Activités et modalités de travail mises en place

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Réponses de l’institution

Historique de la sanction

La sanction à l’école n’a pas toujours été une idée pensée pour le bien des enfants. Elle a suivi pendant très longtemps la religion et par conséquent les châtiments qu’étaient infligés aux enfants dans la culture familiale.
Avant le XIXème siècle, les élèves étaient victimes de châtiments corporels. L’utilisation du fouet était assez répandue (dans la cellule familiale, le fouet se nommait « martinet »). Les enseignants se servaient également d’un autre objet tout aussi barbare : la férule (cf. Annexe 2). Les instituteurs frappaient les enfants à l’aide de cette petite palette pour les punir de leurs mauvais comportements. Enfin, pour faire comprendre aux élèves qu’ils devaient demander pardon pour leur attitude, on les faisait s’agenouiller sur une règle (le plus souvent) ou sur une bûche. Je vous laisse imaginer la douleur qu’ils pouvaient ressentir. Cette pratique fait écho à la pénitence dans le domaine religieux où pour demander pardon pour nos pêchés, il fallait s’agenouiller (marque de respect envers Dieu) et souffrir afin qu’il puisse nous laver de nos pêchés. Les notions de souffrance et de pardon étaient intimement liées.
Toujours dans une idée de souffrance à imposer aux élèves pour mauvaise conduite, le pensum faisait partie du lot des sanctions de l’époque, à la différence que celle-ci n’infligeait aucune douleur physique. En effet, le pensum était un travail fastidieux à effectuer en guise de punition. Selon le portail lexical du CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), deux définitions apparaissent pour le nom « pensum » : « A. − Vieilli. Travail supplémentaire donné comme punition à un élève. Synon. punition. B. − P. ext. Travail (surtout de lecture ou d’écriture) qui ennuie et que l’on fait sans intérêt. Synon. corvée. » 8
Au-delà de la violence physique que certains châtiments pouvaient représenter pour un élève, la manipulation mentale telle que l’humiliation pour parvenir à des fins de réprimande de comportements déviants ne se faisait pas rare. Le port du bonnet d’âne souvent associé à la mise au piquet permettait de ne pas utiliser la violence physique, tout en conservant le caractère très punitif de la sanction. La mise au piquet consistait à mettre un élève debout face à un mur en l’obligeant à rester immobile. Le bonnet d’âne était un bonnet en papier ou en tissu auquel avaient été ajoutées deux appendices qui représentaient des oreilles.
Contrairement aux idées reçues, le bonnet d’âne n’avait pas pour but premier de stigmatiser les mauvais élèves. A l’époque, on pensait qu’en faisant porter un bonnet d’âne à l’élève, il allait ainsi acquérir toute l’intelligence de l’âne (animal réputé comme étant très intelligent). L’histoire du bonnet d’âne remonte encore plus loin dans le temps, elle renvoie à la mythologie grecque où le bonnet d’âne était reconnu comme un signe de honte.
Dans la mythologie, on dit même qu’Apollon, déçu que Midas ait nommé Pan meilleur musicien, se vengea en lui faisant pousser des oreilles d’âne. Seul le coiffeur de Midas connaissait le secret, et ne pouvant le divulguer, creusa un trou dans la terre en répétant :  »Midas a des oreilles d’âne ». Les roseaux poussèrent ensuite, et répétèrent à tous vents :  »Midas a des oreilles d’âne !  »9
A partir du XIXème siècle, le système scolaire français ne connait pas de code de discipline unique. Il en existe plusieurs : celui des établissements publics (gérés par l’Etat) et celui des établissements privés (qu’ils soient laïques ou religieux). A cette époque, l’Etat tente de fournir des règles disciplinaires aux écoles mais celles-ci sont plus ou moins bien respectées. En revanche, dans les établissements privés, il s’agit plutôt de règles tacites. Malgré ces dysfonctionnements, les châtiments corporels ont perduré jusqu’à la Révolution Française, et plus précisément jusqu’au « 27 septembre 1793, [où] Chaumette10 faisait abolir les peines corporelles dans les écoles de Paris. » 11 En 1881, la loi indique clairement quelles punitions les enseignants ont le droit et l’interdiction d’appliquer (cf. Annexe 3). L’article 19 du règlement scolaire de 1881 rappelle que les châtiments corporels sont interdits.
A partir des années 1970, l’autorité des enseignants (mais aussi dans les familles) se voit lavée de toute dimension expiatrice. On considère qu’il faut davantage dialoguer avec les élèves et être plus à leur écoute. La punition est alors remise en cause. Une situation de litige s’est développée entre l’école et la famille dès lors que la sanction n’était plus aussi punitive qu’auparavant. Certains parents ne comprenaient pas pourquoi l’école se montrait de plus en plus laxiste vis-à-vis des punitions. C’est pourquoi une circulaire est parue en juillet 2000 pour réformer les procédures disciplinaires qui existaient et qui manquaient de cadre. (cf. Annexe 4).
Enfin, en août 2011, un Bulletin Officiel a été rédigé (cf. Annexe 5). Il permet de clarifier certains points en termes de sanctions et notamment d’introduire une mesure de responsabilisation. Ce système a pour but de donner l’occasion à l’élève de s’exprimer dans des activités qui ne sont pas étiquetées comme scolaires. Ce ne sont pas des disciplines auxquelles il a l’habitude d’assister. Ce peut être d’ordre culturel, solidaire ou à des fins éducatives. Cette sanction ne peut pas excéder vingt heures de travail. On peut apparenter cela à du travail d’intérêt général (bien qu’une nuance existe). On essaie de sortir les enfants de la spirale conflictuelle dans laquelle ils se sont enfermés et de les ouvrir à de nouveaux horizons que ceux du collège dans lequel ils passent le plus de temps dans des situations de tensions permanentes.

Les sanctions institutionnelles

Le Bulletin Officiel que je viens d’évoquer dans le paragraphe précédent redéfinit deux termes pour lesquels on fait souvent l’amalgame alors qu’ils auraient besoin d’être dissociés : les punitions et les sanctions. Une punition peut être infligée par des enseignants, des personnels d’éducation, le chef d’établissement ; ce qui n’est pas le cas de la sanction qui ne peut être prononcée que par le chef d’établissement ou les conseils de discipline. Dans les deux cas, elles s’appliquent au sein de l’institution. Cependant, le terme « sanction » englobe les concepts de « punitions » et de « sanctions » lorsqu’on l’utilise pour signifier qu’un comportement inapproprié doit être souligné et corrigé (selon le dictionnaire en ligne Larousse : « Mesure répressive infligée par une autorité pour l’inexécution d’un ordre, l’inobservation d’un règlement, d’une loi : Prendre des sanctions contre des grévistes. » 12 Ce même Bulletin Officiel fournit des directives précises quant aux types de sanctions et punitions admises dans les établissements scolaires de France (cf Annexe 7). Les châtiments corporels ont effectivement disparu, les lignes à copier de manière inintelligente aussi. D’après ce que l’on peut lire dans le Bulletin Officiel, les punitions sont en général appliquées pour des dérégulations peu importantes. Lorsque cela prend de plus grandes proportions, on fait appel aux sanctions disciplinaires.
Le règlement intérieur du collège stipule quelles sont les punitions applicables par les personnels d’éducation et informe sur la liste des sanctions que l’établissement pratique. Le règlement intérieur n’est pas un outil uniquement destiné à l’élève. Il permet de tenir les familles informées des règles de vie du collège et des conséquences si manquement il y a (cf. Annexe 8).
Les punitions peuvent apparaitre suite à des comportements déviants liés ou non au travail scolaire. Ce peut être une punition de type « devoir supplémentaire » car un élève n’a pas fait son travail ou « une observation inscrite dans le carnet de correspondance » car un élève a bavardé à plusieurs reprises et donc perturbé le déroulement du cours. D’ailleurs dans le carnet de correspondance, des pages sont consacrées aux punitions de type « remarques ». Il y a deux pages par trimestre : la page de gauche concerne les remarques sur le comportement et la page de droite les remarques sur le travail (cf. Annexe 9). L’objectif qui se cache derrière cette notification dans le carnet de correspondance de la dérégulation qui a eu lieu est principalement de mettre les responsables légaux au courant de ce qui s’est passé. Cet appui sur la famille constitue un élément non négligeable dans la lutte contre les comportements déviants. Evidemment, cela fonctionne mieux lorsque les parents suivent les décisions de l’équipe éducative.
Le rôle des parents est donc primordial dans la cohérence d’éducation pour l’enfant. Une autre cohérence est nécessaire pour que l’enfant y retrouve des repères. Il s’agit de celle de l’équipe éducative. Afin de décider au mieux des sanctions à infliger à un élève, les décisions ne sont jamais prises par une seule personne. Le chef d’établissement réunit le professeur principal de la classe concernée, un délégué de la classe et un délégué de parents d’élèves. Si la décision ne nécessite pas autant de personnes, le chef d’établissement s’appuie sur son adjoint (s’il en a un) ou sur le Conseiller Principal d’Education (CPE) ou le professeur principal avant de rendre son verdict définitif.
Dans les collèges, principalement, il existe un phénomène de plus en plus répandu. Il s’agit de l’exclusion-inclusion. Je n’ai pas trouvé de textes officiels qui faisaient mention de cette sanction. D’après les comptes rendus que j’ai pu lire sur divers sites internet, l’inclusion serait en fait appliquée à la place d’une exclusion temporaire de l’établissement « l’exclusion/inclusion : celle-ci peut être prononcée pour absence aux retenues après 2 convocations. » 13 Le but d’une telle sanction est d’éviter de satisfaire les élèves qui, lorsqu’ils sont exclus du collège, peuvent faire ce qu’ils veulent chez eux. Ils ne travaillent pas, regardent la télévision toute la journée… Lorsqu’est prononcée une inclusion, très souvent, le chef d’établissement demande aux enseignants de donner du travail à l’élève qui sera au collège dès l’ouverture le matin et n’en repartira qu’à la fin des cours le soir.

La place de la famille

La famille de l’élève joue un rôle essentiel dans la réussite des études de l’enfant. Cette réussite passe par l’aide aux devoirs, l’intérêt porté à la journée de l’adolescent, la résolution des problèmes liés au travail scolaire ou au bien-être en classe, la bonne entente avec les autres élèves et les professeurs. Une famille qui soutient son enfant représente une aide précieuse pour les enseignants. En effet, lorsqu’un enseignant donne une punition à effectuer, elle aura un impact plus important si la famille suit la décision prise par l’enseignant. Très souvent, les parents ajoutent des réprimandes à la punition déjà donnée. Globalement, l’enfant sait que réitérer ce genre de dérégulation ne lui assurera pas un accueil chaleureux de la part de ses parents. Il comprend donc qu’il a tout intérêt à ne pas recommencer. Le soutien de la famille assure à l’enseignant une certaine crédibilité quant à son autorité.
L’entourage de l’élève peut se révéler utile en termes de discours à tenir concernant l’utilité de l’école. Lors de mes recherches, je suis tombée sur un témoignage d’un enseignant qui disait : « Faire comprendre aux élèves que s’ils ne saisissent pas la chance « école », ils ont peu de chances de s’en sortir. » 14 Ce peut être perçu comme une vision assez pessimiste de l’avenir des élèves qui dérégulent. Ceci dit, on peut considérer une part de vérité dans ce discours. Afin que les élèves ne ressentent pas ce genre de discours comme une nouvelle parole en l’air de l’enseignant, l’idéal est que la famille tienne le même discours. Ainsi on évite que les élèves ne voient l’école uniquement comme une zone de conflits et d’affront. Les parents, frères et sœurs… qui aident les enseignants dans leur tâche favorisent un meilleur terrain pour le dialogue, l’écoute de conseils à l’école. Ces conseils ne sont pas anodins, les enseignants savent très bien de quoi ils parlent, notamment en ayant la possibilité de voir l’évolution des vies de leurs anciens élèves sortis du système scolaire.
Les réunions parents-professeurs sont l’occasion de discuter du travail scolaire de l’élève, de ses résultats, de son avenir, de l’orientation… Il s’agit également de faire le point sur le comportement de l’élève en classe. Les parents qui se présentent à ces réunions sont souvent des parents investis dans la réussite de leurs enfants. Ils sont un soutien pour les enfants mais aussi pour les enseignants. Les décisions à prendre quant à l’avenir d’un élève peuvent ainsi être décidées collégialement (entre les enseignants, les parents et l’élève). Les enseignants jouent le rôle de conseiller et orientent les familles vers les personnes à contacter pour recevoir davantage d’informations. Le collégien se sent entouré et pris en charge sur les questions qui l’effraient peut-être. Il n’est pas livré à lui-même.
Le rôle de la famille est également de lutter contre l’absentéisme de leurs enfants. En effet, l’école est obligatoire jusqu’à seize ans depuis 1959 : « En 1959, le plan Berthoin a permis de prolonger la scolarité obligatoire – déjà portée à 14 ans par la loi Jean Zay du 9 février 1936 – jusqu’à 16 ans » 15 Dans le cas d’un trop fort absentéisme, des mesures peuvent être prises dans les instances supérieures à l’établissement (cf. Annexe 10). Il est évident que la lutte contre l’absentéisme ne doit pas être de l’unique ressort de l’école. Les familles doivent s’inscrire dans une démarche parallèle à celle de l’école et vérifier que leurs enfants suivent l’éducation qu’ils sont dans l’obligation de recevoir. Ce dispositif garantit les valeurs de la République « liberté, égalité, fraternité ». En effet, l’école se prémunit contre toute forme de dénonciation du non-respect du principe d’égalité. Si l’école n’était pas obligatoire et que des enfants n’y allaient pas d’eux-mêmes, certaines familles réclameraient leur droit à l’instruction au nom du principe d’égalité.

Les effets des sanctions

Les effets positifs

Les sanctions ou punitions les plus justes sont celles que les élèves retiennent le mieux, qui leur permettent de mieux comprendre leur erreur et de savoir pourquoi il ne faut pas recommencer. Les sanctions peuvent parfois prendre la forme de sanctions informelles suggérées par les camarades de classe. Si je prends pour exemple un élève qui bavarde trop (au goût de son voisin), ce dernier va sûrement se permettre de faire une remarque à celui-ci. Cette remarque peut avoir autant de poids, voire plus qu’une remarque de la part du professeur. Encore une fois, tout dépend du caractère de l’élève et des relations que les deux élèves entretiennent. Dans une autre situation de dérégulation, on pourrait voir apparaître un consensus au sein de la classe où l’enseignant ne serait plus l’unique juge et où les autres élèves joueraient le rôle d’assesseurs. Ils pourraient autant rappeler à l’ordre l’élève au comportement déviant que ne le ferait l’enseignant. Un agacement général peut mener à cette situation.
A partir du moment où un élève a compris que l’enseignant ne punit pas pour le plaisir de punir, mais qu’il souhaite être juste face à la dérégulation, cela permet de cesser les situations conflictuelles. Du côté enseignant, il faut comprendre qu’un élève dit « rebelle » n’est pas forcément méchant et qu’il ne souhaite pas viser l’enseignant pour sa personne propre mais il vise le statut d’enseignant, l’autorité qu’il représente. « Les rebelles ne sont jamais vraiment méchants, nous devons comprendre que ce n’est pas nous qui sommes visés. »16

Les effets négatifs

Un des effets pervers de la punition réside dans le fait qu’en classe, la disposition des tables accentue un phénomène qui existe depuis longtemps. « Ceux qui sont au premier rang croient qu’ils sont plus surveillés que derrière. »17 Les élèves ne choisissent pas forcément leur place dans la classe et se retrouvent parfois au premier rang. Généralement, c’est un rang que les élèves redoutent car ils savent que l’enseignant se tiendra la plupart du temps juste devant et pourra surveiller plus facilement les dérégulations du premier rang que celles des rangées derrière. Qui dit dérégulation surprise par l’enseignant dit punition. Aucun élève n’a envie de recevoir une punition. Il va donc trouver cela injuste car s’il avait été placé derrière, l’enseignant ne l’aurait peut-être pas vu.
Poursuivant sur une idée de justice, les élèves ne sont pas les derniers à réclamer plus de justice dans le comportement qu’ont les enseignants envers eux. En effet, ils dénoncent le fait qu’ils n’ont pas le droit de faire des commentaires sur leurs camarades ou sur leurs professeurs alors que l’enseignant le peut. Il est vrai que certains enseignants font des commentaires qui ne sont pas forcément désobligeants mais creusent l’écart entre les élèves et le professeur.
Cette dernière idée renvoie au rejet de l’autorité de la part des élèves. Certains élèves ne comprennent pas le système de hiérarchie dans l’institution et plus largement dans la société dans laquelle ils vivent. Ce manque de repères engendre un refus de l’autorité. Ils voient l’autorité comme de l’autoritarisme et non comme une autorité bienveillante sur laquelle ils pourraient s’appuyer pour construire une réelle motivation et une envie de travailler afin de s’assurer un avenir.
A force de distribuer des punitions, certains enseignants brident leurs élèves. En langues, il faut absolument que les élèves prennent la parole le plus souvent possible pour pratiquer la prononciation, pour mémoriser, pour se sentir plus à l’aise à l’oral… Si les élèves ont l’habitude qu’on leur réponde que ce qu’ils disent est faux, ils ne reprennent pas la parole facilement, de peur d’être à nouveau stigmatisés. Ils perçoivent cela comme une réprimande. On s’est aperçu que d’encourager un élève à participer à l’oral en lui montrant que l’enseignant accepte sa proposition, bien que ce ne soit pas la seule possible, les élèves craignent moins de retenter l’expérience.
Cadre opératoire
Après avoir développé le cadre théorique, je vais maintenant poser la problématique et mes hypothèses de recherches sur le sujet que je traite. La principale question que je me suis posée est la suivante : les sanctions et punitions sont-elles le seul moyen de répondre aux dérégulations des élèves ?
– Hypothèse n°1 : si les dérégulations ne sont pas liées uniquement à l’activité en classe, elles ont d’autres origines.
– Hypothèse n°2 : si les activités et modalités de travail sont suffisamment attractives et logiques, elles peuvent permettre de réintégrer les élèves hors cadre dans une dynamique de travail.
– Hypothèse n°3 : si les sanctions et punitions classiques ne sont pas assez efficaces, des sanctions innovantes le seraient peut-être davantage.
– Hypothèse n°4 : si les sanctions sont assez répandues, le savoir-être de l’enseignant peut tout de même jouer un rôle primordial dans la lutte contre le conflit élève-enseignant.
Dans le cadre opératoire, je ne retiendrai pas les situations de handicap ou de trop grande difficulté liée à des raisons médicales car cela requiert une analyse à adapter en fonction du handicap.
Afin d’infirmer ou de confirmer mes hypothèses de recherche, j’ai réalisé une enquête auprès des élèves que j’ai pu avoir lors de mon stage en responsabilité. J’ai distribué un questionnaire à trois des classes du collège Pasteur, à Yvré l’Evêque. Ces trois classes font partie de celles à qui j’ai enseigné l’anglais pendant quatre semaines sur les mois de mars et d’avril 2012. Je n’ai pas distribué le questionnaire à toutes les classes car ceci aurait été trop chronophage. Ceci dit, il était important pour moi de ne pas récolter des données que sur un seul niveau, je souhaitais élargir le champ d’action pour être au plus près de la réalité. Pour une des classes de troisième, j’ai un échantillon de 22 élèves, en sixième j’ai distribué le questionnaire à 16 élèves (ils sont 18 dans la classe mais deux élèves proviennent de la classe ULIS du collège, je ne les inclue pas dans mes recherches car ils sont tout de même des cas particuliers) et enfin j’ai récolté 29 questionnaires dans une des classes de quatrième.
Les questionnaires ne sont pas les seuls outils que j’ai utilisés. Je me suis également beaucoup appuyée sur ce que j’ai pu observer lors de mon stage de pratique accompagnée qui a eu lieu au mois de décembre 2011 sur deux semaines au collège Pasteur d’Yvré l’Evêque. Je prends en compte ma pratique en tant que stagiaire lors du stage en responsabilité des mois de mars et avril 2011 (collège pasteur). Mes expériences professionnelles en tant que vacataire (remplaçante de professeur d’anglais) ont profondément nourri mon analyse. J’utilise les expériences suivantes en guise de données pour le cadre opératoire :
– Vacataire au collège privé Sacré-Cœur d’Evron (Mayenne) sur le mois de Juin 2008
– Vacataire au lycée professionnel privé Joseph Roussel du Mans (Sarthe) sur le mois de février 2010
– Vacataire au collège Gabriel Goussault de Vibraye (Sarthe) sur les mois de mars, avril, mai et juin 2011
– Vacataire au collège privé du Rancher à Téloché (Sarthe) sur le mois de juin 2011

Les dérégulations observées

Facteurs externes : vécu du groupe classe ou vécu personnel

Lors de mes expériences, j’ai déjà rencontré des cas d’élèves pour qui la situation familiale était loin d’être simple. Les dérégulations ne sont donc pas toujours liées à l’activité de la classe (réponse à l’hypothèse n°1). Dans une classe de 5ème (classe à effectif réduit car beaucoup d’élèves se trouvaient en grande difficulté scolaire) au collège Sacré-Cœur, un élève se positionnait constamment en conflit contre moi : il refusait de faire le travail demandé, jetait ses affaires par la fenêtre, poussait les chaises de ses camarades, volait des stylos… Je me suis alors renseignée auprès du chef d’établissement pour savoir si son comportement était identique avec tous les professeurs ou si c’était seulement depuis mon arrivée. Il m’a expliqué qu’il avait une situation familiale désastreuse : un père alcoolique, une mère soumise au père, des frères et sœurs éduqués par l’autoritarisme du père (lié à la boisson donc pas toujours très juste) et cet élève – que l’on nommera « élève A » pour respecter son anonymat – était battu par son père. A la suite de multiples conflits en classe d’anglais avec cet élève, j’ai dû prendre une décision car je me rendais bien compte qu’il n’apprenait pas d’anglais mais surtout qu’il perturbait les autres élèves qui avaient déjà de grosses difficultés d’apprentissage. Je me suis résolue à entamer une discussion (hors temps de classe) pour lui montrer que j’étais à son écoute et que je souhaitais que les choses s’améliorent pour tous les deux. De fil en aiguille, en lui posant des questions très simples comme « qu’est-ce qui te plait le plus à l’école ? qu’est-ce que tu connais en anglais ? qu’aimes-tu faire en dehors de ton temps scolaire ? qui peut t’aider à faire tes devoirs à la maison ?… », j’avais souvent des réponses évasives ou négatives. Et lors de la dernière question pour savoir s’il recevait de l’aide de la part de sa famille pour faire ses devoirs, il a fondu en larmes. Il m’a expliqué ce qui se passait dans sa famille et ce qu’il était obligé de faire pour échapper aux coups de son père. Cet enfant avait un réel sentiment d’abandon de la part de sa maman qui ne pouvait apparemment pas aller contre l’avis du papa, sentiment d’abandon de la part des services sociaux « de toute façon, il n’y a personne qui peut arranger cela car même les assistantes sociales sont reçues à coup de fusil chez moi, donc elle ne reviennent plus jamais ! ». C’est à ce moment-là que j’ai compris que cet élève ne pouvait évidemment pas se concentrer en classe puisqu’il avait bien d’autres soucis en tête. Il s’agissait alors d’un vécu personnel de l’élève qui engendrait de fortes dérégulations en classe d’anglais (entre autres). En plus de cette situation personnelle compliquée, les autres élèves ne lui faisaient pas de cadeaux car ils se moquaient ouvertement de lui en le traitant de « pouilleux », en disant qu’il sentait trop mauvais et je passe les autres expressions tout aussi grossières. Effectivement, il ne sentait pas très bon mais en cherchant un peu, on découvrait qu’il passait quelques nuits par semaine dans la rue de peur de rentrer chez lui et de se faire frapper. Les autres élèves jouissaient assez de ces occasions de moquerie étant donné que pour une fois, l’élève A était en situation de faiblesse (contrairement au fort caractère dont il faisait preuve quotidiennement).
Au début de mon stage en responsabilité en mars 2012 au collège Pasteur, j’avais une classe de quatrième qui me paraissait assez peu réactive, une mauvaise ambiance de classe qui se traduisait par des moqueries, de légères menaces, de la stigmatisation de certains élèves… Un jour, j’ai croisé une élève (« élève B ») de cette classe devant le bureau de la chef d’établissement (ce qui signifiait sûrement qu’il allait y avoir des remontrances). Je lui ai demandé ce qu’elle faisait là et elle m’a répondu qu’elle avait écrit des choses dans un cahier et qu’elle s’était « fait choper par la principale ». J’ai appris ensuite que cette élève allait devoir se présenter au conseil de discipline car elle avait harcelé plusieurs élèves de sa classe avec des menaces de passer à tabac une élève à la sortie du collège. Cette dernière était venue avertir la chef d’établissement pour demander qu’on la protège. Toute cette histoire m’a permis de comprendre pourquoi l’ambiance de classe était si mauvaise. Une atmosphère très lourde y régnait. En réalité, l’élève B terrorisait certains élèves de la classe sans raison apparente. Une fois le conseil de discipline passé, l’élève B a écopé d’une exclusion temporaire de l’établissement pendant huit jours et a ensuite été réintégrée dans une autre classe de quatrième. A la suite de ce conseil de discipline, j’ai retrouvé une ambiance de classe beaucoup plus détendue, plus joviale, une plus grande participation aux activités orales ; c’était le jour et la nuit.

Facteurs internes : activités et modalités de travail proposées

Lors d’autres séances avec d’autres classes, j’ai eu l’occasion d’observer des dérégulations moins dramatiques que celles exposées précédemment. Je pense notamment à des dérégulations qui surviennent pendant une activité et qui ne trouvent pas de raison ailleurs. Il n’y a pas de facteurs externes qui puissent expliquer cela. Il faut alors s’interroger et se demander si ce n’est pas l’activité en elle-même qui engendre ces comportements déviants. Pendant mon stage en responsabilité, je me suis aperçue que ce ne sont pas toujours les élèves dits « mauvais » ou « perturbateurs » qui dérégulent.
Parfois, le simple fait de proposer une micro-tâche qui soit trop lente, trop rapide ou encore trop complexe par rapport à ce que les élèves ont pu aborder auparavant pour résoudre cette micro-tâche génère des dérégulations de la part de n’importe quel type d’élèves. Les situations personnelles des élèves ne rentrent plus du tout en ligne de compte. Je vais donner un exemple concret : en classe de quatrième, au collège Pasteur (stage en responsabilité), j’ai proposé aux élèves de corriger le travail qu’ils avaient à faire à la maison. Ce travail n’était pas noté. Je leur avais demandé de décrire le personnage de leur choix parmi dix sur une double-page de leur manuel. Pour cela, on avait vu ensemble le vocabulaire des vêtements, le présent Be+ing pour décrire et nous avions révisé les couleurs. A priori, ils ne devaient pas rencontrer de difficulté pour effectuer ce travail. Lors du début de séance, j’ai voulu vérifier leur travail individuellement mais en faire profiter toute la classe pour que ce soient les autres élèves qui corrigent les erreurs, pas moi. Je demandais donc à tous d’écouter attentivement et de repérer les éventuelles erreurs lorsqu’un élève lisait sa production (qui ne faisait pas plus d’une ou deux lignes). Ce système a très bien fonctionné au départ. J’ai donc décidé de demander à chacun de lire son travail pour qu’ils aient tous la même chance d’être corrigés par leurs camarades de classe. Ce que je n’avais pas anticipé, c’était qu’au bout de dix minutes, certains ont commencé à s’agiter, à bavarder, à se retourner… Le plus frappant réside dans le fait que ce ne sont pas les plus agités habituellement qui dérégulaient cette fois-ci. Avec le recul, je peux affirmer que mon activité n’était pas du tout adaptée. Elle était trop chronophage et ceux qui ne lisaient pas leur production ne savaient pas quoi faire pendant ce temps. Même s’ils avaient fait l’effort de corriger quelques-uns de leurs camarades, ils ne pouvaient pas rester concentrés pour vingt-neuf corrections.
Un autre facteur de dérégulation est apparu lors de ma vacation au collège du Rancher (Téloché) avec une classe de troisième européenne. Les élèves avaient un niveau tout à fait correct en anglais, environ un quart de la classe avait acquis le niveau B1 et les trois-quarts restants le niveau A2. La tâche finale proposée était la suivante : préparer un court exposé écrit sur un auteur de la littérature anglo-saxonne (à partir d’une liste d’auteurs que j’avais sélectionnés au préalable). J’avais donné quelques directives comme : trouver la date de naissance et de mort, le lieu de naissance et de décès, ses grandes œuvres, les prix littéraires, l’enfance de l’auteur (sa famille), le courant littéraire auquel il appartenait… Ensuite ils devaient choisir une œuvre, la résumer et expliquer pourquoi ils avaient choisi cette œuvre plutôt qu’une autre. Tout au long des deux séances utilisées pour mener à bien le projet, les questions ne cessèrent pas. Les élèves réclamaient davantage de détails quant aux consignes. De même, ils ne visualisaient pas la finalité du travail. Je dois avouer que mes consignes manquaient de clarté, de détails. Je les ai laissés trop autonomes alors qu’ils avaient encore besoin d’être guidés. De plus, lorsque j’ai récupéré leurs travaux, je me suis vite aperçue que 50% des résumés et informations sur l’auteur n’avaient pas été reformulées avec leur propres mots et que le copié-collé à partir d’internet représentait une très grande partie de leur travail. Ici, il ne s’agit pas tellement de dérégulation en termes de comportement, mais cela peut être vu comme une dérégulation dans le travail. C’est tout aussi inquiétant car les élèves n’ont pas intégré des notions essentielles en troisième en anglais, c’est-à-dire savoir reformuler des informations avec ses propres termes.
Enfin, une mauvaise gestion du temps par l’enseignant peut être responsable de dérégulations. Trop de temps morts entre les activités, trop ou pas assez de temps laissé aux élèves pour effectuer le travail amènent inévitablement à des comportements déviants. Les enfants ne sont plus les mêmes qu’il y a cinquante ans. Ils ne peuvent plus rester assis sans bouger même s’ils n’ont rien à faire. C’est pourquoi on observe des bavardages dès qu’un élève a fini son travail plus tôt que les autres, par exemple. Lors de mon stage en responsabilité, j’ai constaté qu’une des principales raisons pour lesquelles les bavardages apparaissaient était l’absence de réactivité entre les activités. Je laissais trop de temps aux élèves pour fermer leurs cahiers. Capter à nouveau leur attention nécessitait du temps. J’ai compris ensuite qu’en allant plus vite, je leur laissais moins de liberté et notamment celle de bavarder.

Activités et modalités de travail mises en place

Modalités de travail et gestion du temps

Lors de mes stages ou vacations, j’ai observé des situations de dérégulations liées ou non aux activités et modalités de travail que j’avais mises en place ou que d’autres enseignants pratiquaient déjà (par exemple, ma tutrice pendant mon stage de pratique accompagnée en décembre 2012 au collège Pasteur). Dans cette partie, je vais exposer les différentes modalités de travail qui ont fonctionné et ont empêché les dérégulations (réponse à l’hypothèse n°2).
Depuis quelques années, nous savons que varier les modalités de travail ne déconcentre pas les élèves mais permet au contraire de les stimuler face à une nouvelle situation de travail. Cela peut signifier travailler sur la même base mais de manière différente. Le travail en groupes avec un nombre différent d’élèves dans ce groupe à chaque changement d’activité est un très bon moyen de ne pas perdre l’attention des élèves et de les stimuler sans cesse. Au-delà de l’aspect motivation, les notions de travail ensemble, de solidarité et d’entraide sont fondamentales pour répondre aux valeurs républicaines que l’école se doit de véhiculer. Cependant, il convient de choisir stratégiquement les éléments du groupe afin de prévenir des dérégulations liées à de mauvaises ententes entre les élèves. J’ai vécu l’expérience suivante pendant mon stage en responsabilité : un élève de troisième (nous l’appellerons « élève C ») refusait systématiquement de travailler lorsque l’on faisait un travail par groupe de deux où il se trouvait souvent avec son voisin. Lors d’un travail par groupe de trois, je l’ai séparé de son voisin et l’ai associé à un groupe de deux filles avec qui il s’entendait plutôt bien et qui ne marchaient pas dans ses combines de dérégulations habituelles (bavardages, refus de travail, provocations…). J’ai pu constater qu’il avait fourni un travail à la hauteur du niveau qu’il possédait mais qu’il prétendait ne pas avoir.
Le choix de modalités de travail qui fonctionnent est essentiel pour réguler les conflits entre élèves et professeurs. Moins le professeur intervient dans la transmission du savoir, plus il donne une chance aux élèves à comportements déviants (conflits permanents élève-enseignant) de s’auto-discipliner et de retrouver goût au travail scolaire. Laisser la classe « faire le cours » (inter-correction entre élèves, idées provenant des élèves, explications données par les élèves…) tend vers une sociabilisation plus importante qui entraîne inévitablement une meilleure entraide et une diminution des conflits directs avec le professeur. Toute la subtilité réside dans le fait de présenter, amener les éléments sur un mode différent de celui sur lequel ils ont l’habitude de fonctionner. Une des premières modalités de travail à mettre en place au début de l’année scolaire est le placement des élèves dans la classe : à quel endroit de la classe place-t-on tel élève ? pourquoi ne pas installer tel élève à côté de tel autre ? Toutes ces questions doivent être résolues en début d’année car en cours d’année, les dérégulations auront déjà eu lieu. Il n’est jamais trop tard pour changer des élèves de place, mais si on peut prévenir certaines attitudes non conformes à l’attitude souhaitée en classe, il est préférable d’y penser avant que l’année ne soit bien entamée. La tutrice qui me suivait pendant mon stage en responsabilité m’a expliqué son choix : le premier jour de l’année scolaire, elle ne fait pas tout de suite rentrer les élèves en classe, elle les fait attendre dans le couloir et les appelle dans l’ordre alphabétique et leur demande de se placer les uns à la suite des autres. C’est un choix qui peut paraître arbitraire mais qui se révèle efficace (d’après ce que j’ai pu constater). En effet, les élèves ne contestent pas leur placement puisqu’il s’effectue par ordre alphabétique, donc pas de préférence apparente pour tel ou tel élève. Les seules plaintes qui sont apparues au départ étaient que ceux qui siégeaient dans le fond craignaient de garder cette place toute l’année et ne profiteraient jamais des places de devant et inversement. La solution à laquelle avait réfléchi ma tutrice garantissait une égalité dans le placement : à chaque fin de grille d’oral (que j’évoquerai un peu plus loin dans ce mémoire), les élèves devaient se décaler tous d’un rang vers la droite. Ainsi ils se trouvaient toujours à côté des mêmes camarades mais n’avaient pas forcément les mêmes devant ni derrière eux. A la fin de l’année scolaire, chaque élève avait au moins une fois occupé une place des rangs de devant, de derrière et des côtés. C’est un système qui, pour ma part, semble éviter les jalousies entre les élèves et les contestations dans le cas où un élève n’aurait pas la meilleure place.
Comme je le mentionnais dans le paragraphe précédent, je vais revenir sur l’idée de grille d’oral. Cette « grille d’oral » est en réalité une grille d’auto-évaluation de la participation orale en classe (cf. Annexe 11). Chaque élève en possède une. Il doit noter sa participation orale à chaque séance et ce, pendant environ une dizaine de séances. Ensuite, il s’auto-évalue en fonction de ce qu’il a inscrit sur sa fiche. L’enseignante compare la grille de chaque élève à celle de la classe qu’elle utilise (la sienne comporte le plan de classe) (cf. annexe 12). Au final, le nombre de bâtons inscrits sur la fiche de l’élève doit correspondre au nombre de bâtons de la grille de l’enseignante. On pourrait penser que l’unique but de ce dispositif est de jouer la carte de la note de participation orale pour motiver les élèves à prendre la parole. Pourtant il ressort que c’est un moyen de responsabiliser les élèves face à leurs apprentissages. Grâce à cet outil, les élèves peuvent juger eux-mêmes de leur progression en termes de participation. Le professeur n’est plus considéré comme seul juge. On peut aussi l’utiliser comme un moyen de sanctionner : ont de mauvaises notes ceux qui ne se sont pas investis suffisamment. Je tiens à souligner que ce n’est pas aussi simple que cela. Il reste un outil peu équitable s’il est utilisé pour sanctionner le manque de travail car certains élèves très timides ne sont pas nécessairement paresseux, ils manquent de confiance en eux et ne peuvent prendre la parole facilement. Pour eux, il s’agit alors d’une double sanction : ils n’arrivent pas à participer donc apprennent moins bien et n’ont pas une bonne note à leur grille d’oral par manque de participation. Néanmoins, pendant mon stage en responsabilité, j’ai pu comparer la participation orale lorsqu’elle est conditionnée par une grille d’oral et la participation orale lorsque rien n’est mis en place pour favoriser la prise de parole (ce qui était le cas lors de ma vacation au collège de Vibraye). A Vibraye, je pouvais attendre très longtemps avant qu’un élève prenne la parole. Même sollicités, ils refusaient de répondre – et je ne parle pas des grands timides que je n’ai quasiment jamais entendus. A Yvré l’Evêque, les élèves s’impliquaient davantage dans la participation orale puisqu’au final, ils obtenaient une note. Globalement, je peux affirmer que cet outil aide à réguler la timidité de certains et incite les plus faibles à participer pour leur permettre de les encourager. Ce système est avantageux dans le sens où on répartit la prise de parole en classe de langue de manière plus équitable : les grands timides ne sont plus laissés sur le bas-côté et les trop grands bavards canalisent plus facilement leurs envies débordantes de parler.
Comme évoqué dans la partie précédente, la gestion du temps est aussi importante que les modalités de travail. En remédiant à ce que j’avais constaté, je me suis fait violence pour arrêter de penser que les élèves ont besoin de temps entre deux activités pour ranger leur matériel. Je devais cesser d’attendre qu’ils soient prêts. Bien sûr, je n’enchaînais pas les activités sans m’assurer un minimum que j’avais l’attention d’au moins les deux-tiers de la classe. On pourrait me reprocher de ne pas prendre en considération tous les élèves et de ne pas respecter le rythme de chaque élève. A cela, je répondrais que je ne néglige pas les élèves en n’en attendant pas certains, mais qu’il s’agit plutôt de ne pas les laisser « se reposer », ce qui pourrait avoir pour conséquence un décrochage. Nous savons pertinemment que quelques élèves jouent avec la lenteur pour faire en sorte que la séance passe le plus vite possible en ayant fait le minimum de travail. En étant suffisamment rapide, on ne leur laisse pas l’occasion de baisser leur niveau d’attention et donc de déréguler. L’esprit de l’élève doit toujours être occupé, en action.
Je connais d’autres méthodes et modalités de travail comme la différenciation pédagogique qui empêche aussi certains élèves d’adopter de mauvais comportements en classe mais je n’ai jamais eu l’occasion de les expérimenter. Pour la différenciation pédagogique, on peut mettre en place des tâches différentes à pratiquer au même moment. Il s’agit d’enseigner à deux voire trois vitesses en créant des micro-tâches qui soient adaptées à l’évolution de chacun dans la séquence. On peut parler de principe d’équité mais pas d’égalité. On n’apprend pas tous la même chose en même temps. On apprend tous la même chose mais à différents moments de la séquence et sous différentes formes. On prend en compte chaque individu, chaque profil d’élève pour les amener à évoluer à leur rythme et éviter ainsi tout décrochage.

Activités proposées

Les modalités de travail facilitent la mise au travail et diminuent les dérégulations. Pourtant il ne  faut pas oublier que parmi les objectifs de l’enseignant, la transmission de savoirs, savoir-faire et savoir-être arrive en première ligne. Cette transmission passe par les activités que l’enseignant met en place. Il doit pouvoir percevoir dans le regard des élèves qu’ils comprennent ce qu’ils font en classe. Nous savons également que des activités qui prennent en compte leurs centres d’intérêt ont plus d’impact éducatif sur les jeunes que des activités dites traditionnelles comme celles des anciennes approches pédagogiques qui pouvaient paraître artificielles.
Les rituels d’entrée en classe ont d’ores-et-déjà démontré toute leur efficacité. J’ai vécu les deux situations : celle où il n’y a pas vraiment de rituel et celle où le rituel a été pensé en amont et avec lequel les élèves se sont familiarisés et qui débouchent sur une mise au travail plus efficace. En ce qui me concerne, l’absence de rituel que j’ai connue au collège Sacré-Cœur n’a pas causé de dérégulations particulières avec un lien direct de cause à effet. Je pense pouvoir apporter une réponse à ce phénomène : les dérégulations se faisaient assez rares dans cet établissement du fait que c’était un établissement privé et catholique. Permettre à leurs enfants de suivre une scolarité dans ce type d’établissement représente un coût financier non négligeable pour les familles. Ce sont souvent des enfants issus de familles pour qui le respect des valeurs religieuses de leur confession est en adéquation avec certaines grandes valeurs de respect véhiculées à l’école. Pour autant, cela ne signifie pas que je n’ai jamais eu à gérer de dérégulations pour les élèves de ce collège.

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Table des matières

Cadre théorique
I. Les élèves hors cadre : définition et causes
1. Définition d’un élève hors cadre et ses manifestations
2. Causes de ces comportements déviants
II. Réponses de l’institution
1. Historique de la sanction
2. Les sanctions institutionnelles
3. La place de la famille
III. Les effets des sanctions
1. Les effets positifs
2. Les effets négatifs
Cadre opératoire
I. Les dérégulations observées
1. Facteurs externes : vécu du groupe classe ou vécu personnel
2. Facteurs internes : activités et modalités de travail proposées
II. Activités et modalités de travail mises en place
1. Modalités de travail et gestion du temps
2. Activités proposées
3. Transparence dans les apprentissages
III. Autres réponses aux dérégulations
1. Sanctions traditionnelles
2. Savoir-être de l’enseignant
3. Punitions innovantes
Perspectives
Bibliographie

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