ADAPTATION PSYCHOSOCIALE CHEZ LES VICTIMES DE CYBERINTIMIDATION

L’ECOLE QUEBECOISE FACE A LA VIOLENCE

ย  L’รฉcole quรฉbรฉcoise se donne trois mandats ร  l’ intรฉrieur de son รฉnoncรฉ de politique รฉducative pour permettre la rรฉussite des รฉlรจves (Gouvernement du Quรฉbec, 1997). Le premier mandat est celui de l’instruction, en mettant la prioritรฉ sur le dรฉveloppement intellectuel et cognitif des jeunes ร  l’aide de la maitrise de diffรฉrents savoirs. Ensuite, le mandat de qualifier implique de former des รฉlรจves non pas comme des rรฉservoirs ร  connaissances, mais de permettre leur intรฉgration dans la sociรฉtรฉ par la maitrise de compรฉtence professionnelle. Enfin vient le rรดle de la socialisation. Dans ce dernier mandat, l’ รฉcole se fixe comme objectif de transmettre ร  la jeune gรฉnรฉration les capacitรฉs de dรฉvelopper leur sentiment d’ appartenance ร  la sociรฉtรฉ dans laquelle ils vivent. Ce dernier objectif de l’ รฉcole implique que la socialisation se produit tant par l’ enseignant, mais aussi par son groupe de pairs, autant ร  l’intรฉrieur d’ un cours magistral qu’ ร  l’ extรฉrieur des murs de l’ รฉcole. L’รฉcole se doit d’ offrir un systรจme de mรฉdiation et de rรฉguler les relations interpersonnelles en les accompagnant entre autres dans l’ acquisition de connaissances sur la rรฉsolution de conflits et le respect des rรจgles de vie (Kanoutรฉ, 2002). De telles notions de compรฉtences sociales sont d’ autant plus nรฉcessaires lorsque l’ on sait que l’ รฉcole serait perรงue par certains chercheurs comme un microcosme de la sociรฉtรฉ oรน la violence est bien prรฉsente (Morrison, 2001). Ces diffรฉrentes fonctions que l’ รฉcole quรฉbรฉcoise s’ est donnรฉes lui permettent ainsi d’ รชtre un acteur majeur dans la rรฉduction et la prรฉvention de la violence (Bรฉlanger, Gosselin, Bowen, Desbiens et Janosz, 2006). Ce mandat qu’on attend de l’ รฉcole d’offrir un environnement d’apprentissage sรฉcuritaire est d’ailleurs inscrit dans la convention des Nations unies sur les droits des enfants (Assembly, 1989). Ces actes de violence ร  l’รฉcole font pรฉriodiquement les manchettes des journaux et laissent comme impression qu’il s’agit d’un phรฉnomรจne trรจs frรฉquent et en hausse (Bรฉlanger et al., 2006). La situation est par contre bien mal connue dans les รฉcoles du Quรฉbec. La plupart des รฉtudes rรฉalisรฉes en milieu scolaire sur la question sont effectuรฉes ร  l’ intรฉrieur d’enquรชte gouvernementale de santรฉ et de bien-รชtre et รฉtudient la violence en gรฉnรฉral dans les รฉcoles (Bรฉlanger, Janosz, Archambault et Riberdy, 2010). Ces recherches rรฉalisรฉes au cours des derniรจres annรฉes se sont intรฉressรฉes davantage ร  la victimisation gรฉnรฉrale chez les jeunes, par exemple celle de Fortin (2002) sur la violence et les troubles du comportement et de Janosz, Pascal et Bouthillier (2009) sur la violence dans les รฉcoles secondaires. Les difficultรฉs vรฉcues par les victimes de violence montrent que ce phรฉnomรจne reste inquiรฉtant dans les รฉcoles et confirmeraient que ce jumelage reprรฉsente une problรฉmatique sociale importante dans le milieu scolaire quรฉbรฉcois (Beaulieu, Blaya et Royer, 2007). Cette problรฉmatique est devenue un sujet de prรฉoccupation publique majeure au Quรฉbec et fut rรฉcemment adressรฉe par le gouvernement quรฉbรฉcois avec la crรฉation du projet de loi 56 visant ร  lutter contre l’intimidation et la cyberintimidation dans les รฉcoles quรฉbรฉcoises. Les nouvelles rรจgles en vigueur instaurรฉes par ce projet de loi obligent chacune des รฉcoles primaires et secondaires ร  rรฉaliser un plan de lutte contre l’ intimidation et la violence ร  l’รฉcole (Gouvernement du Quรฉbec, 2012). Ce plan de lutte ร  l’intimidation doit, entre autres, prรฉvoir des stratรฉgies de prรฉvention ร  la violence, des modalitรฉs de signalement, des dispositifs d’ action une fois l’intimidation constatรฉe ainsi que des mesures disciplinaires selon la gravitรฉ du geste et de son impact sur la victime. Les commissions scolaires, quant ร  elles, ont maintenant l’obligation de s’assurer que chaque รฉcole ยซ offre un milieu d’apprentissage sain et sรฉcuritaire de maniรจre ร  ce que tout รฉlรจve qui la frรฉquente puisse y dรฉvelopper son plein potentiel ร  l ‘abri de toute forme d’intimidation ou de violence C~1ELS, 2012: 8) ยป. Ces diffรฉrentes stratรฉgies et exigences instaurรฉes sont un enjeu majeur pour rรฉpondre aux demandes prรฉsentes ร  l’intรฉrieur du mandat que s’ est fixรฉ l’ รฉcole quรฉbรฉcoise concernant la loi sur l’instruction publique et la loi sur l’ enseignement privรฉ.

LE PHENOMENE DE LA VIOLENCE A L’ECOLE

ย  ย Cette violence que l’on retrouve ร  l’รฉcole est un problรจme complexe qui touche ร  de nombreux aspects et qui reste de plus sans vรฉritable dรฉfinition commune puisqu’ elle diverge d’ une culture, voire d’un pays ร  l’autre et trรจs souvent d’ une recherche ร  une autre . En fait, le sujet serait tellement large, dรฉsignant un si grand รฉventail d’ รฉlรฉments qu’ il ne voudrait plus dire grand-chose aujourd’hui (Debarbieux et Blaya, 2009a). Bien que la violence dans les รฉcoles existe depuis leur crรฉation – des traces de violence ร  l’ รฉcole peuvent รชtre retrouvรฉes sur des tablettes d’argiles mรฉsopotamiennes plus de 2000 av. J.-c. (Cornell et Mayer, 2010) – le dรฉveloppement d’ un intรฉrรชt gรฉnรฉralisรฉ pour ce phรฉnomรจne dans le monde scientifique et mรฉdiatique est relativement rรฉcent. Le nombre d’ รฉtudes sur le sujet reste d’ ailleurs anecdotique jusqu’au dรฉbut des annรฉes 1990 (Olweus, 1993). Les premiรจres recherches sur la violence ร  l’รฉcole intรฉressรจrent tout d’ abord les criminalistes qui tentaient de comprendre les facteurs poussant les agresseurs ร  commettre des actes violents. Une fois le sujet mieux maitrisรฉ, l’intรฉrรชt scientifique se dรฉveloppa aussi pour comprendre les rรฉpercussions sur les victimes de cette violence (Furlong et Morrison, 2000). Ces รฉtudes montrent que les victimes de violence scolaire sont globalement plus ร  risque que leurs collรจgues rรฉguliers de prรฉsenter davantage de difficultรฉs au plan psychologique et social (Beaulieu, 2007; Furlong et Morrison, 2000; Janosz, Georges et Parent, 1998). La violence n’affecterait pas uniquement les victimes directes, mais c ‘ est l’ensemble du climat scolaire, voire l’ ordre public global, qui serait dรฉgradรฉ. Plus particuliรจrement, c’est le droit fondamental des รฉlรจves d’apprendre dans un milieu sรฉcuritaire qui serait touchรฉ en crรฉant un sentiment d’ insรฉcuritรฉ tant chez les รฉlรจves que chez les professionnels de l’รฉcole (Debarbieux, 1999). C’ est cette prise de conscience que la violence dans les รฉcoles peut entrainer une multitude d’impacts nรฉgatifs qui popularisera ce domaine de recherche. Certains chercheurs parlent de cette popularitรฉ comme d’ un phรฉnomรจne ร  succรจs que l’on retrouve maintenant partout, attirant de plus en plus l’ attention scientifique, mรฉdiatique et gouvernementale ces derniรจres annรฉes (Dubet, 1998; Webber, 2003). En effet, la recherche sur la violence ร  l’ รฉcole touche maintenant de nombreuses disciplines scientifiques et son objet d’รฉtude inclut plusieurs aspects allant entre autres de l’ attaque physique au harcรจlement sexuel, en passant par le taxage et la violence faite aux enseignants jusqu’aux fusillades en milieu scolai re (Debarbieux et Blaya,2009a; Dubet, 1998; Leary, Kowalski , Smith et Phillips, 2003 ; Singer et al., 1999) . Le phรฉnomรจne de la violence inclut รฉgalement une forme d’agression physique, psychologique et relationnelle qui est rรฉpรฉtรฉe, dรฉlibรฉrรฉe dont les forces sont inรฉgales que l’ on nomme intimidation (Mulvey et Cauffinan, 2001). Ce courant de recherche est lui aussi rรฉcent, le premier article รฉcrit sur le sujet รฉtant un texte d’un mรฉdecin dรฉnommรฉ Heinemann rรฉdigรฉ en 1969 (Olweus, 1999). Il faudra par contre attendre le dรฉbut des annรฉes 1970 avant de voir apparaitre les recherches du pionnier Daniel Olweus pour vรฉritablement donner naissance ร  ce domaine de recherche et, du mรชme coup, commencer ร  intรฉresser une petite partie de la communautรฉ scienti fique de l’ รฉpoque (Es pelage et Swearer, 2003).

LA CYBERINTIMIDATION

ย  Alors que de nombreuses recherches sur l’intimidation apportaient une meilleure comprรฉhension du phรฉnomรจne et son impact psychologique chez les รฉlรจves qui en sont victimes, l’ arrivรฉe de la micro-informatique accessible ร  tous au dรฉbut des annรฉes 2000 laissait craindre une รฉvolution de ce phรฉnomรจne chez les jeunes (Ybarra et Mitchell, 2004). En effet, les communications virtuelles et รฉlectroniques sont devenues, depuis le dรฉbut du siรจcle, une composante majeure de la vie sociale des adolescents (Williams et Guerra, 2007). Ces outils technologiques offrent de nouvelles possibilitรฉs d’ interactions entre les jeunes et ont permis de redรฉfinir les relations humaines en y introduisant les relations sociales virtuelles (Musial et Kazienko, 2012). Ainsi, dรจs le dรฉbut du 21e siรจcle, de plus en plus de mรฉnages quรฉbรฉcois ayant un enfant d’รขge scolaire se sont รฉquipรฉs d’un ordinateur avec connexion Internet. Cet accรจs continu ร  l’ informatique permet aux jeunes l’ utilisation d’ une multitude de programmes, services et activitรฉs tirant trรจs souvent partie ร  toutes heures du jour ou de la nuit d’une connexion constante au Web – jeux vidรฉo en ligne, rรฉseaux sociaux virtuels, forums de discussion, clavardage (Hinduja et Patchin, 2009; Willard, 2007). L’ intimidation qui รฉtait ร  l’รฉpoque prรฉsente principalement ร  l’ รฉcole s’ est donc รฉtendue jusque dans le monde virtuel des jeunes. Cet intรฉrรชt pour les technologies eut des consรฉquences pour de nombreux jeunes puisqu’ elles seront au cล“ur mรชme d’ un nouveau problรจme (Holfeld et Grabe, 2011). Ce cรดtรฉ possiblement nรฉfaste et pernicieux des NTIC ne resta pas trรจs longtemps relรฉguรฉ dans l’univers des jeunes et reรงu rapidement une attention scientifique, mรฉdiatique et politique qui pointa du doigt l’utilisation d’Internet et des ordinateurs. Ce nouvel intรฉrรชt ne serait pas que sensationnalisme – bien que certains chercheurs le leur reprochent (Olweus, 2012b). L’augmentation exponentielle de l’utilisation des nouvelles technologies de l’ information et de la communication (NTIC) par les jeunes, la faible supervision des parents ainsi que l’intรฉrรชt des jelmes d’explorer ce monde virtuel sans rรฉel contrรดle des adultes amรจnent ร  considรฉrer le cyberespace comme un endroit propice au dรฉveloppement d’ une nouvelle menace et d’un phรฉnomรจne inรฉdit ร  l’รฉcole; la cyberintimidation (cyberbullying) (Beran et Li, 2005; Juvonen et Gross, 2008; Wing, 2005). Ce phรฉnomรจne nouveau tire profit de la libertรฉ qu’apportent les NTIC et qUi permettent de plus aux รฉlรจves de commettre trรจs facilement des actes malveillants envers autrui et exposent les jeunes victimes ร  cette nouvelle forme d’agression, d’ intimidation et de violence interpersonnelle (Patchin et Hinduja, 2012a). La cyberintimidation est perรงue par certains chercheurs comme une forme d’intimidation unique, elle est vue comme un type de dรฉviance ร  l’intersection de la communication et de l’informatique, une mutation de l’intimidation rendant la sรฉparation physique entre l’agresseur et la victime, chose du passรฉ (Patchin et Hinduja, 2006). Alors qu’autrefois, les victimes d’intimidation pouvaient retrouver, somme toute, sรฉcuritรฉ et tranquillitรฉ d’esprit une fois ร  la maison ou, du moins, hors de l’ รฉcole, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ainsi, peu importe l’heure de la journรฉe et l’endroit oรน ils se trouvent, il est possible que les menaces et les insultes continuent alors que les agresseurs utilisent les capacitรฉs des NTIC telles que les courriels, SMS et les rรฉseaux sociaux pour tourmenter leurs victimes (Smith et al., 2008). La cyberintimidation a donc une nature omnisciente et omniprรฉsente. Pour plusieurs chercheurs, les outils technologiques utilisรฉs pour la cyberintimidation font qu’elle peut se produire en tout temps, mรชme ร  l’intรฉrieur de la maison de la victime (Li, 2007b).

ADAPTATION PSYCHOSOCIALE CHEZ LES VICTIMES DE CYBERINTIMIDATION

ย  L’ ensemble des particularitรฉs de ce nouveau phรฉnomรจne inquiรจte bon nombre de scientifiques. De ceux-ci, une majoritรฉ de chercheurs ont dรจs le dรฉbut รฉmis comme hypothรจse qu’ il pourrait y avoir des consรฉquences encore plus dรฉsastreuses chez les cybervictimes que chez les victimes d’ intimidation (Campbell, 2005), et ce, mรชme si elle ne menace pas directement la sรฉcuritรฉ physique des victimes (Hinduja et Patchin, 2007). Dans un rapport publiรฉ par l’ Unicef, l’Organisation internationale rappelle les dangers potentiels que reprรฉsente l’ arrivรฉe des nouvelles technologies chez les jeunes si elles ne sont pas mieux contrรดlรฉes et met en garde contre l’une des plus grandes menaces pour ceux-ci, la cyberintimidation (Innocenti Research Center, 2011). Cette fois-ci , contrairement aux premiรจres recherches sur la violence en milieu scolaire, les scientifiques se sont intรฉressรฉs trรจs tรดt aux effets potentiels nรฉfastes que pouvait avoir ce phรฉnomรจne sur les victimes. En fait, les toutes premiรจres recherches sur la cyberintimidation abordaient le vรฉcu interne des cybervictimes (Ybarra et Mitchell, 2004). Celles-ci, pionniรจres dans le domaine, mais aussi celles qui suivirent apportรจrent des informations prรฉoccupantes. Les jeunes cybervictimes, dans la majoritรฉ des รฉtudes, montrent des signes de difficultรฉs tant dans le dรฉveloppement psychologique que social (Hinduja et Patcrun, 2012). En regardant plus en dรฉtail ces recherches rรฉpertoriant strictement les liens entre la cyberintimidation et les effets sur les victimes, il est possible de constater le nombre important de sphรจres de la vie psychosociale qui sont reliรฉes. Parmi celles-ci, l’anxiรฉtรฉ rapportรฉe par les jeunes est positivement corrรฉlรฉe avec le nombre d’ actes de cyberintimidation (Cross et Cowan, 2009; Juvonen et Gross, 2008). Ainsi, plus un jeune est frรฉquemment cyberintimidรฉ, plus celui-ci rapporterait un niveau รฉlevรฉ d’ anxiรฉtรฉ. Rappelons que l’ augmentation de l’anxiรฉtรฉ chez les jeunes est fortement corrรฉlรฉe ร  de nombreuses afflictions psychologiques, allant de la dรฉpression (Mineka, Watson et Clark, 1998) ร  l’anorexie (Tozzi, Sullivan, Fear, McKenzie et Bulik, 2003) en passant par une faible performance scolaire et une faible estime de soi (Strauss, Frame et Forehand, 1987). Une autre รฉtude s’ attardant plus spรฉcifiquement ร  l’anxiรฉtรฉ vรฉcue par les cybervictimes explique que le stress dรฉveloppรฉ peut entrainer certains effets nรฉgatifs qui eux-mรชmes entraineront d’autres problรฉmatiques dรฉveloppementales (Hinduja et Patchin, 2007). Les auteurs pensent que les consรฉquences de la cyberintimidation pourraient mener ร  la dรฉlinquance et ร  des actes violents ร  l’รฉcole ou dans la communautรฉ de la part de la cybervictime. Pour l’auteur, ce scรฉnario se rรฉvรจle possible du fait de la permanence des messages รฉlectroniques qu’engendrent l’ intimidation virtuelle ainsi que la libertรฉ et la simplicitรฉ pour l’agresseur de porter un message haineux dans le monde invasif et intemporel crรฉรฉ par les outils technologiques. En plus de la prรฉsence d’un ruveau d’anxiรฉtรฉ รฉlevรฉ, de nombreuses afflictions mentales et physiques beaucoup plus graves seraient elles aussi retrouvรฉes chez les victimes de cyberintimidation (Brown, Jackson et Cassidy, 2006). Parmi celles-ci, notons que les symptรดmes dรฉpressifs et le niveau d’idรฉations suicidaires chez les victimes de cyberintimidation sont plus รฉlevรฉs comparativement ร  une personne n’ayant pas vรฉcu cette forme d’ intimidation (Hinduja et Patchin, 2010; Mitchell, Ybarra et Finkelhor, 2007; Perren, Dooley, Shaw et Cross, 2010). Mรชme si la cyberintimidation ne les atteint pas physiquement, les cybervictimes semblent craindre pour leur sรฉcuritรฉ, ce qui les pousse ร  utiliser des solutions dangereuses pour elles-mรชmes et autrui. En effet, les jeunes qui sont victimes de cyberintimidation sont huit fois plus nombreux que les non-victimes ร  apporter un ou des couteaux ร  l’ รฉcole pour se dรฉfendre (Ybarra, Diener-West et Leaf, 2007).

DEFINIR LA VIOLENCE

ย  Dans un premier temps, le Robert (2008) explique que la violence est un abus de la force et que produire la violence signifie agir sur quelqu’un ou le faire agir contre sa volontรฉ, en employant la force ou l’intimidation. Lorsqu’ il est question de la violence, on y indique que c’ est une force brutale pour soumettre quelqu’ un. Ces premiรจres dรฉfinitions sont bien sรปr limitรฉes et davantage de recherche du cรดtรฉ de la littรฉrature scientifique montre rapidement que les dรฉfinitions globales de la violence sont relativement rares, mais existantes – certains auteurs, principalement en sociologie, ont tentรฉ de la dรฉfinir. Dans un deuxiรจme temps, il existe deux types de dรฉfinitions dans la littรฉrature scientifique, les dรฉfinitions minimalistes qui proposent une vision รฉtroite du concept de la violence et les comprรฉhensives qui sont davantage รฉlargies. La premiรจre comporte l’ ensemble des dรฉfinitions qui mettent l’ accent sur l’utilisation dรฉlibรฉrรฉe de la force physique dans le but de causer des souffrances ou blessures ร  autrui. Par exemple, la dรฉfinition de Honderich (2004, p. 91), pour qui la violence se dรฉfinit comme รฉtant l’ utilisation de la force pour injurier, endommager, violer ou dรฉtruire d’ autres personnes ou choses. Une autre dรฉfinition,celle de Geras (1989), pour qui la violence constitue l’utilisation de la force physique sur une personne pour la tuer, l’injurier, lui infliger des blessures directes ou des douleurs.Enfin, la dรฉfinition la plus rรฉpandue en ce qui concerne la violence se lit cormne suit, soit toute forme d’utilisation de la force prescrite par la loi, cette derniรจre implique donc que la violence change d’ un pays ร  un autre, voire d’un gouvernement ร  un autre (Haan, 2009). li est possible de retrouver dans la littรฉrature une dรฉfinition รฉlargie de la violence qui suggรจre plusieurs nuances cormne la violence psychologique, physique, culturelle, etc., mais aussi des composantes de rรฉalisation hurnaine cormne prรฉsentรฉes ici : La violence est prรฉsente lorsque les รชtres humains sont influencรฉs de telle maniรจre que leurs rรฉalisations mentales et somatiques sont en dessous de leur potentiel de rรฉalisation (Galtung, 1969). Toujours selon Galtung (1969), thรฉoricien de la paix dans une tรขche qu’ il prรฉsente cormne peu enviable, proposa la typologie suivante pour dรฉfinir la violence. Cette typologie sera mise ร  jour en ajoutant la violence culturelle cormne nouvelle forme de violence (Galtung, 1990).

DEFINIR L’INTIMIDATION TRADITIONNELLE

ย  De maniรจre gรฉnรฉrale, il est possible de dรฉfinir l’ intimidation traditionnelle comme รฉtant une sous-catรฉgorie de comportement agressif qui est gรฉnรฉralement dรฉfini comme un comportement dirigรฉ envers un individu dont l’ objectif est d’ infliger des blessures ou un inconfort envers celui-ci (Berkowitz, 1993). Habituellement, la plupart des actes d’ intimidation le sont sans provocation apparente de la victime, au mรชme titre que la cyberintimidation. Toutefois, il n’existe pour le moment encore aucune dรฉfinition commune de l’intimidation traditionnelle faisant consensus dans la communautรฉ scientifique (Smith et al., 2002). Cette difficultรฉ ร  s’entendre sur une dรฉfinition commune s’observe dans bien d’autres recherches sociales (Cornell et Bandyopadhyay, 2009). La recherche d’un consensus en 1 ien avec la dรฉfinition de l’ intimidation traditionnelle s’avรจre l’ un des grands dรฉfis (Espelage et Swearer, 2003). L’ une des raisons expliquant ce manque de consensus est que tout comme les recherches sur la violence ร  l’ รฉcole, les premiรจres รฉtudes empiriques sur l’intimidation traditionnelle sont rรฉcentes et peu nombreuses. Le gouvernement du Quรฉbec dans son Plan d’action pour prรฉvenir et traiter la violence ร  l’ รฉcole pour 2008-2011 a tentรฉ de dรฉfinir le terme intimidation (Boutin et Forget, 2011). Plus rรฉcemment, en 2012, le gouvernement du Quรฉbec a d’ ailleurs officiellement attribuรฉ les mots intimidation et cyberintimidation dans la loi ร  l’instruction publique et ร  l’enseignement privรฉ suite au projet de loi 56 visant ร  prรฉvenir et ร  combattre l’intimidation et la violence ร  l’รฉcole (Gouvernement du Quรฉbec, 2012). Ainsi, pour le gouvernement du Quรฉbec, l’ intimidation se dรฉfinit comme : Tout comportement, parole, acte ou geste, y compris la cyberintimidation, exprimรฉ directement ou indirectement, notamment par l ‘intermรฉdiairede mรฉdias sociaux, ayant pour but de lรฉser, blesser, opprimer ou ostraciser. (L.R.Q. , chapitre 1 13.3 article 13). Cependant, l’une des dรฉfinitions reconnues dans la littรฉrature scientifique est celle de Dan Olweus, considรฉrรฉ comme le pรจre et le pionnier de la recherche sur l’ intimidation traditionnelle (Espelage et Swearer, 2003; Merrell, Gueldner, Ross et Isava, 2008; Smith,PepIer et Rigby, 2004, p. 17; Vaillancourt et al., 2008). Olweus affirme qu’une personne est victime d’ intimidation lorsqu’elle est exposรฉe d’une maniรจre rรฉpรฉtรฉe et sur une pรฉriode de temps ร  des actions nรฉgatives par une ou plusieurs personnes (Olweus, 1999, p. 10). Toujours selon Olweus, une action est jugรฉe nรฉgative lorsqu’une personne, d’ une faรงon intentionnelle, inflige ou tente d’ infliger du tort ou un prรฉjudice ร  l’ autre . L’ utilisation des รฉlรฉments de rรฉpรฉtitivitรฉ, d’intentionnalitรฉ et de dรฉsรฉquilibre du pouvoir sont les trois piliers fondamentaux du concept de l’intimidation traditionnelle et font gรฉnรฉralement consensus chez la majoritรฉ des chercheurs occidentaux (Smith, dei Barrio et Tokunaga, 2013).

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Table des matiรจres

REMERCIEMENTS
Rร‰SUMร‰
TABLE DES MATIรˆRES
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
INTRODUCTION Gร‰Nร‰RALE
CHAPITRE 1 PROBLEMATIQUE
1.1 L’ECOLE QUEBECOISE FACE A LA VIOLENCE
1.2 LE PHENOMENE DE LA VIOLENCE A L’ECOLE
1.3 LA CYBERINTIMIDATION
1.4 ADAPTATION PSYCHOSOCIALE CHEZ LES VICTIMES DE CYBERINTIMIDATION
1.5 ร‰TAT DE LA RECHERCHE
1.6 PROBLEME DE RECHERCHE
1.7 OBJECfIFS ET QUESTIONS DE RECHERCHE
CHAPITRE 2 CADRE THEORIQUE
2.1 DEFINIR LA VIOLENCE
2.1.1 D EFINITION DE LA VIOLENCE SCOLAIRE
2.2 DEFINITIONS DES CONCEPTS RETENUS
2.3 VERS UNE DEFINITION DE LA CYBERINTIMIDATION
2.3.1 CYBERlNTIMIDATION : REPETITIVITE, DESEQUILIBRE DU POUVOIR ET NATURE DE L’ AGRESSION
2.4 DEFINIR L’INTIMIDATION TRADITIONNELLE
2.5 DIFFERENCE ENTRE L’INTIMIDATION TRADITIONNELLE ET LA CYBERINTIMIDATION
2.5.1 CARACTERISTIQUES UNIQUES DES CYBERVICTIMES
2.6 DEFINIR L’ ADAPTATION PSYCHOSOCIALE
2.7 DEVELOPPEMENT B10PSYCHOSOCIAL ET FACTEURS DE RISQUES A L’ ADOLESCENCE
2.8 LES PROGRAMMES D’INTERVENTION DE LUTTE A L’INTIMIDATION ET A LA CYBERINTIMIDATION
2.9 PREVALENCE DE LA CYBERINTIMIDATION
2.10 DIFFERENCE SOCIODEMOGRAPHIQUE DES VICTIMES DE CYBERINTIMIDATION
2.11 DEVELOPPEMENT PSYCHOSOCIOLOGIQUE DES VICTIMESย 
2.11.1 DEVELOPPEMENT PSYCHOSOCIOLOGIQUE DES CYBERVICTIMES
2.11.2 DEVELOPPEMENT PSYCHOSOCIOLOGIQUE DES VICTIMES D’INTIMIDATION TRADITIONNELLE
2.11.3 COOCCURRENCE CYBERINTIMIDATION, INTIMIDATION TRADITIONNELLE ET ADAPTATION PSYCHOSOCIALE
CHAPITRE 3 METHODOLOGIE
3.1 ร‰PISTEMOLOGIE DE LA RECHERCHE QUANTITATIVEย 
3.2 SELECTION DES PARTICIPANTS
3.3 ร‰CHANTILLON DE L’ETUDE
3.3.1 VARIABLES A L’ETUDE
3.4 MES URES
3.5 ร‰THIQUE ET DEONTOLOGIE
3.6 ANALYSES DES DONNEES
3.6.1 ANALYSE DESCRiPTIVE
3.6.2 ANALYSE DE CORRELATION
3.6.3 ANALYSE DE REGRESSION MULTIPLE HIERARCHIQUE
3.6.4 ANALYSEDECOMPARAJSON DE MOYENNES
CHAPITRE 4 RESULTATS
4.1 METHODE D’ANALYSES STATISTIQUES
4.2 STATISTIQUES DESCRIPTIVES DE L’ECHANTILLON
4.2.1 CARACfERISTIQUES DES VICfIMES DE CYBERINTIMIDATION ET D’ INTIMIDATION TRADITIONNELLE
4.2.2 ADAPTATION PSYCHOSOCIALE DES PARTICIPANTS A L’ETUDE
4.3 ANALYSE DE CORRELATIONS BIVARIEES
4.4 ANALYSE DE REGRESSION MULTIPLE HIERARCHIQUE
4.4.1 INDICE DE COLINEARITE
4.4.2 REGRESSION MULTIPLE HIERARCHIQUE CONCERNANT LES PROBLEMES INTERNALISES
4.4.3 REGRESSION MULTIPLE HIERARCHIQUE CONCERNANT LES PROBLEMES EXTERNALISES
4.4.4 REGRESSION MULTIPLE HIERARCHIQUE CONCERNANT LE BIEN-ETRE PERร‡U
4.5 TESTS DE COMPARAJSON DE MOYENNES DES CYBERVICfIMES PURESย 
CHAPITRE 5 DISCUSSION
5.1 RETOMBEES DE LA RECHERCHE
5.2 LIMITES ET PROLONGEMENTS DE LA RECHERCHE
CONCLUSION
ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE VERSION PAPIER MESURANT L’INTIMIDATION TRADmONNELLE SUBIE ET LA CYBERINTlMIDATION SUBIE
ANNEXE 2 : ADAPTATION FRANร‡AISE VERSION PAPIER DU YOUm SELF REPORT
ANNEXE 3 : ADAPTATION FRANร‡AISE VERSION PAPIER DE L’ร‰CHELLE DE SATISFACTION DE VIE
ANNEXE 4 : CERTIFICAT D’ร‰lHIQUE ร‰TUDIANT
ANNEXE 5 : LETIRE DE CONSENTEMENT FORMAT PAPIER VERSION PARENT
ANNEXE 6 : LETIRE DE CONSENTEMENT FORMAT PAPIER VERSION ร‰LรˆVE
Rร‰Fร‰RENCES BffiLIOGRAPHIQUES

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