Le renforcement des capacités
Le renforcement des capacités est le concept autour duquel doit s’articuler la formation que le BVG offre aux visiteurs étrangers. Évidemment, afin de s’assurer que la formation offerte correspond bel et bien aux critères de renforcement de capacités, il est nécessaire de démystifier cette notion. Il faut tout d’abord définir le terme capacité. Le Fonds monétaire international (FMI, 2007) désigne les capacités institutionnelles comme étant « les moyens dont dispose un pays sur le plan de l’administration et de la gestion, en particulier dans la mise en oeuvre des politiques économiques ». Le FMI ajoute que les capacités« couvrent, entre autre, l’ efficacité avec laquelle les organismes publics luttent contre la corruption et renforcent la gouvernance. » Il est évident que les défis de lutte contre la corruption et de re~forcement de la gouvernance s’inscrivent bien dans le domaine de la vérification.
L’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (INTOSAI, 2007) va un peu plus loin en précisant les fameux moyens évoqués par le FMI : les habilités, les connaissances, les structures et les méthodes de travail qui rendent une organisation efficace (skills, knowledge, structures, and ways of working that make an organisation effective). Les capacités renvoient donc à des aptitudes qu’une organisation doit posséder afin de parvenir à gérer avec succès leurs différentes activités.
L’accueil de délégations internationales
En plus d’être un processus de renforcement de capacités, il ne faut pas oublier que les relations entre le BVG et les délégations étrangères constituent des relations internationales. En plus de nouvelles connaissances concernant la vérification, les visiteurs quittent le Canada avec une perception du pays, de ses habitants et de ses institutions. Il est donc important d’accueillir les délégations en les considérant tel qu’elles sont, c’est-à-dire des visiteurs internationaux. L’un des principes essentiels lorsqu’on accueille des délégations étrangères est de ne pas sous-estimer l’importance du «contenant».
En effet, une erreur commune est de se préparer exhaustivement pour le contenu de la discussion, mais de négliger ce qui orbite autour de cette discussion : le protocole, les façons de faire, etc. Comme le mentionne Roger E. Axtell (Axtell, 1990), ces éléments peuvent s’avérer encore plus significatifs que 1′ échange en soi : « Knowing the appropriate protocol, customs and etiquette wh en hosting guests from overseas can often be more significant than the discussion itself. » Effectivement, des erreurs liées au protocole ou à des incompréhensions culturelles peuvent porter ombrage à la visite et même mettre en péril ses objectifs.
L’inconfort provoqué par certains faux pas peut amoindrir, aux yeux des membres d’une délégation, la crédibilité des intervenants locaux et, du même coup, la valeur de la discussion. Cette réalité s’applique autant aux échanges commerciaux qu’aux processus de formation. Le BVG doit donc être conscient de ce phénomène et s’assurer de préparer ses membres en conséquence.
L’entrevue semi-dirigée
En plus d’utiliser l’observation afin de recueillir de l’information, j’ai procédé à des entrevues semi-dirigées. Il s’agit, toujours selon Lorraine Savoie-Zajc (Savoie-Zajc, 2003), d’une «interaction verbale entre les personnages qui s’engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d’un phénomène d’intérêt pour les personnes en présence». En tant que chercheur, je me devais d’animer de façon souple ces conversations afin de laisser les intervenants s’exprimer librement sur des thèmes généraux que j’avais choisis préalablement.
C’est l’interviewé qui détermine le rythme et le contenu spécifique de 1 ‘échange. J’ai donc rencontré six membres du BVG qui sont des collaborateurs réguliers aux visites des délégations internationales dans le but d’aborder les thèmes généraux suivants : l’appréciation de leur expérience respective avec les délégations, les facteurs de réussite d’une présentation, les problèmes potentiels, les éléments nécessaires à la préparation et 1’ évaluation des séances. Les questions posées dirigeaient donc la discussion vers ces sujets tout en laissant aux interviewés une grande liberté quant à la façon de traiter de ces questions. Ces entrevues m’ont donné un accès privilégié aux expériences vécues par ces individus.
L’information ainsi partagée était à la fois personnelle et assez détaillée. Évidemment, à cause de la nature même de l’entrevue semi-dirigée, ces conversations m’ont parfois amené sur des chemins que je n’avais pas même imaginé explorer dans ma façon d’analyser la question de la préparation au renforcement des capacités. Cette méthode de cueillette de données s’est ainsi avérée très emichissante pour la progression de mon étude. Les différentes perceptions des membres du BVG étoffaient ma propre vision du processus. Bien sûr, il ne faut jamais oublier que l’expérience d’une personne dépasse généralement son discours sur celle-ci. Ainsi, l’information fournie par un interviewé ne constitue qu’une photographie de sa perception de son expérience au moment de l’entrevue. En effet, si la même entrevue avait eu lieu à un autre moment, le résultat aurait pu être bien différent.
L’état d’esprit et l’humeur des intervenants peuvent influencer les perceptions. L’information recueillie n’est donc pas intemporelle, mais elle demeure utile afin de rendre explicite l’univers à l’ étude.
Recommandations
Il n’est pas évident de procéder à des recommandations, car l’équipe internationale du BVG effectue déjà un travail colossal, mais à la lumière de l’information obtenue au cours de mon stage, je suis tout de même en mesure de faire quelques propositions. Tout d’abord, j’encourage évidemment le BVG à utiliser l’outil que j’ai conçu pour faciliter la préparation des visites de délégations. La fiche d’information ne doit pas remplacer le programme d’étude qui est remis aux participants des visites, mais est plutôt un complément. Bien sûr, le simple fait de remplir la fiche et de la remettre aux intervenants du BVG n’est pas suffisant, il faut également inciter ces derniers à adapter leurs présentations. Selon les résultats des entrevues semi-dirigées, plusieurs sont déjà enclins à prendre le temps de personnaliser leur approche; il ne devrait donc pas être trop difficile de les convaincre de l’utilité de la fiche.
Ensuite, l’équipe internationale du BVG demeurera la référence en terme de relations internationales et de protocole. La fiche pourrait devenir un outil intéressant afin de partager l’information, mais d’autres mesures pourraient être prises. Par exemple, il serait possible de mettre sur pied un atelier présentant les attitudes à adopter en relations internationales ou un atelier sur le protocole adressé aux employés du bureau. Ce geme d’activités n’est pas essentiel au bon fonctionnement des visites de délégations, mais pourrait en améliorer l’efficacité et la fluidité. Évidemment, cette mesure demande un apport relativement important en ressources humaines et financières, mais demeure une avenue intéressante.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Présentation
1.2 Remerciements
2 Présentation de l’organisation
2.1 Le Bureau du vérificateur général du Canada
2.2 La direction des relations internationales
3 Description du mandat
4 Recension des écrits
4.1 Le renforcement des capacités
4.2 L’accueil de délégations internationales
5 Méthodologie
5.1 L’observation
5.2 L’entrevue semi-dirigée
6 Résultats
6.1 Résultats de la collecte d’information
6.2 Recommandations
7 Conclusion
8 Bibliographie
9 Annexes
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