AAA, une structure menant des projets atypiques

AAA, une structure menant des projets atypiques

« L’Atelier d’Architecture Autogérée (AAA) est une plate-forme collective de recherche et d’action autour des mutations urbaines et des pratiques culturelles, sociales et politiques émergentes de la ville contemporaine. Créé en 2001, AAA fonctionne à travers un réseau inter et extra disciplinaire ouvert à de multiples points de vue : architectes, artistes, étudiants, chercheurs, retraités, politiques, chômeurs, militants, habitants et tous usagers concernés. Ils proposent des « tactiques urbaines» pour accompagner les microprocessus locaux dans les milieux urbains où les décisions sont prises au nom d’intérêts économiques privés et de mécanismes politiques centralisés inadaptés aux mobilités territoriales actuelles : globales, informelles, multiculturelles. L’expérimentation se situe du côté de la réappropriation des espaces urbains délaissés et la création de nouvelles formes d’urbanité par des aménagements réversibles, des pratiques du quotidien, par l’implication des habitants et des usagers en tant que porteurs de différents savoirs faire. Plus accessibles, ces espaces constituent un potentiel d’expérimentation urbaine et d’exploration à rebours de l’accroissement de la densité et du contrôle.

La démarche consiste à critiquer pour libérer le désir d’agir mais aussi à rassembler des compétences partagées et des dynamiques collaboratives pour aller plus loin. En valorisant la position d’habitant et d’usager comme condition politique, le développement des outils d’appropriation symbolique des espaces de proximité et le renforcement du pouvoir de décision et d’action des acteurs de terrain dans la ville est possible. Ces outils incluent des réseaux trans-locaux, des processus catalyseurs, des architectures nomades, des espaces autogérés, des plates-formes de production culturelle…

L’« architecture autogérée » provoque des agencements de personnes, de désirs, de manières de faire… Ces mises en relation ne sont pas toujours consensuelles, le rôle de l’architecte étant aussi de construire à partir des confrontations et d’accompagner des productions subjective. Une telle architecture ne correspond pas à une pratique libérale, ne passe pas par des contrats, bâtiment après bâtiment ; elle s’inscrit dans des nouvelles formes d’association et de collaboration, basées sur des échanges et des réciprocités tant avec les habitants qu’avec les institutions intéressées, à quelque échelle qu’elles se situent. Cette architecture est à la fois politique et poétique car elle est d’abord une « mise en relation entre des mondes»».

ECObox

« Le projet s’inscrit dans le quartier enclavé de La Chapelle au Nord de Paris (18e arrondissement), en manque d’espaces publics et d’équipements de proximité. C’est aussi un quartier populaire habité par des gens d’origines diverses. Le « réseau d’éco-urbanité » vise l’appropriation par les habitants des délaissés urbains et leur mise en réseau en tant qu’espaces autogérés. ECObox, le pôle fédérateur du réseau d’éco-urbanité a commencé à fonctionner en 2002, étant porté actuellement par un réseau «trans-local » incluant habitants, architectes, artistes, enseignants, activistes, chercheurs, étudiants… sous la forme d’une association. Cette dynamique émane donc d’un engagement d’un petits groupes de personnes à sa base, et est à la « portée de tout le monde » au sens ou c’est une initiative « habitante ». ECObox fonctionne à la fois comme un lieu de jardinage, de croisement social et culturel, comme un équipement flexible et de préfigurations d’usages à venir, comme un « générateur urbain ». Il est équipé d’un plateau démontable et transportable de jardins partagés (construit avec des matériaux recyclés) et d’une série de modules mobiles (cuisine urbaine, établi outils, bibliomobile, médialab…) .

Ces micro dispositifs peuvent être installés temporairement dans différents espaces du quartier, créant des situations de rencontre et pouvant servir de support aux différents projets portés par les habitants et le réseau de collaborateurs.

ECObox organise des ateliers de production culturelle trans-locale et des évènements périodiques : un laboratoire d’urbanisme participatif, des projections avec débats, des cuisines croisées, des ateliers média recyclés… Le jardin ECObox a démontré sa capacité de mobilité lors d’un premier déménagement et une reconfiguration sur un nouveau site ».

PEPRAV, un projet de réseau européen

Le projet de Plate-forme Européenne pour des Pratiques et des Recherches Alternatives sur la Ville (PEPRAV) articule le travail de quatre équipes différentes («activateurs » de la plate-forme) qui mettent en commun leurs expériences dans des contextes urbains différents (Paris, Sheffield, Bruxelles, Berlin), leurs réseaux, leurs méthodologies et leurs pratiques impliquant des publics appartenant à des diversités culturelles et sociales. La plate-forme se définit par le travail de collaboration en réseau, le projet visant à mettre en place une structure et donner une forme durable  cette collaboration. Ce projet s’inscrit dans un contexte européen qui nécessite d’être définit puique celui-ci justifie, en partie, la mise en place de cette plate-forme. La culture européenne a toujours été définie par sa diversité, par des échanges permanents entre la tradition et la modernité, par des pratiques quotidiennes et des milieux urbains stratifiés au long de l’histoire. Cette diversité des espaces et des pratiques urbaines subit actuellement de multiples pressions :
– une uniformisation des modes de vie et des types d’espaces urbains suite aux phénomènes de mondialisation
– une présence de plus en plus importante de populations ayant un autre rapport avec le patrimoine culturel européen étant porteurs d’autres traditions culturelles (Afrique, Asie, Europe de l’Est, etc.)
– des usages détournés pour des critères exclusivement touristiques dans les villes européennes ayant un patrimoine urbain.

Prenant en compte ces changements, le projet propose un travail de terrain situé au sein de multiples dynamiques urbaines hétérogènes (dynamiques issues des nouvelles populations présentes en Europe, des cultures urbaines émergentes récentes, usages interstitiels, des phénomènes culturels et sociaux locaux, formes collectives d’appropriation de l’espace urbain, etc.) et, à la fois, un travail de réflexion théorique pour développer de nouveaux outils de compréhension et d’analyse adaptés à ces mutations. Le projet contribue à la création de liens entre le patrimoine culturel européen et les nouvelles populations (structurées par des affinités générationnelles, communautaires, culturelles, etc.) dont la sphère d’action est limitée artificiellement par des mécanismes de production spatiale urbaine stéréotypés et normatifs. En luttant contre les phénomènes de ghettoïsation, le projet essaie de créer des conditions pour un dialogue interculturel à travers des objectifs communs : mettre en valeur une richesse culturelle qui, par une mauvaise gestion et à moyen terme, peut devenir une « source de conflit ». Le projet propose d’accompagner et de favoriser l’apparition de nouvelles valeurs et micro-dynamiques culturelles urbaines partagées par des milieux sociaux hétérogènes et trans-locaux et que les initiateurs du projet définissent comme un patrimoine culturel dynamique, interstitiel et qui contribuera, de plus en plus, à la future identité culturelle européenne. Parallèlement, le projet propose d’analyser les mécanismes institutionnels qui peuvent permettre, ou bloquer, l’apparition de cette nouvelle identité culturelle européenne et de proposer des solutions pour une meilleure flexibilité des structures administratives urbaines. À moyen terme, le projet veut générer une structure transnationale, rhizomatique et à géométrie variable capable d’observer, étudier et activer par des savoirs (faire) spécifiques les micro dynamiques urbaines, temporaires, alternatives, informelles, et qui ont la capacité de générer une urbanité hétérogène. La méthodologie et la stratégie du projet sont basées sur une implication multiple : action, recherche et communication (diffusion interculturelle). Les principaux objectifs qui ont été identifiés et qui définissent la stratégie du projet sont :
– développer une méthodologie immersive permettant une connaissance des micro-phénomènes urbains temporaires, émergents, non-européens, par leurs mécanismes intérieurs et en tant que co-partenaires ; usage des techniques d’appropriation réciproque des projets et des différentes dynamiques locales (co-organisation d’évènements, résidences, expertises réciproques) ; permettre une connaissance adéquate des nouveaux phénomènes urbains européens (mobilités, pratiques alternatives, occupations temporaires, usages interstitiels, etc.) par des étapes d’observation, notation et analyse contextualisées (reportages, cartographies, etc.)
– contribuer à une visibilité spécifique, trans-locale et interculturelle de l’urbanisme informel, temporaire, interstitiel, etc. par l’implication permanente des porteurs de  ce type de dynamiques (séminaires collectifs, site web)
– développer des stratégies participatives adaptées à l’hétérogénéité des acteurs locaux et aux directions et méthodes d’intervention dans chaque contexte (ateliers, séminaires, débats) ; initier des pratiques pédagogiques participatives comme tactiques transversales de dialogue interculturel et intersocial (horizontal) et transdisciplinaire (vertical, entre le monde académique et les réalités de terrain) ; favoriser les échanges et les pratiques interculturelles et intersociales urbaines (projets, dynamiques, diffusions, etc.)
– assurer une structure permanente (immersive-participative, mobile et à géométrie variable) pour les pratiques, recherches et médiations (post-production) d’urbanisme alternatif (PEPRAV) ; cette structure devrait assurer, par l’utilisation des nouvelles technologies de communication dynamiques (documents réalisés avec des langages comme SPIP, wiki, etc.), une présence en ligne (sur le web) permettant une auto évolutivité permanente.

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Table des matières

Remerciements
Introduction
PARTIE 1 : PRÉSENTATION GÉNÉRALE
I – AAA, une structure menant des projets atypiques
II – ECObox
III – PEPRAV, un projet de réseau européen
PARTIE 2 : LE PROJET SAINT BLAISE
I – Présentation du quartier Saint Blaise – Porte de Montreuil
II – Un projet pour le 56 rue St Blaise
III – Mon rôle au sein de AAA
Conclusion
Bibliographie

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