Soutenance mémoire
Etude de l’activité mucoprotectrice de l’extrait JM0606
Cette manipulation a pour but d’étudier l’effet de l’extrait sur la protection de la muqueuse gastroduodénale. L’indométacine, un anti inflammatoire non stéroïdien, a été utilisée comme agent agresseur pour provoquer des lésions ulcéreuses (ABDALLAH Z. A., et coll., 2011). Des rats mâles âgés de 12 semaines pesant entre 180 g et 200 g ont été utilisés. Ils ont été mis à jeun 24 h avant la manipulation, mais ont eu un accès libre à l’eau. Ils ont été ensuite répartis en 3 lots: un lot témoin et deux lots traités avec l’extrait JM0606. Chaque jour, et ceci pendant 5 jours, le lot témoin a reçu de l’eau distillée et les lots traités ont reçu l’extrait administré par voie orale aux doses de 300 et 600 mg/kg, dans un volume de 10 ml/kg (DIEL H. K., 2010). Une heure après, l’indométacine a été administrée par voie orale à la dose 30 mg/kg (ABDALLAH Z. A., et coll., 2011). Au 6ème jour, les rats ont été sacrifiés, leur estomac a été prélevé puis ouvert suivant la grande courbure. Ensuite, après rinçage avec l’eau distillée, il a été étalé sur une surface plane afin de mesurer la surface des lésions par planimétrie directe. Un papier millimétré transparent a été posé sur l’estomac, et le contour de chaque lésion a été tracé à l’aide d’un crayon à pointe fine, puis la surface des lésions a été mesurée (NTSAYO F., 2011).
DISCUSSION
Ce travail a pour objectif d’étudier l’activité de l’extrait JM0606 chez le rat. D’après les enquêtes ethnopharmacologiques que nous avions effectuées, les feuilles de la plante à partir de laquelle nous avons extrait JM0606, sont utilisées pour soulager les douleurs épigastriques. Ceci nous a incités à étudier l’activité anti ulcéreuse de l’extrait JM0606. Cette activité a été étudiée in vivo chez le rat. Un anti ulcéreux pourrait agir de deux manières : soit il augmente la protection de la muqueuse, soit il diminue l’action des facteurs agresseurs. Pour étudier l’activité mucoprotectrice de l’extrait, l’indométacine a été administrée par voie orale d’une manière répétée, tandis que pour étudier son activité anti-sécrétoire, le pylore a été ligaturé. Dans la première série des tests, l’indométacine a été choisie parce que c’est un anti-inflammatoire non stéroïdien qui inhibe l’enzyme cyclo-oxygénase responsable de la sécrétion des prostaglandines. Or, ces dernières sont responsables de la protection de la muqueuse en stimulant la sécrétion de mucus et de bicarbonate qui protègent la muqueuse. En inhibant la synthèse des prostaglandines, l’indométacine diminue la protection de la muqueuse et provoque ainsi des lésions ulcéreuses au niveau de la muqueuse (EMMANUEL B. et REMY M., 2011). Nos résultats montrent que l’administration de l’extrait JM0606 par voie orale réduit la surface des lésions ulcéreuses provoquées par l’administration de l’indométacine par voie orale. Cela signifie que l’extrait JM0606 possède des substances responsables de protéger la muqueuse. Cette protection pourrait être due à la diminution des facteurs agresseurs dont le principal est l’acide chlorhydrique. Il se peut que l’extrait diminue sa sécrétion ou le neutralise. L’extrait pourrait également protéger la muqueuse en augmentant les facteurs protecteurs de la muqueuse, ou en assurant directement sa protection. Des études antérieures ont montré que les flavonoïdes sont capables d’augmenter la sécrétion du mucus. Comme chez Dorstenia psilurus (KAMGUIA G. H. F. et coll., 2011) et Alchornea coldifolia (WATCHO P. et coll., 2005). Comme notre extrait contient des flavonoïdes, on pourrait avancer une hypothèse que cette famille chimique participerait à l’augmentation de la sécrétion de mucus pour protéger la paroi gastrique contre l’agression de l’acide (ABDALLAH Z. A., et coll., 2011). D’autre part, des études effectuées sur Opuntia ficus indica montrent que les polysaccharides contenues dans cette plante sont à l’origine de son activité anti ulcéreuse grâce à la protection de la muqueuse par cette famille chimique (GALATIE E. M., 2001). Les tanins aussi pourraient aussi être responsables de la protection de la muqueuse gastrique grâce à leur propriété astringente. Ils resserrent les pores au niveau de la paroi gastrique, ils diminuent la sécrétion d’acide (KAMGUIA G. H. F. et coll., 2011). Lors de la ligature de pylore, le pH du contenu gastrique des animaux traités avec l’extrait est supérieur à celui des animaux témoins. Cette méthode est une des plus utilisées pour étudier l’effet des médicaments sur la sécrétion gastrique acide, c’est un puissant stimulant de la sécrétion acide. La ligature de l’extrémité pylorique de l’estomac provoque une hausse de l’acidité gastrique, ce qui conduit ensuite à la formation d’ulcère (MICHEL B. A. et coll., 2013). L’augmentation du pH gastrique des animaux traités avec l’extrait nous permet de dire que l’extrait a diminué l’acidité gastrique. Cette diminution peut être aussi due à son effet anti acide ou à son effet anti sécrétoire. Ce dernier pourrait être dû à la présence des tanins qui resserrent les pores, ou les alcaloïdes qui inhibent la pompe à proton, comme chez le cas rapporté sur Mahonia bealei (SU-LI Z. et coll., 2014). Les flavonoïdes une autre famille chimique inhibent la sécrétion acide, bien que présente dans l’extrait JMO6O6, cette famille se trouve en très faible quantité. Nous estimons qu’elle ne soit pas responsable de son activité anti ulcéreuse. Néanmoins, cette hypothèse n’est pas à écarter, si on les purifie et si on étudie leur action sur la sécrétion d’acide au niveau de l’estomac, comme c’est le cas des flavonoïdes contenus dans l’extrait de Quercus ilex (BELGHARBI A., 2013), qui inhibent l’action de l’histamine sur les récepteurs RH2. En outre, lors du test antiacide, le pH du mélange du suc gastrique des animaux témoins après la ligature de pylore et l’extrait est supérieur à celui du lot témoin. Ce qui pourrait signifier que l’augmentation de pH pourrait être due à l’effet antiacide de l’extrait. Ce résultat est à rapprocher des observations empiriques relatives à l’utilisation de cette plante, à partir de laquelle, l’extrait JM0606 a été préparé. Une décoction de cette plante soulage la douleur épigastrique (GRIMA M., 2005). Chez une autre plante, les feuilles de Phyllanthus amarus (N’GUESSAN K. et coll., 2009) contiennent des alcaloïdes responsables de cette activité. Et comme notre extrait renferme aussi des alcaloïdes, nous pouvons avancer une hypothèse que cette famille chimique serait responsable de l’activité antiacide de MJ0606.
CONCLUSION
Après avoir analysé nos résultats, l’extrait JM0606 possède une activité anti ulcéreuse. Il protège la muqueuse contre l’agent agresseur et diminue l’acidité gastrique. Cette activité serait due soit aux flavonoïdes, alcaloïdes, polysaccharides ou aux tanins. Ces résultats montrent que la plante à partir de laquelle nous avons l’extrait JM0606 est efficace dans le traitement de l’ulcère gastroduodénal. Des recherches ultérieures sont nécessaires pour élucider son mécanisme d’action et identifier la structure de la molécule responsable de ces effets.
|
Table des matières
I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Extraction
2. Criblage photochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Animaux d’expérimentation
2. Etude de l’activité mucoprotectrice de l’extrait JM0606
3. Etude de l’activité anti-sécrétoire de l’extrait JM0606
4. Etude de l’activité antiacide de l’extrait JM0606
C. EXPRESSION ET ANALYSE DES RESULTATS
II. RESULTATS
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Rendement de l’extraction
2. Résultats du criblage phytochimique
B. PARTIE BIOLOGIQUE
1. Effet de l’extrait JMO606 sur la protection de la muqueuse gastrique
2. Activité anti-sécrétoire de l’extrait JM0606
3. Effet antiacide de l’extrait JM0606
III. DISCUSSION
IV. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Télécharger le rapport complet
