Lorsqu‘ils sont disponibles, d‘un coût abordable, de qualité vérifiée et utilisés correctement, les médicaments essentiels sauvent des vies et améliorent la santé. [26] L‘accès aux médicaments essentiels fait partie intégrante du droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d‘être atteint [19] Or l‘accès aux médicaments essentiels demeure l‘un des principaux problèmes de santé publique au niveau mondial. Bien que des progrès considérables aient été faits en la matière depuis vingt-cinq ans, depuis l‘introduction de la notion même de médicaments essentiels, tous n‘ont pas profité de la même façon des améliorations apportées dans la prestation des services de santé, ni de traitements efficaces à bas prix par les médicaments essentiels. Grâce à un dosage de systèmes de santé publics et privés, on estime que près des deux tiers de la population mondiale ont accès à des traitements complets et efficaces au moyen des médicaments dont ils ont besoin, mais qu‘un tiers n‘y a pas accès régulièrement. On estime aussi qu‘en améliorant l‘accès aux médicaments et vaccins essentiels existants, on pourrait sauver près de 10 millions de vies chaque année. [33] Il existe très peu d‘analyses en termes d‘accessibilité faites au Sénégal ; or il est important d‘avoir des données sanitaires de ce type pour conduire une politique de santé. [48] Chaque pays se sert de plans pour surveiller et évaluer son système de santé, pour déterminer la performance et l‘adéquation des politiques sanitaires de son gouvernement. La surveillance des politiques pharmaceutiques dans les pays développés inclut souvent la surveillance des tendances des prix des médicaments vendus sur ordonnance, la surveillance de l‘utilisation des médicaments, du rapport coût/ traitement pour plusieurs affections ou des effets cliniques. Il est bien connu que les prix des médicaments représentent un obstacle important à l‘accès à des médicaments efficaces et sûrs dans les pays en développement [13] Le financement des soins de santé reste pour les pays en développement un enjeu primordial. Malgré les efforts consentis pour améliorer l‘offre de services de santé, de nombreux pays à revenu intermédiaire et à faible revenu sont loin d‘atteindre une couverture universelle. [61] D‘après les estimations, 1.3 milliard de personnes n‘auraient pas accès à des soins de santé abordables et efficaces – y compris aux médicaments, aux interventions chirurgicales et aux autres services médicaux. Selon l‘Organisation mondiale de la santé (OMS), les pays en développement supportent 93 pour cent de la charge de morbidité liée à la maladie du monde alors même qu‘ils n‘enregistrent que 18 pour cent du revenu mondial et 11 pour cent des dépenses mondiales de santé. [56] D‘où cette question essentielle : comment améliorer l‘accès aux soins de santé et la protection financière des pauvres dans les pays en développement ? Alors que les régimes officiels d‘assurance maladie se sont avérés largement inopérants pour les pauvres, des systèmes privés, à but lucratif ou non, voient le jour un peu partout et ouvrent des perspectives d‘amélioration du partage des risques à une plus grande partie de la population.
La dégradation des conditions économiques des années 80, s‘est accompagnée dans les pays en développement, d‘une détérioration de l‘état de santé de la population, notamment des couches les plus pauvres. La réduction des dépenses publiques dans le secteur de la santé du fait de l‘application des politiques d‘ajustement structurel, a eu des conséquences négatives importantes sur la disponibilité et la qualité des soins offerts à la population (Kamdoun, 1994 ; Hugon, 1989). En effet, l‘exigence pour ces pays de réaliser des équilibres macroéconomiques et macro-financiers, suite à un recours excessif aux capitaux extérieurs, a entraîné nécessairement des coûts sociaux très élevés. Ces coûts sociaux qui sont intervenus principalement à court terme, c‘est-à-dire au début de la mise en œuvre de ces politiques, n‘ont pu être compensés à moyen et long terme par les effets financiers générés par ce processus. [37] Cette situation a connu une certaine exacerbation suite à la dévaluation du franc CFA qui s‘est traduite par un renchérissement des coûts des services sociaux de base, réduisant de façon considérable aussi bien les possibilités des Etats que celles des populations.
Accessibilité aux médicaments essentiels au Sénégal
Système de santé au Sénégal
Organisation du système de santé
Le système de santé au Sénégal se présente sous forme d‘une pyramide à trois niveaux :
– l‘échelon périphérique qui correspond au district sanitaire
– l‘échelon régional qui correspond à la région médicale
– l‘échelon central ou politique .
Au Sénégal, Le niveau périphérique ou opérationnel est constitué par les 75 districts sanitaires répartis dans 14 régions médicales.
– C‘est l‘unité opérationnelle la plus périphérique de la pyramide sanitaire.
– La médecine y est appliquée dans son aspect quadridimensionnel : curatif, préventif, social et éducatif.
– Le niveau périphérique est constitué d‘un ou de plusieurs centres de santé (hôpital du district) et englobe un réseau de postes de santé eux-mêmes supervisant les cases de santé et les maternités rurales.
❖ Les postes de santé : Il s‘agit d‘unités tenues par du personnel paramédical (infirmier, sage femme, assistant infirmier) offrant des soins curatifs, préventifs et promotionnels pour les affections et lésions courantes relevant de la compétence de l‘infirmier. L‘Infirmier Chef de Poste (ICP) ou la sage femme sont sous la supervision du Médecin Chef de District (MCD), assisté par un ou plusieurs autres médecins, et du personnel para médical.
❖ Les cases de santé tenues par des agents de santé communautaires : Il s‘agit d‘agents de santé bénévoles, formés « sur le tas », assurant la prise en charge des affections et lésions courantes ne présentant pas de gravité. Ils participent également à l‘éducation pour la santé des populations souvent analphabètes et démunies. Les cases de santé sont supervisées par un infirmier chef de poste.
❖ L‘hôpital de district (Centre de santé) : Tenu par un médecin chef de district, il offre au minimum une consultation et des soins médicaux, un service de radiologie conventionnelle, un bloc opératoire (généralement réservé aux interventions à caractère obstétrical), une maternité, et un service d‘hospitalisation
❖ Les cliniques, cabinets médicaux et officines privées : Situés dans l‘aire du district, ils sont sous la supervision des services de santé du district.
– Les districts comme les régions médicales manquent de capacités. Cette situation explique la faiblesse des équipes cadres.
Le niveau régional correspondant à la région médicale est la structure de coordination du niveau régional [27]. Chaque région médicale correspond à une région administrative et regroupe l‘ensemble des districts de santé couvrant sa superficie (environ 3 à 6 district par région médicale). Elle est dirigée par un médecin de santé publique (ou médecin chef de région) qui est le principal animateur de l‘équipe cadre composée de l‘ensemble des chefs de services rattachés à la région médicale.
La région médicale exécute un certains nombre de fonctions parmi lesquels :
– La surveillance technique de tous les établissements sanitaires publics ou privés de la région
– L‘inspection sanitaire
– L‘appui technique et logistique aux districts
– Le traitement des statistiques sanitaires régionales
– La planification
– La formation continue du personnel de santé .
Le niveau central ou politique regroupe le cabinet du ministre, le secrétariat général, les directions, les divisions et les services rattachés qui sont chargés de définir et de réaliser la politique nationale de santé.
Politique du système de santé
A l‘occasion de la conférence d‘Alma Ata (ex-Russie) en 1978, L‘organisation mondiale de la santé invitait ses états membres à baser leurs politiques sur la stratégie des soins de santé primaires. Il s‘agit de soins essentiels reposant sur des méthodes et techniques pratiques, scientifiquement valables et socialement acceptables. Rendu universellement accessibles à tous les individus et à toutes les familles de la communauté avec leur pleine participation, à un coût que la communauté et les pays peuvent supporter à tous les stades de leur développement, dans un esprit d‘auto-responsabilité et d‘autodétermination. L‘équité d‘accès aux soins devrait donc être une réalité pour toutes les populations du monde.
Le principe de l’équité : il s‘agit du principe essentiel des soins de santé primaires, en effet l‘idéal de justice dans le domaine veut que les services soit accessibles géographiquement et socio-culturellement. Acceptables au plan technologique et technique, culturel et biologique. Abordables au plan financier.
Le principe de la participation communautaire : Les soins de santé primaires exigent la participation des bénéficiaires à tous les stades du processus de résolution des problèmes depuis leur identification jusqu‘à la mise en œuvre et à l‘évaluation de actions visant à les résoudre. Cette participation doit se faire dans un esprit d‘auto responsabilité, d‘autodétermination et d‘indépendance totale.
Le principe de la technologie appropriée : Les soins doivent reposer sur des solutions simples, pratiques, orientées vers la résolution des problèmes du grand nombre, en effet la majorité.
Le principe de multisectorialité et pluridisciplinarité : Les activités du secteur sanitaire doivent s‘appuyer sur une technologie appropriée, et coordonnée au niveau national, intermédiaire, et local ou communautaire avec celles des autres secteurs économiques et sociaux, notamment ceux de l‘éducation, l‘agriculture, l‘élevage, l‘approvisionnement en eau potable, l‘habitat, les travaux publics, les communications et de la production industrielle.
Le principe de la prévention : Ce principe guide et justifie en majeure partie les autres. Il comprend la prévention primaire des affections et des lésions courantes. L‘accès universel des individus, des familles et de la communauté toute entière à des soins de santé de qualité, sans distinction aucune, en privilégiant les plus pauvres au sein de la communauté suppose que la prévention soit mise en avant.
Les objectifs mis en places pour la décennie future étaient de :
– Réduire le fardeau de la morbidité et de la mortalité maternelle et infantojuvénile.
– D‘accroître les performances du secteur en matière de prévention et de lutte contre la maladie.
– Renforcer durablement le système de santé.
– D‘améliorer la gouvernance du secteur de la santé.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: Situation sanitaire et protection sociale en Afrique Francophone Sub-saharienne
Chapitre I : Accessibilité aux médicaments essentiels au Sénégal
I-Système de santé au Sénégal
I-1-Organisation du système de santé
I-2-Politique du système de santé
I-4-Spécificité du système de santé en Afrique Sub-saharienne
II-L‘initiative de Bamako
II-1-Définiton, historique
II-2-But, objectifs et critères de réussite
II-3-Principes directeurs de l‘initiative de Bamako
III-Accessibilité aux médicaments essentiels au Sénégal
III-1-Généralités
III-1-1-Définition du médicament essentiel
III-1-2-Sélection et liste des médicaments essentiels
III-1-3-Acquisition et circuit de distribution des médicaments
III-2-Accessibilité
III-2-1-Disponibilité en médicaments
III-2-2-Le secteur privé et le développement des génériques
III-2-3-Accessibilité financière aux médicaments
III-2-4-Niveau des prix
Chapitre II: Financement de la santé et assurance maladie en Afrique francophone
I-Financement de la santé
II-Couverture et assurance maladie
II-1-Assurance maladie obligatoire
II-2-Assurance maladie volontaire
III-Réformes en cours dans quelques pays
III-1-Vers la couverture universelle
III-2-Vers l‘assurance maladie obligatoire et la promotion de l‘assurance volontaire
DEUXIEME PARTIE : mutualité dans le secteur de santé au Sénégal
Chapitre I situation des mutuelles de santé au Sénégal
I-1-Définition et typologie
I-2-Historique
I-3-Panorama des mutuelles de santé
I-4-Paramètres fondamentaux des mutuelles de santé
I-4-1-Collecte des revenus
I-4-2-Mise en commun des risques
I-4-3-Relations avec les prestataires de soins
I-4-4- Développement organisationnel
I-5- Promotion de la mutualité dans le secteur de la santé
I-5-1- Rôle de l‘Etat
I-5-2- Structures internes d‘appui
I-5-3- Structures externes d‘appui
CHAPITRE II Environnement, forces et faiblesse des mutuelles de santé
II-1-environnement des mutuelles
II-2-Forces et faiblesses des mutuelles de santé
II-2-1-Forces des mutuelles de santé
II-2-1-Faiblesses des mutuelles de santé
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE