Alimentation et nutrition des vaches traites
Système fourrager
Le terme « système fourrager » a commencé à être fréquemment employé à partir des années 1970 (Duru et al., 1988). Depuis, plusieurs définitions sont proposées. Parmi elles, nous avons retenus quelques définitions qui nous paraissent plus adaptées à notre étude : selon Attonatty (1980), il peut être défini comme « l’ensemble des moyens de production, des techniques et des processus qui, sur un territoire, ont pour fonction d’assurer la correspondance entre le ou les systèmes de culture et le ou les systèmes d’élevage ». De même, Lemaitre (1970), Touze et al., (1979), définissent le système fourrager comme une combinaison de techniques allant du fourrage jusqu’aux performances animales et plus précisément en vue « d’une production animale correcte » voire « maximum ».
Les ruminants sont par définition des animaux qui couvrent leurs besoins alimentaires par la consommation d’herbe et/ou de fourrages ou autres sources complémentaires. Le système fourrager comprend des pâturages (naturel ou artificiel/amélioré), des cultures annuelles ou pérennes de légumineuses ou de graminées. Les pâturages et les fourrages peuvent être exploités sur pied (le plus économique), en vert (cut and carry) ou en sec après stockage (foins, paille) et/ou après des processus de conservation plus complexe (ensilage). Selon le ruminant en présence, les objectifs de production de l’éleveur et les contraintes du milieu, les choix d’affourragement seront différents. Ces combinaisons de choix et de pratiques constituent le système fourrager (Agricultures et territoires, 2012).
Diversité et caractéristiques des systèmes de production de lait en Afrique de l’ouest Selon l’OCDE/FAO (2016), la production laitière va croître dans toute l’Afrique. D’ici 2025, la consommation de produits laitiers frais par habitant va enregistrer une progression annuelle de 1,7 % dans les pays en développement et les volumes de produits laitiers importés resteront élevés en Afrique. En Afrique de l’Ouest, les filières laitières sont marquées par l’utilisation massive de la poudre de lait importée (Duteurtre, 2007). Les nombreuses tentatives de développement de la production locale à partir des années 1990 se sont soldées par des échecs comme dans la plupart des filières laitières en Afrique (Sraïri et al., 2013 ; Thorpe et al., 2000).
Le modèle de production calqué sur le modèle des pays producteurs Européens n’a pas prospéré. La production de lait local est aujourd’hui assurée en grande partie par des petits producteurs en zone périurbaines et rurales à l’image des petits producteurs de laits en Afrique de l’Est qui portent le secteur laitier (Thorpe et al., 2000). Mais la production est saisonnière et difficile à collecter. La transformation est assurée par des mini laiteries de capacités faibles, qui sont saturées en saison des pluies et sous approvisionnées en saison sèche. Les politiques laitières se mobilisent pour augmenter la collecte du lait en mettant en place des centres de collectes plus proches des sites de productions et, en soutenant le développement des programmes d’améliorations génétiques. L’enjeu aujourd’hui est la sécurisation de l’approvisionnement des laiteries en lait local et le maintien d’un élevage rémunérateur pour les milliers d’exploitations qui pratiquent cette spéculation.
La production laitière représente un potentiel important pour le développement économique et la sécurité alimentaire des zones rurales (OCDE/FAO, 2016). Les systèmes d’élevages en Afrique sont divers en fonction des ressources du milieu et des objectifs poursuivis par les producteurs. En Afrique de l’Ouest on trouve principalement : les systèmes pastoraux, les systèmes agropastoraux et les systèmes spécialisés à visée commerciale (Diop, 2015 ; Hamadou et al., 2003). Chaque système est constitué de sous-systèmes qui se distinguent en fonction des pratiques et des caractéristiques du milieu où il se met en place.
Les systèmes pastoraux
Dans ce système la mobilité est la forme de conduite utilisée par excellence pour exploiter les pâturages naturels. La mobilité des troupeaux est régie par les connaissances empiriques des zones de pâturages (Vall et Diallo, 2009), par le régime des pluies et par les conditions sanitaires (Metzger et al., 1995). L’alimentation du bétail provient essentiellement du pâturage naturel. Ce système utilise de très faibles intrants qui sont généralement limités aux produits vétérinaires (Hamadou et al., 2003). Dans la région Ouest Africaine, l’élevage pastoral est aux mains des pasteurs nomades et transhumants. En fonction des régions agroécologiques on peut distinguer : le système d’élevage purement pastoral pratiqué par les Touareg et les Maures dans les zones arides et semi-arides, le système d’élevage pastoral associé aux cultures pluviales ou de décrues pratiqué par les Maures et les Peuls (Coulibaly, 2008). Dans les zones subhumides, la migration des pasteurs (Pradère, 2007), provoquée par les années de sècheresse dans les zones sahéliennes a engendré des relations d’association et de compétition entre les communautés pastorales et les agriculteurs pour l’accès aux ressources (Awa et al., 2004 ; Dugué et al., 2004 ; Dongmo et al., 2012). Dans ces systèmes, le bétail, constitue un moyen d’épargne pour faire face aux dépenses courantes de l’exploitation et à l’insécurité alimentaire (Faye, 2001) et la production laitière y occupe une place importante (Ancey, 1998 ; Meyer et Denis, 1999 ; Coulibaly, 2008). Les produits issus de ces systèmes et qui sont sources de revenus, sont principalement le lait et la vente sur pied des animaux.
Les systèmes mixtes de polyculture-élevage
Les systèmes de production agricoles en Afrique de l’Ouest sont dominés par les systèmes polycultures-élevage ou systèmes mixtes. Ils concentrent environ 60% du cheptel bovin contre 34% pour les systèmes pastoraux (Robinson, 2011). Dans les systèmes agropastoraux, l’élevage joue un rôle important dans la sécurité alimentaire en tant que source de protéine (viande, lait), d’énergie agricole (Lhoste et al., 2010), de fertilisation des parcelles (Bouwman et al., 1997; Blanchard et al., 2013) et constitue la principale forme d’épargne des ménages ruraux qui ont peu accès au système bancaire (Alary et al., 2011). Les systèmes de polyculture-élevage utilisent une combinaison de sources d’aliments : pâturage sur des terres non cultivées, cultures fourragères, sous-produits agricoles et agroindustriels et aliments achetés (Mulumba et al, 2008).
La combinaison entre agriculture et élevage conduit à un recyclage des nutriments et augmente ainsi la durabilité et la préservation de l’environnement des systèmes de productions (Mulumba et al., 2008 ; Vall et al., 2014). La production de lait est supportée par une faible complémentation constituée de sons de céréales, les graines de coton et les quantités distribuées dépassent rarement 1 kg par vache en saison sèche (Coulibaly et al., 2007) ; les résidus de cultures sont constitués par les pailles de céréales moins riches en éléments nutritifs (Hamadou et Sanon, 2005). Mais ces systèmes constituent un levier important à l’approvisionnement des villes en produits laitiers en raison de leur importance numérique (Herrero et al., 2010 ; Vall et al., 2014).
Les systèmes intensifs et spécialisés à visée commerciale
L’élevage intensif se définit communément comme un mode d’élevage dont on obtient de hauts rendements zootechniques. Il est caractérisé par un niveau d’investissement en infrastructures d’élevage, une utilisation d’intrants alimentaires et vétérinaires relativement importants. Les animaux sont maintenus en stabulation avec parfois un accès limité au pâturage naturel. L’élevage est conduit comme une véritable entreprise orientée vers un objectif de production bien défini. En Afrique de l’Ouest les systèmes intensifs sont décrits essentiellement comme des étables péri-urbaines ou des fermes à vocation laitière (Corniaux et Duteurtre, 2014), ou encore des ateliers spécialisés d’embouche bovine (Sanon et al., 2014). Ces élevages se sont développés sur le modèle occidental avec l’importation de races à lait ou à viande plus productifs puis des croisements avec les races locales (zébus, taurins), ou par des inséminations artificielles à partir de la semence importée. Les races généralement utilisées au Burkina Faso sont : la Tarentaise, la Brune des Alpes, la Montbéliarde, le Gir, le Girolando, la Jersiaise, la Holstein et la Limousine. La dynamique de création des ceintures laitières en milieu urbains et périurbains dans la plupart des pays pour exploiter les possibilités de produire et de vendre du lait aux consommateurs des villes fut soutenue par des programmes de développement (Metzger et al., 1995 ; Alary et al., 2007) ou par des fermes d’états (Duteurtre, 1998). Cependant ces modèles de références ont donné des résultats mitigés et leur nombre est insuffisant pour satisfaire la demande de plus en plus croissante.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS
TABLE DES MATIERES
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTES DES PHOTOS
LISTE DES ANNEXES
RÉSUMÉ
ABSTRACT
LISTE DES TRAVAUX TIRES DE LA THESE : ARTICLES ET COMMUNICATIONS
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I REVUE DE LA LITTERATURE SUR LES CARACTERISTIQUES DES SYSTEMES DE PRODUCTION DE LAIT ET LES PARAMETRES DE PRODUCTION DES VACHES
I.1 Principes et définitions des concepts utilisés
I.1.1 Système de production
I.1.2 Système fourrager
I.2 Diversité et caractéristiques des systèmes de production de lait en Afrique de l’ouest 7
I.2.1 Les systèmes pastoraux
I.2.2 Les systèmes mixtes de polyculture-élevage
I.2.3 Les systèmes intensifs et spécialisés à visée commerciale
I.3 Paramètres zootechniques des vaches utilisées dans la production de lait en Afrique de l’Ouest
I.3.1 Les races bovines utilisées dans la production de lait
I.3.2 Performance de reproduction des vaches
I.3.3 Production et qualité du lait
I.4 Alimentation et nutrition des vaches traites
I.4.1 Capacité d’ingestion et utilisation des aliments par les vaches
I.4.2 Besoins et apports en énergie des vaches
I.4.3 Besoins et apports en matières azotées des vaches
I.4.4 Besoins et apports en minéraux et en vitamines des vaches
I.4.5 Besoins et apports en eau
I.4.6 Rationnement des vaches laitières
I.5 Santé des animaux
I.6 Les ressources alimentaires dans les exploitations productrices de lait au Burkina Faso
I.6.1 Le pâturage naturel
I.6.2 Les résidus de cultures et les sous-produits agro-industriels
I.6.3 Les fourrages ligneux et les banques fourragères
I.7 Conclusion partielle
CHAPITRE II CARACTERISTIQUES DE LA ZONE D’ETUDE ET DEMARCHE DE CO-CONCEPTION D’UN SYSTEME FOURRAGER INNOVANT DANS LES ELEVAGES PRODUCTEURS DE LAIT A L’OUEST DU BURKINA FASO
II.1 Caractéristiques de la zone d’étude
II.1.1 Situation géographique et justification de la zone d’étude
II.1.2 Caractéristiques pédoclimatiques
II.1.3 Milieu humain
II.1.4 Production agropastorale
II.1.5 Autres activités socio-économiques
II.1.6 Economie basée sur les laiteries et la commercialisation du lait à l’Ouest du Burkina Faso
II.2 Démarche de co-conception d’un système fourrager innovant : introduction pour la première fois de banques fourragères arbustives dans les élevages laitiers en Afrique de l’ouest
II.2.1 Diagnostic des systèmes de production à l’échelle de l’exploitation
II.2.2 Expérimentation des banques fourragères arbustives chez les producteurs laitiers étudiés
II.2.3 Evaluation ex-ante de l’effet de l’introduction des banques fourragères arbustives chez les producteurs laitiers étudiés
CHAPITRE III DIAGNOSTIC DES PRATIQUES D’ELEVAGE DES VACHES TRAITES, IDENTIFICATION DE SOLUTIONS D’AMELIORATION POSSIBLES
III.1 Introduction
III.2 Matériel et méthodes
III.3 Résultats
III.3.1 Typologies des exploitations de producteurs de lait : structures, pratiques et performances laitières
III.3.2 Bilan alimentaire par type d’exploitation
III.3.3 Résultats économiques
III.4 Discussion
III.4.1 Diversité des systèmes de production et pratiques de production du lait dans un contexte d’émergence des laiteries
III.4.2 L’alimentation, clé de l’intensification de la production de lait
III.5 Conclusion partielle
CHAPITRE IV EXPERIMENTATION DES BANQUES FOURRAGERES ARBUSTIVES CHEZ LES PRODUCTEURS DE LAIT, SUIVI ET MESURE DES PERFORMANCES
IV.1 Introduction
IV.2 Matériel et méthodes
IV.2.1 Phase de co-conception des banques fourragères arbustives (BFA)
IV.2.2 Gestion prévisionnelle de la phase d’installation des BFA
IV.2.3 Gestion prévisionnelle de la phase d’exploitation des banques fourragères arbustives (BFA
IV.3 Résultats
IV.3.1 Résultats de la phase d’installation
IV.3.2 Résultats de la phase d’exploitation des banques fourragères arbustives
IV.3.3 Coût d’installation et d’exploitation d’une banque fourragère arbustive (BFA)
IV.4 Discussion
IV.5 Conclusion partielle
CHAPITRE V EVALUATION EX-ANTE DE L’EFFET DE L’INTRODUCTION DE BANQUES FOURRAGERES ARBUSTIVES SUR LES VACHES TRAITES DES PRODUCTEURS A L’AIDE DU SIMULATEUR PRODLAIT
V.1 Présentation du simulateur Prodlait
V.1.1 Introduction
V.1.2 Principes de fonctionnement et structure de Prodlait
V.1.3 Sorties de Prodlait
V.1.4 Discussion
V.1.5 Conclusion partielle
V.2 Evaluation ex-ante de l’introduction d’une banque fourragère arbustive dans le système fourrager d’une exploitation sur les vaches traites
V.2.1 Introduction
V.2.2 Matériel et méthodes
V.2.3 Résultats
V.2.4 Discussion
V.2.5 Conclusion partielle
CHAPITRE VI DISCUSSION GENERALE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES xvii
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