ACCOMPAGNEMENT TRANSVERSAL : LES « WRITING CENTERS »
BACHELOR : DES DIFFICULTÉS, MAIS UNE FORMATION SATISFAISANTE ?
Les treize étudiant.e.s du proséminaire I (Bachelor) qui ont répondu à notre questionnaire partagent un profil relativement classique d’étudiant.e de Bachelor : ils et elles ont entre 19 et 21 ans et commencent leurs études universitaires. Ils/elles se distinguent en revanche de par leurs langues maternelles : quatre sont italophones d’origine, ce qu’une partie d’entre elle eux mentionne explicitement comme source de difficultés pour la rédaction des travaux en français. Les neuf autres sont francophones (dont un.e bilingue français-allemand). En revanche, seul un.e étudiant.e mentionne avec humour une difficulté d’apprentissage non reconnue jusqu’ici en psychologie : la «flemme [sic] ». Leurs profils divergent ensuite selon la branche d’études choisie : la plupart ont choisi l’histoire générale ou contemporaine en branche principale ou secondaire, un.e étudiant.e est dans le parcours BA_SI (conduisant à un diplôme d’aptitude à l’enseignement au secondaire I).
Dans leur auto-évaluation, les étudiant.e.s ont tendance à se placer dans le niveau intermédiaire de maîtrise des compétences méthodologiques, ce qui est plutôt positif considérant le moment où le questionnaire a été passé : à la fin du proséminaire I, dont l’objectif est justement l’acquisition de compétences de base.
TENSION LIÉE AUX TÂCHES EN TANT QU’ENSEIGNANT.E
En ce qui concerne à présent les enseignant.e.s, l’analyse des parties des entretiens concernant la vision de l’enseignement et le rôle en tant qu’enseignant.e révèlent deux éléments significatifs. Premièrement, si chaque enseignant.e insiste sur certains points particuliers, il y a très peu d’avis clairement contraires. Cela montre une vision globalement partagée au sein de l’équipe enseignante sur les objectifs principaux du cursus et les compétences méthodologiques à acquérir dans la discipline. Deux éléments peuvent être avancés pour expliquer cette vision commune. D’une part, ces enseignant.e.s constituent une équipe soudée, ils/elles travaillent beaucoup ensemble et échangent très régulièrement entre elleux (la plupart des bureaux sont d’ailleurs partagés ou en open space), que ce soit pour discuter des enseignements des un.e.s et des autres, de modifications des plans d’études ou encore de situations difficiles avec des étudiant.e.s. D’autre part, la méthodologie en histoire – en particulier concernant l’analyse de documents historiques – reste en bonne partie un implicite.
DES COMPÉTENCES MÉTHODOLOGIQUES DIFFICILES À MAÎTRISER
Lorsque les enseignant.e.s sont interrogé.e.s sur les objectifs d’apprentissage en lien avec la méthodologie en histoire contemporaine, ils/elles en mentionnent un grand nombre : apprendre à contextualiser une source, à rechercher et mobiliser la littérature secondaire de façon pertinente, à respecter les normes formelles de rédaction d’un travail historique (notation des références), à présenter des résultats de recherche en s’adaptant à différents types de public, à synthétiser un sujet ou encore le sortir du cas d’étude, etc. Trois compétences traversent les objectifs mentionnés par tou.te.s les enseignant.e.s : l’esprit critique face aux sources et face aux travaux historiques (littérature secondaire), la capacité à problématiser/construire un sujet d’histoire et l’autonomie dans la recherche. Elles mobilisent des ressources de type savoir-être ou savoir-devenir, qui se situent à un niveau avancé du processus d’apprentissage et relèvent d’un apprentissage en profondeur. Les principales difficultés des étudiant.e.s mentionnées par les enseignant.e.s concernent en conséquence ces trois compétences qu’ils/elles perçoivent comme centrales. Ils/elles estiment toutefois qu’aucune difficulté n’est partagée par tou.te.s les étudiant.e.s. Au contraire, ils/elles insistent sur le fait que le niveau des étudiant.e.s pris.es individuellement varie passablement, à stade égal dans le cursus. Par ailleurs, ils/elles sont unanimes pour dire que, globalement, les étudiant.e.s s’améliorent entre le Bachelor et le Master.
SOUTIEN À L’ACQUISITION DES COMPÉTENCES MÉTHODOLOGIQUES ET AUX ÉTUDIANT.E.S EN DIFFICULTÉ : CHACUN.E À SA FAÇON
Quand ils/elles sont interrogé.e.s sur le soutien apporté aux étudiant.e.s en difficulté et à tou.te.s celleux-ci en général, pour acquérir et renforcer les compétences méthodologiques en histoire, il apparaît immédiatement que les enseignant.e.s proposent un dispositif qui n’est en général ni commun à tou.te.s, ni standardisé selon le type d’unité d’enseignement (cours ou séminaire), de compétence visée ou de problème rencontré par les étudiant.e.s. La seule exception concerne les séminaires de Bachelor, pour lesquels le dispositif d’apprentissage est fortement formalisé, normé et encadré, avec une gradation des compétences à développer et des exigences entre la première et la troisième année du cursus.
Néanmoins, on retrouve des pratiques similaires parmi les enseignant.e.s pour favoriser ou renforcer l’acquisition des compétences méthodologiques des étudiant.e.s. Dans les entretiens, ils/elles en évoquent principalement six qu’ils/elles mobilisent : réaliser des exercices, les répéter plusieurs fois ; donner des exemples/contre-exemples et des modèles (dans ce dernier cas, spécialement dans les séminaires de Bachelor de première et deuxième année : modèles de plan pour un travail de séminaire)
QUE FAIRE DES ÉTUDIANT.E.S AUX COMPÉTENCES TRÈS FAIBLES ?
Comme mentionné plus haut, les enseignant.e.s attribuent la plupart des échecs dans leur discipline à un manque d’investissement des étudiant.e.s. Les autres échecs sont, d’après elle eux, imputables à des lacunes dans les compétences méthodologiques ou, selon une enseignante, à des problèmes psychologiques personnels sans lien avec les capacités des étudiant.e.s. Que faire alors avec celleux qui montrent des manques importants dans la démonstration de leurs compétences méthodologiques, si importantes aux yeux des enseignant.e.s pour l’exercice du métier d’historien.ne ? En fait, la plupart de celleux-ci indiquent ne pas avoir de solution pour aider ces étudiant.e.s.
Ils/elles voient toutefois deux possibilités pour sortir de cette situation a priori sans issue. La première consisterait à renforcer le soutien à ces étudiant.e.s. Néanmoins, ils/elles voient deux obstacles principaux à cette option. D’une part, cela nécessiterait un investissement supplémentaire conséquent en temps et en travail pour les enseignant.e.s alors qu’« on est tous débordés », d’après l’un.e d’elleux. En l’état actuel des ressources du domaine en personnel enseignant, cette option ne leur semble pas faisable et demanderait l’engagement de forces supplémentaires.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
LES COMPÉTENCES MÉTHODOLOGIQUES : UNE APPROCHE SITUÉE
PROBLÉMATIQUE
ÉTAT DE LA QUESTION
2. CADRE D’ANALYSE
ANALYSE DE BESOINS : LA PERSPECTIVE DES ÉTUDIANT.E.S ET DES ENSEIGNANT.E.S
ANALYSE DES OFFRES PÉDAGOGIQUES EXISTANTES ET PROPOSITIONS
3. ANALYSE DE BESOINS
LES ÉTUDIANT.E.S
Bachelor : des difficultés, mais une formation satisfaisante ?
Master : efficacité de la formation initiale, nouveaux défis ?
Limites des résultats
LES ENSEIGNANT.E.S
Tension liée aux tâches en tant qu’enseignant.e
Des compétences méthodologiques difficiles à maîtriser
Soutien à l’acquisition des compétences méthodologiques et aux étudiant.e.s en difficulté :chacun.e à sa façon
Que faire des étudiant.e.s aux compétences très faibles ?
Un cursus globalement satisfaisant et un encadrement valorisé
4. OFFRES EXISTANTES
RESSOURCES POUR LES ÉTUDIANT.E.S
ACCOMPAGNEMENT TRANSVERSAL : LES « WRITING CENTERS »
MODULES D’ACCOMPAGNEMENT INTÉGRÉS AUX CURSUS
PROPOSITIONS PÉDAGOGIQUES AU SEIN DES ENSEIGNEMENTS
5. PROPOSITIONS
REPENSER LES RESSOURCES MÉTHODOLOGIQUES
RENOUVELER LES APPROCHES ET MÉTHODES DE L’ENSEIGNEMENT
CONSEIL EXTERNE
6. CONCLUSIONS
RETOUR RÉFLEXIF
7. ANNEXES
ANNEXE 1A. QUESTIONNAIRE AUX ÉTUDIANT.E.S.
ANNEXE 1B. RÉFÉRENTIEL DE COMPÉTENCES
ANNEXE 2. GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES ENSEIGNANT.E.S
ANNEXE 3. RÉPONSES DES ÉTUDIANT.E.S AU QUESTIONNAIRE
8. BIBLIOGRAPHIE
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