’est ce qui a permis à l’Etat du Sénégal par le biais de l’Office National l’Assainissement du Sénégal (ONAS), de mettre en place, en 2011, avec l’appui financier de la Fondation Bill et Melinda Gates (FBMG), un programme pilote de vidange dans les zones périurbaines de la région de Dakar. Ce Programme a été précédé par un autre vaste Programme d’Assainissement des Quartiers Péri Urbains de Dakar (PAQPUD), qui est une sous-composante du Projet Eau à Long Terme (PELT). Ce projet a permis de couvrir 32 collectivités locales de la zone périurbaine et d’atteindre 22% des ménages non desservis par l’assainissement collectif (ONAS, 2014).
Toutefois, malgré tous les efforts consentis, force est de reconnaître que la filière des boues de vidange souffre encore de nombreuses insuffisances relatives à la pratique de la vidange manuelle, du dépotage sauvage pratiqué par certains vidangeurs. Par exemple, dans certaines zones de la banlieue dakaroise, qui abrite presque 2/3 de la population, lorsque les fosses sont pleines, plus de 50% de la population ont une fois eu recours à la vidange manuelle. Ces situations engendrent des conséquences souvent néfastes à la santé des populations et de l’environnement. En plus de ces pratiques, vu la quantité de plus en plus importante de boues produites à Dakar, l’ONAS avait des difficultés pour le traitement des boues dépotées dans les STBV. Pour régler ce problème, l’ONAS a, dans le cadre d’un Partenariat Public Privé (PPP), signé un contrat avec DELVIC SI pour l’exploitation de toutes les stations de traitement des boues de vidange de Dakar. Créée en 2013, DELVIC SI est une entreprise de droit sénégalais exclusivement dédiée à l’assainissement autonome en général et dans la problématique des boues de vidange en particulier.
Situation de la gestion de l’assainissement autonome et de la gestion des boues de vidange au Sénégal
Aspects institutionnels et réglementaires
Aujourd’hui l’accès à l’eau et à l’assainissement est devenu une préoccupation majeure pour l’Etat du Sénégal à l’instar de tous les gouvernements africains. En effet, « l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un droit de l’Homme essentiel à la pleine jouissance de la vie », au même titre que le droit à l’alimentation ou à la santé. En dépit de cette reconnaissance du droit à l’eau par l’ONU (juillet 2010) et des progrès réalisés, la situation demeure déplorable car près de 800 millions de personnes n’ont pas accès à une source d’eau améliorée et 2,5 milliards sont privées de services élémentaires comme les toilettes ou les latrines. 80% de la population mondiale habite des régions où la sécurité de l’eau est compromise et chaque année, plus d’un (1) million d’enfants meurent suite à des maladies diarrhéiques (ONU ; 2010).
Dans les pays en voie de développement, la question de l’assainissement se pose avec acuité et une attention particulière doit être accordée à la question par les pouvoirs publics. L’Etat du Sénégal, malgré les avancées notées, a toujours des difficultés à régler la question avec le niveau très faible de l’accès des populations à un système d’assainissement de qualité malgré les efforts qui ont été consentis.
La plupart des problèmes rencontrés dans l’assainissement sont d’ordre organisationnel, institutionnel, juridictionnel, financier, etc. En effet, sur le plan institutionnel la gestion des boues de vidange est dévolue à des départements sectoriels dont :
➤ les secteurs centralisés de l’Etat, à travers certains de ses ministères, qui définissent les orientations, les politiques, les programmes et les dispositions réglementaires;
➤ les directions et les structures décentralisées ;
➤ les collectivités locales par l’entremise des compétences transférées pour impulser un développement durable à la base ;
➤ les organisations non gouvernementales qui interviennent à la base ; et
➤ les partenaires financiers qui participent à la mobilisation des fonds dans le secteur de l’assainissement.
Le cadre juridique dans lequel tous ces différents secteurs opèrent dans la gestion des boues de vidange reste à perfectionner .
Quelques systèmes de traitement des boues de vidange au Sénégal
Bassins de sédimentation et lits de séchage non plantés
Les lits de séchage non plantés sont des lits simples et perméables, qui une fois chargés de la boue drainent la partie liquide et permettent la boue de sécher par évaporation. Le fond du lit de séchage est garni de conduites perforées qui drainent le lixiviat. Au-dessus des drains, il y a des couches de sable et de gravier qui reçoivent les boues et permettent au liquide d’infiltrer dans le drain. Les lits de séchage jouent un rôle de rétention physique des matières en suspension (MES) contenus dans la boue. Ce mécanisme est responsable de la formation du « dépôt de boue », à la surface du lit. Sous l’action des forces de gravité, l’eau libre contenue dans la boue est drainée vers le fond du lit, où un réseau de drains permet son évacuation. Ce mécanisme participe à la réduction du volume et au séchage des boues stockées sur le lit (Molle et al ; 2013).
Lagunage
Le traitement par lagunage est constitué d’une série de bassins artificiels, ou étangs formés de digues, imperméabilisés, dans lesquels les eaux usées sont déversées et passent successivement et naturellement d’un bassin à l’autre, par gravitation, pendant un long temps de séjour. Différents assemblages de ces bassins sont possibles en fonction de divers paramètres, tels que les conditions locales, les exigences sur la qualité de l’effluent final et le débit à traiter. Ces bassins fonctionnent comme des écosystèmes avec des relations de symbiose entre les différentes populations composées de champignons, de protozoaires, de métazoaires, d’algues, de plantes, de poissons, etc. ces différents organismes interviennent afin d’éliminer la charge polluante contenue dans les eaux usées. De façon générale, le mécanisme sur lequel repose le lagunage est la photosynthèse.
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Table des matières
INTRODUCTION
Contexte et justification
Problématique
Objectifs
1. REVUE DE LA LITTERATURE
1.1 Situation de la gestion de l’assainissement autonome et de la gestion des boues de vidange au Sénégal
1.1.1 Aspects institutionnels et réglementaires
1.1.2 Quelques systèmes de traitement des boues de vidange au Sénégal
1.1.3 Définition
1.1.4 Caractéristiques des boues de vidange
1.1.5 Différentes formes de pollution
1.2 Risques liés à une mauvaise gestion des boues de vidange
1.2.1 Risques sanitaires
1.2.2 Risques d’ordre écologique
1.3 Quelques notions sur la coagulation/Floculation des boues
1.3.1 Mécanismes de la décantation des boues
1.4 Généralités sur le coagulant utilisé : le sulfate d’Aluminium
2. MATERIELS ET METHODES
2.1 Localisation du site
2.2 Description générale de la STBV des Niayes
2.2.1 Réceptacle des boues
2.2.2 Bassins de sédimentation/épaississement (B/E)
2.2.3 Bassins anaérobies
2.2.4 Bâche à eau
2.2.5 Lits de séchage non plantés
2.3 Caractérisation des boues et effluents
2.3.1 Mode d’échantillonnage
2.4 Paramètres suivis
2.5 Test de floculation au laboratoire
2.6 Préparation de la solution de sulfate de sulfate (AL2(SO4)3)
2.7 Mode d’échantillonnage
2.7.1 Prise d’échantillon de terrain
2.7.2 Prise d’échantillon de laboratoire
2.7.3 Evaluation de la floculation
2.8 Test de floculation au niveau de la STBV de Niayes
2.8.1 Préparation de la solution de sulfate d’Aluminium
2.8.2 Floculation des effluents sortant des bassins de sédimentation
2.9 Floculation des effluents sortant des bassins anaérobies
2.9.1 Application de la solution de sulfate d’aluminium
2.9.2 Décantation des effluents floculés
2.9.3 Prise d’échantillons au niveau de la STBV
2.10 Paramètres suivis
2.10.1 Méthode de détermination des paramètres physico-chimiques
3. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 Caractérisation des boues brutes et des effluents
3.2 Détermination de la dose optimale
3.2.1 Influence de la floculation sur la qualité du surnageant floculé
3.2.2 Influence de la floculation sur la capture de boues
3.2.3 Application sur le terrain des tests de floculation pour les effluents sortant des bassins de sédimentation
3.2.4 Problèmes de décantation rencontrés à la sortie des bassins de sédimentation/épaississement
3.3 Test de floculation de terrain pour les effluents sortant des bassins anaérobies
3.3.1 Test après cloisonnement des pompes
3.3.2 Test après modification du « Té » de sortie des bassins anaérobies
3.3.3 Tests avec modification du « Té » de sortie des bassins anaérobies avec cloisonnement des pompes de refoulement
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES