La revue thรฉorique
ย ย ย ย ย ย ย La revue thรฉorique consiste ร examiner le lien thรฉorique de causalitรฉ ou de corrรฉlation entre lโaide au dรฉveloppement, la dรฉpendance et le sous-dรฉveloppement. La thรฉorie du dilemme entre solidaritรฉ et dรฉpendance de Jean-David Naudet (2000) traite du processus de dรฉpendance de pays aidรฉs vis-ร -vis de lโaide extรฉrieure. Dโaprรจs Naudet (2000), dans lโouvrage Survivre grรขce ร โฆ Rรฉussir malgrรฉโฆ Lโaide, plus un pays a recours ร lโaide, plus la dรฉpendance sera grande. Lโouvrage de Naudet, prรฉcitรฉ, est lโouvrage de rรฉfรฉrence ; choisi car explique au mieux le cas malgache. Cependant, dโautres auteurs ont des thรฉories semblables ร la sienne. John Stuart Mill (1848) posait dรฉjร la question de savoir comment donner une aide importante et nรฉcessaire sans entraรฎner de dรฉpendance. Elliot Berg (1993) donne des arguments sur les mรฉcanismes de perte dโautonomie. Les thรฉoriciens de la dรฉpendance expliquent le sous-dรฉveloppement par la domination. Selon Balandier (1955, 1971), la domination est un processus bien ordonnรฉ et bien prรฉparรฉ depuis la colonisation. Biwole et Martin (1986) stipulent quโil existe deux exigences indispensables ร la domination : la dynamique propre du capitalisme et la caractรฉristique divergente des pays en relation. Selon ces thรฉoriciens, le dรฉveloppement existe dans les pays dominรฉs mais il est faible par rapport ร celui du pays dominant, laissant ces premiers dans une position de sous-dรฉveloppement.
Le paradoxe de solidaritรฉ
ย ย ย ย ย ย Selon Naudet (2000) plus la part de lโaide augmente, plus la dรฉpendance par rapport ร lโaide augmente. Donc, la solidaritรฉ entre pays riches et pauvres peut se traduire pour ces derniers ร une perte dโautonomie.En particulier, nous ne nous interrogerons pas sur lโรฉgoรฏsme et lโaltruisme, lโhumanisme et le paternalisme, dans les motivations de cette ยซ gรฉnรฉrositรฉ ยป.
Paradoxe 1 : Entre 1992 et 1997, les bailleurs ont diminuรฉ leurs efforts dโAPD (Aide publique au dรฉveloppement) dans les pays du Sud. Cependant, lโoffre dโaide, notamment par les ONG, a augmentรฉ mรชme si le volume global dโaide a diminuรฉ.
Paradoxe 2 : Un moindre effort dโaide fait par les pays du Nord semble avoir une valeur importante sur lโรฉconomie du Sud et reprรฉsente un poids รฉnorme dans leurs ressources propres. Ainsi, la France a accordรฉ une aide au Niger en 1996 correspondant ร 50 millioniรจmes de son PIB (0,005 %). Lโeffort semble presque dรฉrisoire, et pourtant cette somme รฉquivaut ร 4,5 % du PIB du Niger et ร prรจs de la moitiรฉ de ses recettes budgรฉtaires (Naudet, 2000). Le pouvoir dโincitation possรฉdรฉe par cette aide sur les institutions et les acteurs nigรฉriens est sans commune mesure avec la modestie de lโeffort (le rรฉsultat). Ce contraste va en augmentant avec la diffรฉrenciation croissante entre pays les plus riches et les plus pauvres
Paradoxe 3 : Les aides, bien quโelles soient dโune grande valeur, nโont mรชme pas des effets positifs sur la population pauvre. En effet, la vie de la population pauvre nโest pas bien considรฉrรฉe dans les politiques nationales et la plupart des aides sont indirectes. En plus, ce sont les grandes institutions et les grands acteurs (ONG, les gouverneurs, les responsables dโallocation dโaide) qui bรฉnรฉficient de lโaide. Encore, ร cause de la prรฉsence de trop dโintermรฉdiaires, seules les restes dโaide arrivent aux populations destinataires de lโaide.
Entre une relation dโaide fructueuse ou dรฉpendante, ce nโest quโune question de nuances
ย ย ย ย ย ย ย Le fait que le revenu rentier soit nรฉfaste ร lโhomme est une position morale et politique classique de la culture europรฉenne et notamment de la disposition politique traditionaliste. Cette situation de principe sur le danger de lโaide sur les efforts propres des bรฉnรฉficiaires a souvent nourri des critiques fondamentales contre lโaide au dรฉveloppement. Mรชme si une dรฉpendance dynamique de la coopรฉration internationale est constatรฉe dans les pays forts aidรฉs, il faut cependant faire attention ร ces propos moraux ou politiques. En effet, lโaide extรฉrieure nโentraรฎne pas nรฉcessairement une dรฉpendance mais peut parfois provoquer une suite de croissance รฉconomique favorable. Parfois, il est possible dโaccepter une aide, imparfaitement palliative, comme la moins mauvaise solution pour garantir lโavenir mรชme si elle peut รฉveiller des aspects de dรฉsincitation. Les nuances entre situations de dรฉpendance comme moindre mal et mรฉcanismes pervers de dรฉpendance dynamique sont รฉtudiรฉes par lโexamen des facteurs dรฉterminants.
La durรฉe et la stabilitรฉ de lโoffre dโaide
ย ย ย ย ย Le lien entre temps et processus de dรฉpendance est plus complexe quโil peut paraรฎtre et fait intervenir les dimensions de durรฉe, de stabilitรฉ et de prรฉvisibilitรฉ. Une aide trop durable, et plus encore trop automatique ou prรฉvisible, est susceptible de susciter une dรฉsincitation ร lโeffort. Or, la briรจvetรฉ et lโinstabilitรฉ engendrent la crรฉation de besoins sans le temps nรฉcessaire pour un apprentissage et une augmentation de la capacitรฉ de prise en charge et de reproductibilitรฉ. Les obstacles suscitent des รฉpisodes de stop and go8 incessants mettant les bรฉnรฉficiaires en position dโattente ou au contraire des situations dโabonnement favorables ร lโendormissement. Le ยซ systรจme des projets ยป renouvellement incessant des courts termes a rรฉellement dรฉchargรฉ lโรtat de la quasi-totalitรฉ de ses efforts propres en matiรจre dโinvestissement.
La dynamique propre du capitalisme
ย ย ย ย Lโรฉconomie capitaliste industrielle est une รฉconomie de production sollicitant ร รชtre perpรฉtuellement en croissance, cโest ร dire mise en marchรฉ de rรฉcents produits et extension ร de nouvelles transactions. Contrairement ร lโรฉconomie de vivre, lโรฉconomie de production capitaliste ne peut รชtre permanente sans รชtre dรฉclinante ; son รฉtat le plus naturel est dโรชtre actif. Lโรฉconomie de production capitaliste est donc grande, mondiale par nature, crรฉรฉe sur un ample rรฉseau dโรฉchanges accรฉlรฉrรฉs par une utilisation abondante du crรฉdit et de la monnaie. Lโรฉconomie de production capitaliste est obligรฉe, pour รชtre, ร se gรฉnรฉrer sur des fondements amplifiรฉs. La nรฉcessitรฉ est donc lโexpansion incessante du marchรฉ intรฉrieur et extรฉrieur, โoรน lโimpรฉrialisme en compagnie de son essentiel rรฉsultat, la domination. Donc lโintรฉrรชt รฉconomique a รฉtรฉ et demeure lโindispensable raison de la domination, quelles que soient les autres rescousses tenues, en particulier au nom de la ยซ civilisation ยป.
Les manifestations de repliement du pays dominรฉ
ย ย ย ย ย ย ย Etant donnรฉ lโinรฉgalitรฉ de relation de forces, ayant justement permis lโentreprise de domination, il est difficile aux pays dominรฉs de freiner simplement les relations avec lโรฉtranger. Alors le pays reste sous la domination รฉtrangรจre, se laisse exploitรฉ, sous les contrรดle des institutions et reprรฉsentants des pays รฉtrangers. Par consรฉquent, le pays dominรฉ ne peut profiter de ses avoirs, nโacquiert aucune autonomie politique visant ร dรฉvelopper son pays, dans la mesure oรน la dรฉcision prise nuit au dรฉveloppement du pays dominant
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Table des matiรจres
Chapitre I: Aide extรฉrieure et sous-dรฉveloppement : Revue thรฉorique
Section I : Le dilemme entre solidaritรฉ et dรฉpendance de Naudet
Section II : Les thรฉories marxistes du sous-dรฉveloppement
Chapitre II: Etude du cas malgache
Section III : Lโhistorique et les politiques dโaide extรฉrieure
Section IV- Analyse du cas de Madagascar
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