Mode de soins traditionnels basé sur le spiritisme
Spiritisme est une forme de nécromancie moderne. Il s’agit d’évoquer les âmes des défunts pour un but bien particulier. Selon la croyance dans certains villages de Madagascar, les maladies viennent des esprits maléfiques que seuls les guérisseurs peuvent guérir. Les guérisseurs qui pratiquent ce mode de guérison sont habituellement appelés « Mpimasy» D’après les Mpimasy, l’homme possède deux corps différents: le corps physique et le corps spirituel. Ce second corps est appelé habituellement périsprit, l’enveloppe fluidique dont l’âme se sert pour voyager dans le monde spirituel. Quand le corps physique périsse, l’âme quitte le corps pour demeurer dans le monde où il appartient. Il a raconté que ces deux mondes ne sont pas séparés comme des échelons des étagères, ils coexistent tout autour de nous et s’interpénètrent l’un à autre. Et nous pouvons effectuer des visites dans le monde des esprits et ils peuvent aussi visiter le notre. Le Mpimasy possède un don particulier pour évoquer les esprits ou encore faire des voyages astraux pour en demander de l’aide. C’est de ce principe que le soin à travers la magie fonctionne. Nous parlons de soin ici dans le sens où il indique la protection des esprits contre les dangers, contre la maladie infligée parla sorcellerie, contre la malchance…
Les procédés de fabrication de médicaments et leur mode de soins
Il serait utile de définir tout d’abord le mot « raokandro ». D’après le responsable, le raokandro vient de deux mots « raoka », qui veut dire récolter ou ramasser et «andro» qui signifie journée. Il définit le raokandro comme les récoltes des plantes dans la journée. Cette définition se rapporte à l’étymologie du raokandro. Le responsable rajoute que « les principes actifs des plantes comme les actions des molécules, varient en fonction de l’heure de récolte. Ainsi, certains plantes doivent être récolté à l’aube et d’autres le soir ». Le procédé de fabrication des médicaments est le suivant: des botanistes vont dans des villages et demandent à la population locale quelles plantes ces derniers utilisent en cas de maladie spécifique. Ils cherchent ensemble les plantes qui ont des vertus médicinales et ces plantes. Ces plantes sont ensuite acheminées dans les laboratoires phytochimiques pour analyser les principes actifs de ces plantes. Après analyses les laboratoires pharmacologie procèdent à des tests avec des animaux comme les cobayes et enfin il essaye les médicaments avec des hommes. Force est de souligner que les paysans qui travaillent avec les botanistes et les personnes qui subissent les tests, sont tous indemnisés. Après résultat satisfaisant des tests, ils ont l’autorisation de vendre les produits médicaux sur le marché. Pour simplifier la démarche, nous allons présenter un schéma. Récolte des plantes → Analyse avec les laboratoires phytochimiques→ Analyse avec les laboratoires pharmacologie→Test avec les animaux→ Test clinique aux hommes →Autorisation de mise en vente sur le marché.
Facteurs freinant les recours à ces autres modes de soin
Le facteur le plus flagrant est le coût car la plupart des enquêtés affirment que «ce nouveau mode de soin traditionnel est réservé pour les riches ». La mère de famille, qui avait peur des réactions allergiques, que nous avons mentionnée auparavant, continue son discours en disant que «j’ai suivi un traitement seulement pendant un mois au lieu de trois mois ». En demandant les raisons, elle explique que « le coût du traitement est trop cher, cela vaut 100.000 Fmg par mois. » En outre, l’éloignement est aussi un facteur empêchant les gens à recours à ces autres modes de soin, Il est annoté que ceux-ci n’existent pas dans notre terrain de recherche. Néanmoins, cela n’empêche pas l’existence des produits issue de ce nouveau mode de soin traditionnel comme dans les salons de beauté et dans les boutiques.
Les pratiquants du syncrétisme médical
Une partie des enquêtés affirment que le «Ody» ou talisman peut apporter des effets aussi bien bénéfiques que maléfiques selon son utilisation. En effet, selon eux, ils utilisent seulement l’Ody dans un but bénéfique. Certains soutiennent leurs idées en disant que «même la bible nous dit que Dieu ne se souci pas de ce qui ne souci pas de lu même ». Pour eux, il y a dans la vie ceux qui utilisent les forces du mal comme les« mpamosavy » (sorcières) pour faire souffrir voire détruire leurs semblables. C’est la raison pour laquelle l’ody a toujours sa place et ses fonctions malgré le progrès biomédical et technologiques. Car, le bien-être de l’homme ne se limite pas au biologique. Les forces du mal utilisé par la sorcellerie peuvent nous entravés ou détruire notre vie. Cela nous montre que les malgaches ou au moins la plupart des malgaches ont une vision globalisante et totalisante de la santé. Leurs approches ne se limitent à l’aspect biologique des maladies. Pour eux, les maladies ont une dimension métaphysique.
Médecine traditionnelle et santé de la population
Grâce à l’association de tradipraticien de Madagascar (ANTM), les guérisseurs peuvent soigner les gens expressément. Tous prétendent être capables de soigner toutes sortes de maladies. Les tradipraticiens sont autorisés à fabriquer et à fournir des médicaments dans le but de répondre aux besoins spécifiques de chaque patient après consultation. Certains sont satisfaits des soins dispensés par les guérisseurs traditionnels tandis que d’autres sont méfiants quant à leurs efficacités. Mais ce qui est préoccupant, c’est que la majeure partie des médicaments proposés par les tradipraticiens ne sont pas soumis à un régime de sécurité spécifique ou à un contrôle de qualité et n’offre ainsi une protection adéquate de la santé publique. En leur demandant comment ils mesurent la dose ou la quantité de médicaments prescrite dans le cas de telle maladie à telle ou telle personne selon leurs caractéristiques (âge, situation sanitaire, enceinte, …), leur réponse est simple «nous donnons les médicaments selon les maladies et les caractéristiques de personnes, par exemple nous donnons une tasse de café de Tambavy pour l’adulte et demi tasse de café pour l’enfant ». Cela révèle le manque de précision et d’études approfondies avant la prescription. En multipliant les questions pour avoir plus de précision les tradipraticiens disent « nos médicaments ne sont dangereux. Il arrive que les patients consomment plus que la dose que nous prescrivons. Cela montre que nos médicaments sont sans effet secondaire. » Contrairement à ceux qui pensent que les médicaments à base de plantes sont naturels et sont par conséquents sans risque pour la santé, un médecin libre dans notre terrain de recherche affirme que « touts médicaments qu’ils soient à base de plantes ou non peuvent avoir des effets secondaires. Tous les médicaments sont en quelques sortes des poisons mais la différence de l’effet se situe dans la dose administrée. » Il rajoute que « ces effets deviennent plus importants surtout si cela interagie avec certains produits pharmaceutiques. Pouvons-nous dire que nous devrons arrêter la médecine traditionnelle? Selon les statistiques fournis par l’OMS, « 80% de la population africaine utilise encore la médecine traditionnelle ». En outre, Dr Jean Baptiste Niihama a déclaré que « le développement de la médecine traditionnelle est très importante en Afrique au regard de son importance thérapeutique en matière de santé, de développement de l’expertise locale, d’affirmation de l’africain, d’amélioration de la balance commerciale entre pays du nord et ceux du sud et de réduire de la dépendance vis-à-vis des pays développés. A Madagascar, selon EPM 2010 (enquête préliminaires auprès de ménages 2010) de I’INSTAT «60% des malgaches recours encore à la médecine traditionnelle en cas de maladie». D’après ces constats, la médecine traditionnelle a une place prépondérante pour le traitement des maladies dans notre pays. Alors, il est ainsi nécessaire de chercher des solutions pour améliorer et contrôler son cadre de mise en œuvre. Une des actions déjà entreprise et qui peut promouvoir et contrôler la médecine traditionnelle, est la constitution de l’association des tradipraticien de Madagascar (ANTM). Cela permet à l’État de surveiller et de contrôler une partie des activités et mode de soins des guérisseurs traditionnels. Plusieurs conférences et ateliers ont été organisés entre les médecins modernes, les experts en médecine traditionnelle et les guérisseurs traditionnels mais nous n’avons pas eu encore des résultats palpables. D’après notre étude, la création d’institution de recherche et d’utilisation des médicaments est aussi une des nécessités pour contrôler et analyser l’efficacité des soins traditionnels. Cela améliorera la qualité de la médecine traditionnelle ce qui garantira ensuite la sécurité de l’emploi des tradipraticiens. En outre, pour réduire la probabilité des événements indésirables résultant des pratiques de soins traditionnels, l’État doit faire des encadrements permanents et offrir des formations continues aux guérisseurs traditionnels. Parmi les risques indésirables nous citons l’utilisation et la réutilisation des matériels non stérilisées qui sont susceptibles de favoriser la transmission des maladies. La conception et la mise en œuvre de déontologie et d’éthique pour les guérisseurs traditionnels contribuent également à la sécurité du patient.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1 -Généralités
2-Motifs du choix du thème et du terrain
3-Problématiques
4-Objectifs
4-1-Objectifs globaux
4-2-Objectifs spécifiques
5-Hypothèses
6-Méthodologie
7-Limites de la recherche
8- Plan global de l’étude
PARTIE I : CADRE GENERALE DE L’ETUDE
Chapitre l : APPROCHE THÉORIQUE
1-1-DEFINITION DE QUELQUES NOTIONS DE BASE
1-1-1-Lasanté
1-1-1-1-Santé communautaire
1-1-1-2-La santé publique
1-1-2-Le soin
1-1-2-1-Le système de santé
1-1-3- L’accès au soin
1-1-3-1-Barrière économique
1-1-3-2-Barrière géographique
1-1-3-3-Barrière culturelle
1-2- LES DIFFERENTES THEORIES ET LES INSTRUMENTS D’ANALYSE
1-2-1 – Approche sociologique
1-2-2- Approche anthropologique
1-2-3- Approche économique
Chapitre 2: PRESENTATION GENERALE DU TERRAIN
2-1-APPROCHE DU TERRAIN
2-1-1-Situation géographique
2- 1-2-Cadre historique
2-2- LES MISSIONS ET LES OBJECTIFS DU CSB Il
2-3- LA STRUCTURE DU CSB II
2-3-1- L’Organigramme
2-3-2 Le fonctionnement
2-4- LES MOYENS DONT LE CENTRE DISPOSE
2-4-1-Les ressources humaines
2-4-2-Les ressources financières
2-4-3-Les ressources matérielles et logistiques
PARTIE II: OBSERVATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS
Chapitre 3: La médecine traditionnelle
3-1 – Historique
3-2-Définition de la médecine traditionnelle
3-3- Conception traditionnelle de la santé et de la maladie
3-4-Les différents modes de soins de la médecine traditionnelle
3-4-1-Mode de soins basé sur l’utilisation des plantes
3-4-2-L’hydrothérapie
3-4-3- Le massage
3-4-4- Mode de soin basé sur le spiritisme
3-5-Les lieux sacrés
3-6-Méthode de soin
3-6-1-Le procédure de diagnostique
3-6-2-L’approche thérapeutique
Chapitre IV: La médecine moderne
4-1-Définition de la médecine moderne
4-2- Conception moderne de la santé et de la maladie
4-3- Motifs de recours aux soins de santé moderne
4-4- Les facteurs freinant le recours à la médecine moderne
4-5- Recours à la médecine moderne, un pas vers la modernité
4-6- La médecine traditionnelle et le sujet moderne
4-7- Relation avec les personnels du centre de santé
4-8- Méthode de soin
Chapitre v: LA MEDECINE TRADITIONNELLE EVOLUEE
5-1- Le RIRA
5-1-1- Procédés de fabrication des médicaments
5-1-2- Mode et méthode de soins.
5-1-3- Coût de soin de santé
5-2- L’IMRA ou Institue Malgache de Recherche Appliquée
5-2-1- Les procédés de fabrication de médicaments et leur mode de Soins
5-2-2-Perception des gens à l’égard du coût de soin à I’IMRA
5-3- HOMEOPHARMA
5-3-1- Les mode de soins
5-3-2-Fréquentation des patients aux modes de soins de santé
5-3-3-Les facteurs favorisant les recours aux autres soins de santé
5-3-4-Facteurs freinant les recours à ces autres modes de soin
5-3-5-Confrontation de ces faits avec nos hypothèses
Chapitre VI: Les facteurs de choix en matière de service sanitaire
6-1-Le rapport entre niveau d’instruction et recours aux soins de santé
6-2-Appartenance religieuse et recours aux soins de santé
6-2-1- les pratiquants du syncrétisme
6-2-2- la médecine moderne et le christianisme
6-3- Coûts des soins
6-3-1- Médecine traditionnelle, coût abordable
6-3-2- Coût de soin de la médecine moderne
6-4- Les rôles du statut économique aux soins de santé
6-4-1- Lien entre santé et situation économique
6-4- 1-1- Manque de moyen financier, un obstacle au soin de santé
6-4-1-2- Les coûts indirects de la consultation
6-5- L’héritage culturel et soins
6-5-1- La reproduction et la transformation des pratiques des soins
PARTIE III : APPROCHES PROSPECTIVES
Chapitre VII: Coopération entre médecine traditionnelle et médecine moderne
7-1- Soins de santé et sécurité du patient
7-1-1- Médecine traditionnelle et santé de la population
7-2- Coopération entre les deux médecines
7-2-1- Conséquence
7-2-1-1- Au niveau des soins de santé
7-2-1-2- Au niveau de la recherche
7-2-1 -3- Au niveau de la formation
Chapitre VIII: Soins et éducation en matière de santé
8-1- Intégration de la médecine traditionnelle dans le monde moderne
8-2- Déontologies et soins
8-2-1- Lutte de position
8-2-2- Lutte de position principale
8-2-3- Lutte de position secondaire
8-2-4- Le tradipraticien et le contrôle de l’Etat
8-3- Synthèse
8-4- Coût et accessibilité aux soins de santé
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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