Le paysage dans l’action publique en France : les enjeux de l’élargissement de l’action paysagère à de nouvelles échelles territoriales

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Les enjeux de la participation du public à la gouvernance du paysage

Si la formulation des objectifs de qualité paysagère issue de la CEP a bien été introduite dans le Code de l’Urbanisme et rendue obligatoire dans l’élaboration des PADD et des SCOT par la loi pour l’accès au logement et à un urbanisme rénové (ALUR, 2014), ainsi que dans le Code de l’Environnement par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages (2016), la formule « aspiration des populations » de la CEP n’a pas été relayée par le législateur » (Davodeau, 2020). Cette citation souligne un décalage entre les discours institutionnels et les pratiques des acteurs autour de la participation de la population à la gestion, l’aménagement et la protection des paysages.
La littérature souligne en effet, dans de nombreux cas d’étude, les difficultés de la participation citoyenne aux prises de décision et aux négociations à l’échelle opérationnelle (Davodeau, 2009; Davodeau et Toublanc, 2010; Conrad et al., 2011; Jones et Stenseke, 2011; Stenseke et Jones, 2011). Un décalage est manifeste entre le texte même de la CEP et le rapport explicatif de la convention sur le sujet (Conseil de l’Europe, 2000b). La CEP fait de la perception des populations un élément clé de la définition du paysage, alors que le comité d’experts à l’origine du rapport explicatif de la CEP recommande d’évaluer les paysages sur la base de critères plus objectifs pour ensuite les comparer avec les visions de la population (Olwig, 2007). Dès lors, les outils de caractérisation et d’évaluation des paysages se concentrent d’abord sur les visions des experts, réduisant le rôle du public.
Comme souligné plus haut, l’analyse des représentations sociales est ainsi souvent absente des atlas de paysages ou limitée à des références d’œuvres artistiques et d’analyses de fonds iconographiques (Bédard, 2009; Guittet et Invernizzi, 2021). Davodeau (2009) souligne, en outre, que l’élargissement de l’échelle de ces études pose des difficultés méthodologiques. Les enquêtes nécessaires à l’intégration du point de vue des habitants dans les outils de l’évaluation paysagère sont trop difficiles à mener du point de vue des acteurs, sur des territoires aussi vastes que ceux demandés dans les politiques publiques. Les atlas français ont donc peu déployé cette démarche, certains cas faisant néanmoins exception, notamment dans les Outre-mer français.
Dans l’Atlas des paysages de Mayotte (Collectivité départementale de Mayotte et al., 2007), plutôt qu’une analyse des références artistiques, c’est davantage l’organisation de la société mahoraise, les pratiques, les traditions et coutumes, les croyances religieuses et spirituelles qui sont mises en évidence dans l’atlas. Celui-ci est par ailleurs complété par une deuxième étude (DEAL Mayotte, 2013) qui met en relation dans une partie du document les représentations des acteurs institutionnels avec celles des populations, à la suite d’entretiens menées avec des élus, des techniciens, des associations et des habitants de l’île sur leur définition du paysage, les paysages aimés et non aimés, ou encore les actions déployées sur les paysages. Dans l’Atlas des paysages de l’archipel de Guadeloupe, une enquête a été menée pour comprendre « les perceptions et les usages » du paysage sur le territoire, à travers la mise en place d’un questionnaire auprès de 600 personnes, d’entretiens individuels avec une quinzaine de personnes et d’entretiens collectifs (Conseil Régional Guadeloupe et DEAL Guadeloupe, 2011). Dans l’Atlas des paysages de Guyane, l’analyse d’œuvres artistiques (poèmes, peintures) est utilisée pour décrire la relation des Guyanais aux paysages et sert à montrer la nécessité de prendre du recul sur le paysage en tant que « concept fondamentalement occidental » (Vu d’ici et Aruag, 2007) dans une société pluriethnique. L’analyse des modes d’habiter et des coutumes des populations est ainsi mise en évidence.
Ces approches restent minoritaires et s’inscrivent sur des territoires marqués par une relation au paysage qui dépasse le « regard paysager » et s’inscrit dans un rapport immersif, polysensoriel et intime à leur environnement (Benoît, 2012; Longépée et al., 2019). Tout l’enjeu reste l’intégration de ces enseignements dans les pratiques d’aménagement. A de telles échelles se pose la question de savoir comment faire discuter ces représentations avec celles d’autres acteurs, d’autant qu’à des échelles plus « locales », certains auteurs montrent que la participation du public se réduit à la mise en place de procédures d’information et de consultation qui ne permettent pas réellement d’impliquer les populations dans la construction et les prises de décision des projets (Davodeau et Toublanc, 2010). Or, la connaissance et l’intégration des valeurs projetées sur les lieux peut favoriser une plus grande appropriation de ces derniers. Certaines démarches participatives déployées dans la gestion intégrée des risques côtiers montrent par exemple que l’intégration des savoirs locaux et des ressentis des populations, à travers le déploiement d’observatoires participatifs, favorise une gestion de l’espace littoral socio-culturellement acceptable (Allenbach et al., 2016).

De la perception aux représentations sociales du paysage, le choix d’un modèle théorique

Nous proposons dans ce second chapitre d’expliciter le cadre théorique dans lequel s’insère notre recherche. L’action paysagère ayant évolué avec le changement de conception et d’appropriation du concept de paysage dans les sphères scientifiques, politiques et sociales, et nécessitant de croiser différents niveaux de représentation, nous clarifions l’apport de la théorie des représentations sociales dans notre étude.
Thème d’étude majeur de nombreuses disciplines en sciences sociales, que ce soit en sociologie, en psychologie, en anthropologie, en géographie, la « représentation » est une catégorie scientifique aux contours qui peuvent être flous, définie de manière différente en fonction des courants de pensée et souvent employée indifféremment dans la littérature avec le concept de perception », ce que souligne notamment Pierre Dérioz (2012): « l’emploi indifférent d’un mot pour l’autre n’est pas rare, et – sans vouloir citer d’exemple – il reste assez courant qu’un chapitre consacré à « l’espace perçu » par une catégorie d’acteurs dresse en réalité un inventaire articulé de leurs représentations d’une problématique et/ou d’un territoire ».
Il s’agit ainsi pour nous de faire un état des lieux des apports disciplinaires sur la question afin d’éclairer notre positionnement et de montrer comment ils contribuent à notre réflexion sur le paysage. Notons que l’intérêt de la communauté scientifique pour ces catégories dans le champ de la recherche sur le paysage est apparu dans les années 1960, dans un contexte d’émergence de conflits entre divers groupes sociaux à propos de projets d’aménagement modifiant le paysage (Luginbühl, 2008). Dans les années 1980, des appels d’offres de recherche sont alors consacrés en France aux représentations sociales et à l’exploration du décalage de celles-ci avec les pratiques sociales. Le chapitre se structure en trois sous-parties à travers lesquelles nous analysons les définitions, les apports et les limites des concepts et des cadres théoriques des différentes écoles et auteurs, l’objectif étant de justifier pourquoi nous avons fait le choix d’inscrire nos travaux de recherche dans le champ de la théorie des représentations sociales telle qu’elle est développée en psychologie sociale, cadre qui nous paraît plus exhaustif conceptuellement et méthodologiquement parlant. Nous analysons trois concepts et leurs apports par rapport à notre recherche : la perception, la sensibilité et la représentation sociale.

L’activité perceptive, un mécanisme sensoriel et cognitif

La psychologie est certainement la discipline qui a le plus analysé les mécanismes de fonctionnement de la perception. Avec les recherches en psychologie cognitive, un relatif consensus s’est notamment construit autour de l’idée d’un processus perceptif complexe, qui mobilise à la fois les capteurs sensoriels de l’organisme mais aussi ses fonctions cognitives. Annick Weil-Barais (1993) affirme ainsi dans ses travaux que la perception, plus qu’une simple transmission d’informations en provenance des sens, procède « de l’enregistrement sensoriel du message à sa mémorisation et sa reconnaissance au niveau perceptif » d’une combinaison de sensations codées, assemblées et organisées dans notre cortex cérébral. Claude Bonnet (2014) définit encore les mécanismes de la perception comme « un ensemble d’opérations réalisées par le cerveau sur les signaux que nos récepteurs sensoriels captent dans l’environnement ». Il montre dans ses recherches que l’activité de percevoir implique des traitements sensoriels, mais aussi des traitements de combinaison et de structuration de l’information, et d’interprétation du réel qui mobilisent des souvenirs et des connaissances acquises et stockées dans la mémoire. En sociologie de l’environnement, Hervé Flanquart (2014) remobilise d’ailleurs ces travaux pour argumenter contre les tenants de la représentation du risque », qui voient dans la perception un simple processus passif. Il considère au contraire à partir des travaux de Bonnet (2014) que le concept pourrait apporter un cadre d’analyse intéressant des comportements des individus exposés à un risque, la perception mobilisant les savoirs, les souvenirs, les émotions et les représentations stockées dans la mémoire. Dans ce cadre, le concept de perception renverrait à différents niveaux de connaissances et de conscience qui, lorsqu’elles sont cohérentes et construites, peuvent être désignés comme des représentations : « le terme perception est plus en adéquation avec la réalité lorsque les rapports au risque – de submersion ou autre – sont surtout infra-conscients, ne s’inscrivent que peu dans les échanges privés et encore moins dans le débat public […] le terme de représentation est plus légitime lorsque l’on évoque des rapports au risque qui possèdent une forte dimension consciente, donnent lieu si ce n’est à un débat public structuré du moins à des échanges soutenus entre individus » (Flanquart, 2014). Cette définition de la représentation renvoie à la manière dont les psychologues sociaux conçoivent la représentation sociale. Elle est, par ailleurs, réappropriée par certains chercheurs (Joffe, 2005) pour critiquer la théorie de la perception du risque qui se focaliserait essentiellement sur les processus cognitifs individuels sans prendre en compte le contexte social dans lequel s’inscrivent les individus. Contrairement aux travaux développés dans le champ de la recherche sur le risque, on ne distingue pas de courants de pensée aussi distincts autour de ces deux concepts dans les travaux sur le paysage. Le concept de perception est davantage employé dans la littérature anglo-saxonne que francophone. Les travaux sur la perception du paysage s’attachent plutôt à rendre compte des processus d’interprétation individuelle du paysage. Dans leurs travaux sur le Fallopia spp. (espèce invasive) en France, Soraya Rouifed et al. (2018) mènent ainsi une étude sur la perception des paysages à partir de photo-questionnaires, afin d’évaluer l’influence de cette espèce invasive sur l’appréciation esthétique des paysages. Ils distinguent cette approche de l’analyse qu’ils mènent parallèlement des représentations sociales du Falloppia spp. La perception est définie dans ce cadre comme un processus émotionnel et cognitif qui connecte les hommes à leur environnement, influencé par la culture, les savoirs et les croyances des individus. La représentation sociale est définie comme un ensemble de valeurs, d’informations et d’idées partagées par un groupe social, les représentations sociales influençant ainsi les perceptions d’un objet. Néanmoins, plusieurs auteurs ayant défini de manière différente le concept, on constate que dans certaines recherches, ce que recouvre la perception chez les uns renvoie chez d’autres au concept de représentation, ou encore les deux termes sont employés indifféremment sans que soit spécifié les différences, les apports et les limites conceptuelles de chaque concept. Considérant ainsi que la différence entre la perception et la représentation n’est pas toujours très claire, Pierre Dérioz (2012) distingue la perception comme une « appréhension sensible de l’environnement d’abord conditionnée par les aptitudes de nos organes sensoriels », et la représentation comme des « structures mentales complexes et mobiles qui nous constituent en tant que sujets individuels et sujets culturels ». Il mobilise dans un premier temps les travaux des psychologues cités ci-dessus (entre autres) pour définir la perception comme le mécanisme « perceptivo-cognitif » (expression employée par Weil-Barais, 1993) premier et universel à travers lequel les hommes appréhendent la réalité physique et font l’expérience première du paysage. Il souligne que la construction d’une « globalité signifiante »
partir des sensations intervient dans un deuxième temps à l’aide des connaissances acquises et stockées dans la mémoire, des représentations qui permettent l’interprétation des informations issues de la perception sensorielle : « les mécanismes primaires de la perception se trouvent sous l’influence déterminante des images mentales et autres références mnésiques dont l’accumulation dépend de notre culture et de nos expériences précédentes ».
Nous retenons ici la définition suivante de la perception, processus qui mêle dans une constante interaction des données sensorielles ainsi que des caractéristiques structurales et cognitives qui permettent d’organiser la sensation en connaissance, à travers la mobilisation de représentations élaborées dans un contexte social et culturel. La perception renvoie à un processus sensoriel et cognitif universel de l’homme dans l’appréhension de son environnement extérieur et la confrontation avec la matérialité des lieux. Reprenant la définition que donne Dérioz (2012) de l’expérience paysagère : « une expérience fondamentale de saisie par les sens et d’intellectualisation de la complexité environnementale », la perception constitue ainsi le socle premier de cette expérience sensible individuelle qui mobilise tout à la fois des données visuelles, sonores, olfactives, gustatives, tactiles et kinesthésiques dans notre appréhension du paysage (Dérioz, 2012). Le concept paraît ainsi intéressant pour discuter des rapports sensoriels aux paysages et de ce qu’ils disent de l’évolution de l’expérience sensible du paysage. On constate, en effet, que la vue a longtemps été, et est toujours dans une certaine mesure, le sens qui est privilégié dans les recherches en géographie sur le paysage, malgré le développement des travaux sur la multisensorialité du paysage depuis quelques années, qui apportent un nouvel éclairage sur la « sensibilité » à l’œuvre dans la perception du paysage.

La perception multisensorielle du paysage

Le sens de la vue a longtemps été considéré comme le moyen privilégié de faire l’expérience du paysage dans la pensée occidentale. Cette prédominance s’inscrit dans l’histoire même du concept. A la Renaissance, la dimension politique et territoriale du landschaft (première signification du mot paysage développée dans les pays d’Europe du Nord) s’efface en effet au profit d’une signification plus esthétique et picturale du mot paysage, sous l’influence du quattrocento29 italien, relative au contexte d’émergence de la perspective dans le domaine pictural et au développement autonome du thème paysager dans les écoles de peinture, notamment italiennes et hollandaises (Dérioz, 2012; Olwig, 2019). La première apparition du mot « paysage » en français dans le dictionnaire latin-français de Robert Estienne (1549) renvoie ainsi à une peinture représentant une vue champêtre ou un jardin (Roger, 1997; Donadieu et Périgord, 2007). Le paysage apparaît alors indissociable de sa mise en représentation visuelle, qui induit un rapport distancié et contemplatif, encore présent aujourd’hui dans les représentations panoramiques des paysages de cartes postales. De nombreuses théories du paysage développent cette approche, notamment la théorie d’ « artialisation » d’Alain Roger (1997) qui positionne le sujet en tant que spectateur, régi par des modèles artistiques et esthétiques, capable de constituer le pays en paysage à travers son regard contemplatif. L’auteur place ainsi la perception visuelle au cœur de l’expérience paysagère. Outre, la conceptualisation esthétique du paysage, les différents outils et méthodologies déployés dans le champ de la recherche, notamment en géographie, privilégient une approche plutôt mono sensorielle du paysage, à travers l’analyse des images aériennes par exemple ou encore l’usage de la photographie à travers laquelle prédomine le sens de la vue (Luginbühl, 1989; Michelin, 1998).
A partir des années 1980, l’évolution du concept de paysage dans la communauté scientifique et le rapprochement du paysage au cadre de vie dans ses aspects les plus ordinaires au sein des politiques publiques ont permis de faire évoluer l’acception du terme paysage et de dépasser son approche purement contemplative, passive et visuelle. Dans le champ de la recherche, une partie de la littérature s’attache ainsi à repenser et définir le concept. Les travaux en anthropologie, notamment anglo-saxons, ou encore ceux menés sur les ambiances architecturales et urbaines30 en France, explorent et analysent les autres rapports sensoriels à l’espace. Se développent ainsi des approches autour du paysage sonore ou soundscape en anglais (Augoyard, 1995; Tixier, 2003) étudiant les ambiances sonores et le bruit en ville. Le paysage olfactif, smellscape, fait également l’objet de nombreuses recherches, avec notamment des travaux qui s’interrogent sur le rôle des odeurs dans le bien-être en ville (Grésillon, 2004).
Quelques études se sont attachées à explorer le sens du toucher à travers le contact de la peau, ainsi que le mouvement du corps qui font de notre environnement physique un objet inéluctablement tactile : « our physical environment feels ineluctably tactile even though we touch only a small part of it » (Tuan, 2005). De plus rares travaux explorent le sens du goût en lien avec le paysage, « relation la plus difficile à établir et certainement la plus délaissée » (Manola, 2012). On notera que le développement de ces travaux s’inscrit en particulier dans le cadre des recherches sur la ville.
Néanmoins, ces études conservent la tendance à traiter les rapports sensoriels séparément, à l’exception de certains travaux qui étudient les rapports entre deux sens (la vue et l’ouïe, l’ouïe et le goût par exemple)31. Or, si le goût ou encore les odeurs peuvent avoir « un pouvoir de réminiscence » (Bigando, 2006) capable d’évoquer un paysage vécu, il semble bien que les cinq sens ou du moins plusieurs sens à la fois constituent notre rapport au paysage. Dérioz (2012) le souligne : « (…) la photo que j’ai prise ou la carte postale que j’ai ramenée ne me restitue, plus ou moins fidèlement, que ce que j’ai vu. Mais si je fouille dans mes souvenirs, je retrouve aussi des odeurs, des bruits, la sensation du vent sur ma peau, le goût iodé de l’océan sur mes lèvres…
Ainsi, si l’on définit le paysage comme la part sensible de la complexité environnementale, celle accessible à notre perception, il représente bien une ambiance multi sensorielle ».
Dans ses travaux de recherche Théa Manola (Manola, 2012; Manola et Geisler, 2012; Manola et al., 2017;) renouvèlent et développent des outils d’enquête spécifiques pour saisir cette multisensorialité de l’expérience paysagère. Elle élabore un protocole méthodologique permettant la mise en place de « parcours multisensoriels »32 avec les habitants dans les quartiers. Ces outils plus intimistes ont en effet permis aux habitants interrogés de livrer plus facilement leurs sensations et leurs ressentis que dans les entretiens. Si la vue reste le sens prédominant dans l’appréciation du paysage, les résultats de ces recherches montrent aussi que l’opposition historique entre les définitions de paysage (classiquement attaché comme on l’a souligné à l’esthétisme et la primauté de la perception visuelle dans un rapport distancié à ce qui est contemplé) et d’ambiance, renvoyant dans la littérature à l’instantanéité, un rapport immersif et l’usage des cinq sens (Augoyard, 1995; Thibaud, 2001; Manola et Geisler, 2012;) est de plus en plus floue au vue de l’évolution de la conception du paysage. Ils proposent le concept de « paysage multisensoriel » qui serait à l’interface du paysage et de l’ambiance, et permettrait « de prendre en compte la totalité des rapports sensoriels » (Manola et Geisler, 2012).
Ce concept est d’autant plus pertinent dans des sociétés moins occidentalisées où l’évocation des autres sens que la vue dans l’appréhension et l’appréciation du paysage se fait beaucoup plus spontanément. Dans leurs travaux sur les préférences paysagères à Mayotte, Esméralda Longépée et al. (2019) montrent notamment que ce sont parfois les sensations corporelles ainsi que les sonorités de la nature qui priment sur le rapport visuel dans la relation des individus à leur environnement. En comparant les discours des habitants de culture locale et ceux d’origine métropolitaine, elles constatent que la plupart des discours mahorais et comoriens témoignent d’un rapport sensible, intime et immersif à leur environnement qui fait valoir d’autres valeurs que celle du regard paysager. Ces résultats font écho aux travaux de Catherine Benoît (2012) sur le rapport au paysages des habitants de la Grande Rivière en Guadeloupe. Elle souligne de la même manière que les sonorités offertes par la nature ainsi que le sentiment de bien-être priment dans l’appréciation de leur environnement par les Guadeloupéens.
La remise en question de la primauté du sens de la vue, insuffisant à rendre compte de la diversité des rapports sensoriels aux paysages, et le rapprochement entre les notions de paysage et d’ambiance soulignent la possibilité d’un rapport tout autant immersif que visuel au paysage. La perception du paysage ne se réduit pas à un rapport distancié aux paysages remarquables, mais comprend également la pratique d’un paysage ordinaire vécu quotidiennement. Ce vécu du paysage nous intéresse précisément, puisqu’au-delà de réintégrer les cinq sens dans l’expérience paysagère, il met en évidence un rapport sensible au paysage qui n’est pas uniquement sensoriel. Le paysage « serait d’abord de l’ordre de l’expérience vécue, sur le plan de la sensibilité » (Besse, 2010).

De la perception à la sensibilité au paysage (ordinaire)

L’analyse du fonctionnement de l’activité perceptive met en évidence le rôle des données sensorielles dans l’expérience du paysage et les mécanismes cognitifs qui permettent leur interprétation. Les travaux menés sur « le paysage vernaculaire » (Besse, 2003; Jackson, 2003) et le « paysage ordinaire » (Sansot, 1983; Bigando, 2006; Manola, 2012), en mettant l’accent sur la dimension vécu des paysages, montrent que ces rapports sensoriels sont signifiants pour les hommes dans l’expérience qu’ils font des paysages, c’est-à-dire qu’ils sont chargés de sens individuel et social (Manola, 2012). La sensorialité ne suffit pas à expliquer les valeurs attribuées aux paysages, elle ne suffit pas à transformer les lieux et les territoires en paysage. Le vécu et les ressentis, c’est-à-dire les émotions éprouvées font de l’expérience paysagère, une expérience sensible où se manifeste par l’affectivité, des projections identitaires individuelles et des projections partagées collectivement. Ces auteurs ont davantage utilisé et théorisé le concept de sensibilité que celui de perception. Nous mettons en évidence ici ce qui est en jeu dans cette sensibilité aux paysages, permettant de mieux comprendre la demande sociale de paysage.

La part émotionnelle dans l’expérience sensible du paysage : le rôle de l’affectivité

Les recherches menées aujourd’hui sur le rapport des habitants à leurs paysages ordinaires suggèrent, en effet, qu’il y a autre chose, au-delà de la dimension sensorielle, qui se joue dans la relation entre les hommes et les paysages. Les sens sont le vecteur par lequel ils appréhendent les paysages, les voient, les entendent, les sentent et les interprètent, mais ces sensations peuvent les émouvoir, en provoquant des sentiments, « des ressentis liés aux interprétations par l’intellect ou l’inconscient en fonction de ses références personnelles, sociales, culturelles et intellectuelles » (Bailly, 2018). Que ce soit un coucher de soleil qui provoque un ravissement universel – Alexandre Lacroix (2021) souligne l’énigme philosophique que représente l’émotion ressentie devant la beauté de la nature – ou bien encore et surtout l’attachement qu’un individu ressent dans la quotidienneté vis-à-vis de son quartier de naissance, sa ville, ses rues, il y a une « faculté d’éprouver le paysage », sensoriellement et affectivement (Bigando, 2006) qui font de la sensibilité, le cœur de l’expérience paysagère. Nous utilisons le terme sensibilité » tel qu’il est défini dans les travaux d’Eva Bigando (2006) et de Benoît Feildel (2013), à savoir un « rapport psychophysiologique » (Feildel, 2013), constitué d’une dimension sensorielle relevant de la capacité de l’organisme à réagir par les cinq sens, mais aussi d’une dimension psychosociologique, l’affectivité, à travers laquelle l’individu expérimente l’activité sensorielle et éprouve un ensemble d’états dits affectifs, c’est-à-dire des émotions, « des sensations et sentiments éprouvés corporellement, mentalement qui créent un état émotionnel » (Bailly, 2018). La sensibilité mêle ainsi sentis et ressentis, sensations et affects.
Dans la continuité des recherches d’Armand Frémont sur l’espace vécu (1974b), Jean-Marc Besse (2003), Eva Bigando (2006), Théa Manola (2012) et bien d’autres soulignent ainsi la forte part émotionnelle qui se crée entre les hommes et leur territoire dans l’expérience du paysage vernaculaire (Jackson, 2003), autrement dit le paysage vécu, habité (Besse, 2003). Habiter un lieu, c’est y inscrire des habitudes, une manière d’être et de vivre, des pratiques qui se traduisent dans la proximité et l’inscription dans la quotidienneté de l’habitant. Le paysage mis en lien avec les modes de vie révèle ainsi comment l’espace est vécu à travers toute la charge de valeurs que l’homme projette sur celui-ci. « L’expérience du paysage ne consiste pas simplement « percevoir » une série d’objets de telle manière disposés ou un site donné et quelconque, mais à en « éprouver » le pouvoir paysager en soi » (Bigando, 2006). Nathalie Blanc (2010, 2008) dans ses travaux en esthétique environnementale fait de l’habiter « un concept esthétique » au sens où il engage les aspects sensibles et corporels des hommes dans leur relation à l’environnement. « Pour qu’un environnement devienne un espace de vie, il faut que l’habitant ait la possibilité de se l’approprier esthétiquement » souligne-t-elle, c’est-à-dire qu’il y développe des liens sensibles. Elle montre que le paysage n’est pas simplement un objet, mais aussi une perspective qui traduit les modes d’investissement des hommes dans leur environnement (Blanc et al., 2007).

L’apport du modèle de l’attachement au lieu dans la compréhension du rapport affectif au paysage

Dans la littérature anglo-saxonne, un foisonnement de travaux s’est attaché à comprendre la relation des habitants à leurs lieux de vie, en développant les concepts de sense of place (le sens du lieu) et de place attachment (l’attachement au lieu). Le sens du lieu peut se définir comme la traduction spatiale d’un sentiment d’appartenance lié au degré d’implication dans le lieu (Ellery et Ellery, 2019), « a collection of meanings, beliefs, symbols, values, and feelings that individuals or groups associate with a particular locality » (Williams et Stewart, 1998). Il renvoie à la charge affective qui se crée dans un certain contexte social et culturel (Hay, 1998), et à l’ancrage identitaire de certains individus ou groupes à leur territoire. Bien qu’il n’y ait pas eu véritablement d’échanges avec les recherches francophones, ce champ de recherche fait écho au concept de « territorialité », notamment développé par Joël Bonnemaison (1981;1986) pour désigner l’ancrage et l’investissement social et culturel que certains groupes humains peuvent entretenir avec des lieux sur le territoire, et qui se traduit par « une relation affective et culturelle une terre » (Bonnemaison, 1981). Ces recherches mettent l’accent sur la dimension symbolique au cœur de la relation entre les populations et leurs lieux de vie, que Bonnemaison (1981) désignent à travers la notion de « géosymbole » : « un lieu, un itinéraire, un espace, qui prend aux yeux des peuples et des groupes ethniques, une dimension symbolique et culturelle, où s’enracinent leurs valeurs et se conforte leur identité ». Même si les définitions varient en fonction des auteurs, le concept d’attachement au lieu renvoie, lui, généralement aux liens émotionnels qui se créent entre les individus et leur environnement proche : « in general, place attachment is defined as an affective bond or link between people and specific places » (Hidalgo et Hernández, 2001). Il s’agit pour les auteurs de mesurer le degré d’attachement à un lieu et les facteurs qui y contribuent. Peu d’études appliquent ces concepts à proprement parler à une réflexion sur le paysage (landscape en anglais), mais les cadres théoriques proposés dans le champ de la recherche sur l’attachement au lieu sont éclairants pour comprendre le rapport affectif au paysage ordinaire, dans la mesure où celui-ci n’est plus pensé à l’échelle du grand paysage mais au contraire à un échelon local, « échelle d’un lieu qui prend sens pour la société qui y vit et le transforme par ses pratiques quotidiennes » (Luginbühl, 2001).
Leila Scannell et Robert Gifford (2010) développent en particulier un modèle théorique tripartite, le modèle PPP (Person-Process-Place), produit à partir de l’analyse des résultats des différentes études de cas sur l’attachement au lieu. Ce modèle permet de faire évoluer les définitions du concept autour de trois dimensions :
Person (personne) : Qui est attaché et pourquoi ?
Process (processus) : Quels sont les processus psychologiques par lesquels se manifestent cet attachement ?
Place (lieu) : A quoi la ou les personnes sont-elles attachées ?
Les auteurs montrent tout d’abord dans leurs travaux que l’attachement s’opère : à l’échelle individuelle et dépend des expériences personnelles, des souvenirs, du temps passé dans un lieu, ou à l’échelle d’un groupe d’individus qui attribue des significations symboliques aux lieux, en fonction de leur culture, de leur histoire et de leur religion. Les processus psychologiques se structurent autour de (1) l’affect c’est-à-dire de la connexion émotionnelle à un lieu, qui peut faire émerger l’appréciation pour un endroit en particulier, en fonction du bien-être voire du bonheur ressenti de s’y trouver ; (2) de la cognition c’est-à-dire les souvenirs et la connaissance qui participent à la construction d’un lien et de la familiarité avec le lieu. Ces deux dimensions influent sur (3) les comportements, l’attachement s’exprimant à travers certaines actions (volonté de restauration des lieux, volonté de maintenir une proximité avec les lieux).
Enfin, deux dimensions du lieu provoquent l’attachement, une dimension sociale et une dimension physique. La plupart des recherches portent sur la première dimension et montrent l’importance des liens et des interactions sociales (famille, amis, voisinage) dans l’attachement (Hidalgo et Hernández, 2001). Mais certaines études (Stedman, 2006) soulignent également le rôle des caractéristiques physiques d’un lieu, qu’elles soient esthétiques, environnementales, économiques. Elles peuvent créer une relation de dépendance par les ressources ou les aménités que celui-ci apporte. L’attachement au lieu remplit ainsi plusieurs fonctions : une fonction de survie et de sécurité (place dependence) (la dépendance au lieu) et des fonctions identitaires (place identity) (identité par rapport à un lieu). Il peut ainsi amener à grossir et à déformer certains traits qualitatifs d’un endroit et expliquer certaines postures, environnementales par exemple, liées à l’attachement à des caractéristiques physiques du lieu (Stedman, 2006), ou encore jouerait un rôle dans l’explication du syndrome NIMBY33 (Not In My BackYard) (pas dans mon jardin) (Lewicka, 2011).
La multidimensionnalité du modèle théorique de l’attachement au lieu fait ainsi écho aux enjeux soulevés dans la littérature (francophone) sur le paysage. L’attachement n’est pas le seul rapport affectif en jeu dans l’expérience paysagère, mais le modèle permet de comprendre et de discuter des enjeux sous-jacents à « la sensibilité de l’être-habitant à son paysage ordinaire » (Bigando, 2006). En effet, les caractéristiques sociales et physiques des lieux jouent un rôle certain dans la demande sociale de paysage aujourd’hui, qui dépend de l’identification aux lieux et des pratiques qui s’y développent. Elles jouent un rôle dans le rapport émotionnel qui se crée avec les paysages multisensoriels, et interrogent les modes d’habiter et notamment les rapports à la nature dans la vie quotidienne (Luginbühl, 2001). On le voit dans les controverses publiques, la résistance à certains projets d’aménagement (éoliennes, centrales nucléaires, infrastructures de transport) par les habitants relève d’un refus de perdre leur qualité de vie face aux impacts et aux nuisances potentielles de ces projets, mais aussi d’une relation sensible, affective ou identitaire au territoire, qui se traduit par un refus de voir ces lieux changer sans discussion, compromis et implication des populations dans un processus de concertation (Sgard et al., 2018). La sensibilité se déploie tant à l’échelle individuelle (vécu, expérience et souvenirs personnels) qu’à l’échelle collective où le paysage revêt une dimension symbolique et emblématique et devient le support d’un sentiment d’appartenance partagé (Bigando, 2008).

Le rapport identitaire aux paysages

Les valeurs attribuées aux lieux de vie ordinaires sont souvent sous-entendues, et n’ont pas besoin d’être formulées par les habitants (Sansot, 1983; Longépée et al., 2019) parce qu’elles sont en effet imprégnées de dimensions affectives qui renvoient à une appréciation souvent dénuée de qualification esthétique, et témoignent au contraire d’une plus grande proximité avec les paysages, où ceux-ci revêtent une puissante charge identitaire. Dans ses travaux de recherche sur la relation des habitants aux paysages ordinaires, Eva Bigando (2008, 2006) montre ainsi que les dimension affectives et identitaires associées à certains lieux de vie transforment » les lieux en paysages : « [Les discours des habitants] se caractérisent par l’association fréquente, à l’évocation paysagère de leurs lieux de vie, d’un véritable sentiment identitaire. Cela se traduit notamment par la désignation, dans les discours, de référents paysagers auxquels est attribuée une forte valeur identitaire » (Bigando, 2008).
Médiation symbolique qui arrime les individus à leurs espaces vécus » (Méo et al., 2004), le paysage est ainsi le support de projection et d’identification individuelle ou collective, ce que Gilles Sautter (1979) qualifie de relation de « connivence » entre les habitants et leurs lieux de vie. Se construit ainsi un sentiment d’appartenance personnelle, Bigando (2008) parle de l’ « identité je » où le paysage est le support de projections intimes. Corrélativement ou pas à cette identité, peut émerger un sentiment d’appartenance partagé, une identité collective, l’ « identité nous » (ibid.) qui projette sur les paysages des symboles qui font sens pour tout un groupe dans une culture donnée, sous le filtre de croyances religieuses et de valeurs communes, L’expression née sur le continent américain dans les années 1970 et désigne les pratiques sociales d’opposition des résidents à l’implantation ou l’extension de projets (de nature industrielle) dans leur environnement proche en raison des nuisances que provoquent l’emplacement et les infrastructures de ces projets (Maillebouis, 2003) landscape reflects the self-definitions of the people within a particular cultural context » (Greider et Garkovich, 1994).
Les paysages témoignent ainsi de la manière dont les gens vivent, ressentent les choses, s’identifient et se comportent. Ce rapport identitaire qui découle d’une certaine affectivité témoigne du rôle des représentations sociales dans l’expérience paysagère. En effet, les émotions ressenties, les valeurs, les significations et les symboles projetés sur les paysages dépendent des expériences individuelles mais aussi du contexte sociétal, la sensibilité se déployant tant à l’échelle individuelle que collective.
La théorie structurale des représentations sociales : un cadre d’analyse pour questionner l’influence du contexte sociétal dans l’expérience sensible et individuelle du paysage
L’expérience sensible du paysage est ainsi liée à notre système sensoriel et émotionnel déterminée par nos représentations, nos schémas mentaux. Or, la sensibilité aux paysages se construit à l’échelle individuelle mais aussi dans un contexte sociétal où les représentations sociales influent sur notre manière d’appréhender et d’interpréter un paysage (Luginbühl, 2008; Dérioz, 2012). Si nombre de travaux en géographie soulignent l’influence de ce contexte et se sont attachés à comprendre les mécanismes des représentations sociales, c’est d’abord les travaux des psychologues sociaux qui en fondent le cadre conceptuel. La théorie des représentations sociales développée en psychologie sociale pose les jalons d’une réflexion sur l’articulation entre l’expérience individuelle et les modèles sociaux. Nous étudions comment ce cadre théorique a été repris ou ignoré dans la recherche sur le paysage et quels en sont les apports pour répondre à notre problématique.

La place des représentations sociales dans le champ de la recherche sur le paysage

Considéré comme un objet de débat, de controverses voire de conflits, le paysage a fait l’objet de nombreuses études consacrées aux représentations sociales. Si certains auteurs font explicitement référence au cadre théorique développé en psychologie sociale, d’autres emploient le terme en référence à des modèles plus spécifiques, notamment en géographie.

L’influence des échelles de culture du paysage

Sans se référer aux travaux développés en psychologie sociale, certains chercheurs en géographie définissent les représentations sociales comme des constructions symboliques collectives qui émergent au sein de certains groupes sociaux, les représentations mentales des individus étant imbriqués dans un contexte social et culturel qui influence fortement les représentations individuelles (Luginbühl, 2008; Germaine, 2011). Ils considèrent ainsi que les représentations sociales du paysage ou les représentations paysagères (les deux termes étant employés indistinctement) s’élaborent en fonction de la place des individus dans la société, de leur expérience personnelle des paysages dans leurs pratiques et le vécu des territoires, mais aussi par rapport au contexte culturel et aux interactions sociales à l’origine du développement de modèles paysagers (Guisepelli, 2005; Luginbühl, 2008; Germaine, 2011).
Yves Luginbühl (2008) considère que les représentations sociales du paysage s’élaborent à trois échelles différentes. A partir des résultats obtenus sur de nombreux terrains d’études européens, l’auteur développe ainsi un modèle d’analyse de ces représentations selon trois échelles d’appropriation ou de construction de la « culture », entendue comme « l’ensemble des connaissances que l’individu s’approprie ou élabore dans son expérience de vie ou dans sa confrontation à la matérialité naturelle ». La « culture paysagère » d’un individu est ainsi nourrit par « ce qu’il apprend ou retient de la connaissance académique, au travers des médias qui véhiculent ou construisent des images ou des représentations du paysage : la peinture, la littérature, le cinéma, la publicité, la télévision, la photographie, etc, y compris la science » (ibid.).
Le premier niveau de culture correspond aux « modèles paysagers » (Cadiou et Luginbühl, 1995) ou « archétypes paysagers » (Dérioz, 2012) qui renvoient dans la pensée occidentale aux références esthétiques et symboliques que l’histoire des relations sociales à la nature a élaborée et qui permettent à chaque individu de la sphère culturelle européenne de qualifier un paysage » (Luginbühl, 2007b). Les modèles bucolique, pastoral et pittoresque, privilégiant une vision idéalisée du paysage agraire (belle campagne productive, campagne récréative) ; le modèle du sublime reposant sur une vision technocratique de la nature ; le modèle du panorama qui se développe dans les années 1990-2000 valorisant la perception totale de l’espace (accompagné par la diffusion des tables d’orientation), et aujourd’hui le modèle écologique où la nature apparaît comme le spectacle de la vie naturelle, en sont des exemples (Cadiou et Luginbühl, 1995; Luginbühl, 2001). Ces modèles façonnent des codes de lecture particuliers des paysages dans les sociétés occidentalisées, qui s’enracinent dans l’histoire européenne et ses changements de paradigmes jusqu’à aujourd’hui. Ces codes de lecture sont en interaction avec d’autres modalités de l’expérience du paysage à d’autres échelles. Le second niveau de culture correspond à une échelle plus locale, celle du territoire de la vie quotidienne où interagissent la connaissance empirique propre du lieu, les interactions sociales (les échanges et les conflits avec autrui), ainsi que la mémoire sociale : « Cette « culture » est alimentée d’une part par la relation de l’individu à la matérialité de la nature, par l’observation mais également par le contact, par l’écoute, par l’odorat, par le goût; d’autre part par la mémoire sociale : c’est en effet à travers cette mémoire que les individus confortent leur connaissance du lieu où ils vivent ou résident même temporairement et comprennent ce lieu, son histoire, l’origine des formes du paysage, les mythes qui l’animent » (Luginbühl, 2008). Enfin, l’expérience individuelle et personnelle des paysages vécus et connus à travers des évènements de la vie personnelle alimentent en interaction avec les deux autres échelles, les représentations du paysage.
Ce modèle permet de comprendre que les représentations sociales du paysage ne sont pas figées et s’élaborent en fonction de plusieurs facteurs où le vécu personnel s’inscrit dans une dynamique historique, donc politique, économique, sociale et culturelle, complexe. On notera la proximité avec les conclusions des travaux en psychologie sociale. En effet, on pourrait considérer que les modèles paysagers ainsi que la mémoire sociale telle qu’est est définie par l’auteur jouent, entre autres, un rôle dans la constitution des éléments du noyau central de la représentation sociale du paysage, voire ces modèles paysagers seraient différentes représentations sociales du paysage. La partie périphérique de la représentation relève davantage de déterminations individuelles et du contexte immédiat et contingent dans lequel s’insère les individus et les groupes sociaux, renvoyant aux échelles locales et individuelles où le vécu, les expériences quotidiennes, les interactions sociales, alimenteraient cette partie de la représentation.
Le modèle développé par Luginbühl a été repris dans plusieurs travaux, Evelyne Gauché (2015) a notamment défini la dimension idéelle du paysage à partir de ce cadre théorique, soulignant que les représentations du paysage sont alimentées par l’histoire et la personnalité des individus, le contexte socio-culturel et l’environnement paysager dans lequel ils s’inscrivent. Emmanuel Guisepelli (2005) considère qu’il y a une superposition de représentations du paysage allant de modèles paysagers élaborés à une échelle globale à des modèles liés à une histoire plus locale.

Postures et valeurs paysagères : un cadre théorique inspiré des travaux en ethnologie et en anthropologie sociale

Reprenant dans leurs travaux le concept de représentation sociale tel qu’il est définit par Moscovici et Abric en psychologie sociale, et s’inspirant des études de Pierre Bourdieu en sociologie sur le champ social, Yvan Droz et al.(2006) conçoivent une « anthropologie politique du paysage », où le paysage est analysé à travers les rapports de force qu’il peut susciter, les représentations sociales du paysage situant les individus et les groupes dans le champ social (fonction identitaire), entendu comme un « espace social de positions relatives des agents ou groupes les uns par rapport aux autres […] se déplaçant en fonction de la transformation des enjeux, des « coups » (mouvements, tactiques, prises de position) des participants au champ » (Droz et al., 2006).
Selon les auteurs, les représentations sociales du paysage seraient en acte l’actualisation de divers registres identitaires. Ils développent la notion de « posture paysagère » pour décrire ce phénomène. « Position observable prise par un individu face à un paysage en lien avec son identité », « représentation paysagère en acte ou en discours » (Droz et al., 2006), la notion présente l’intérêt de faire apparaître les relations de pouvoir ou de tension en jeu dans la confrontation des représentations sociales, tout en soulignant la contingence et la variabilité de ces représentations : « Chaque individu articule différents registres identitaires et n’est réductible à aucun d’eux. Chacun est susceptible de mobiliser diverses postures paysagères qui actualisent dans la réalité sociale les représentations paysagères. Chacun présente une posture dominante, qui n’est pourtant pas exclusive mais qui « déteint » sur les autres » (ibid.). Ces postures dépendent des valeurs que les individus attribuent aux paysages, définies comme « les fonctions que les agents sociaux attribuent aux paysages et aux enjeux qu’ils y placent » (ibid.). Une posture articule ainsi selon cette théorie plusieurs valeurs (productive, sacrée, biologique, marchande, etc.)35.
Ces travaux ont inspiré plusieurs recherches s’intéressant aux représentations sociales du paysage, l’analyse du contenu des représentations se faisant alors à travers l’identification des postures dominantes des acteurs interrogés dans les entretiens et la classification des valeurs paysagères se dégageant de l’analyse des discours. Elles montrent notamment le décalage entre les valeurs des uns et des autres en fonction des postures paysagères adoptées, le décalage entre les représentations du paysage des habitants et les systèmes de production de ces paysages, mais
Les valeurs paysagères mentionnées ici sont celles relevées par Yvan Droz et al. (2006) dans leurs travaux

aussi les enjeux multiples et transversaux associés au paysage, qui pourraient en faire un outil de dialogue et de diagnostic territorial (Germaine, 2011; Adolphe, 2017).
Si ces notions sont heuristiques dans la recherche sur le paysage, elles prennent néanmoins pour acquis la prise de position d’un individu face au paysage, ce qui ne va pas de soi en fonction des terrains d’étude et des acteurs interrogés. Par ailleurs, en soulignant que les représentations paysagères sont variables et dépendantes des postures (et donc des valeurs) paysagères adoptées, Yvan Droz et al. s’éloignent de l’idée d’une représentation sociale stable et cohérente. Le cadre théorique de la théorie structurale développé par Abric nous paraît plus approprié pour analyser le contenu d’une représentation en distinguant ce qui est consensuel et stable, et ce qui ressort des éléments périphériques et pourraient être assimilés à certains résultats sur les postures et les valeurs paysagères.

Les apports de l’approche structurale de la théorie des représentations sociales dans le champ du paysage

Des études récentes (Vuillot, 2015; Vuillot et al., 2020) ont appliqué l’approche structurale de la théorie des représentations sociales à des recherches sur le paysage et plus précisément sur le paysage agricole. L’approche est mobilisée pour comprendre comment certains systèmes socio-écologiques tels que les paysages agricoles sont appréhendés par divers groupes d’agriculteurs. La théorie des représentations sociales et les outils d’analyse qu’elle propose apparaissent pour ces auteurs des moyens d’étudier la manière dont divers groupes d’acteurs développent en fonction de leurs valeurs, idées, connaissances et pratiques, des interprétations différentes d’une question.
A travers un exercice d’association libre de mots autour des mots « paysage » et « paysage agricole », les auteurs constatent qu’il n’y a pas de consensus important parmi les acteurs interrogés sur ce que signifie ces termes. Carole Vuillot et al. (2020) suggèrent alors que le paysage et plus encore le paysage agricole ne sont peut-être pas tout à fait des objets sociaux sur leur terrain d’étude, les représentations étant encore émergentes : « This means that members of the social group have to be sufficiently exposed to a social object and sufficiently pressured by the social context for them to position themselves on the object as a social group and elaborate a social representation of the object. Both processes might not have been strong enough in our study sites, despite policy makers’ growing interest in the landscape » (Vuillot et al., 2020). Sur les terrains étudiés, ils constatent que le paysage et le paysage agricole ne représentent donc pas des enjeux et des préoccupations suffisamment importantes pour les groupes d’acteurs interrogés, ils ne sont pas objet de pression sociale pour que les individus se positionnent par rapport au paysage et au paysage agricole en tant que groupes sociaux. Les études soulignent dès lors la nécessité de construire une représentation partagée du paysage pour mettre en place des mesures efficaces de gestion et de conservation. Ces recherches sont relativement récentes et montrent l’intérêt de ce cadre conceptuel et méthodologique dans la recherche sur le paysage. Elles s’inspirent en outre des travaux menés sur des thématiques proches du paysage, liés à l’environnement et à la nature, où la théorie des représentations sociales a été davantage mobilisée.

Les enseignements des travaux en psychologie et en sociologie environnementale

La théorie des représentations sociales a été mobilisée dans des travaux issus de diverses disciplines sur des thématiques environnementales. La psychologie du risque s’est notamment emparée du cadre conceptuel afin d’intégrer l’analyse de l’influence des facteurs sociaux dans les réactions des individus confrontés à des risques, mais ce sont surtout les travaux développés depuis quelques années aux Pays-Bas dans le champ de la recherche sur les représentations sociales de la nature qui ont le plus contribué au développement du cadre théorique.

La mobilisation de la théorie des représentations sociales dans la psychologie  environnementale

Dans la recherche en psychologie environnementale, en particulier dans la psychologie du risque, certains chercheurs se sont saisis de la théorie des représentations sociales en critique à la théorie de la perception du risque. Hélène Joffe (2003, 2005) considère notamment que le cadre d’analyse de la perception du risque ne s’intéresse qu’aux processus individuels, « aux erreurs dans les processus d’information advenant dans l’esprit lorsque l’individu est confronté aux risques » (Joffe, 2005), sans prendre en compte l’influence du contexte social dans la représentation du risque. Elle montre que la théorie des représentations sociales développée par Moscovici est plus englobante puisqu’elle consiste à s’intéresser à la fois aux réactions, aux ressentis et aux émotions des individus, tout en tenant compte des influences sociales, notamment des instances institutionnelles tels que les médias, qui participent à la construction d’un sens commun du risque avec les contradictions que cela peut comporter.
Dans leurs travaux, Nathalie Krien et Elisabeth Michel-Guillou (Krien, 2014; Krien et Michel-Guillou, 2014) soulignent également cette influence des médias dans la constitution des représentations sociales du risque. S’inscrivant dans le champ théorique des représentations sociales, elles considèrent que si le risque est un sujet polémique et un objet de représentations sociales, ce n’est pas le cas du risque côtier, objet de représentations individuelles et non de sens commun. Elles s’intéressent pour autant aux représentations liées au risque côtier en se questionnant sur la place de celui-ci dans les représentations sociales du cadre de vie sur des communes littorales exposées au risque de submersion marine ou d’érosion. Elles montrent notamment à travers une analyse de la presse et la conduite d’entretiens semi-directifs auprès d’habitants et d’acteurs en charge de la gestion des risques, comment le traitement de la question des risques côtiers dans les médias, davantage centré sur les mesures de protection et de prévention plutôt que sur la description des phénomènes, participe au processus d’objectivation l’origine de la formation des représentations sociales. Elles soulignent ainsi que les usagers interrogés dans leurs enquêtes reprennent ces informations véhiculées par les médias et les ancrent dans leur cadre de vie, suggérant alors que la prise en compte des représentations sociales du cadre de vie serait un prérequis pour permettre aux gestionnaires des risques côtiers de mieux comprendre le rapport des habitants et usagers à ce type de risques.

Les apports des recherches menées aux Pays-Bas

Aux Pays-Bas, de nombreuses recherches issues de travaux interdisciplinaires s’intéressent depuis quelques années aux représentations de la nature (images of nature) ou de notions liées la nature (Keulartz et al., 2004; Van den Berg et al., 2006; Buijs et al., 2008; Buijs, 2009; Buijs et al., 2011; Kloek et al., 2018). Bien que les définitions et les cadres théoriques varient en fonction des auteurs, le modèle conceptuel développé par Jozef Keulartz et al. (2004) est l’un des plus exhaustif, repris dans plusieurs travaux. Il s’articule autour de trois dimensions :
Une dimension cognitive qui s’articule autour de l’étude des opinions et des convictions associées à la nature (cognitive beliefs).
Une dimension normative qui s’articule autour de l’étude des valeurs (normative values) associées à la nature et à la manière dont elle est jugée.
Une dimension expressive qui renvoie aux aspects esthétiques et affectifs de la nature (expressive aesthetic experiences).
Les deux premières dimensions ont été reprises, développées et conceptualisées dans plusieurs travaux, à l’inverse de la dernière dont les contours n’ont pas encore été bien délimités dans la littérature, faisant l’objet de plusieurs approches allant de l’esthétique à l’affectivité. Arjen E. Buijs (2009) juge la dimension trop proche d’autres concepts comme celui de la perception du paysage : “ As this expressive dimension is also closely related to more affective responses, excluding this expressive dimension may strengthen the consistency of the concept of images of nature. This would also distinguish the concept more clearly from more affective based concepts like landscape perceptions”. Dans ses travaux sur les représentations profanes de la nature, Buijs (2009) reprend donc les deux premières dimensions. Il définit et associe les opinions et convictions de la dimension cognitive aux attributs que les gens assignent à un objet, et les valeurs de la dimension normative à des principes d’actions (guiding principles) de ce qui est moral, désirable et juste. Il souligne que de nombreux travaux de recherches ont montré d’importances différences culturelles et personnelles de valeurs environnementales, allant de valeurs écocentriques (reconnaissance de la valeur intrinsèque des organismes non-humains indépendamment des intérêts humains) à des valeurs anthropocentriques (évaluation de la nature en fonction des intérêts humains). A travers une méthodologie qualitative menée auprès d’habitants et usagers (entretiens semi-directifs), il analyse ainsi les opinions et les valeurs que les individus associent à la nature avant de montrer comment elles se combinent dans ce qu’il nomme des ideal types of images of nature, c’est-à-dire des représentations de la nature dominantes chez les Néerlandais : vision de la nature sauvage, vision utilitaire de la nature, vision esthétique de la nature et vision inclusive de la nature (Buijs, 2009). Il montre que ces représentations s’articulent autour de croyances faisant de la nature un objet fragile ou au contraire résilient, et des valeurs écocentriques ou anthropocentriques. Il reprend plus tard ces résultats et met en évidence les apports de la dimension expressive dans la compréhension de ces représentations sociales (Buijs et al., 2011). Il associe le cadre théorique des représentations sociales à ce modèle conceptuel montrant que les dimensions cognitives, normatives et expressives s’articulent dans les représentations sociales d’un objet : « Social representations of nature can be conceptualized as comprising three dimensions: a normative, a cognitive and an expressive dimension » (Buijs et al., 2011).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE DES LIENS ENTRE REPRESENTATIONS SOCIALES ET ACTION PAYSAGERE : FONDEMENTS THEORIQUES ET CADRAGE CONCEPTUEL DES ENJEUX DU « COMPLEXE-PAYSAGE »
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
Chapitre 1 : Le paysage dans l’action publique en France : les enjeux de l’élargissement de l’action paysagère à de nouvelles échelles territoriales
1. De la préservation de sites « exceptionnels » à la gestion des territoires du quotidien
2. L’élargissement de la gouvernance du et par le paysage à de nouveaux acteurs
3. Le bilan des politiques publiques du paysage
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2 : De la perception aux représentations sociales du paysage, le choix d’un modèle théorique
1. Une activité perceptive multisensorielle, socle de l’expérience paysagère
2. De la perception à la sensibilité au paysage (ordinaire)
3. La théorie structurale des représentations sociales : un cadre d’analyse pour questionner l’influence du contexte sociétal dans l’expérience sensible et individuelle du paysage
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3 : Le territoire réunionnais : une action paysagère tardive et différenciée en fonction d’une césure spatiale, historique et socio-culturelle séparant les paysages des Hauts et des Bas
1. Des paysages insulaires en profonde mutation
2. L’action paysagère à la Réunion : entre patrimonialisation, mise en tourisme et requalification des paysages
3. Le paysage vernaculaire : comment qualifier le paysage habité à la Réunion ?
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE LE CHOIX D’UNE DEMARCHE QUALITATIVE POUR ETUDIER LES REPRESENTATIONS SOCIALES DU PAYSAGE AUTOUR DE QUATRE PROJETS URBAINS A LA REUNION
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Chapitre 4 : La place du paysage dans quatre projets urbains à la Réunion
1. Le processus de sélection des terrains d’étude
2. Le contexte territorial des communes et des quartiers étudiés
3. Des projets d’aménagement ayant une dimension paysagère
Conclusion du chapitre 4
Chapitre 5 : Protocole méthodologique pour l’étude d’une représentation sociale du paysage
1. L’entretien semi-directif : une méthode interrogative adaptée à l’étude des représentations sociales
2. L’association libre de mots : une méthode associative pour déterminer la structure d’une représentation sociale
3. La recherche documentaire : une analyse des professions de foi des élus
4. Le parcours commenté : le choix d’un outil d’enquête in situ pour étudier la part sensible de l’expérience paysagère
Conclusion du chapitre 5
Chapitre 6 : Déroulement de la démarche d’enquête sur le terrain
1. Présentation de l’échantillon d’enquêtés
2. Retour critique sur le protocole méthodologique
3. Retour sur l’expérience de terrain
Conclusion du chapitre 6
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE LES DIMENSIONS COGNITIVES, NORMATIVES ET SENSIBLES DES REPRESENTATIONS SOCIALES DU PAYSAGE
Chapitre 7 : La dimension cognitive : définitions et qualifications du paysage
1. Les résultats de l’association libre de mots : structure et contenu d’une potentielle représentation sociale du paysage
2. Les résultats de l’analyse thématique des définitions du paysage
3. Les résultats de l’analyse des parcours commentés : qu’est-ce qui fait paysage dans les projets et les quartiers ?
Conclusion du chapitre 7
Chapitre 8 : La dimension normative : valeurs et postures vis-à-vis de la question paysagère
1. De l’insignifiance du paysage dans l’aménagement du territoire
2. Le paysage, un atout pour le développement du territoire, en particulier dans la conduite de projets urbains
3. La place de l’habitant dans la gestion, la protection et l’aménagement des paysages
Conclusion du chapitre 8
Chapitre 9 : La dimension sensible : entre jugements esthétiques, charge affective et projections identitaires
1. Les préférences paysagères des habitants
2. Un rapport contemplatif aux paysages : émerveillement, apaisement et ressourcement
3. La charge affective et le rapport identitaire au paysage vernaculaire
4. Le lien à la nature dans les modes de vie
Conclusion du chapitre 9
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
QUATRIEME PARTIE : REPRESENTATIONS SOCIALES DU PAYSAGE A LA REUNION ET POSITIONNEMENTS CONTRASTES ENTRE GROUPES SOCIAUX
INTRODUCTION DE LA PARTIE
Chapitre 10 : Quelles représentations sociales du paysage à la Réunion ?
1. Identification des représentations sociales du paysage et apports des outils méthodologiques
2. Les différentes représentations sociales du paysage : éléments d’explication du contexte d’ancrage ou d’émergence de celles-ci
Chapitre 11 : Les degrés d’appropriation des représentations sociales du paysage
1. Quelles appropriations des représentations sociales du paysage ?
2 Un manque de diffusion des acceptions plus récentes du paysage dans les
représentations
Conclusion du chapitre 11
CONCLUSION DE LA QUATRIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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