La rage est une zoonose, transmise accidentellement à l’homme par l’intermédiaire de la salive virulente des animaux infectés, que ce soit domestiques ou sauvages. L’agent pathogène est un virus à ARN appartenant à la famille des Rhabdoviridae et du genre Lyssavirus. Elle réalise dans sa forme typique, un tableau d’encéphalomyélite aigue presque toujours fatale (1). C’est une maladie à déclaration obligatoire mais son impact réel mondial est difficile à apprécier car dans bien des régions du monde, on ne dispose pas de données fiables .
REVUE DE LA LITTERATURE
GENERALITES
La rage est une zoonose virale à laquelle tous les vertébrés à sang chaud sont sensibles. Elle est transmissible accidentellement à l’homme, généralement à la suite d’une morsure ou d’une griffure par un animal excréteur de virus rabique et entraîne presque toujours une mort rapide après le début de la phase clinique .
EPIDEMIOLOGIE
Agents pathogènes : le virus rabique
Classification
On a longtemps consideré que le virus de la rage était antigéniquement unique, mais dépuis 1956 et les premiers isolements de virus apparentés en Afrique, plusieurs sérotypes, puis génotypes, et maintenant divers espèces ont été décrits et le genre lyssavirus a été créé. Le genre a d’abord été divisé en quatre sérotypes: le virus rabique classique (Rabies virus, RABV), le virus Lagos bat (LBV), le virus Mokola (MOKV), et le virus Duvenhage (DUVV).
L’isolement de nouveaux virus de chiroptères en Europe et en Australie et les progrès réalisés en caractérisation génétique ont permis au départ de définir sept génotypes : le virus rabique classique (RABV), le virus Lagos bat (LBV), le virus Mokola (MOKV), le virus Duvenhage (DUVV), le virus de chauves-souris européennes 1(EBLV-1), le virus de chauves-souris européennes 2 (EBLV-2), le virus de chauvessouris australiennes (ABLV). Les isolements plus recents de lyssavirus des chiroptères en Asie Centrale ont étendu cette diversité à 11 espèces virales distinctes. En outre, quatre nouveaux génotypes du lyssavirus ont été isolés chez des chauves-souris : le virus Aravan, le virus Khujand, le virus Irkut et le virus West Caucasian Bat.
Chaque génotype peut être subdivisé en différentes lignées qui correspondent à des variants circulants dans des vecteurs et réservoirs spécifiques.
Morphologie et structure
Leur aspect au microscope électronique est classiquement comparé à une « balle de fusil ». Leur longueur est de 100 nm à 300 nm et leur diamètre de 75 nm .
On distingue la partie centrale du virion constituée par la ribonucléocapside hélicoidale et l’enveloppe périphérique de 8 nm d’épaisseur, sur laquelle sont greffés des spicules formés de trimères de glycoprotéine. Ces spicules ont une longueur de 10 nm et sont espacés de 5nm.
Chaque virion est constitué d’une molécule d’ARN et de cinq protéines.
Un virion est constitué d’une molécule d’ARN de 4 600 kDa, de 70 molécules de protéine L (200 kDa), de 1325 protéines N phosphorylées (57 kDa), de 690 protéines P (ou M1) phosphorylées (38,5 kDa), de 1150 protéines M (ou M2) palmitoylées (25 kDa), de 1335 glycoprotéines G, glycosylées et palmitoylées (70 kDa) De dedans en dehors on distingue : l’ARN, la protéine N qui est très solidement liée à la molécule d’ARN, la protéine matricielle M, située au centre du virion sous l’enveloppe et les molécules de glycoprotéine G, associées sous forme de trimères et ancrées dans l’enveloppe lipidique. La structure de la protéine G est capitale dans la pathogénicité de la souche virale .
Propriétés physico-chimiques
Le virus rabique est un virus enveloppé et donc fragile dans le milieu exterieur.
– Il est sensible à de nombreux agents physiques : il résiste mal à la dessiccation lente, à la chaleur et à la lumière solaire, en revanche, il est stable entre les pH 5 et 10. Une mise en ébullition de quelques sécondes suffit à stériliser les produits virulents.
– Il est très sensible aux agents chimiques ; aux solvants organiques comme l’acétone et aux détergents ayant le pouvoir de dissoudre l’enveloppe, libérant alors la nucléocapside. La majorité des antiseptiques ou un simple savon peuvent suffire à éradiquer le virus rabique.
– Comme tous les virus ; il existe une résistance à la glycèrine et aux antibiotiques qui pourra eventuellement être mise à profit pour conserver des prélèvements (autre que la réfrigération).
Réservoirs, vecteurs et cycle de transmission
La rage est repandue dans le monde entier, sauf dans certaines iles du Pacifique et de l’Atlantique et au Japon. On distingue trois cycles épidémiologiques :
– la rage des rues ou rage canine, dont le vecteur principal est le chien errant et qui sévit en Asie, en Afrique, au Moyen-Orient et à un moindre dégré en Amerique du Sud,
– la rage selvatique ou rage des animaux sauvages, dont le vecteur principal est different selon les zones géographiques : le renard roux en Europe, le raton laveur en Amerique du Nord, le loup en Iran, la mangouste en Afrique du Sud, la moufette (encore appelée sconse ou bête puante) aux USA (Arizona), l’ours en Roumanie,….
– la rage des chiroptères dont le vecteur est principalement les chauves souris.
A Madagascar, la rage est transmise à l’homme dans la grande majorité des cas par les chiens (89,5%), plus rarement par les chats, les rats, les lémuriens, les lapins, les chauves-souris…
Mode de contamination
Le principal mode de contamination est la morsure par un animal enragé et à un moindre degré les griffures et/ou le léchage de plaies préexistantes ou des muqueuses même saines (lèvres, narines, conjonctivites,…). La salive est potentiellement contaminant même avant les premiers signes cliniques (c’est-à-dire pendant la phase d’incubation) .
Mais la rage peut être également transmise selon d’autres circonstances : contamination par aérosols lors d’accidents de laboratoire ou lors d’explorations de grottes de colonies de chiroptères infestés; contamination interhumaine lors de greffes d’organe telle les greffes de cornée ou de greffes tissulaires. Le virus étant retrouvé dans la salive, la sueur et de nombreux liquides biologiques et tissus de la personne malade surtout en fin de la maladie, la contamination des proches et du personnel soignant est alors possible .
Chez l’animal, la mort survient quelques jours après la morsure infectante. Dans les 10 jours suivant la morsure s’il s’agit de chats et de chiens .
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Table des matières
INTRODUCTION
1. GENERALITES
2. EPIDEMIOLOGIE
2.1. AGENTS PATHOGENES : LE VIRUS RABIQUE
2.1.1. Classification
2.1.2. Morphologie et structure
2.1.3. Propriétés physico-chimiques
2.2. RESERVOIRS, VECTEURS ET CYCLES DE TRANSMISSION
2.3. MODE DE CONTAMINATION
2.4. GROUPES A RISQUE
2.5. QUELQUES DONNEES EPIDEMIOLOGIQUES
3. PHYSIOPATHOLOGIE
3.1. GENERALITES SUR LE CYCLE VIRAL DES LYSSAVIRUS
3.2. PATHOGENICITE DU VIRUS RABIQUE
4. CLINIQUE DE LA RAGE CHEZ L’HOMME
4.1. PERIODE D’INCUBATION
4.2. PHASE PRODROMIQUE
4.3. PHASE D’ETAT
5. DIAGNOSTIC DE LA RAGE
5.1. CHOIX ET GESTION DES PRELEVEMENTS
5.2. METHODES DE DIAGNOSTIC
5.2.1. Méthode post-mortem
5.2.2. Méthode intra-vitam
6. ATTITUDE THERAPEUTIQUE APRES EXPOSITION AU RISQUE RABIQUE
6.1. CONDUITE A TENIR VIS-A-VIS DU SUJET MORDU
6.1.1. Traitement local non spécifique
6.1.2. Traitement spécifique
6.1.2.1. Vaccination post-exposition
6.1.2.2. Serotherapie
6.1.2.3. Indications
A. Protocole de traitement antirabique chez les sujets non vaccinés preventivement
B. Protocole de traitement antirabique chez les sujets préalablement vaccinés contre la rage
6.1.2.4. Contre-indications au traitement antirabique post exposition
6.2. CONDUITE A TENIR VIS-A-VIS DE L’ANIMAL MORDEUR
7. PROPHYLAXIE DE LA RAGE HUMAINE
7.1. LUTTE CONTRE LA RAGE ANIMALE
7.1.1. Lutte contre la rage des animaux sauvages ou errants
7.1.2. Lutte contre la rage des animaux domestiques
7.2. VACCINATION PREVENTIVE HUMAINE
CONCLUSION