Revue de litterature du secteur informel

Le secteur informel est l’ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge de la législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent à la Comptabilité Nationale. Autrement dit, c’est l’ensemble des activités qui échappent à la politique économique et sociale, et donc au moins partiellement à la régulation de l’État. Durant la révolution industrielle soit en 1970, les travailleurs alternaient entre période d’emploi et de non emploi à cause des crises cycliques. Une part de la population non intégrée dans le secteur formel s’est alors orientée automatiquement vers l’auto-emploi pour survivre. L’Afrique a fréquenté le même phénomène entre les années 50 à 80. Quant à Madagascar, la grande île a connu une crise économique en 2009 à cause des troubles politiques. Ce choc a conduit plusieurs entreprises à fermer leur porte ou à se réfugier dans l’informel.

REVUE DE LITTERATURE DU SECTEUR INFORMEL

Keith Hart fut le premier à employer l’expression «secteur informel » en 1970. Elle a ensuite été vulgarisée depuis le fameux « rapport de Kenya » en 1972 avec les premiers travaux du Programme mondial de l’Emploi entrepris par le Bureau international du Travail (BIT) Lors de ce rapport du Kenya, sept critères ont été retenus par le BIT pour caractériser le travail dans le secteur informel : la facilité d’accès aux activités ; l’utilisation de ressources locales ; la propriété familiale des entreprises ; l’échelle restreinte des opérations ; l’utilisation de techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ; des qualifications qui s’acquièrent en dehors du système scolaire officiel ; des marchés échappant à tout règlement et ouverts à la concurrence.

DOGMES THEORIQUES : APPROCHE DUALISTE

Au milieu des années soixante-dix, un pionnier de l’économie du développement, l’économiste Arthur Lewis, employait le registre de « sous-emploi » pour qualifier l’informalité dans ses travaux en 1954 .

Arthur Lewis considère que le sous-développement est causé par le dualisme de l’économie des pays pauvres. Deux secteurs coexistent au sein de ces économies:
➜ Un secteur moderne, capitaliste, qui est la source d’une accumulation et de gains de productivité
➜ Un secteur traditionnel, de subsistance, qui pèse sur le secteur moderne à cause de faible gains de productivité. En effet, ce secteur monopolise la main-d’œuvre disponible et empêche le secteur moderne de se développer du fait de surplus de main-d’œuvre agricole .

Chez Lewis, le secteur traditionnel était rural et libérait peu à peu sa main d’œuvre excédentaire selon les besoins de l’industrie urbaine. Dans les années soixante, de nombreux économistes du développement partirent de la constatation que la migration a des causes plus proprement agricoles que industrielles, et qu’il n’y a aucune coordination entre les flux migratoires et l’absorption des migrants dans l’industrie. Il se forme alors un secteur « transitionnel » ou « informel » à côté de l’économie officielle, qui permet la survie d’une partie de la population par la distribution de revenus grâce à des activités dissimulés ou illégales, une masse d’urbains pauvres en attente d’un emploi. Selon les principes de l’économie néoclassique, ayant de bas revenu, ils ont une faible productivité, et sont considérés comme sous-employés puisque leur productivité est très inférieure à celle des travailleurs de l’économie informelle (ce qui peut être choquant quand certains travaillent en moyenne plus de 70h par semaine). Cette idée de sous emploi joue, bien sûr, un rôle de légitimation des bas revenus dans ces activités, et ce encore très fortement dans les années quatre-vingt-dix.

La solution est de transférer ce surplus de main d’œuvre du secteur traditionnel dans le secteur moderne où la productivité est croissante, afin de dégager des taux de profits croissants et donc un taux d’épargne suffisamment important pour lancer le processus d’industrialisation. Lewis pense donc que le processus du développement se déroulera par la rupture du dualisme.

Le modèle de Todaro (1969) 

Todaro succède le dualisme de Lewis. Todaro part de l’hypothèse que le migrant est un individu rationnel et qu’il décide de migrer ou non selon le différentiel de salaires entre sa zone de départ et celle d’arrivée, ainsi que selon la probabilité de trouver un emploi dans la zone d’arrivée. La migration est donc une réponse au différentiel de salaire espéré et non pas observé comme dans le modèle de Lewis. Concrètement, cela signifie que le migrant envisage toutes les possibilités d’emploi qui s’offrent à lui tant en milieu rural qu’en milieu urbain et choisit de migrer si les gains nets (en terme de revenu) attendus de la migration sont positifs. Ces gains attendus se mesurent par différence entre les rémunérations réelles en milieu urbain et en milieu rural, en tenant compte de la probabilité de trouver un emploi en ville. Sous cette hypothèse, il est possible d’expliquer l’existence de flux migratoires des zones rurales vers les zones urbaines en dépit du fait que les régions urbaines soient souvent caractérisées par des pénuries d’emploi.

Cas pratique 

À titre d’exemple, considérons un travailleur peu qualifié qui a le choix entre rester en milieu rural, où il gagne un revenu réel annuel moyen de 50 unités, et aller en ville où, compte tenu de ses qualifications, il peut gagner 100 unités. En ne retenant que le différentiel de salaire entre la ville et la campagne comme motif de migration, il est clair que l’individu choisira de migrer. C’est ce que prédit le modèle de Lewis. Mais si la situation prévalant en ville est une situation de sous-emploi, il est vraisemblable que l’individu devra attendre un certain temps avant de trouver un emploi. Si la probabilité de trouver un emploi au cours d’une année est de 20 %, le revenu urbain espéré n’est plus que de 20 unités et l’individu n’aura alors guère d’incitation à migrer. Comme le fait toutefois remarquer Todaro, « si le migrant anticipe une probabilité relativement faible de trouver un emploi régulier à la période initiale mais s’attend à voir augmenter cette probabilité au cours du temps puisqu’il peut élargir ses contacts urbains, il sera toujours rationnel pour lui de migrer même si le revenu urbain anticipé pour la période initiale est inférieur au revenu rural attendu » (Todaro, 1976, p. 367). Le modèle proposé par Todaro a plusieurs implications. Il suggère tout d’abord que les jeunes ont une plus forte propension à migrer que les individus plus âgés. Il suggère ensuite que le capital humain d’un individu (fonction de son niveau d’instruction et de son expérience professionnelle) favorise la migration, puisqu’il accroît le salaire attendu et la probabilité de trouver un emploi. La présence d’un réseau d’anciens migrants dans la région d’accueil peut également jouer un rôle important, en augmentant pour le migrant la probabilité d’une embauche rapide. Il découle de ces propositions que les individus d’une même région ou d’un même pays n’ont pas les mêmes incitations à migrer.

Le modèle suggère enfin que la réduction du gain net anticipé par les candidats au départ constitue le seul moyen, pour les autorités politiques, de freiner les mouvements de population entre régions ou entre pays.

APPROCHE LIBERALE OU LEGALISTE DU SECTEUR INFORMEL

L’approche « légaliste » considère que le secteur informel est constitué de microentrepreneurs qui préfèrent opérer de manière informelle pour échapper à des régulations publiques jugées asphyxiantes. Cette approche libérale tranche avec les deux précédentes, dans la mesure où le choix de l’informalité est volontaire et lié aux coûts excessifs de légalisation associés au statut formel et à l’enregistrement. Selon les tenants de cette approche, le développement de l’informel serait un bon exemple d’économie ultralibérale :

des millions de gens se débrouillent en marge de toutes aides de l’Etat. Le secteur informel serait aussi une économie hyper flexible, produisant son propre droit, capable de s’ajuster et d’être un formidable régulateur social face aux crises économiques. Le secteur informel pourrait donc se définir comme, « une revanche des lois éternelles du marché et de la rationalité économique contre le carcan de l’économie officielle étatisée » [LATOUCHE, 1989, p. 229]. En effet, les libéraux, à l’instar de l’économiste péruvien Hernando DE SOTO (1987), estiment qu’il y a une économie informelle en raison d’un excès de lois et d’exigences administratives résultants d’un Etat omniprésent et tout puissant. DE SOTO mène son analyse sur le secteur informel de Lima au Pérou à partir de simulation de création d’entreprise dans un cadre formel et informel. Supposant des entrepreneurs rationnels et calculateurs, il admet que ceux-ci effectue leur choix, en fonction du coût de la légalité (différence entre les coûts de fonctionnement de l’entreprise supportés dans le formel et ceux supportés dans l’informel). Or les coûts de la formalisation sont prohibitifs (coûts et délais de constitution, coût administratif, fiscaux et du travail) par rapport à ceux de l’informalité (dépense pour éviter les sanctions, production en plusieurs locaux, marchés fermés, limitation de la publicité…). Ceci explique alors que de nombreux entrepreneurs fassent le choix de l’informel. DE SOTO, à l’instar des partisans du néolibéralisme, préconise alors « une réforme en profondeur du système législatif et administratif afin de libérer les initiatives et le potentiel économique que recèlent les micro-entreprises » [MALDONADO, 2000, p.1].

POLITIQUE D’ACCOMPAGNEMENT : L’approche néolibérale ou la « formalisation par le bas » 

L’approche des institutions internationales, qui s’inscrit clairement dans une optique néolibérale, va à partir de 1986 changer d’orientation et assigner au secteur informel un double rôle, à la fois social et économique. Selon les partisans de cette approche, le secteur informel jouerait un rôle de substitution de l’emploi informel à l’emploi formel [HUGON, 1991]. Dès lors apparaît une nouvelle conception de la politique de formalisation .

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE DU SECTEUR INFORMEL
SECTION I : DOGMES THEORIQUES
SECTION II : APPROCHE LIBERALE OU LEGALISTE DU SECTEUR INFORMEL
SECTION III : APPROCHE MARXISTE OU STRUCTURALISTE DU SECTEUR INFORMEL
CHAPITRE II : ANALYSE EMPIRIQUE : ETUDE DE CAS DE MADAGASCAR
SECTION 1 : OBSERVATION
SECTION 2 : IMPACTS DU SECTEUR INFORMEL SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
CHAPITRE III : DEBATS THEORIQUES
SECTIONS I : LES DIFFERENTES TYPES DE POLITIQUES
SOUS-SECTION I : POLITIQUE DE FORAMILSATION DU SECTEUR INFORMEL
SOUS-SECTION II : POLITIQUE DE SOUTIEN A LA FORMALISATION
SECTION II : PISTES DE RECOMMANDATIONS
SOUS-SECTION I : AMELIORATION DE L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES
SOUS-SECTION II : ACTION SUR L’OFFRE
CONCLUSION

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