Définition de l’OMS
EN `1955, l’Organisation Mondiale de la Santé insiste sur la dépendance et l’augmentation des doses dans une définition qu’elle donne de la « toxicomanie ». En 1969, elle lui oppose finalement le terme de pharmacodépendance. Sa définition devient : « Un état psychique et quelque fois également physique, résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une drogue, se caractérisant par des modifications de comportement et par d’autre réactions, qui comprennent toujours une pulsion à prendre le produit de façon continu ou périodique afin de retrouver ses effets psychiques et quelque fois d’éviter le malaise de la privation. Cet état peut s’accompagner ou non de tolérance. Un individu peut être dépendant de plusieurs produits. » Mais aussi complète soit elle, cette définition ne prend pas en compte la perte de liberté du sujet et sa souffrance.
Définition du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux
Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou d’une souffrance cliniquement significative, caractérisé par la présence de trois ou plus des manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :
– la tolérance : Tolérance définie par l’un des symptômes suivants :
a) besoin de quantités notablement plus fortes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’effet désiré ;
b) effet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité de la substance.
– Le sevrage : Sevrage caractérisé par l’une ou l’autre des manifestations suivantes :
a) Syndrome de sevrage caractéristique de la substance ;
b) Utilisation de la même substance (ou une substance très proche) pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage.
– Consommer toujours plus :
*La substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une durée plus prolongée que prévu.
*Il y a un désir persistant ou des efforts infructueux pour diminuer ou contrôler l’utilisation d’une substance.
*Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir la substance.
*Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importants sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la substance.
*L’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent, susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance.
Ce Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux distingue les « troubles liés à l’utilisation d’une substance» des troubles du comportement tels que la pyromanie, la kleptomanie, le jeu pathologique.
L’addiction à l’Alcool
Depuis des millénaires l’homme consomme de l’alcool. La molécule d’alcool ou éthanol est connue depuis le XIXe siècle. C’est une substance organique simple, produit de la fermentation des sucres contenus dans les fruits. L’alcool est essentiellement consommé à des fins récréatives. Au point de vue thérapeutique, on l’utilise principalement comme antiseptique externe et comme solvant pour certains médicaments, bains de bouche etc. « Selon la dose, les principales réactions observées sont, en ordre croissant, les suivantes : anxiolyse, euphorie, désinhibition, altération de l’attention et du jugement, diminution des perceptions sensorielles, troubles de la mémoire, sommeil, anesthésie, inconscience, comma et mort » L’alcool facilite les échanges interpersonnels ; l’alcool calme les souffrances internes, le mal être psychique, réduction de l’anxiété, de la dépression. L’alcool lève les inhibitions (le Surmoi est soluble dans l’alcool) et peut entraîner des comportements proches du passage à l’acte (violences physique ou sexuelle, actes impulsifs…). Les conséquences de l’alcoolisme se constatent au niveau somatique : troubles gastro-entérologie (hépatites, cirrhoses, gastrites, etc.), Troubles neurologiques, insuffisance cardiaque, encéphalopathies, polynévrites, épilepsie, atteintes vasculaires. Les troubles du caractère et de l’humeur sont à relever. Au niveau de la sphère intellectuelle, des troubles mnésiques peuvent apparaître. Une courte définition de l’alcoolisme est donnée par FOUQUET : « est alcoolique tout homme ou femme qui a, en fait, perdu la liberté de s’abstenir de consommer de l’alcool ». Pour lui, l’alcoolisme correspond à « l’intrication de trois facteurs ; un facteur psychique, un facteur de tolérance et un facteur toxique » . Dans les trois essais sur la théorie sexuelle, Freud suggère la relation entre la zone labiale et le développement ultérieur de l’alcoolisme. Il écrit : « […] tous les enfants ne suçotent pas. Il est à supposer que ce soit le propre de ceux chez lesquels la sensibilité érogène persiste, l’enfant sera plus tard un amateur de baiser, recherchera les baisers pervers et, devenu homme, il sera prédisposé à être fumeur et buveur ». Il y a aussi une dimension homosexuelle du sujet alcoolique .Il s’agirait d’une homosexualité latente, car le désir homosexuel est refoulé et réprimé. Chez l’homme, elle se manifesterait par des revendications de virilité lors des ivresses, le choix d’une épouse plus maternelle que féminine, la recherche de camaraderie masculine et de lieux essentiellement masculins. En population générale adulte, l’alcool est la substance psychoactive la plus consommée. Passons dès lors à l’analyse de ce que l’on pourrait relever de la toxicomanie et de l’alcoolisme à Madagascar, notamment les termes concernant notre thématique.
Les jeunes et la drogue
« 65% des jeunes des quartiers défavorisés touchent à la drogue (…) c’est dans les établissements scolaires que les adolescents côtoient l’univers de la drogue ». Il ne passe pas une semaine sans que les médias ne parlent de saisie ou d’un fait divers relatif à l’abus de drogues. La fréquence des informations sur les drogues publiées par les médias à Madagascar donne à penser, à tort, que nous connaissons bien le problème de la toxicomanie. En fait, la connaissance que nous avons reste bien mince même si plusieurs études ponctuelles convergent en effet vers l’idée que les jeunes sont particulièrement touchés par la toxicomanie. Les quelques données ci-après représentent en quelque sorte ce que nous pouvons relever de fiable comme informations de base concernant l’alcoolisme et la toxicomanie à Madagascar : Il faut noter que la consommation de cigarettes et d’alcool – deux substances très dangereuses pour la santé mais pas classées dans les drogues – est très fréquente chez quelques élèves enquêtés. Trente-six pour cent des élèves déclarent consommer de l’alcool et fumer des cigarettes, 25% boivent de l’alcool mais ne fument pas et enfin 2% fument mais ne boivent pas. Il faut noter que près de 13% fument des cigarettes et consomment de la drogue (certainement du cannabis). Le pourcentage des enquêtés qui ne consomment ni drogue, ni cigarettes, ni alcool est faible : 18%. Les filles sont plus nombreuses a ne rien consommer de ces substances (23% contre 14% des garçons) et surtout associent rarement cigarettes et drogue (3% contre 22% des garçons.). Comme l’adage le dit : « il n’y a pas de fumée sans feu ». La pauvreté vécue amène à des actes de déviance qui touchent la vie de la communauté. Prenons l’exemple de la « recrudescence de la commercialisation de drogues », qui touche surtout la population juvénile. Les termes de l’ « aliénation adolescente » en est justifiée, dans la mesure où ce sont les jeunes qui sont les victimes de tels actes. Non seulement ils en sont victimes, mais aussi acteurs.
Le volet de groupe
Dans les groupes de thérapie de type nord-américain, d’inspiration béhavioristes ou comportementaliste, l’approche est basée sur l’expression des sentiments: il s’agit de thérapies émotionnelles. On note l’absence de toute interprétation symbolique de type psychanalytique. Ici, l’important ne se situe pas dans le contenu des messages, mais dans l’intensité avec laquelle ils sont délivrés au sein du groupe puis repris par le « thérapeute leader », afin de canaliser les émotions ; ces thérapeutes leaders sont le plus souvent d’anciens toxicomanes. Dans ces groupes conduits par des pairs, chacun s’engage dans le partage de la résolution des problèmes. Ces programmes sont souvent courts, et l’effet recherché souvent à court terme. Ils comportent des activités diverses où l’on demande aux patients de se situer dans le présent, au cours de l’expérience groupale qu’ils sont en train de vivre. Les participants doivent parvenir à « faire peau neuve » et repartir à zéro. Il s’agit de se débarrasser de son histoire d’une manière parfois violente afin de faire resurgir l’émotion liée à un événement traumatique, dans une visée cathartique. Ces groupes de thérapie sont des lieux de décharge émotionnelle fondée sur l’effet catalyseur du groupe.
|
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Contexte
Choix du thème
Choix du terrain
Problématique
Hypothèses
Objectifs
Objectif global
Objectifs spécifiques
Méthodologie
Approche
Techniques
Techniques d’enquête
Techniques d’échantillonnage
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
Plan de rédaction
PREMIERE PARTIE : GENESE ET PROLIFERATION DE LA TOXICOMANIE ET DE L’ALCOOLISME
CHAPITRE 1 : Etat des lieux sur les connaissances en matière de toxicomanie et d’alcoolisme
1.1.- Approches conceptuelles
1.1.1.- Définition de l’OMS
1.1.2.- Définition du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux
1.1.2.1.- la tolérance
1.1.2.2.- Le sevrage
1.1.2.3.- Consommer toujours plus
1.1.3.- Le syndrome de dépendance
1.1.3.1.- Désir et dépendance
1.1.3.2.- Usage et abus
1.1.3.3.- Tolérance et Manque
1.2.- Types d’addiction
1.2.1- L’addiction au Tabac
1.2.2.- L’addiction à l’Alcool
CHAPITRE 2 : Spécificités des cas de toxicomanie à Madagascar
2.1.- Insuffisance de données officielles
2.1.1.- Les jeunes et la drogue
2.1.2.- La drogue dans les quartiers
2.1.2.- Toxicomanie en relation avec la pauvreté
2.2.- Le centre Tobim-Pitsaboana Loteriana d’Ambohibao
2.2.1.- Historique de formation
2.2.2.- Les étapes du traitement
2.2.2.1.- Première phase : le sevrage (clinique)
2.2.2.2.- Deuxième phase : restriction psychologique (12 étapes à retenir)
2.2.2.3.- Troisième phase : préparation à la réinsertion professionnelle
DEUXIEME PARTIE : PRISE EN CHARGE ET TRAJECTOIRES
CHAPITRE 3 : Cas cliniques et processus de désintoxication
3.1.- La prise en charge
3.1.1.- Le volet individuel
3.1.2.- Le volet de groupe
3.2.- Les cas de rechute
3.3.- Etat psychosomatique de l’individu en cours de traitement
CHAPITRE 4 : interaction de l’environnement et effets psychosociaux
4.1.- La position sociale comme paradigme incitative
4.2.- La recherche du dépaysement comme leitmotiv
4.3.- La « consommation matérielle » comme argumentaire chez les jeunes
CHAPITRE 5 : Réflexions critiques sur les dimensions positives et négatives
5.1.- Approche économiciste de la dimension de sevrage
5.2-Les réalités de la pauvreté
TROISIEME PARTIE : PERSPECTIVES D’INTERVENTION SOCIALE
CHAPITRE 6 : Les leçons à tirer
6.1.- De l’usage abusif à la dépendance
6.1.1.- La phase pré-alcoolique
6.1.2.- La phase prochronique
6.1.3.- La phase critique
6.1.4.- La phase chronique
6.2.- Se focaliser sur les réalités sociologiques et trajectorielles des individus
CHAPITRE 7 : Mise en place d’infrastructures d’intervention
7.1: La nécessité de la prévention (« aleo misoroka toy izay mitsabo »)
7.2.- Acquisition professionnelle
7.2.1.- Définition de la guérison dans le cadre de l’alcoolisme
7.2.2.- Suggestions
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
Ouvrages spécifiques
Documents officiels
Sites Internet
ANNEXES
RESUME
Télécharger le rapport complet