Activités de pharmacie clinique en lien avec le parcours de soins du patient à l’hôpital

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Dossier Médical Partagé (DMP)

Suite à la loi de modernisation de notre système de santé en janvier 2016 (15), le dossier médical personnel devient « partagé » et va progressivement être déployé par l’assurance maladie. Le décret n°2016-994 précise les conditions d’application du DMP (16). Tous les bénéficiaires de l’assurance maladie pourront, s’ils le souhaitent, ouvrir gratuitement un DMP. Il peut être créé par le patient lui-même à l’aide de sa carte vitale ou lors d’une consultation chez son MT s’il dispose des outils informatiques nécessaires. Le DMP peut contenir les informations suivantes :
– la lettre de liaison médicale ;
– les comptes rendus hospitaliers et radiologiques ;
– les résultats d’analyses biologiques ;
– les antécédents médicaux et allergies ;
– les historiques médicamenteux.
Il est consultable sur internet via un identifiant et un code d’accès. Le patient a le choix de sélectionner les professionnels de santé qui pourront y avoir accès. Son intérêt est d’améliorer la coordination des soins et d’éviter les redondances des différents examens médicaux. Le DMP est accessible aux professionnels de santé via le site www.dmp.gouv.fr ou directement via le logiciel métier dont certains possèdent un accès direct.
La Caisse Primaire d’Assurance Maladie des Côtes d’Armor expérimente le DMP depuis 1 an (17) et a pour perspective au cours du premier semestre 2018, l’ouverture des DMP par les pharmaciens d’officine. Certains établissements hospitaliers des Côtes d’Armor ont intégré la création du DMP dans leur procédure de pré-admission. Ainsi, l’alimentation du DMP est automatique avec le compte-rendu d’hospitalisation. Cette mise en œuvre crée un réel intérêt pour les professionnels de santé de ville. On pourrait envisager que le pharmacien officinal ou hospitalier puisse aussi participer à l’alimentation de ce DMP en y insérant le bilan partagé de médication du patient.

Bilan partagé de médication

Le bilan partagé de médication se définit d’après l’HAS « comme une analyse critique structurée des médicaments du patient dans l’objectif d’établir un consensus avec le patient concernant son traitement ». Il s’appuie sur un entretien structuré avec le patient ayant pour but de réduire le risque d’iatrogénie, d’améliorer l’adhésion du patient et de réduire le gaspillage de médicaments. Ses objectifs sont donc en lien direct avec la pertinence, l’efficience et la qualité de la prise en charge médicamenteuse du patient (18). Les bilans partagés de médication peuvent être conduits en soins primaires ou en milieu hospitalier. Bien qu’il apparait en France dans le cadre législatif du référentiel de compétence des pharmaciens d’officine et que l’Assurance Maladie prévoit une rémunération annuelle forfaitaire dans le cadre de l’accompagnement des personnes âgées, ce service peut également être proposé aux patients hospitalisés nécessitant une prise en charge complexe. Le pharmacien formalise ses conclusions et recommandations. Il transmet les conclusions du bilan partagé de médication selon les modalités prédéfinies conjointement, en privilégiant la messagerie sécurisée de santé. L’étape de rédaction de la synthèse est primordiale.

Lien ville-hôpital

Lors d’une présentation à l’HAS le 12 juin 2013 à LYON, le Docteur VARROUD-VIAL décrit le parcours de soins comme un enjeu de transformation pour la ville et l’hôpital. Il établit 6 étapes comme étant des étapes clés dans la constitution du parcours de soins des patients (19) :
– prévention primaire ;
– repérage / diagnostic des patients ;
– traitement de fond de la maladie – prévention secondaire ;
– gestion des situations de crise ;
– transition hôpital – domicile ;
– soins de supports / palliatifs
On estime que 5 % des admissions à l’hôpital ont pour origine les Effets Indésirables (EI) des médicaments. La transition de l’hôpital à la ville constitue une période particulièrement à risque dans le parcours de soins du patient. En effet, de nombreuses études ont mis en exergue que le retour à domicile du patient après son hospitalisation est une étape critique. La proportion de réhospitalisation évitable est de moins d’un quart du total des réadmissions (20) et plusieurs des solutions pour réduire les réadmissions ont été décrites : la conciliation médicamenteuse, l’élaboration informatisée de résumés de sortie courts et structurés, la planification de la sortie, le suivi partagé entre soignants hospitaliers et de ville (21). Une autre étude démontre que l’amélioration de la communication entre professionnels de santé réduit le taux de réadmissions et la durée moyenne de séjour des patients (22).
Une étude Danoise incluant 1467 patients (âge médian 72 ans) a tenté de mesurer l’impact des différentes interventions du pharmacien hospitalier à la sortir du patient (23). Les patients ont été divisés en trois groupes :
– groupe de contrôle : patients recevant des soins usuels ;
– groupe « intervention intermédiaire » : patients bénéficiant d’une analyse pharmaceutique des prescriptions rapidement après leur admission ;
– groupe « intervention complète » : patients participant en plus à trois entretiens motivationnels avec un pharmacien hospitalier expérimenté, l’un à la sortie de l’hôpital (conciliation de sortie), un autre par téléphone après 1 mois et un troisième après 6 mois.
Les résultats obtenus ont mis en évidence que l’intervention du pharmacien hospitalier auprès des patients peut contribuer à réduire le nombre de réadmissions hospitalières à court terme (1 mois) et à long terme (6 mois). De plus, une réduction des réadmissions liées à une cause iatrogène a été observée pour les deux groupes par rapport au groupe de contrôle.
En psychiatrie, le parcours de soins du patient fait intervenir un grand nombre d’acteurs et de structures extrahospitalières (hôpitaux de jour, centres médico-psychologiques). Ces structures assurent la continuité ambulatoire de la prise en charge psychiatrique des patients après leur hospitalisation, notamment ceux souffrant de psychose chronique (traités par neuroleptiques à action prolongée ou par clozapine). Néanmoins, des difficultés de coordination entre les différents intervenants créent parfois des points de rupture du parcours de soins et constituent des freins à la qualité de la prise en charge. En effet, les rechutes sont fréquentes, notamment en lien avec les risques de rupture médicamenteuse et de complications somatiques. Il apparait dans les derniers rapports publiés (24–26) que le suivi somatique de ce type de patient « ne présente pas les garanties de qualité que le suivi de cette population impose », alors même que « les médecins généralistes peuvent assurer leur rôle, pour autant qu’un support par les services spécialisés leur est offert ». Il est donc essentiel de renforcer en partenariat avec les MT libéraux le lien ville-hôpital et de développer une collaboration coordonnée et continue.
Pour ce faire, la SFPC a constitué un groupe de travail sur le lien ville-hôpital et a défini trois objectifs (27) :
– optimiser la continuité des soins, l’accompagnement du patient dans le cadre de la sécurisation de la prise en charge thérapeutique du patient ville/hôpital et hôpital/ville ;
– favoriser le travail commun entre les hospitaliers et les officinaux sur le développement professionnel continu ;
– aider au déploiement du Dossier Pharmaceutique (DP).

Messagerie sécurisée

La messagerie sécurisée est un outil électronique de communication et d’échange de données confidentielles réservé aux professionnels de santé. L’utilisation simple et accessible via des ordinateurs personnels ou smartphones facilite les échanges entre professionnels de santé. Il y a plusieurs avantages à utiliser ce système de communication dématérialisé :
– fiabilité de l’archivage : évite l’erreur humaine de recopiage lors de l’archivage ;
– rapidité de l’archivage : les manipulations pour le rangement et le classement du papier disparaissent. Lors de la réception des données médicales, les formats électroniques permettent l’automatisation de l’archivage. Ainsi l’indexation de ces informations dans le dossier patient est instantanée et permet de les retrouver très rapidement ;
– rapidité de l’échange : l’envoi des informations par messagerie sécurisée aboutit à une réception presque instantanée des données. Cela facilite le respect des délais de correspondance légaux de 8 jours (28) ;
– amélioration du suivi : la rédaction des courriers de sortie peut être semi-automatisée : le courrier peut prendre la forme d’un formulaire constitué d’éléments préremplis dans le dossier médical du patient. Ce système peut pallier la mauvaise qualité voire l’absence de Compte Rendu d’Hospitalisation (CRH) envoyé au MT (manque du temps du praticien, oubli de l’information MT, antécédents, traitements…). Au niveau pharmaceutique cela contribue à l’amélioration de la continuité de la prise en charge médicamenteuse par l’envoi d’une lettre de CTM de sortie au MT pour le suivi des traitements hospitaliers.
Les messageries sécurisées sont des services de télémédecine qui sont légiférés par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST) de 2009 (29,30). Leur utilisation simple facilite la communication interprofessionnelle et permet une meilleure coordination pour la prise en charge du patient. À la différence d’une messagerie habituelle, l’envoi d’emails se fait de manière cryptée. Ce sont ces techniques de cryptage qui permettent de respecter le secret professionnel des informations médicales échangées par email sécurisé.
En Normandie, deux grands services de messageries sécurisées sont actuellement sur le marché :
– Apicrypt® est un service de messagerie payant développé par l’Association pour la Promotion de l’Informatique et de la Communication en Médecine depuis 1996. Actuellement, ce service compte près de 70000 utilisateurs (31). Ce service est accessible par internet ou par une application mobile.
– MSSanté® est un système de messageries sécurisées réservé aux professionnels des secteurs de la santé, sanitaire, social et médico-social habilités par une loi à collecter et à échanger des données de santé à caractère personnel » (32). Ce service de messagerie gratuit est proposé par l’Agence des Systèmes d’Information Partagées de santé (ASIP). Les comptes de messagerie sont créés avec la Carte Professionnelle de Santé. L’accès au compte se fait soit sur internet en entrant son identifiant et mot de passe ou alors sur smartphone via l’application mobile de MSSanté®. Les messageries MSSanté® s’appuient sur un annuaire commun et certifié de l’ensemble des professionnels de santé qui permet à tout utilisateur de retrouver facilement un correspondant. Actuellement, certains éditeurs de logiciels dédiés aux professionnels de santé proposent un système de messagerie compatible MSSanté® directement intégrée au logiciel métier. Dans le cas contraire, des demandes d’évolution du logiciel doivent être effectuées auprès de l’éditeur pour acquérir cette fonctionnalité. Toute messagerie professionnelle de santé existante peut devenir compatible MSSanté®. C’est le cas du service Apicrypt® qui, en 2018 dans sa version 2 (33), intègre l’espace de confiance MSSanté® permettant une interopérabilité avec les messageries intégrées dans cet espace. Ainsi les utilisateurs d’Apicrypt® pourront échanger avec ceux de MSSanté®. Cet espace de confiance, élaboré en conformité à l’article L.1110-4 du CSP (34), permet une interopérabilité inédite entre les messageries des professionnels de santé, et constitue un levier important pour améliorer la coordination des soins entre les diverses professions de santé.
Cependant, d’autres moyens de communication sont utilisés. Le fax (ou télécopieur) est un moyen de communication coûteux ne répondant pas aux contraintes de confidentialité. Au regard de la loi, ce moyen de communication n’a pas de valeur juridique (35) contrairement aux messageries sécurisées, de par la signature électronique qui est la clé de voûte juridique et 12 technique de la confiance des professionnels dans les échanges dématérialisés (36). Pour répondre aux contraintes de confidentialité, en cas de dysfonctionnement de la messagerie sécurisée, il reste l’utilisation du courrier postal. Cependant le délai de réception de l’information médicale est parfois très important rendant inexploitable les courriers de sortie d’hospitalisation.

Le pharmacien clinicien hospitalier

Le pharmacien clinicien hospitalier est défini comme étant la personne « chargée de la mise en place de la sécurisation du circuit du médicament et des dispositifs médicaux associés et de la stratégie thérapeutique efficiente et sure définie par le médecin pour un patient donné » (37). Sa présence dans un service de soins est nécessaire pour qu’il puisse exercer pleinement ses fonctions. Son activité est complémentaire et toujours dans le but d’améliorer la qualité d’utilisation du médicament et d’apporter des compétences spécifiques à celles des autres intervenants. Le patient est au centre de sa réflexion, ainsi il doit intégrer les propriétés pharmacologiques des médicaments et faire le lien avec la physiopathologie du patient. Le médecin pose un diagnostic et met en place une stratégie médicamenteuse, l’infirmier pratique les soins au malade et le pharmacien clinicien hospitalier s’intéresse à l’optimisation de la thérapeutique médicamenteuse et à la prévention des EI (38). Il contribue ainsi à renforcer la sécurisation de la prise en charge médicamenteuse du patient (39). Avec l’ordonnance 5126-1 publiée au journal officiel le 15 décembre 2016 (40), la pharmacie clinique est reconnue et devient une mission des pharmaciens des Pharmacies à Usage Intérieur (PUI) qui sont tenus « de mener toute action de pharmacie clinique, à savoir de contribuer à la sécurisation, à la pertinence et à l’efficience du recours aux produits de santé mentionnés, et de concourir à la qualité des soins, en collaboration avec les autres membres de l’équipe de soins, et en y associant le patient ».

Rôles du pharmacien clinicien hospitalier

De nos jours, le pharmacien clinicien hospitalier exerce ses activités aussi bien au sein de la PUI que dans les services de soins. Il peut être amené à participer aux visites, aux staffs des services et à s’entretenir avec les patients. Sa présence et sa disponibilité dans les services de soins crée un lien privilégié entre la PUI et les équipes soignantes (41). Ses principales activités sont (42,43) :
– de s’assurer que la prescription est en adéquation avec les référentiels scientifiques établis (Autorisation de Mise sur le Marché, conférence de consensus, recommandation d’instances internationales et nationales comme l’HAS…) ;
– d’aider dans le choix de la stratégie thérapeutique ;
– de valider cette stratégie thérapeutique ;
– de surveiller les EI des médicaments et d’assurer leur notification au Centre Régional de Pharmacovigilance ;
– de participer à l’élaboration de la qualité rédactionnelle des protocoles thérapeutiques médicamenteux ;
– de diffuser l’information sur les nouveautés thérapeutiques, les conférences de consensus, les protocoles thérapeutiques, le coût de certains médicaments… ;
– d’aider au choix des médicaments en tenant compte des rapports bénéfices/risques et coût/efficacité ;
– de proposer des plans de prises ou plans d’administration des médicaments prescrits ;
– de réaliser la conciliation médicamenteuse à l’admission du patient ;
– d’alimenter un suivi pharmaceutique pendant toute la durée d’hospitalisation du patient ;
– de conseiller, d’informer et d’éduquer le patient à sa sortie ;
– de rédiger une lettre de CTM de sortie, sur laquelle figure à la fois des observations pharmaceutiques, un bilan des surveillances à poursuivre et une comparaison du traitement d’entrée et de sortie du patient en expliquant les motifs de d’ajout/de changement/d’arrêt des médicaments.

Qualités requises du pharmacien clinicien hospitalier

La pharmacie clinique requiert du pharmacien clinicien hospitalier de solides connaissances en pharmacologie, biopharmacie, physiopathologie et de la terminologie médicale accompagnées d’excellentes capacités de communication. Elle exige du pharmacien qu’il soit capable de superviser les médicaments, de fournir des informations sur ceux-ci, de planifier les traitements thérapeutiques et d’évaluer et interpréter les résultats d’examens paracliniques (44,45).
L’équipe soignante se compose de tous les professionnels de santé ayant la responsabilité des soins du patient. Le pharmacien clinicien hospitalier a un rôle important à jouer au sein de cette équipe. Pour être reconnu en tant que membre à part entière, il doit adopter les attitudes fondamentales exigées des professionnels de santé travaillant dans ce secteur : transparence, responsabilité, accessibilité, engagement de confidentialité et orientation des patients. Le pharmacien doit être compétent, visionnaire et volontariste pour s’intégrer pleinement au sein de l’équipe soignante (46). Le concept du « pharmacien sept étoiles » a été introduit par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et adopté par dans la déclaration de principe sur la Bonne pratique de l’enseignement de la pharmacie. Le pharmacien doit ainsi répondre aux fonctions suivantes (45) :
– dispensateur de soins ;
– décideur ;
– communicant ;
– gestionnaire ;
– apprenant tout au long de sa carrière professionnelle ;
– enseignant ;
– leader ;
– chercheur.

Formation des « pharmaciens cliniciens hospitaliers » en France

À la suite du décret du 12 septembre 1985 a été créé la 5ème Année Hospitalo-Universitaire. Depuis cette date, tous les étudiants en pharmacie, pour compléter leur formation en pharmacie clinique, effectuent un stage hospitalier d’un an, à mi-temps, dans un service clinique hospitalier, sous la responsabilité d’un pharmacien hospitalier (47).
Les étudiants en pharmacie de cinquième année (ayant le grade d’externe) peuvent passer le concours d’internat qui les orientera soit vers l’exercice de la biologie médicale, soit vers l’exercice de la pharmacie essentiellement hospitalière. Le concours obtenu, l’externe devenu interne effectue sa formation pendant quatre années. L’interne, selon son rang de classement, choisit l’orientation biologie médicale ou pharmacie hospitalière ; il passe huit semestres dans des services pharmaceutiques, biologiques ou cliniques. La formation dispensée grâce l’internat en pharmacie hospitalière permet de parfaire ses connaissances et son apprentissage en matière de pharmacie clinique. En plus de leur internat, les internes peuvent suivre des formations supplémentaires de pharmacie clinique en validant un diplôme universitaire proposés par plusieurs facultés en France.
En 2009 le constat de Calop J. et al. (47) est le suivant : malgré cette organisation la pharmacie clinique balbutie encore en France et ce pour différentes raisons. En effet trop peu de données décrivant les pratiques des autres pharmaciens hospitaliers sont disponibles, les moyens pour amorcer cette pratique sont limités (un pharmacien pour 150 à 200 lits en moyenne). De plus cette activité qui demande un degré d’expertise certain est très souvent portée par des internes peu encadrés (pharmaciens non diplômés en spécialisation) (48). Pour tenter de remédier à ce problème et pour donner un nouvel élan au domaine de la pharmacie clinique, la SFPC initie et développe des travaux scientifiques de pharmacie clinique menés par des groupes de travail pluridisciplinaires. La diffusion des résultats est ensuite assurée auprès des membres de la SFPC, des pharmaciens hospitaliers et officinaux par différents canaux : ouvrages, revues scientifiques et site internet. Il existe également l’Association Nationale des Enseignants de Pharmacie Clinique qui a pour missions d’étudier et développer tous les moyens permettant d’appliquer les principes fondamentaux de la pharmacie clinique y compris la communication ; promouvoir et participer à des études de recherche sur la pharmacie clinique ; aider à la formation professionnelle et à la formation post-universitaire.
Depuis quelques années la formation dans le domaine de la pharmacie clinique n’est plus seulement réservée aux pharmaciens hospitaliers, celle-ci est maintenant intégrée à la formation initiale des pharmaciens. En effet, au cours du second cycle des études de pharmacie, lors de la 4ème année, un enseignement de pharmacie clinique est dispensé aux étudiants dans le cadre de leur formation commune de base. Lors de celui-ci les thèmes portants sur la CTM, l’analyse pharmaceutique des prescriptions et l’optimisation thérapeutique du traitement médicamenteux sont abordés.

Concept des soins pharmaceutiques

Définition

L’ordre des pharmaciens du Québec définit les soins pharmaceutiques comme « l’ensemble des actes et services que le pharmacien doit procurer à un patient, afin d’améliorer sa qualité de vie par l’atteinte d’objectifs pharmacothérapeutiques de nature préventive, curative ou palliative » (49). Dans les années 1990, le concept des soins pharmaceutiques (ou « pharmaceutical care ») se développe. Helper et Strand le définissent comme « l’engagement du pharmacien à assumer envers son patient la responsabilité de l’atteinte clinique des objectifs préventifs, curatifs ou palliatifs de la pharmacothérapie ». Au-delà de la prise en compte des médicaments et de la pathologie, cette démarche vise à assurer que « tous les soins de santé qui peuvent avoir un impact sur la thérapeutique sont apportés d’une façon optimale » (50,51).
Certains éléments permettent de distinguer la prestation des soins pharmaceutiques de la pratique de pharmacie clinique (52) :
– on attribue au patient un rôle plus important en le reconnaissant comme partie prenante dans la sélection et le suivi de sa pharmacothérapie ; ainsi une relation de confiance et de collaboration s’installe entre le patient et le pharmacien ;
– le pharmacien effectue un suivi du patient afin de s’assurer que les résultats pharmacothérapeutiques désirés sont atteints ;
– le rôle du pharmacien complète celui des autres professionnels de santé ; il adapte une approche interdisciplinaire ;
– les résultats de l’analyse du pharmacien sont clairement consignés au dossier patient (intervention pharmaceutique (IP), aide à la décision thérapeutique, note au dossier, monitoring, etc.) ;
– le pharmacien s’intéresse au patient dans sa globalité, c’est-à-dire qu’il n’effectue pas uniquement une évaluation de son dossier, ou l’analyse de la pharmacocinétique d’un médicament mais une évaluation globale des problèmes du patient et de l’ensemble de sa pharmacothérapie.
La finalité des soins pharmaceutiques est de construire un processus cognitif complet et systématique de suivi du patient, basé sur l’évaluation du patient, la définition du plan d’action et l’évaluation des résultats (52). Dans ce contexte, le pharmacien évalue les besoins du patient en médicaments, détermine l’existence de problèmes éventuels de pharmacothérapie et le cas échéant, travaille avec le patient et d’autres professionnels de santé à la conception, à la mise en œuvre et au suivi d’un plan de soins. L’objectif de ce plan de soins est de résoudre les problèmes liés aux traitements médicamenteux et d’empêcher que les problèmes potentiels ne deviennent réalité. Selon Strand et al., un problème lié au médicament est « une réaction indésirable ou un effet chez le patient qui sont lié au médicament ou vraisemblablement à une pharmacothérapie, et qui compromettent effectivement ou potentiellement un résultat thérapeutique chez le patient » (53).

Processus des soins pharmaceutiques

Les pharmaciens doivent partir du principe que tous les patients ont besoin de soins pharmaceutiques jusqu’à ce que leurs évaluations permettent d’exclure tout problème de pharmacothérapie. Cependant, de par les ressources limitées, cette étape n’est pas toujours réalisable et il faudra adopter une approche « standardisée » permettant de faciliter le ciblage des soins (46).
Ce processus peut être divisé en plusieurs étapes successives (50,52) :
1. établir une relation de confiance avec le patient : durant cette étape le pharmacien aborde le patient avec respect et courtoisie et lui explique son rôle au sein du service. Cette première rencontre avec le patient doit lui permettre de reconnaitre le pharmacien comme un partenaire essentiel dans la gestion de sa santé ;
2. obtention de l’information nécessaire à l’évaluation de la thérapeutique du patient. L’objectif est d’obtenir une information la plus complète possible concernant les médicaments consommés par le patient : ceux prescrits, ceux pris à la demande, le traitement quotidien, le traitement antérieur et les pratiques d’automédication. Il faut aussi recueillir d’autres renseignements pertinents comme l’âge, le poids, les antécédents médicaux et familiaux, les allergies… et en faire la synthèse. Cette synthèse constitue le Bilan Médicamenteux Optimisé (BMO). L’accès au dossier du patient est indispensable. On y trouve toutes les données nécessaires pour identifier les problèmes liés à la maladie, au traitement médicamenteux et au mode de vie ;
3. évaluer l’information en tenant compte de la physiopathologie du patient. Le pharmacien peut ensuite évaluer les problèmes réels ou potentiels liés au traitement médicamenteux (posologie, EI, interaction médicamenteuse…) et au profil comportemental du patient (état cognitif, niveau d’observance) ;
4. élaborer un plan de soins pharmaceutiques avec le patient :
– identifier, en collaboration avec le patient et les membres de l’équipe soignante, les objectifs thérapeutiques souhaités et les actions proposées. Ces objectifs sont exprimés sous formes de résultats mesurables à atteindre à l’issue d’une période donnée ;
– mettre au point une stratégie de suivi ;
– documenter le plan de soins.
5. appliquer le plan de soins pharmaceutiques en collaboration avec le patient et l’équipe soignante. Ce document précise, pour chacun des médicaments, le nom, l’indication, le mode de prise, le moment optimal d’administration, le début d’apparition de l’effet favorable du médicament, les EI contrôlables, minimes ou nécessitant une consultation médicale, les signes d’allergies, et si besoin le mode et la durée de conservation, la possibilité d’interactions médicamenteuses, la durée de traitement, les mesures à prendre si une dose est oubliée et autres précautions. Il peut être transmis aux professionnels de santé de ville pour préparer au mieux le relais de la prise en charge à la sortie de l’hôpital ;
6. réévaluer le plan de soins pharmaceutique : ce n’est pas un document statique. Il doit être réévalué tout au long de l’hospitalisation, selon les résultats obtenus. Le pharmacien documente les interventions réalisées, les progrès, les difficultés, les événements nouveaux et transmet les modifications apportées aux autres membres de l’équipe de soins.
7. rédaction d’un document de synthèse pour la sortie de l’hôpital.
Le pharmacien, par ses connaissances et compétences sur le médicament, sa position stratégique entre le patient et le médicament, et la fréquence des rencontres avec son patient, est le professionnel le mieux placé pour résoudre ces problèmes (52). Cependant, pour l’intérêt du patient et sa bonne mise en œuvre, le concept de soins pharmaceutiques doit s’appuyer sur une formation en pharmacie clinique performante.
En France, la SFPC a défini, en 2017, un nouveau modèle de pharmacie clinique, au sein duquel le patient occupe une place centrale. La pharmacie clinique, telle que le propose la SFPC est « une discipline de santé centrée sur le patient dont l’exercice a pour objectif d’optimiser la prise en charge thérapeutique, à chaque étape du parcours de soins. Pour cela, les actes de pharmacie clinique contribuent à la sécurisation, la pertinence et à l’efficience du recours aux produits de santé. Le pharmacien exerce en collaboration avec les autres professionnels impliqués, le patient et ses aidants » (54). Dans ce nouveau modèle une étape intitulée « Plan Pharmaceutique Personnalisé (PPP) » se rapproche de la notion de soins pharmaceutique.

Le suivi pharmaceutique du patient hospitalisé

Les processus de pharmacie clinique selon la SFPC : nouveau modèle de pharmacie clinique 2017

Organisées par la SFPC en 2017, deux journées scientifiques rassemblant plusieurs pharmaciens hospitaliers réunis en ateliers de travail ont permis d’élaborer ce nouveau modèle. La première journée était un séminaire de travail dans le contexte du nouveau modèle de pharmacie clinique et la deuxième journée portait sur la valorisation des retours d’expérience sur ce modèle. Il est divisé en trois étapes successives et d’implication croissante (55) :
1. Dispensation des produits de santé
C’est l’activité de base de pharmacie clinique. Elle vise à effectuer une analyse pharmaceutique de l’ordonnance médicale, délivrer les médicaments et préparer d’éventuelles doses à administrer, mettre à disposition des informations et des conseils nécessaires au bon usage des produits de santé.
2. Bilan partagé de médication ou revue clinique de médication
L’accès à une information plus complète concernant le patient et son traitement permet de développer un bilan partagé de médication, à savoir une synthèse intégrant l’anamnèse clinique et pharmaceutique du patient, concernant les choix thérapeutiques, les points critiques médicamenteux et physiopathologique (interactions, contre-indications, posologies), les points d’optimisation (mise en place, suivi des traitements, gestion de l’iatrogénie médicamenteuse, accompagnement de l’adhésion thérapeutique du patient). Ce bilan permet de cibler les patients et/ou situations nécessitant un suivi pharmaceutique particulier que l’on peut qualifier de personnalisé.
3. Plan Pharmaceutique Personnalisé (PPP)
Le PPP consiste en une synthèse écrite et une élaboration de propositions ciblées à l’équipe de soins ou au patient (ou son entourage) sur un ou plusieurs éléments identifiés, suite au bilan partagé de médication, ou suite à la sollicitation directe de l’équipe de soins. Le PPP fait aussi intervenir la notion d’entretien pharmaceutique avec le patient (pharmacothérapie, adhésion thérapeutique, éducation thérapeutique…).

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Table des matières

Liste des abréviations
Liste des figures
Liste des tableaux
1 Introduction
2 Dossier patient
2.1 Définition
2.2 Constitution du dossier patient : historique réglementaire
2.3 Contenu du dossier patient
2.3.1 La lettre de liaison médicale
2.3.2 Dossier Médical Partagé (DMP)
2.3.3 Bilan partagé de médication
2.3.4 Lien ville-hôpital
2.3.5 Messagerie sécurisée
3 Le pharmacien clinicien hospitalier
3.1 Rôles du pharmacien clinicien hospitalier
3.2 Qualités requises du pharmacien clinicien hospitalier
3.3 Formation des « pharmaciens cliniciens hospitaliers » en France
3.4 Concept des soins pharmaceutiques
3.4.1 Définition
3.4.2 Processus des soins pharmaceutiques
4 Le suivi pharmaceutique du patient hospitalisé
4.1 Les processus de pharmacie clinique selon la SFPC : nouveau modèle de pharmacie clinique 2017
4.2 Activités de pharmacie clinique en lien avec le parcours de soins du patient à l’hôpital
4.2.1 Conciliation des traitements médicamenteux d’entrée
Projet « High 5s » de l’HAS
Définition
Processus de la conciliation médicamenteuse à l’admission
A l’EPSM Caen
4.2.1.4.1 Guide d’entretien avec le patient
4.2.2 Analyse pharmaceutique
Règlementation
4.2.2.1.1 L’analyse réglementaire de l’ordonnance
4.2.2.1.2 L’analyse pharmaco-thérapeutique
Niveaux d’analyse pharmaceutique selon la SFPC
Intervention pharmaceutique (IP)
Monitoring des médicaments psychotropes
4.2.2.4.1 Définition d’un médicament psychotrope
4.2.2.4.2 Surveillance des EI métaboliques
4.2.2.4.3 Surveillance des EI cardiaques
4.2.2.4.4 Surveillance des EI endocriniens
4.2.2.4.5 Surveillance des EI digestifs/anticholinergiques
4.2.3 Conciliation des traitements médicamenteux de sortie
Définition
Buts de la CTM de sortie
Organisation de l’activité de la CTM de sortie en France et à l’étranger
Expérience de CTM de sortie en psychiatrie
4.2.4 Entretien patient
5 Contexte de l’étude
5.1 Mise en place de l’activité de CTM de sortie à l’EPSM Caen
5.2 Audit sur les modalités de sortie du patient
5.2.1 Résultats de l’audit
5.2.2 Création du support de la lettre de CTM de sortie
5.2.3 Organisation de l’activité de CTM de sortie
6 Etude
6.1 Période de l’étude
6.2 Population de l’étude
6.3 Services participants
6.4 Mise en place d’un suivi pharmaceutique
6.4.1 Construction du suivi pharmaceutique
6.4.2 Utilisation du suivi pharmaceutique
Cible « CONCILIATION ENTREE »
Cible « DELIVRANCE »
Cible « AIDE A LA DECISION THERAPEUTIQUE »
Cible « ANALYSE PHARMACEUTIQUE »
Cible « EVOLUTION PHARMACO CLINIQUE (hors IP)
Cible « MONITORING »
Cible « CONCILIATION SORTIE »
6.5 Processus de la CTM de sortie à l’EPSM Caen
6.5.1 Première étape : conciliation à l’admission et repérage des patients éligibles à une CTM de sortie
6.5.2 Deuxième étape : utilisation du suivi pharmaceutique
6.5.3 Troisième étape : prise de connaissance de la date prévisionnelle de sortie et rédaction de la synthèse pharmaceutique
Observations pharmaceutiques
Surveillances réalisées et à poursuivre en ambulatoire
6.5.4 Quatrième étape : Entretien médico-pharmaceutique
6.5.5 Cinquième étape : ajustement de la lettre de CTM de sortie
6.5.6 Sixième étape : envoi de la lettre de CTM de sortie au médecin traitant
6.6 Enquête de satisfaction et de besoins auprès des médecins traitants
6.6.1 Conception d’un questionnaire Google forms®
7 Résultats
7.1 Obtention des résultats
7.2 Caractéristiques générales de la population
7.3 Modes d’entrée des patients
7.4 Modes de sortie des patients
7.5 Résultats de l’activité de CTM de sortie
7.6 FDR des patients ayant bénéficiés d’une conciliation de sortie
7.7 Conciliations de sortie proactives ou rétroactives ?
7.8 Patients éligibles mais non conciliés
7.9 IP d’optimisation de l’ordonnance de sortie
7.10 Types d’informations transmises au médecin traitant
7.10.1 Surveillances effectuées et à poursuivre après l’hospitalisation
7.10.2 Observations pharmaceutiques
7.11 Résultats de l’enquête de satisfaction et de besoins
7.11.1 Pertinence des informations pharmaceutiques transmises
7.11.2 Evaluation du support utilisé
7.11.3 Modalités d’envoi et de réception de la lettre de CTM de sortie
7.11.4 Résultats de la question à réponse libre
7.12 Modalités d’envoi de la lettre de CTM de sortie
8 Discussion
8.1 Interprétation des résultats
8.1.1 FDR choisis
8.1.2 Nombre de lettres de CTM de sortie rédigées : proactives/rétroactives
8.1.3 Patients éligibles mais non conciliés
8.1.4 Intérêts du suivi pharmaceutique
8.1.5 IP d’optimisation proposées
8.1.6 Modes de sortie des patients
8.1.7 Informations transmises aux médecins traitants
8.1.8 Modalités d’envoi de la lettre de CTM de sortie aux médecins traitants
8.1.9 Questionnaire de satisfaction et de besoins auprès des médecins traitants
8.2 Difficultés rencontrées et limites de l’étude
8.2.1 Être informés de la date théorique de sortie du patient
8.2.2 Manque de présence pharmaceutique dans les unités de soins
8.2.3 Communication itérative auprès des personnels des unités de soins
8.2.4 Difficultés liées aux patients
8.2.5 Participation à l’enquête de satisfaction et de besoins
8.2.6 La lettre de CTM de sortie est envoyée seulement aux médecins traitants
8.2.7 Devenir des surveillances préconisées
8.3 Perspectives
8.3.1 Consolider et déployer l’activité de CTM de sortie à l’ensemble des services de soins de notre établissement et pour tous les patients
8.3.2 Mettre en place un entretien pharmaceutique de sortie avec le patient
8.3.3 Transmettre la lettre de CTM de sortie aux pharmaciens d’officine et aux autres professionnels de santé d’aval
8.3.4 Intégrer les préparateurs en pharmacie hospitalière à l’activité de conciliation médicamenteuse
8.3.5 Optimisation du module de suivi pharmaceutique dans le logiciel CORTEXTE
8.3.6 Intégrer la lettre de CTM de sortie à la lettre de liaison
8.3.7 Evaluer l’impact des IP par l’échelle CLEO
9 Conclusion
Bibliographie

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