Activité et influence des préventeurs au sein d’une organisation à risque

Une thèse sur le travail des préventeurs dans les industries à risques 

L’évolution de la réglementation française relative à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles a peu à peu responsabilisé les employeurs qui sont devenus les garants de la sécurité dans leurs entreprises. Ce besoin de répondre à de nouvelles réglementations a fait émerger le métier de préventeur. Il est à noter que le terme de « préventeur » est utilisé couramment depuis les années 50 mais qu’il est difficile de définir l’ensemble des acteurs qu’il recouvre. Il désigne les employés qui occupent un poste fonctionnel et dont l’expertise repose sur la prévention de la santé et la sécurité au travail définie par le Livre II, titre III du code du travail (Daudigeos, 2009, p.18).

Dans le cadre de cette thèse nous nous intéresserons au travail des préventeurs spécifiquement en charge de la sécurité industrielle. Nous distinguons en effet la sécurité industrielle et la sécurité des personnes (ou sécurité professionnelle). Daniellou (2012) définit la sécurité industrielle comme « la prévention des accidents liés à l’exploitation des procédés de production de l’entreprise, que ces accidents soient susceptibles d’affecter les installations, les salariés de l’entreprise, l’environnement et/ou la population générale » (p.5). Les risques industriels correspondent aux incendies, aux explosions ou émissions (de gaz, de produit radioactif, d’agent pathogène, de polluant). Les accidents du travail correspondent à des évènements pluslocalisés mais également plus courants, impactant les salariés directement en contact avec la source de danger. Il s’agit d’accidents tels que les chutes, les contusions, les heurts, etc. Selon Leclercq, Morel et Chauvin (2018), la distinction entre ces deux formes de risques peut être établie en fonction de la provenance des énergies à l’origine des dommages. Dans les accidents de procédé, les énergies sont extérieures à l’homme.

Réglementairement, il existe une séparation entre ces deux domaines de sécurité. La sécurité des personnes est encadrée par le code du travail tandis que la sécurité industrielle renvoie au respect du code de l’environnement (Grandjacques, Dolladille & Bolvin, 2005). En France, les sites concernés par les risques industriels doivent donc appliquer (en plus du code du travail) les textes prévus par la directive SEVESO 3 , la réglementation liée aux Installation Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE ) ou encore la réglementation pour le transport de matières dangereuses (ADR ). Les autorités de contrôle sont également différentes. Les Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) sont en charge de l’inspection des installations classées pour la prévention et la réduction des risques industriels. Concernant la santé-sécurité au travail, ce sont les inspecteurs du travail qui interviennent au sein de tous types d’entreprises pour des missions de contrôle et de conseil.

Le ‘pouvoir’ des préventeurs constitue une question importante et complexe que peu de recherches ont pour l’instant cherché à traiter (Provan, Dekker & Rae, 2017). Comme le montrent différents retours d’expérience, les préventeurs ont en effet un rôle important à jouer dans la gestion des risques industriels et doivent avoir de l’influence au sein de leur organisation. L’analyse de Vaughan (1997) sur l’explosion de la Challenger a ainsi mis en évidence, parmi les causes de l’accident, le manque d’indépendance, d’autorité et de centralisation d’une fonction sécurité experte. Sa description des relations de pouvoir dévoile un manque d’influence du service sécurité et qualité qui s’est trouvé dans l’incapacité d’exercer un regard critique sur les travaux d’analyse de risque et de retour d’expérience des ingénieurs.

Par ailleurs, l’analyse de l’accident sur le site pyrotechnique de Billy Berclau par Le Coze et Lim (2003) souligne l’impact d’un changement organisationnel ayant modifié les liens auparavant étroits entre la direction technique du groupe et le service sécurité du site en question. Selon l’auteur, il semble que l’affaiblissement de la position du service sécurité et son éloignement de la direction technique, ait empêché le responsable sécurité de jouer son rôle de contre-pouvoir vis-à-vis de décisions impliquant des enjeux de sécurité. Il s’agissait par exemple, dans le cas de cet accident, d’une décision d’introduire un produit recyclé dans le processus de fabrication malgré le manque de définition de modes opératoires pour ce type de produit.

Plus généralement, nous constatons que la littérature sur le travail des préventeurs au sein des industries à risque est limitée. En effet, de nombreuses études portent sur des thèmes en lien avec les activités de différents acteurs, tels que les erreurs commises au niveau opérationnel (Reason 1990 ; Amalberti, 2001, etc.), la communication entre équipes (Baker, Day & Salas, 2006, etc.), la question du management (Flin, 2003, etc.) et du leadership (O’Dea & Flin, 2001, etc.), l’impact de décisions stratégiques (Rasmussen, 1997 ; Hopkins, 2000, etc.), etc. En revanche, peu d’études font référence à l’activité des préventeurs.

Une étude de cas au sein d’un site industriel 

L’étude de cas a été menée au sein d’une usine du secteur de la chimie pharmaceutique . Il s’agit d’un site de production de principes actifs qui emploie environ 230 personnes, dont 150 travaillent au sein des unités de fabrication.

Ce site a été choisi pour plusieurs raisons. La raison principale est le fait qu’il comporte des risques industriels importants et qu’il est classé SEVESO seuil haut. D’autre part, la contrainte géographique a également été prise en compte afin de limiter les déplacements de longue durée. Finalement, l’entreprise était déjà connue par les encadrants de thèse travaillant au sein de l’IUT HSE, grâce au réseau d’ancien étudiants et aux partenariats de formation qui sont régulièrement montés dans le cadre de stages et de projets étudiants. Le contrat passé avec le directeur du site et le responsable SE prévoyait :

– Du côté de l’entreprise : L’accès aux données sur le fonctionnement du site, la possibilité de consulter les documents utiles au travail de thèse, d’assister aux réunions, ainsi que la possibilité de rencontrer et de conduire des entretiens avec toute personne ayant des informations utiles pour la recherche.
– Du côté des chercheurs : La transparence concernant les résultats de l’étude permettant d’apporter des pistes de réflexion à l’entreprise pour améliorer le niveau de sécurité.

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Table des matières

Liste des figures
Liste des tableaux
Introduction générale
PREMIERE PARTIE : Cadre théorique
Chapitre 1 : Le travail des préventeurs dans la littérature
1. Présentation générale des recherches sur le métier de préventeurs
2. Le travail des préventeurs
3. Comprendre les spécificités de la situation de travail des préventeurs, une
ouverture sur d’autres activités
4. Conclusion : Objectifs de l’axe 1
Chapitre 2 : Rôles et pouvoir des préventeurs dans le domaine de la sécurité industrielle
1. Vers la compréhension des rôles et du pouvoir des préventeurs
2. … Concernant la gestion des risques industriels sous ses différentes formes
3. Conclusion : Objectifs de l’axe 2
Chapitre 3 : L’influence des préventeurs sur les règles et les processus de régulation
1. La gestion de la variabilité et des imprévus
2. Les processus de régulation
3. Conclusion : Objectif de l’axe 3
Chapitre 4 : Problématique et hypothèses de recherche
1. le travail des préventeurs
2. Le pouvoir des préventeurs
3. L’influence des préventeurs sur les activités des membres des équipes de quart
DEUXIEME PARTIE : Présentation du terrain d’étude et du cadre méthodologique
Chapitre 5 : Présentation du cas d’étude
1. Activités au sein de l’usine
2. La gestion des risques au sein du site
Chapitre 6 : Méthodes de recueil et de traitement des données
1. Phase 1 : Analyse du contexte du site
2. Phase 2 : Analyse du travail des préventeurs
3. Phase 3 : Analyse de l’influence des préventeurs sur les activités de fabrication
4. Synthèse
TROISIEME PARTIE : Contributions empiriques
Chapitre 7 : Le travail des préventeurs
1. Les conditions de l’activité des préventeurs
2. Les activités des préventeurs
3. Les marges de manœuvre
4. Discussion
5. Conclusion
Chapitre 8 : Le pouvoir des préventeurs
1. Les rôles des préventeurs en fonction des dimensions de la sécurité industrielle
2. Le pouvoir des préventeurs
3. Discussion
4. Conclusion
Chapitre 9 : Influence des préventeurs sur les activités de fabrication
1. La sécurité réglée et gérée dans les activités de fabrication
2. Les circuits d’informations
3. Discussion
4. Conclusion
Conclusion générale
1. Synthèse des résultats
2. Contributions théoriques et pratiques
3. Limites et perspectives de recherche
Références bibliographiques
ANNEXES

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