Aménagement du territoire
L’aménagement du territoire est une réalité multiple ce qui explique l’existence de nombreuses définitions parmi lesquelles nous avons retenus deux : l’une qui met davantage l’accent sur l’action et les cadres territoriaux et la deuxième sur l’art et la technique d’agir. La première issue de R. Brunet, R. Ferras et Théry,( 1998: 29-3O ) dans « des mots de la géographie », assimilent en effet l’aménagement à l’action volontaire et réfléchie d’une collectivité sur son territoire, soit au niveau local ( aménagement urbain, rural, local ) soit au niveau régional ( grands aménagements régionaux, irrigations), soit au niveau national (aménagement du territoire ) , le territoire étant pour les même auteurs une maille de la gestion de l’espace, un espace approprié avec sentiment ou conscience de son appropriation et relevant d’un Etat, une notion à la fois juridique, sociale, culturelle et même affective. La deuxième définition est celle proposé par le dictionnaire de l’urbanisme et de l’Aménagement du territoire (P. Merlin et F. Choay, 1996:35-40 ) : l’aménagement du territoire est dans ce cas, l’art ou la technique ( plutôt que la science ) de disposer avec ordre, à travers l’espace d’un pays et dans une vision prospective, les hommes et leurs activités, les équipements et les moyens de communication qu’ils peuvent utiliser en prenant en compte les contraintes naturelles, humaines et économiques, voire stratégiques. L’aménagement du territoire apparait bien des lors, comme une intervention des hommes sur leurs espaces avec différents objectifs : Réduire les disparités, apporter des réponses aux dysfonctionnements, lutter contre la dégradation du cadre de vie etc. Cette définition de Pierre Merlin remet en cause le statut scientifique de l’aménagement du territoire. En effet une science suppose des concepts qui lui soient propres et des théories élaborées à partir de ces concepts, alors que les concepts de l’aménagement du territoire sont pour la plupart empruntés aux disciplines dont il est le plus proche. Les concepts de région, de pays, d’agglomération, de mégapole et bien d’autres sont empruntés à la géographie. Ceux de pôle de développement (d’où est issu celui de technopôle), du réseau de villes, d’aire d’influence, de bassin d’emploi sont issu de l’économie. Les notions de décentralisation, de desserrement, de contrat ressortissent au droit administratif et à la science politique. En plus, l’aménagement du territoire a-t-il élaboré à partir de ces concepts empruntés à d’autres sciences des théories qui lui soient propres ? Seul l’urbanisme, une échelle particulière de l’aménagement a prétendu a, ses débuts, se fonder sur des théories scientifiques avec notamment Ildefonse Cerdà dans sa Teoria general de la urbanizacion ou il justifie le caractère scientifique de ce qu’il appelle l’urbanisation (au sens d’action sur la ville). Mais cette approche de Cerdà est restée sans écho jusqu’au centenaire de sa mort en 1976. Charles- Edouard Jeanneret dit le Corbusier a lui aussi revendiqué le statut scientifique de l’urbanisme sans apporter aucune justification à l’appui de cette prétention. L’aménagement du territoire a une approche multi scalaire. Il (l’aménagement) peut s’appliquer à une échelle locale, nationale, supra nationale voire internationale. C’est ainsi qu’est avancé parfois l’idée selon laquelle la géopolitique peut être considérée comme l’aménagement du territoire a une échelle plus vaste. Mais ce point de vue est rejeté par d’autres. Certes, il s’agit de la part des Etats, d’une action volontaire qui influe sur l’espace, cependant la vision prospective existe mais pas toujours. Et l’ordre, qu’il s’agit d’établir ne vise en rien « la commodité, l’efficacité et l’harmonie des fonctions et des relations entre les hommes ». Le passage de l’aménagement du territoire au développement territorial est des lors, plus le résultat d’une évolution relativement logique que d’une révolution puisqu’il s’agit dans les deux cas d’une intervention de l’homme sur son espace.
Le développement Local
On a longs temps pensé que le développement consistait à créer la richesse dans une société pour permettre le mieux-être de la population et l’amélioration des conditions vie. Les experts appelaient cette manière de voir les choses « paradigme de la modernisation », parce que le terme de développement rimait avec celui de modernisation des sociétés. Cette conception a ensuite été remise en question. On pouvait observer que, malgré les efforts consacrés au développement, les pays du Sud connaissaient davantage de pauvreté et de mauvaises conditions de vie. Cette critique faisait ressortir une situation de dépendance permis d’apprendre que le développement n’est pas quelque chose qui peut venir de l’extérieur. Chaque société doit définir son propre modèle de développement en fonction de son contexte bien spécifique, de sa culture, de ses ressources et des valeurs qu’elle veut promouvoir. On a appris également qu’il ne s’agissait pas seulement d’une question économique ou d’une question de biens matériels : le développement est aussi défini par des notions de liberté, de distribution équitable des revenus, d’ouverture politique, d’accès à l’éducation, bref, de l’accès aux services sociaux de base. Cette idée du développement endogène a été aussi la thèse du professeur Joseph Ki- Zerbo avec notamment sa célèbre citation « on ne développe pas, on se développe » pour lui le développement c’est le passage de soi- même à un niveau supérieur. Le développement est la multiplication des choix quantitatifs et qualitatifs. Lorsque le concept de développement est appliqué à une communauté humaine, il désigne alors le progrès du point de vue économique, social, culturel ou politique. Parmi les indicateurs de développement se trouve en premier position l’Indice de Développement Humain (IDH). Cet indice statistique est calculé par la moyenne de trois indices, à savoir : la longévité/santé (mesurées par l’espérance de vie à la naissance), l’éducation (mesurée par le taux d’alphabétisation des adultes et la durée attendue de scolarisation des élèves en école maternelle, au collège, au lycée et en université) et le niveau de vie (calculé par le Produit Intérieur Brut par habitant, en dollars).
Un peuplement historique
De versions en versions, parfois contradictoires sur l’origine du peuplement de ThionckEssyl, nous en avons retenu les aspects les plus communément admis. Les différentes versions orales recueillies auprès de certains notables lors de nos enquêtes divergent sur plusieurs points. Nous avons procédé à une synthèse de l’historicité faisant ressortir les points saillants sur lesquels convergent le plus souvent de nombreux points. Ainsi au départ, était le royaume de Moff-Ewi qui regrouperait dix villages en un seul bloc. Le peuplement serait sûrement le résultat d’une immigration depuis la Guinée Bissau qui tout d’abord, aurait transité par Essyl (village de la Communauté rurale d’Enampor dans l’arrondissement de Nyassia), dans le royaume de Bandial (Sud-Ouest de Ziguinchor), puis a fini par s’éclater en une myriade de bourgs. Cette dislocation était essentiellement motivée par un but : la recherche de terres nouvelles. Il est remonté plus loin dans cette origine, car pour Youssouf Mané dit Manga (68 ans), notable dans le quartier de Batine, tout est venu d’une guerre qui a provoqué un départ massif de populations diola et bainounk, surtout de l’empire du Gaabou (une grande partie de l’actuelle Guinée Bissau) où ils cohabitaient avec les mandingues, les ballantes et autres. D’autres thèses développées et soutenues aussi par d’autres personnes âgées comme Cheikh Abba Badji (89 ans), chef de quartier de Batine et Abdoulaye Djiba (89), ancien Président de la Communauté rurale de Thionck-Essyl de 1980 à 1990 et qui approfondissent l’histoire confirment que la population serait à l’origine de pêcheurs et d’agriculteurs installés à Bourofaye (village à moins de 10 km au Sud de Ziguinchor) d’où ils ont quitté pour s’établir à Essyl-Bandial. De nos jours, certaines familles essyliennes y tiennent de grandes rizières et y vivent. Ainsi, ces populations du Sud de Bandial, du fait des guerres inter villages et de l’insuffisance d’espaces rizicoles consécutives à la grande pression démographique furent obligées de remonter vers le Nord à la recherche de sécurité et de nouvelles terres de culture. De cette localité d’Essyl (dans le Bandial), d’autres populations migrèrent vers la rive gauche du Fleuve Casamance où ils fondèrent un endroit qui est aujourd’hui devenu le village d’Affiniam. Un groupe de pionniers, issu de ces vagues migratoires pousse plus avant sa marche vers le Nord où ils créèrent le village de Thionck-Essyl qui signifie « s’accroupir pour cuisiner », et par référence à leur village d’origine, Essyl. Cette zone se présentait comme propice à la cueillette d’huitres (c’est ce qui explique aujourd’hui l’omniprésence des traces de la récolte des huitres avec des amas coquilliers sur la frange côtière de Niaganane jusqu’à Kamanar en passant par Batine), à la chasse mais aussi et surtout, à la riziculture et à la pêche au harpon. Cependant, les récits sur l’origine du nom Thionck-Essyl, sa découverte, le premier lieu par lequel les ancêtres du village ont débarqué continuent de faire un débat jusqu’à présent, faisant l’objet de polémique entre les orateurs des différents quartiers de la Commune. Pour certains, c’est par Batine que les premiers occupants ont débarqué et pour d’autres, c’est par Niaganane. Mais c’est aux questions : Comment le village de Thionck-Essyl a été découvert ? Par qui ? D’où vient le nom Thionck-Essyl ? Que Cheikh Abba Badji (né en 1922), notable dans le quartier de Batine (Ouest de la ville) répond sans hésitation que selon son père : un des migrants en provenance d’Essyl, venus pêcher dans les eaux environnantes de l’actuelle Commune de Thionck-Essyl a alors découvert « GAATHIONG » (une vaste rizière peuplée de riz sauvage) sur la plaine côtière qui s’étend entre le débarcadère de Bah et Balankine (sous-quartiers de Batine). La grande étendue de cette rizière et la bonne qualité du sol l’on poussé à informer et à convaincre ses compagnons sur la nécessité d’occuper ce nouveau site. Ce pionnier, dit-il s’appellerait Adiogane Diatta et sa femme, Assékol. C’est lui qui, après avoir débarqué avec ses pairs décida d’aller faire un tour sur le site. Lorsqu’il arriva dans cette grande étendue de rizière sauvage, il trouva un petit cours d’eau limpide, puis s’accroupit près de sa berge, prit de l’eau de ses deux mains et la goutta pour mesurer sa teneur en sel. Cette source indique que c’est de cette manière que cet homme est parvenu à se rendre compte que cette eau trouvée sur place était douce, de bonne qualité ; d’où la nécessité d’y cultiver. Ensuite, après cette expérience qui l’a permis d’apprécier la nature de l’eau, il retourna en informer ses compagnons pour qu’ils viennent s’installer et cultiver cette rizière. C’est ainsi qu’ils décidèrent de venir occuper le site pour le cultiver. Le nom « Athiong » désignerait cette vaste étendue de rizière découverte à Batine par nos ancêtres en provenance d’Essyl dans le royaume de Bandial. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle certains considèrent le débarcadère de Balankine comme étant le plus ancien de Thionck-Essyl. Selon ce notable, le nom « Thionck-Essyl » proviendrait des termes suivants : « Athiong » qui désigne cette grande rizière et « Essyl », cette entité du royaume de Bandial d’où sont originaires les ancêtres des habitants de l’actuelle Commune de Thionck-Essyl. D’après ce notable, si jusqu’ à une époque plus ou moins récente (certains parlent de 1950), les ancêtres de Thionck-Essyl sacrifiaient à la tradition en se rendant chez « Ayi »25 à Essyl Bandial pour faire des offrandes afin qu’il pleuve, c’est parce qu’en raison du fait que les origines des ancêtres de l’actuelle Commune Thionck-Essyl sont liées à Bandial. Ce fut une tradition, précise-t-il, où quand il ne pleut pas tous les quartiers de Thionck-Essyl déléguaient des membres sous la houlette de Batine pour se rendre en pirogues, à l’approche de l’hivernage auprès du fétiche.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I – Contexte et justification
1 – contexte
2- JUSTIFICATION
II – Problématique
1 – Cadre théorique
2 – ANALYSE CONCEPTUELLE
3 – CADRE OPERATOIRE
3.1 – Objectifs de l’étude
3.1.1-Objectif général
3.1.2-Objectifs spécifiques
3.2 – Hypothèse principale
3.3 Hypothèses secondaires
III- LA METHODOLOGIE
1- La revue documentaire
2. LE TRAVAIL DE TERRAIN
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE THIONCK_ESSYL : UNE COMMUNE EN TRANSITION URBAINE
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA COMMUNE DE THIONCK_ESSYL
I.1 SITUATION ET LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
I.2 L’ORGANISATION ADMINISTRATIVE DE LA COMMUNE DE THIONCK -ESSYL
I.2.1 Le conseil municipal
I.2.2 L’administration technique
I.3 LE DECOUPAGE ADMINISTRATIF ET OCCUPATION DE L’ESPACE DE LA COMMUNE DE THIONCK_ESSYL
I.3.1 Le quartier de Batine
I.3.2 Le quartier de Daga
I.3.3 le quartier de Kamanar
I.3.4 Le quartier de Niaganane
CHAPITRE II : LE CADRE HUMAIN
II.1- LE PEUPLEMENT DE LA COMMUNE DE THIONCK_ESSYL
II.1.1- Un peuplement historique
II.2.- EVOLUTION DEMEOGRAPHIQUE DE LA COMMUNE DE THIONCK_ESSYL
II.3 LA STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE DE LA COMMUNE
II.3.2 Structure matrimoniale
II.3.3 La composition ethnique et religieuse
III-LES ACTIVITES ECONOMIQUES
1- L’agriculture
2-L’élevage
3-La pêche
4- Les autres activités
DEUXIEME PARTIE : NIVEAU D’EQUIPEMENT ET ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE THIONCK-ESSYL
CHAPITRE I : NIVEAU D’EQUIPEMENT ET ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE THIONCK-ESSYL
I.1. LA SITUATION EN TERMES D’EQUIPEMENTS SCOLAIRES ET ACCES A L’EDUCATION
I.1.1 Situation en termes d’équipements scolaires dans la Commune de Thionck-Essyl
I.1.1.1 Au niveau de l’enseignement primaire
I.1.1.1.1 L’école primaire de Niaganane
I.1.1.1.2 L’école primaire de Kamanar
I.1.1.1.3 L’école primaire de Daga
I.1.1.1.4 L’école primaire de Batine
I.1.1.2 Au niveau de l’enseignement moyen
I.1.1.2.1 Le CEM de Thionck-Essyl
I.1.1.3 Au niveau de l’enseignement secondaire
I.1.1.3.1 Le lycée public de Thionck-Essyl
I.1.1.3.2 La structure d’ENTRE-AIDE SCOLAIRE de Thionck-Essyl (ESTESL)
I.1.1.3.3 ACAPES Thionck-Essyl
I.1.1.3.4 Elite School
I.1.2 ACCES A L’EDUCATION
I.1.2.1 LES TYPES D’ETABLISSEMENTS FREQUENTES PAR LES ENFANTS
I.1.2.2.LA SCOLARISATION DES ENFANTS
I.1.2.3 L’ACCESSIBILITE AUX STRUCTURES SCOLAIRES
I.1.2.4 NIVEAU DE SCOLARISATION DES ENFANTS
I.2 SITUATION EN TERMES D’EQUIPEMENTS SANITAIRES ET ACCES A LA SANTE
I.2.1 Situation en termes d’équipements sanitaires
I.2.1.1 Le Poste de Santé
I.2.1.2 Le Centre de santé
I.2.2 L’ACCES AUX SOINS DE BASE
I.2.2.1 LES TYPES DE SOINS PRATIQUES DANS LA COMMUNE
I.2.2.2 LES MOYENS DE TRANSPORT ET LE TEMPS D’ACCES AUX LIEUX DE SOINS
I.2.2.3 LE JUGEMENT DU COUT DE LA SANTE
I.2.2.4 LA QUALITE DES SOINS DANS LA COMMUNE
I.3 SITUATION DANS LE DOMAINE DE L’HYDRAULIQUE ET ACCES A L’EAU POTABLE
I.3.1 Situation dans le domaine de l’hydraulique
I.3.2 L’ACCES A L’EAU POTABLE
I.3.2.1 LES SOURCES D’APPROVISIONNEMENT DE LA POPULATION EN EAU
I.3.2.2 L’ACCESSIBILITE PAR RAPPORT AUX POINTS D’APPROVISIONNEMENT
CHAPITRE II : LA SYNTHESE DES PROBLEMES
I. LES PROBLEMES LIES A L’ACCES A L’EDUCATION
I.1 Les insuffisances au niveau de l’enseignement élémentaire
I.2 Les insuffisances au niveau de l’enseignement Moyen
I.3 Les insuffisances au niveau de l’enseignement secondaire
II. LES PROBLEMS LIES A L’ACCES A LA SANTE
III. PROBLEMES LIES A L’ACCES A L’EAU POTABLE
TROISIEME PARTIE : LE ROLE DES ACTEURS DANS L’ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE THIONCK-ESSYL
CHAPITRE I : LE ROLE DE LA MUNICIPALITE DANS l’ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE THIONCK-ESSYL
I. Le rôle de la municipalité de Thionck-Essyl dans l’accès à l’éducation
II. Le rôle de la municipalité de Thionck-Essyl dans l’accès à la Santé
III. Le rôle de la Municipalité de Thionck-Essyl dans l’accès à l’eau potable
CHAPITRE II : LE ROLE DE L’ETAT DANS L’ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE THIONCK-ESSYL
I. Le rôle de l’Etat dans l’accès à l’éducation dans la commune de Thionck-Essyl
II. Le rôle de l’Etat dans l’accès à la santé dans la commune de Thionck-Essyl
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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