L’accès à l’eau en quantité et en qualité constitue un besoin fondamental à la vie et au développement socio-économique des populations. Ce qui a fait que la résolution des Nations Unies a reconnu en 2010 l’accès à l’eau potable comme un droit humain fondamental. Cependant les ressources en eau subissent aujourd’hui des pressions énormes entrainant la rareté de cette denrée si précieuse. Elle affecte en particulier les pays en développement .Ces derniers sont confrontés à une urbanisation très rapide et par conséquent une demande accrue d’approvisionnement en eau potable. D’après Breuil(2004) : « L’urbanisation dans son processus a conduit à la formation des grandes mégalopoles qui ne possède pas de structure de distribution capable d’assurer un accès à l’eau potable pour tous ».
Ainsi face aux multiples défis que sont la croissance démographique, l’urbanisation galopante, le changement climatique etc., la communauté internationale se mobilise de plus en plus à travers les sommets mondiaux (Mar Del Plata 1977, Dublin 1992, Johannesburg 2002…) pour trouver des solutions à la question de l’eau. De ce fait la période 1981-1990 est proclamée la décennie internationale d’eau potable et d’assainissement du millénaire(DIEPA) et la communauté internationale se fixe de par les OMD, la réduction de moitié de la population n’ayant pas accès à l’eau potable et des services d’assainissements améliorés en fin 2015. Malgré les efforts fournis pour une gestion durable des ressources en eau, la question de l’eau préoccupe avec acuité l’Etat, les ONG et les partenaires au développement dans de nombreux pays en développement notamment en Afrique. En effet, au sud du Sahara près de 300 millions de personnes soit plus du tiers de la population d’Afrique et un habitant sur deux souffre de maladies conséquentes de la pénurie ou de la mauvaise qualité de l’eau (M. 2008). Au Sénégal, l’accès à l’eau potable reste toujours un problème au niveau national. En effet, les difficultés résident dans l’insuffisance d’offre d’une eau en quantité et en qualité approprié. De ce fait, on note des défaillances du système d’approvisionnement dans la capitale Sénégalaise et surtout dans les centres urbains secondaires, en particulier à RichardToll.
Situé entre la latitude 16°27N et la longitude 15°42O, Richard Toll est l’une des localités de Saint Louis et du département de Dagana. Elle est limitée au Nord par le fleuve Sénégal, au Sud par la commune de Mbane, à l’est par la commune de Gaé et à l’ouest par la commune de Ronkh. Elle couvre une superficie moyenne de 4.000 ha avec une population estimée à plus de 50.000 habitants (PIC, 2007 2011).Richard Toll est devenue commune par le décret n°80- 586 du 24 Juin 1980. Ainsi de par son accessibilité et son poids démographique, Richard-Toll est la deuxième ville régionale du nord (Sylla, 2012). Néanmoins, la ville de Richard-Toll est confrontée au manque d’accès à l’eau potable dans certains quartiers. En effet, la croissance et l’extension de la ville suite à l’installation de l’agro-industrie de la CSS a donné la naissance de nouveaux quartiers par contre les infrastructures sociaux de base comme les ouvrages d’adduction d’eau potable n’ont pas suivi l’étalement de la ville. Ainsi certains populations ne sont pas bien desservies et utilisent, les puits, l’eau du fleuve et les canaux de la CSS pour leur besoin domestique. Ces systèmes d’eau sont très pollués et engendrent la dégradation des conditions de vie des populations.
Problématique
Contexte
L’eau est la ressource la plus importante de la planète. Elle permet le développement et le maintien de la vie des êtres vivants. Ainsi l’homme pour satisfaire ses besoins fondamentaux, s’est pendant longtemps installés dans les lieux pourvus de points d’eau. Les premières civilisations anciennes sont nées autour de la vallée du Nil, du Tigre et de l’Euphrate (Ndoye, 2001). Les ressources en eau sont en quantité constante à la surface de la Terre. En effet, le stock d’eau douce disponible sur la planète est de 2,5% et 1% seulement est accessible pour les usages de l’homme. On note aussi une inégalité de la répartition des ressources en eau à la surface du globe. Par conséquent, la protection des ressources en eau est une nécessité absolue.
De nos jours les ressources en eau disponibles sont de plus en plus menacées du fait de la croissance démographique, la croissance économique, la gestion inéquitable de l’eau, la pollution et le changement climatique. Cette situation se traduit par un nombre plus important de la population mondiale qui n’a pas accès à l’eau salubre. En 2000, on estime à 1,1 milliard le nombre de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable et 2,4 milliard de personnes sans accès à des moyens d’assainissement (PNUE, 2002).La majorité de ces personnes vivent dans des pays en développement en particulier en Afrique. Ce dernier est confronté à des difficultés en ce début du 21ème siècle concernant la croissance urbaine. En effet, le développement des villes exige un besoin continu à des infrastructures de base comme l’adduction d’eau potable. D’après le rapport des Nations Unies sur la population en 2001 : « depuis une décennie, les villes ont connu une croissance urbaine accélérée, augmentant ainsi la demande d’accès à l’eau potable surtout dans les pays en développement où la population urbaine est passée de 36% à 68,7% ».
La consommation d’eau non potable entraine la dégradation des conditions de vie et constitue un problème de santé publique. En vue de trouver des solutions face à la crise de l’eau, la communauté internationale se mobilise à travers les rencontres internationales (Mar Del Plata 1977, Dublin 1992, Johannesburg 2002) pour un accès suffisant en quantité et en qualité approprié de l’eau. Ceci a abouti à la décennie internationale d’eau potable et d’assainissement pour le millénaire (1981et 1990) et par les objectifs du millénaire pour le développement(OMD), la réduction de moitié des populations n’ayant pas accès à une eau potable et des systèmes d’assainissement améliorés en fin 2015.
A l’échelle nationale, le Sénégal a pendant des années œuvré pour l’approvisionnement en eau potable et la question de l’eau mobilise de plus en plus l’Etat, les ONG et les partenaires au développement. Cette volonté de l’Etat a permis une réforme du secteur de l’eau dans les années 90, répartie entre trois acteurs : une société de patrimoine, la SONES, chargé de la maitrise d’ouvrage des travaux de renouvellement et d’extension de l’infrastructure ; une société privée, la SDE chargé de l’exploitation (gestion technique et commerciale) des ouvrages d’eau potable ; un office public, l’ONAS, chargé de l’exploitation des ouvrages d’assainissement. La réforme du secteur de l’eau est suivie par des projet et programmes et parmi ceux-ci il y a le programme eau potable et assainissement pour le millénaire(PEPAM) élaboré en 2005. Il est mis en œuvre dans le cadre des OMD concernant le secteur de l’eau.
Au niveau national, on enregistre une bonne couverture en eau potable. Le taux d’accès global en eau potable est estimé à 90,4% en fin décembre 2013 avec 98% en milieu urbain et 84,1% en milieu rural (Rapport PEPAM, 2014).Dans la région de Saint louis, le taux d’accès à l’eau potable est de 89% en 2015(ARD). Les statistiques du service d’accès à l’eau affichent aussi une amélioration dans les localités de la région de Saint louis notamment dans le département de Dagana avec un taux d’accès de 87% en 2015. Ainsi, dans la commune de Richard Toll, le service d’accès à l’eau a connu une nette amélioration ces dernières années.
Toutefois, à Richard Toll, les populations rencontrent encore des difficultés pour l’approvisionnement en eau potable. Ces problèmes sont liés à l’insuffisance d’extension et de densification du réseau d’adduction d’eau. En effet, la croissance et l’étalement de la ville liés à l’implantation de l’agro-industrie de la CSS en 1971 n’ont pas été suivis par un réseau d’adduction d’eau adéquat. Ainsi, les populations démunis des quartiers périphériques s’approvisionnent le plus souvent au niveau des bornes fontaines. Certains ménages utilisent les puits, l’eau du fleuve et des canaux pour leur besoin domestique. Les eaux de surface sont utilisées aussi par une portion de la population pour la consommation avec un mode de traitement sommaire. Selon Diaw (1990) : « le réseau d’adduction d’eau est précaire, absent dans certains quartiers où les populations utilisent l’eau des canaux et du fleuve pour toutes les activités ».
Synthèse bibliographique
Michel R et al, 2010, Le bassin versant du fleuve Sénégal, situation sanitaire en 2010, 7 pages
Dans toute la zone du bassin, l’insuffisance des systèmes d’alimentation eau potable et d’évacuation des eaux de pluie (drainage), la modification du régime du fleuve et la réduction de la salinité après arrêt de la remontée périodique du biseau salée agissent directement sur le développement et la transmission d’agents infectieux responsables de maladies liés à l’eau. A ces facteurs, il faut ajouter la croissance rapide de la population urbaine, la faible couverture sanitaire, le mauvais état des infrastructures sanitaires et l’insuffisance de programmes de sensibilisation. Ainsi, ces derniers décennies, le bassin du fleuve Sénégal a connu un développement de maladies liées à l’eau humaine et animales, qu’il s’agit déjà présentes ou de nouvelles formes de ces dernières. Ces maladies constituent de problèmes de santé publique tant du point de vue de leur forte prévalence que de leurs couts sur les économies des pays riverains.
O. Gaye et al, 1990 Bilharziose intestinale dans la commune de Richard Toll- aspects épidémiologiques et retentissements cliniques
La commune de Richard Toll est située dans la zone Nord du Sénégal. Elle a une population de 48650 habitants répartie dans 8 quartiers. Le réseau hydrographique est constitué par le fleuve Sénégal avec ses deux barrages Diama et Manantali, le canal de la Taouey qui rectifie le cours du marigot et les nombreux canaux de la compagnie sucrière sénégalaise (CSS). Le réseau d’adduction d’eau est précaire, absent dans certains quartiers où la population utilise l’eau des canaux et du fleuve pour toutes leurs activités. Une forte densité de biomphalaria pfeiffeiri a été trouvée dans les canaux par O.T.Diaw (1990).
L.Robidoux et al 1993, La qualité de l’eau de boisson à Richard Toll- influence du comportement de l’utilisateur
Richard Toll est une ville formée d’un rassemblement de quartiers hétérogènes dont le niveau de développement est variable. En fait, face à une croissance rapide de sa population, les infrastructures de la ville n’ont pas été développées en conséquence. Ainsi le centre-ville, plus ancien est largement pourvu de robinets à domicile ou de bornes fontaines, alors que la population des autres quartiers dépend d’une importante variété de types de points d’eau. Sept types ont été dénombrés ; ce sont des sites-non aménagés, naturels (fleuve Sénégal, marigot de la taouey) et artificiels (canal de la taouey, canaux d’irrigation) ou de sites aménagés (bornes publiques, puits artisanaux, camions-citernes à livraison régulière).
Handschumacher P. et al(1970) D’une urgence en santé publique à une géographie de la santé à Richard Toll
Les villes sont à l’image des campagnes environnantes à l’échelle de la vallée du fleuve Sénégal, entre 1976 et 1988, en situation de croissance stagnante ou en régression. Excepté Richard Toll qui se distingue des autres villes. Entérinant ce fait, les autorités administratives ont érigés en 1991 la ville de Richard Toll en rang de commune. Mais à cet aspect de dynamisme démographique, s’oppose une réalité de pauvreté de nombreux habitants, de pressions humaines, de lacunes en équipements. Rien n’a été fait pour recevoir une population importante, pouvoirs publiques et CSS se renvoyant la responsabilité des lacunes et des carences.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE DE RICHARD TOLL
CHAPITRE I : ETUDE DU MILIEU PHYSIQUE
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
DEUXIEME PARTIE : ACCES ET APPROVISIONNEMENT EN EAU DANS LES QUARTIERS DEFAVORISES
CHAPITRE I : LA PROBLEMATIQUE D’ACCES EN EAU POTABLE ET L’APPROVISIONNEMENT EN EAU DANS LES QUARTIERS DEFAVORISES
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET LES STRATEGIES D’APPROVISIONNEMENT EN EAU DANS LA COMMUNE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES ILLUSTRATIONS
ANNEXES