Activite physique et sedentarite chez les sujets souffrant de lombalgie chronique

Activité physique, inactivité physique et sédentarité

Définitions

Activité Physique
Il existe encore aujourd’hui une certaine confusion entre l’activité physique et le sport. La définition de l’activité physique la plus largement diffusée dans la littérature, et plus généralement en santé publique, nous vient de Caspersen et coll. (1985). Celle-ci est définie comme « tout mouvement corporel généré par la contraction des muscles squelettiques qui élève la dépense d’énergie au-dessus du taux métabolique au repos, et se caractérise par sa modalité, sa fréquence, son intensité, sa durée et son contexte de pratique ». Chaque mot de cette définition est d’une importance cruciale pour bien comprendre la signification de l’activité physique. Ainsi, pour Rhodes et coll. (2017), la fréquence fait référence au nombre de fois où une personne pratique une activité physique. L’intensité se définit en équivalent métabolique (M.E.T.) et fait référence à la vigueur de l’activité physique. Ainsi, comme le montre la Figure 1, une activité < 3 MET correspond à une intensité légère, une activité comprise entre 3 et 6 MET correspond à  une intensité modérée et lorsqu’elle est >6 MET l’activité est d’intensité élevée. La durée fait référence au temps total de pratique d’une activité physique sur une période précise. Elle peut être déterminée à la séance, à la journée ou encore à la semaine. Le contexte de la pratique définit l’activité physique en fonction de sa nature aérobie ou anaérobie (ex : marche ou musculation), ou encore du domaine dans laquelle elle se produit (ex : travail, transport, loisirs).

Inactivité physique et sédentarité

Contrairement à la définition de l’activité physique, l’utilisation des termes inactivité physique, sédentarité ou encore comportement sédentaire fait encore débat dans la littérature et certains auteurs ont suggéré qu’il était essentiel d’affiner la définition de ces termes (Yates et coll., 2011 ; Pate et coll., 2008). En effet, il est primordial de bien comprendre la différence entre ces différents comportements car, contrairement au sport qui est un sous-ensemble de l’activité physique, la sédentarité et l’inactivité physique sont deux comportements différents pouvant coexister chez un même individu et avoir des effets indépendants sur la santé (Gonzalez et coll., 2017). Ainsi, Trembaly et coll., (2017) définissent les comportements sédentaires comme « tout comportement d’éveil caractérisé par une dépense énergétique £ 1.5 MET en position assise, allongée ou couchée », alors que l’inactivité physique représente le non-respect des recommandations (WHO, 2020 ; PNNS, 2019) en matière d’activité physique.

De ce fait, l’activité physique et le comportement sédentaire ne sont pas à l’opposé l’un de l’autre. En effet, les individus sont considérés comme actifs lorsqu’ils atteignent les recommandations d’activité physique pour la santé (World Health Organization, 2010 et 2020), ce qui ne les empêche pas de consacrer une partie importante de leur temps à un comportement sédentaire. Autrement dit, les individus peuvent être classés comme actifs et sédentaires ainsi qu’inactifs et sédentaires (Thivel et coll., 2018). Par conséquent, les individus peuvent bénéficier à la fois des effets positifs de l’activité physique sur la santé mais également pâtir des effets délétères liés aux comportements sédentaires (Chevance et coll., 2016). En revanche, l’inactivité physique et l’activité physique sont conceptuellement diamétralement opposées.

Recommandations en matière d’activité physique pour la santé

Comme nous avons pu le voir ci-dessus, l’activité physique se situe sur un continuum allant de personnes sédentaires à inactives jusqu’aux personnes pratiquant une activité extrêmement vigoureuse. Comme le soulignent Rhodes et coll. (2017), les études sur l’activité physique cherchent à classifier les participants selon qu’ils respectent ou non les recommandations globales sur l’activité physique pour la santé (WHO, 2020) ou les recommandations spécifiques aux pays qui sont pour la plupart cohérentes avec les recommandations mondiales.

Dans le cadre de ce travail de thèse, lorsque nous parlerons de recommandations en activité physique, nous utiliserons de manière systématique les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (WHO, 2020).

Lombalgie chronique et cercle de déconditionnement

« Mal de Dos ? Le bon traitement, c’est le mouvement », cette campagne publicitaire de l’assurance maladie menée en 2020 a pour but de combattre les fausses croyances liées au mal de dos et encourage la pratique d’une activité physique régulière et quotidienne. Cette campagne s’appuie sur les recommandations actuelles concernant la lombalgie chronique (Steffens et coll., 2016 ; Gordon et Bloxham, 2016). Mais avant d’aborder l’activité physique dans la lombalgie, nous allons définir cette pathologie.

Lombalgie

Selon les directives européennes pour la prévention de la lombalgie, cette dernière est définie comme « une douleur ou une gêne, localisée sous la marge costale et au-dessus des plis fessiers inférieurs (zone lombo-sacrée) avec ou sans irradiation dans les jambes » (Van Tulder et coll., 2006). Comme le soulignent Maher et coll., (2017), la lombalgie est plus un symptôme qu’une maladie, car elle peut être due à de nombreuses causes. Sa forme la plus courante, que l’on retrouve dans 90% des cas, est la « lombalgie non-spécifique », qui est définie comme telle car non attribuée à un dysfonctionnement spécifique connu et reconnaissable. Les autres types de lombalgie sont appelés « lombalgie spécifique » du fait d’une cause spécifique identifiée telle que les hernies discales, les fractures ostéoporotiques ou traumatiques vertébrales, un canal vertébral étroit, des métastases ou tumeurs épidurales ou intradurales, une spondylarthrite ankylosante, etc. (Amstute et coll., 2009). Il existe trois types de lombalgie nommés en fonction de la durée de la douleur (Krismer et Van Tulder, 2007) :
1. La lombalgie aiguë : arrivée soudaine et d’une durée de moins de 6 semaines ;
2. La lombalgie subaiguë : la douleur lombaire perdure entre 6 semaines et 3 mois ;
3. La lombalgie chronique : la douleur lombaire perdure au-delà de 3 mois.

La lombalgie est une pathologie qui affecte les populations du monde entier quel que soit l’âge ou le sexe. Dans leur étude portant sur 52 465 patients lombalgiques aux États Unis, Waterman et coll. (2012) ont mis en avant que les hommes représentaient environ 51.5% des épisodes de lombalgie et les femmes 48.5%. L’âge moyen des sujets lombalgiques dans cette étude était de 38.8 ans. Les hommes âgés de 10 à 49 ans et les femmes âgées de 65 ans et plus avaient un risque significativement plus élevé de développer une lombalgie que leurs homologues de sexe opposé. L’incidence de la lombalgie la plus élevée pour les deux sexes correspond à la population en âge de travailler. La lombalgie est la cause principale d’années vécues avec incapacité, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement, entraînant une limitation d’activité, une augmentation de l’absentéisme au travail causant un important fardeau économique (Thelin et coll., 2008 ; Hoy et coll., 2012) .

Lombalgie chronique

Il est très réducteur de limiter la lombalgie chronique à des douleurs datant de plus de trois mois. En effet, si l’on fait abstraction des facteurs de risques personnels (sédentarité, obésité, condition de travail, etc.), les facteurs lésionnels ou biomécaniques comptent moins que les éléments psychosociaux dans le risque de chronicisation de la lombalgie (Cedraschi et Allaz, 2005). En effet, de nombreuses études mettent en avant que les patients souffrant de lombalgie chronique sont dans ce que l’on appelle « le cercle de déconditionnement psychologique et physique de la douleur » (Mayer et coll., 1986 ; Verbunt et coll., 2003 ; Smeets et coll., 2006) .

Cercle de déconditionnement psychologique

Un des modèles les plus influents démontrant l’impact des facteurs psychologiques induisant un comportement sédentaire suite à l’expérience de la douleur récurrente est le « fear-avoidance model » (Vlaeyen et Linton, 2000). Dans la version originale, Vlaeyen et Linton (2000) expliquent comment les patients présentant une douleur persistante vont progressivement entrer dans un état chronique de dépression et de peur du mouvement appelé kinésiophobie. Dans le « fear-avoidance model », l’interprétation cognitive de la douleur est perçue comme une menace pour l’organisme. Cette sensation de menace due à la crainte de la douleur entraîne une hypervigilance menant à des comportements d’évitement considérés par le sujet comme des conduites de « sécurité » destinées à réduire l’impact de la douleur et éviter que celle-ci ne progresse. Si ce comportement a un sens à court terme, il devient dysfonctionnel à long terme entraînant une augmentation de la douleur et de la kinésiophobie (Crombez et coll., 2012 ; Vlayen et Linton, 2012). Les travaux de Sullivan et coll. (1995, 2001) mettent en avant la mise en place de cette situation.

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Table des matières

– INTRODUCTION GÉNÉRALE
– CADRE THÉORIQUE
CHAPITRE 1 : ACTIVITE PHYSIQUE ET SEDENTARITE CHEZ LES SUJETS SOUFFRANT DE LOMBALGIE CHRONIQUE
1. ACTIVITE PHYSIQUE, INACTIVITE PHYSIQUE ET SEDENTARITE
1.1. Définitions
1.2. Recommandations en matière d’activité physique pour la santé
2. LOMBALGIE CHRONIQUE ET CERCLE DE DECONDITIONNEMENT
2.1. Lombalgie
2.2. Lombalgie chronique
3. PROGRAMME DE PRISE EN CHARGE DE LA LOMBALGIE CHRONIQUE
3.1. Activité physique et lombalgie chronique
3.2. Prise en charge pluridisciplinaire
SYNTHESE CHAPITRE 1
CHAPITRE 2 : OBSERVANCE THERAPEUTIQUE ET LOMBALGIE CHRONIQUE
1. COMPLIANCE, OBSERVANCE OU ADHESION THERAPEUTIQUE
1.1. Définition
1.2. Facteurs influençant l’observance thérapeutique
1.3. Observance thérapeutique dans la population lombalgique
2. CHANGEMENT DE COMPORTEMENT ET MOTIVATION
2.1. Modèle transthéorique de changement de comportements de Prochaska et DiClemente (1982)
2.2. Modèle de motivation
3. FACTEURS INFLUENÇANT LA PRATIQUE D’UNE ACTIVITE PHYSIQUE.
3.1. Facteurs environnementaux
3.2. Facteurs sociaux
3.3. Facteurs intra-individuels
4. COMMENT AGIR SUR LA MOTIVATION ET LE CHANGEMENT DE COMPORTEMENT ?
4.1. Méthodes d’intervention favorisant la motivation
4.2. Éducation thérapeutique du patient
SYNTHESE CHAPITRE 2
– OBJECTIFS DU TRAVAIL DE THÈSE
1. CONTEXTE
2. PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS
– CONTRIBUTION PERSONNELLE
MATERIELS ET METHODES
1. CRITERES D’INCLUSION ET D’EXCLUSION
1.1. Critères d’inclusion et d’exclusion pour les études 1 et 2
1.2. Critères d’inclusion et d’exclusion pour l’étude 3
2. METHODOLOGIE – ETUDES N°1 ET N°2
2.1. Contenu des programmes
2.2. Variables mesurées au cours des études n°1 et n°2
3. METHODOLOGIE DE L’ETUDE N°3 : CREATION DE NORMES MUSCULAIRES
3.1. Partie 1 : Reproductibilité des tests musculaires d’endurance isométrique maximale
3.2. Partie 2 : Création de normes musculaires
3.3. Instruction pour la fin des tests pour l’étude n°3, parties 1 et 2
3.4. Variables mesurées au cours de l’étude 3
4. ANALYSES STATISTIQUES
4.1. Étude n°1
4.2. Étude n°2
4.3. Étude n°3
– LISTE DES COMMUNICATIONS ET DES PUBLICATIONS
ÉTUDE N°1 : PROGRAMME DE RECONDITIONNEMENT EN ACTIVITE PHYSIQUE, HORS STRUCTURE DE SOINS CONVENTIONNELLE, POUR UNE POPULATION DE LOMBALGIQUE CHRONIQUE ENCORE EN ACTIVITE PROFESSIONNELLE
1. CONTEXTE
2. METHODES
3. RESULTAT
3.1. Évaluations initiales des deux groupes
3.2. Évaluations finales des deux groupes
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
ÉTUDE N°2 : EFFETS A MOYEN TERME D’UN PROGRAMME D’EDUCATION SUR L’ADHESION A L’ACTIVITE PHYSIQUE CHEZ LES PATIENTS SOUFFRANT DE LOMBALGIE CHRONIQUE : ESSAI CONTROLE RANDOMISE
1. CONTEXTE
2. METHODES
3. RESULTAT
3.1. Évaluation de la douleur et de son retentissement.
3.2. Évaluation physique
3.3. Niveau de pratique d’activité physique
3.4. Taux d’abandons lors du suivi longitudinal
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
ÉTUDE N°3 : CREATION DE NORMES D’ENDURANCE MUSCULAIRE ISOMETRIQUE
1. CONTEXTE
2. METHODES
3. RESULTAT
3.1. Partie 1 : Reproductibilité des tests d’endurance musculaire
3.2. Partie 2 : normes musculaires
4. DISCUSSION
5. CONCLUSION
– DISCUSSION GÉNÉRALE
– CONCLUSION

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